Les grandes réalisations
45 000 morts de Sétif un non-sens
démographique


par Gérard Crespo

extraits du numéro 76 , 4è trimestres 2020 , de "Mémoire vive", magazine du Centre de Documentation Historique de l'Algérie, avec l'autorisation de son président.
L'article comprend 2 illustrations et 2 tableaux.
www.cdha.fr
sur site : janvier 2021

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Echo d'Alger du 12-5-1945
( sur site ICI)


Il est communément admis, chez quelques élites et historiens français, que la répression se Sétif, consécutivement aux massacres d'Européens perpétrés par les musulmans, a causé 45.000 morts. Cette affirmation a été récupérée par le gouvernement algérien qui a sacralisé ce chiffre et va même jusqu'à parler de génocide.

Aussi serait-il judicieux d'accorder quelque attention à la démographie de la population musulmane en Algérie entre 1921 et 1954.


Nous relevons :
- Chez Ageron, dans Histoire de l'Algérie contemporaine (1), les chiffres suivants :

 

tableau 1

- Selon Mohamed Mazouz dans L'évolution de la population des pays africains (2), entre 1948 et 1954 l'accroissement annuel de la population musulmane algérienne est de 153 700 personnes soit environ de 2 %.

- Selon le CICRED le taux d'accroissement annuel de la population musulmane est de :
1936 à 1948 + 1,6 % ; 1948 à 1954 + 2,7 %.

- Chez J. Breil dans Congrès mondial de la population (3) :

tableau 2

- Selon le CICRED in Population de l'Algérie, publié en 1974, de 1946 à 1950 le taux de natalité est de 42,2 pour mille pour la population musulmane.

- Chez J. Despois in Annales de Géographie (4) le recensement de la population musulmane du département de Constantine est en 1948 de 3.108.165 habitants et en 1954 de 3 .424.973 habitants, soit un accroissement de 10,05 % en cinq ans ou de 2,01 % par an. C'est-à-dire que nous sommes en présence d'un taux similaire à celui annoncé par Ageron pour toute l'Algérie.

Au cours de ces cinq années la population musulmane du département d'Oran augmente de 9,9 %, celle d'Alger de 12 % mais c'est là qu'elle est la plus nombreuse en 1948, d'où logiquement un accroisse-ment plus fort.

- Dominique Maison affirme, dans la Revue Population (5), " la population de Sétif augmente entre 1948 et 1954 " sans toutefois donner de précision en séparant les populations musulmanes et européennes.


Quelles conclusions en tirer ?
- La population musulmane de l'Algérie aug-mente de façon significative entre 1936 et 1954, grâce à des taux de natalité élevés supérieurs à 40 naissances pour mille habitants.
- Le taux d'accroissement annuel est de l'or-dre de 2 % y compris pour le département de Constantine qui gagne 316.808 habitants en cinq ans (1948-1954).

Si la répression de Sétif avait provoqué 45.000 morts comme l'affirment les autorités algériennes, jamais la population musulmane n'aurait pu augmenter dans de telles proportions. Le chiffre annoncé de cette répression aurait eu également des répercussions sur la natalité de toute l'Algérie ainsi que sur l'accroissement de la population.

Les chiffres de la démographie annoncent sans ambigüité une réalité qui déplaira aux autorités algériennes et à une intelligentsia française : la répression de Sétif n'a jamais occasionné 45.000 morts.

Gérard Crespo

(1) - Ageron, Histoire de l'Algérie contemporaine,1870-1954, PUF, 1979.
(2) - Mohamed Mazouz, L'évolution de la population des pays africains, T. II, IDP, INED, INSEE, Paris 1984.
(3) - J. Breil, Congrès mondial de la population, Rome, 1954, "Communications", vol.1.
(4) - J. Despois, in Annales de Géographie, T.65, n° 347, 1956.
(5) Dominique Maison, Revue Population, 1973/28-6/ p. 1079-1107.