-LE
CINÉMA FRANÇAIS DE L'AFRIQUE DU NORD.
1896
- Les origines
Au 19e Siècle, une nouvelle génération de peintres
ont été attirés par cette terre tle lumière
qu'est l'Afrique du Nord. Ce fut la naissance de l'orientalisme.
Des années plus tard le cinéma découvrait l'Algérie,
puis le Maroc et la Tunisie.
Des décors authentiques, de grands espaces, une intense luminosité,
et l'exotisme ne pouvaient que plaire aux caméras !
En 1896 les usines de cinéma des frères Lumière envoient
en Algérie l'opérateur Alexandre Promio ; il devait y tourner
quelques bobines de courtes durées sur la vie quotidienne à
Alger : "La rue Bab-Azoun", "Le marché arabe",
"La Place du Gouvernement", etc...
Alexandre Prumio était né à Lyon en 1868.
D'abord photographe il se tourne vers le 7eme Art naissant. Après
un premier séjour à Alger, il revient en 1903 dans la capitale
algérienne où il occupe les fonctions de chef de service
Photo- cinématographique du Gouvernement Général.
Il y restera jusqu'en 1924.
Il est à peu près certain qu'Alexandre Prumio fut le premier
cinéaste à planter une caméra sur le sol Algérien.
Il nous quitte quelques mois après son retour en métropole
en 1924.
Des années 20 aux années 50
C'est à partir des années 20 que sont mis en chantier les
premiers grands films de fiction.
En 1921 Jacques Feyder s'installe dans la région de Touggourt pour
y tourner la lère version de "L'Atlantide" inspirée
du Roman de Pierre Benoit.
Ce film à grand spectacle avec Jean Angelo coûta une petite
fortune, mais fut un succès triomphal.
En 1922 Franz Toussaint signe "Inch' Allah", également
dans le désert du sud algérien ; on peut dire que le 7ème
art avait fait son entrée en Algérie.
Au Maroc le Maréchal Lyautey accorde son soutien au monde du cinéma
en lui donnant l'autorisation de tourner sur tout le territoire du Maroc.
Des films comme "L'Occident", "Les hommes nouveaux",
"Itto", "Barocco" fon découvrir en France une
vue positive sur la récente conquête marocaine.
Réaliser des films dans les années 20 n'a pas été
toujours une partie de plaisir ; les conditions de vie étaient
particulièrement difficiles, les acteurs et le personnel, peu habi-
tués à la chaleur torride du Sud, accomplissaient leur travail
avec parfois de grandes difficultés.
Un exemple : Jacques de Baroncelli qui tournait en plein désert,
dans la région de Touggourt "S.O.S. Sahara", devait se
battre contre une tempête de sirocco d'une telle violence qu'il
dut un temps cesser les prises de vue. Comble d'ironie une dépanneuse
à six roues venant de Touggourt pour porter secours à l'équipe
du film fut plusieurs fois ensablée !
En 1929-1930 le cinéma est devenu parlant ; de nouvelles générations
de cinéastes et d'acteurs vont remplacer, en partie, les gens du
cinéma muet.
Dans les années 30 et 40 de nombreux films sont produits, la plupart
en Afrique du Nord, pour mettre en lumière les grandes valeurs
françaises comme notre armée, notre époque coloniale
: "Le grand jeu" 1935, "Itto" 1934, "Les réprouvés"
(Bat-d'Af), "Trois de St-Cyr", "La grande inconnue"
et bien d'autres envahissent les écrans de cinéma.
D'autres sujets sont abordés, intrigues policières mêlées
d'exotisme comme"Sarfati le Terrible" ou "Mission à
Tanger" 1949. Bien sûr n'oublions pas le film le plus populaire,
tourné en partie dans la Casbah et sur le port d'Alger, "Pépé
le Moko" de Julien Duvivier. La scène finale
où Jean Gabin accroché aux grilles du port voit s'éloigner
à jamais le bateau qui devait le ramener à Marseille est
un grand moment d'émotion.
