-------------QUATRE
cents millions de francs environ, tel est le montant annuel des importations
en Algérie de fleurs en provenance de la Métropole. Ce chiffre,
qui peut paraître excessif, ne l'est plus lorsqu'on songe qu'un
colis de cinq kilos d'orchidées, par exemple, revient à
50.000 francs à son arrivée à Alger.
-------------Avec
les orchidées, il y a le gui à Noël, le muguet le 1
er mai, et puis les roses, les lilas, les oeillets et les mimosas de la
Côte d'Azur.
-------------Cette
consommation, s'il est permis d'employer ce terme quand il s'agit de fleurs,
prouve qu'on affectionne particulièrement leur présence
en Algérie, pays du soleil qui lui-même en produit abondamment,
de tous coloris et de toutes variétés.
-------------Avec
la culture des fleurs, l'horticulture, on le sait, comporte plus prosaïquement
celle des légumes et des fruits, également pratiquée
sur une assez vaste échelle dans ce pays.
C'est donc pour ces raisons que, le 22 mai 1892, fut créée
la Société d'horticulture, l'une des plus anciennes sociétés
d'ordre agricole qui aient vu le jour en Algérie et qui continuent
à remplir leur mission.
-------------Présidée
à ses débuts par le docteur Trabut, la Société
d'horticulture d'Algérie a toujours manifesté une grande
activité, autant par ses réunions, ses conférences
et par la publication de son " Bulletin " que par l'organisation
de ses nombreuses expositions. De 1939 à 1946, elle dut cependant
demeurer en sommeil par suite des événements.
-------------Elle
retrouva sa vigueur d'antan grâce aux efforts du regretté
docteur Maire et organisa, en 1947, au Palais consulaire, sa première
exposition d'après-guerre. Depuis, ces expositions annuelles se
sont succédé à Alger. Celle de 1953 s'est tenue,
du 11 au 15 novembre dernier, dans la grande salle du Foyer civique où
sont installés, également chaque année, les principaux
stands de la Foire d'Alger et du Salon des Arts ménagers.
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Dans un palais de feuillages
et de fleurs
-------------PLACEE
sous la présidence d'honneur de M. Roger Léonard, Gouverneur
général de l'Algérie, cette exposition d'automne
a été particulièrement réussie. Elle a procuré
durant cinq jours, à ses nombreux visiteurs, une souriante évasion
et de précieux enseignements sur les richesses et les possibilités
de l'horticulture algérienne.
-------------Il
n'est pas trop tard pour y revenir par le souvenir et se retrouver dans
ce palais de feuillage et de fleurs où l'utile, délicatement
présenté sous forme de matériel mécanique,
de produits de potagers, de vergers et de pépinières, voire
de sous-bois puisque des champignons y étaient présentés,
se mêlait à l'agréable.
-------------Dès
l'entrée dans la vaste galerie, nous voici donc accueillis par
les parfums provenant des massifs de fleurs et de bouquets qui s'étalent
à notre vue comme des touches fraîches et multicolores sur
l'ovale d'une palette. Sur la gauche, un bassin où se mirent des
feuillages, dirait Des Grieux, et dans lequel s'extasient des nénuphars
- on nous dira tout à l'heure que ce sont des " Euryale Ferox
" puis, sur la droite, toute la gamme des verts et des tons rouillés
d'autres feuillages, dans la clairière desquels s'épanouissent
les plus belles roses qui soient, retiennent longtemps encore notre attention.
-------------Mais
pour nous permettre de procéder avec méthode dans notre
visite et pour que nous ne nous laissions pas égarer par notre
émerveillement, voici M. Paul Carra, directeur du
Jardin d'Essai, président de la Société
d'horticulture, et M. Georges Meffre, secrétaire général,
qui se font aimablement nos cicerones. Suivons-les et retenons leurs explications
que nous devrons malheureusement abréger par la suite.
