Alger, Algérie : climat, météorologie
UNE TEMPÊTE EN MÉDITERRANÉE

UNE TEMPÊTE EN MÉDITERRANÉE

Le phénomène est rare, si rare que les vieux marins ne font aucune difficulté pour reconnaître que. depuis plus de vingt ans. ou n'avait vu temps pareil à celui de la semaine passée.

Dimanche 23 octobre, le soleil s'était couché dans une lumineuse apothéose de gloire tranquille ; une nuit incomparablement douce avait succédé au,jour tiède, si tiède même qu'il semblait que le printemps fut revenu.

Cependant le baromètre baissait, tombait, devrai-je dire.

Lundi, à l'aurore, un vent furieux du Sud-Ouest se leva, soulevant des tourbillons de poussière, accumulant dans les angles abrités les feuilles mortes, et. dès trois heures du soir, le tonnerre gronda. I.e vent passa brusquement au N.-W., puis au Nord ; la mer se leva.

On l'entendait gronder sur les roches du Kassour. contre les blocs de la jetée ; de hautes lames irisées coiffaient 'es phares du mole ; on eu pouvait suivre du regard la meute puissante se ruant à l'assaut des plages du Jardin d'Essai et du Ruisseau.

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Afrique du nord illustrée du 5-11-1921- Transmis par Francis Rambert
mise sur site : oct.2021
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UNE TEMPÊTE EN MÉDITERRANÉE UNE TEMPÊTE EN MÉDITERRANÉE

Le phénomène est rare, si rare que les vieux marins ne font aucune difficulté pour reconnaître que. depuis plus de vingt ans. ou n'avait vu temps pareil à celui de la semaine passée.

Dimanche 23 octobre, le soleil s'était couché dans une lumineuse apothéose de gloire tranquille ; une nuit incomparablement douce avait succédé au,jour tiède, si tiède même qu'il semblait que le printemps fut revenu.

Cependant le baromètre baissait, tombait, devrai-je dire.

Lundi, à l'aurore, un vent furieux du Sud-Ouest se leva, soulevant des tourbillons de poussière, accumulant dans les angles abrités les feuilles mortes, et. dès trois heures du soir, le tonnerre gronda. I.e vent passa brusquement au N.-W., puis au Nord ; la mer se leva.

On l'entendait gronder sur les roches du Kassour. contre les blocs de la jetée ; de hautes lames irisées coiffaient 'es phares du mole ; on eu pouvait suivre du regard la meute puissante se ruant à l'assaut des plages du Jardin d'Essai et du Ruisseau.

Dans la journée du mardi 25, vers midi, la tempête atteignit son paroxysme ; un ressac terrible obligea les navires à doubler leurs amarres dans le port : une foule nombreuse assista au départ du Timgad, que l'importance de son chargement avait retenu jusqu'à 11 heures aux corps-morts de la C. G. T. Durant vingt-quatre heures, la baie fut battue par les éléments déchaînés, puis, tout d'un coup, la tempête s'apaisa, le calme revint, sous le sourire du soleil.

Mais l'alerte avait été sérieuse.

Le môle Sud du nouveau port de l'Agha a été gravement endommagé : sur certains points du quai.
l'agitation des eaux a produit des affouillements à la disparition desquels l'administration intéressée
procède d'urgence.

Les cabanons, les établissements de bains ou! particulièrement souffert et. à Guyotville, de modestes mobiliers nageaient à la surface des eaux.

Il n'y a eu. au reste, aucun accident de personne ; on en a été quitte pour une émotion justifiée qu'a compensée heureusement, pour la plupart, la contemplation d'un spectacle d'une rare beauté.

Sur la côte, des navires en perdition ont été signalés.

A Dellys. une balancelle a été jetée à la côte : à Djidjelli, la mer a emporté des marchandises entreposées sur les quais ; partout, les courriers ont éprouvé des retards considérables.

Il ne faudrait pas conclure de ces événements, dont la rareté, somme toute, constitue seule l'intérêt, que la Méditerranée est une mer constamment furieuse où, dès octobre et jusqu'à lin juin, la navigation est pénible et hasardeuse.

A tout considérer, ce que nous appelons ici tempête terrible correspond à peine à ce que Provençaux et Bretons appellent communément un gros temps.
Un semblable état de la mer est chose presque quotidienne sur la Manche et sur l'Océan ; les coups de mistral si fréquents de l'autre côté de l'eau ne produisent pas des effets moins violents.

A l'heure où j'écris ces lignes, le ciel est d'une incomparable pureté, une brise délicieuse et parfumée souille, l'air est léger, le soleil est clair et rien ne subsiste du météore de la semaine passée qu'un souvenir un peu ému et une impression que la douceur de notre climat aura tôt fait d'effacer.