Echo d'Alger du 12-5-1945
( sur site
ICI)
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Il est communément admis, chez quelques élites et historiens
français, que la répression se Sétif, consécutivement
aux massacres d'Européens perpétrés par les musulmans,
a causé 45.000 morts. Cette affirmation a été récupérée
par le gouvernement algérien qui a sacralisé ce chiffre
et va même jusqu'à parler de génocide.
Aussi serait-il judicieux d'accorder quelque attention à la démographie
de la population musulmane en Algérie entre 1921 et 1954.
Nous relevons :
- Chez Ageron, dans Histoire de l'Algérie contemporaine (1), les
chiffres suivants :
- Selon Mohamed Mazouz dans
L'évolution de la population des pays africains (2), entre 1948
et 1954 l'accroissement annuel de la population musulmane algérienne
est de 153 700 personnes soit environ de 2 %.
- Selon le CICRED le taux d'accroissement annuel de la population musulmane
est de :
1936 à 1948 + 1,6 % ; 1948 à 1954 + 2,7 %.
- Chez J. Breil dans Congrès mondial de la population (3) :
- Selon le CICRED in Population
de l'Algérie, publié en 1974, de 1946 à 1950 le taux
de natalité est de 42,2 pour mille pour la population musulmane.
- Chez J. Despois in Annales de Géographie (4) le recensement de
la population musulmane du département de Constantine est en 1948
de 3.108.165 habitants et en 1954 de 3 .424.973 habitants, soit un accroissement
de 10,05 % en cinq ans ou de 2,01 % par an. C'est-à-dire que nous
sommes en présence d'un taux similaire à celui annoncé
par Ageron pour toute l'Algérie.
Au cours de ces cinq années la population musulmane du département
d'Oran augmente de 9,9 %, celle d'Alger de 12 % mais c'est là qu'elle
est la plus nombreuse en 1948, d'où logiquement un accroisse-ment
plus fort.
- Dominique Maison affirme, dans la Revue Population (5), " la population
de Sétif augmente entre 1948 et 1954 " sans toutefois donner
de précision en séparant les populations musulmanes et européennes.
Quelles conclusions en tirer ?
- La population musulmane de l'Algérie aug-mente de façon
significative entre 1936 et 1954, grâce à des taux de natalité
élevés supérieurs à 40 naissances pour mille
habitants.
- Le taux d'accroissement annuel est de l'or-dre de 2 % y compris pour
le département de Constantine qui gagne 316.808 habitants en cinq
ans (1948-1954).
Si la répression de Sétif avait provoqué 45.000 morts
comme l'affirment les autorités algériennes, jamais la population
musulmane n'aurait pu augmenter dans de telles proportions. Le chiffre
annoncé de cette répression aurait eu également des
répercussions sur la natalité de toute l'Algérie
ainsi que sur l'accroissement de la population.
Les chiffres de la démographie annoncent sans ambigüité
une réalité qui déplaira aux autorités algériennes
et à une intelligentsia française : la répression
de Sétif n'a jamais occasionné 45.000 morts.
Gérard
Crespo
(1) - Ageron, Histoire de l'Algérie
contemporaine,1870-1954, PUF, 1979.
(2) - Mohamed Mazouz, L'évolution de la population des pays africains,
T. II, IDP, INED, INSEE, Paris 1984.
(3) - J. Breil, Congrès mondial de la population, Rome, 1954, "Communications",
vol.1.
(4) - J. Despois, in Annales de Géographie, T.65, n° 347, 1956.
(5) Dominique Maison, Revue Population, 1973/28-6/ p. 1079-1107.
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