-----------Deux
sections constituent par le fait ce salon. D'une part, celle qui comprend
les divers services dépendant de la direction de l'agriculture
au Gouvernement
général. Les voici énumérés
avec leur présentation : Institut agricole de Maison-Carrée
et Jardin d'Essai (fleurs et plantes bulbeuses ou à feuillage panaché)
; Laboratoire de botanique générale et appliquée
de la Faculté
des sciences d'Alger (aperçu de l'inventaire des végétaux
cultivés et sauvages en Afrique du Nord) ; Service de
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-l'expérimentation
agricole (céréales et légumes secs) ; Station expérimentale
d'arboriculture de
Boufarik (outillage pour le travail des vergers, pulvérisation
et fumure) ; Laboratoire de botanique et de phytopathologie (cent spécimens
de champignons pour la plupart comestibles cueillis en Algérie)
; Centre d'apprentissage arboricole des Mechtras (produits de la Kabylie
: olives, figues, agrumes, raisins et miel) . A cette section peuvent
se rattacher le stand fort intéressant des écoles rurales
dépendant de l'Académie d'Alger où sont présentés
les fruits des travaux des jeunes élèves, effectués
sous la conduite de maîtres avertis, et l'exposition florale du
Service des jardins et des squares de la ville d'Alger.
-------------D'autre
part, la section des horticulteurs membres de la société,
parmi lesquels nous citerons : MM. Dieudonné, de Boufarik (plantes
de serres et de pépinières) ; Peyret,
d'El-Biar (buis taillés et plantes d'ornement) ; Bosch,
semeur chrysanthémiste ; Meffre, de
Maison-Carrée (roses, orchidées et oeillets américains)
; Honoré, d'El-Biar (plantes molles) ; Hubert et Vita (graines)
, ainsi que la Fédération des maraîchers (plantes
tubercules et légumes) .
-------------A
cette rapide énumération, nous devons ajouter plus particulièrement
quelques mots sur la présentation du service de l'expérimentation,
dirigé par M. le professeur Laumont, qui s'est voué à
la recherche d'espèces de graines pouvant s'adapter à l'Algérie.
On lui doit notamment l'introduction d'une nouvelle sorte de lentille
verte et sans doute la réussite de la culture du riz dans ce pays.
-------------Après
nous avoir fait admirer des poteries de Nabeul, véritables pièces
d'art, prêtes à recevoir bouquets et feuillage, M. Meffre
nous parle maintenant des projets de la Société d'horticulture
: organiser, dans les prochains mois, l'exportation de fleurs, ainsi que
des concours de jardins publics ; associer, l'an prochain, la grâce
féminine à la grâce florale par la participation à
l'exposition de la haute couture ; enfin, contribuer au bon renom de l'Algérie
par une production toujours plus soignée.
-------------Et,
pour terminer en apothéose cette visite rétrospective, nous
nous rendons au Salon des fleurs (peintes celles-là) où
de nombreux et excellents artistes algérois ont exposé leurs
uvres et obtiennent un vif succès.
-------------Des
coupes, médailles et diplômes sont venus, par la suite, récompenser
peintres et horticulteurs.
Fiction et réalité réunies dans le même palais
ont été ainsi un éloquent hommage rendu à
l'art floral.
Jean FIRMANT
L'apiculture
au Salon des fleurs
-------------L'EXPOSITION
horticole du Foyer civique s'est
enrichie, cette année, d'un étalage de quelques-uns des
plus beaux miels d'Algérie. Les pots de miel d'oranger, de romarin,
d'eucalyptus, etc., ingénieusement éclairés, jetaient
des feux comme autant de joyaux, surprenaient le visiteur par leur éclat,
et lui mettaient l'eau à la bouche. Ce stand du G.I.P.M.A. (Groupement
indépendant des producteurs de miels algériens) montrait
aussi des abeilles travaillant à un élevage de reines, et
divers appareils susceptibles d'éveiller l'intérêt
du public pour l'apiculture.
-------------Dans
un autre stand, un apiculteur offrait son miel, son ouvrage sur l'élevage
des reines, et une remarquable collection de photos illustrant son activité.
-------------Félicitons
les organisateurs de la Société d'horticulture d'avoir ainsi
contribué à répandre quelques-uns de nos bons produits
algériens.
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