On retrouvera plus tard la Casbah d'Alger dans "Au cur de la
Casbah" en 1952, avec Viviane Romance.
Sur quelques films
Je voudrais consacrer quelques mots sur des films qui m'ont fait découvrir
et aimer frique du Nord bien avant que je ne la découvre réellement.
"La
soif des hommes".
En 1946 Serge de Poligny avait déjà produit "Torrents"
; une partie du film a été tourné en Tunisie et l'autre
partie à Bruges : film de contraste entre les brumes de Belgique
le soleil de Tunisie.
De retour en Algérie il monte "La soif des hommes" qui
retrace les péripéties d'une urne corrézienne qui
en 1847 s'installe dans le sud Oranais.
Ce film retrace avec vérité la vie des premiers colons,
leur lutte contre les tracasseries l'administration, les maladies tropicales
; il était difficile, à cette époque, de planter
de faire fructifier un vignoble.
Entièrement tourné dans la région de Relizane, pour
les besoins du film, il a fallu nstruire un village tel qu'il existait
en 1830.
A mon avis, S. de Poligny est le seul metteur en scène à
s'être penché sur cette part de notre histoire.
Georges Marchal et Danny Robin sont les héros du film.
"La
7ème porte"
C'est presque un conte des d'une légende arabe : un jeune condition
qu'il n'ouvre jamais marocain en plein Tafilalet aux milles et une nuit
que nous offre André Zwoboda, tiré mendiant est invité
à vivre très riche dans un palais à la 7ème
porte du palais ! Le film est tourné dans le sud abords de l'Oued
Ziz.
"La
Bandera"
Julien Duvivier est séduit par l'Afrique du Nord. Avant "Pépé
le Moko" il réalise en 1935 "La Bandera" : une intrigue
policière qui se situe au sein de la Légion Etrangère
espagnole en garnison à Riffien (Maroc espagnol).
Les légionnaires de la garnison ont participé au film. Dans
ce film figure Reine Paulet dans un petit rôle. Reine Paulet est
née en Algérie en 1908. A 18 ans elle obtient un ler Prix
au Conservatoire d'Alger. A 20 ans elle fait la conquête de Paris
comme chanteuse ; son succès dans les années 30 et 40 est
dû à sa voix chaude méditerranéenne des filles
de "Là-bas" !
"Le
Paradis des pilotes perdus".
Georges Lampin, en 1938, tourne un film à la gloire de l'aviation
: "Le paradis des hommes per- dus". Il a pour conseiller technique
le Colonel Garde qui fut le compa- gnon de Mermoz.Toute l'équipe
du film a vécu trois semaines au Sahara au contact des méharistes.Henri
Vidal, Daniel Gelin, Michel Auclair, Paul Bernard.
Quel casting !
"La
dernière chevauchée"
En 1946, Léon Mathot et son équipe se rendent au Maroc pour
réaliser "La dernière chevauchée".
Des décors splendides ; ce film malheureusement n'a pas été
un grand succès en métropole.
Ce fut la dernière apparition à l'écran de Mireille
Balin, une des plus grandes stars des années 30 : "Pépé
le Moko", "Gueule d'amour", "Naples au baiser de feu".
Elle a payé très cher une aventure qu'elle eut pendant la
guerre.
Abandonnée de tous, malade, elle cesse de vivre en 1957.
De 1896 aux années 50, le 7eme art a toujours été
présent en Afrique du Nord. Tous ces films nous font revivre une
partie de l'histoire de l'"Autre France".
Images d'émotion où l'on croit reconnaître un lieu,
un village que l'on aimait, un moment de vie à jamais disparu.
C'est cela le miracle du Cinéma !
Jacques VIDAL.
Liste des principaux films tournés
en Afrique du Nord de 1896 à 1950
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