Ancienne mosquée reconstruite en 1795 par Hassan
Pacha
Voici l'histoire de la Cathédrale d'Alger. ! ,,
Dans ce bel édifice, musulmans et chrétiens ont eu le même
désir : glorifier le Dieu
Les bruits les plus divers et les interprétations les plus fantaisistes
circulaient en ville-et bien au delà de la ville- au sujet de la
Cathédrale d'Alger.
Depuis très longtemps déjà, des informations erronées
se sont répandues quant à l'origine de l'édifice.
De telles erreurs, par leur persistance, risquent d'alourdir un climat,
déjà très lourd.
Il semble donc indispensable de projeter la lumière sur cette question
qui fut traitée, à l'époque, par les autorités
religieuses musulmanes et catholiques, dans un esprit exemplaire de paix
et de conciliation.
- Changer de culte sans changer de Maître. Dans un numéro
de la " Semaine Religieuse "d'Alger est publiée une note
fort intéressante sur l'"histoire de la Cathédrale
".
Il faut tout d'abord imaginer la grande esplanade qui s'ouvrait alors
au-dessus de la mer. Le site était enchanteur.
" Sur l'emplacement actuel de la Cathédrale
d'Alger, précise le document, s'élevait jusqu'en 1844 la
mosquée du quartier Ketchaoua. Etablie avant 1612, elle fut reconstruite
en 1795 par Hassan Pacha. Lors des travaux de construction des tours de
la Cathédrale, on a trouvé dans le sol des vestiges d'un
temple romain et une mosaïque chrétienne.
" La mosquée d'Hassan Pacha, appelée aussi mosquée
de Ketchaoua ou, parfois, mosquée des femmes, était très
belle de l'avis de toutes les descriptions contemporaines."
Que signifie " Ketchaoua " ? Nous trouvons la réponse
dans 1" Algérie Catholique "qui avait consacré
un de ses numéros (avril 1938) à la Cathédrale d'Alger.
Nous lisons : " En langage turc, ketchaoua signifie plateau des chèvres.
Cette dénomination venait de la coutume prise par les bergers de
faire paître leurs troupeaux à cet endroit. Ils y étaient
amenés par la présence d'une source célèbre
qu'on disait avoir été connue des Romains à l'époque
où ils fondèrent Icosium."
On accédait à la mosquée de Ketchaoua - longue de
24 mètres et large de 20 mètres - par la rue du Divan.(voir
dans les Feuillets d'El-Djezaïr)
Cette mosquée, précise " la Semaine religieuse ",
de rite hanéfite, appartenait d'ailleurs au beylik, et était
fréquentée surtout par les Turcs dont beaucoup quittèrent
Alger en 1830. En 1832, pour les besoins du culte catholique qui se célébrait
dans une petite dépendance des locaux militaires, le duc de Rovigo,
Savary, commandant en chef, voulut obtenir la mosquée Hassan Pacha,
mitoyenne de son palais (le Palais d'Hiver). Le
baron Pichon, muni des pouvoirs civils, y était opposé.
Les autorités musulmanes cédèrent finalement.
A ce propos " la Semaine Catholique " cite cette phrase relevée
dans une lettre que le grand muphti adressait au gouverneur : " Notre
mosquée changera de culte sans changer laître. Vous pouviez
nous la prendre, vous avez préféré nous la demander.
C'est là marque de condescendance que nous n'oublierons pas."
Ce qui avait compté surtout c'était, des deux côtés,
le même désir de glorifier le Dieu unique.
Un mélange de style. La " Semaine religieuse " ajoute
: " Par contre, il y eut une lance populaire lors de la prise de
possession de l'édifice par l'armée. Il est bien difde savoir
ce qu'elle fut, mais son souvenir est resté dans la tradition qui
n'a pu que l'amplifier.
" L'autorité religieuse catholique ne prit pas part aux tractations.
C'est un aumônier aire, l'abbé Collin, récemment nommé
préfet apostolique qui célébra la première
messe, celle de Noël 1832. Un évêque, Mgr Dupuch, fut
nommé en 1838. Celui-ci demanda que l'on construisit plutôt
ailleurs une église qui serait sa cathédrale. Mais contre
son avis, les autorités de l'Algérie, dont il dépendait
sur le plan matériel à cause du Concordat, décidèrent
la transformation de l'édifice et son agrandissement.
' Les travaux durèrent sur des plans sans cesse modifiés
(architectes : Guiauchain, Féaud, Fromageau) ; ces plans ne furent
jamais soumis aux évêques successifs. La démolition
de l'ancien édifice eut lieu en 1844. En 1848, on élève
la façade et le perron. En 1853 fut posée la première
pierre de la construction du choeur actuel situé en arrièrede
l'ancien édifice."
C'est sans doute le style de la construction qui a donné naissance
à certaines légendes. En fait, il s'agit, selon l'expression
de " l'Algérie Catholique " d'un grand mélange
depuis le romano-byzantin jusqu'à l'art musulman moderne de la
clef ".
Quant aux tours qui s'élevèrent au-dessus de la façade
de la cathédrale, elles sont une réplique des minarets de
la mosquée de Mohamed en Nasser, à la citadelle du Caire,
et des minarets de Kaït-Bey.
Des souvenirs de la mosquée de Ketchaoua, seuls ont été
utilisés dans la cathédrale - longue de plus de 60 mètres
- l'ancien mimbar (la chaire) et une dizaine de colonnes.
Ajoutons que les quatre colonnes de marbre vert sur lesquelles repose
la coupole du choeur soutenaient autrefois à Cherchel, le temple
dédié à Jupiter olympien. C'est Napoléon III
qui les fit transporter à Alger.
Comme certaines églises de la ville, la Cathédrale d'Alger
était propriété de l'Etat.
Relevé dans la Dépêche d'Algérie du ler Août
1962. ( ! ) par Théo BRUAND d'UZELLE
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