Station d'aquaculture
LE CONTRÔLE SANITAIRE DES "
FRUITS DE MER "
Pour être livrés à la consommation les coquillages
doivent être reparqués
dans des viviers en eau saine : 4 jours pour les huîtres, 8 pour
les moules
LA
STATION D'AQUACULTURE A CASTIGLIONE EST CHARGÉE
DES RECHERCHES MICROBIENNES ET DE L'ANALYSE DES EAUX
Les coquillages ont leur légende
et les " fruits de mer " ont été souvent mis en
cause - à tort ou à raison - lorsqu'apparaissent certaines
épidémies. Les pouvoirs publics se sont inquiétés
et voici plus de cinquante ans que les services de santé se penchent
sur ce délicat problème.
Ils eurent d'ailleurs beaucoup de mérite, en France, à vaincre
quelques intérêts égoïstes et à franchir
les obstacles de la procédure pour faire rendre obligatoire le
contrôle sanitaire des huîtres d'abord (décret du 31
juillet 1923) et des moules et autres coquillages ensuite (décret
du 20 août 1989).
Mais, en Algérie, il fallut redoubler d'effort pour qu'un arrêté
du gouverneur général, fixant les conditions d'importation,
de réception et d'entreposage des coquillages, soit signé
le 5 février 1926.
Ces textes paraissaient insuffisants et les faits - hélas ! - devaient
le confirmer.
En 1932, puis en 1937, une épidémie de typhoïde, qui
avait ses origines dans les coquillages, éclata, affectant particulièrement
la région algéroise. On se souvient qu'alors, les maires
et les préfets firent suspendre, à plusieurs reprises, la
vente ou le colportage.
Ce n'est pourtant que le 16 mai 1938 que fut publié un arrêté
du gouverneur général portant réglementation sur
la salubrité des coquillages.
Malheureusement, par suite des hostilités, les transports devinrent
irréguliers et le contrôle difficile...
Les fraudeurs en profitèrent. Et, fin décembre 1939, Alger
connut une nouvelle fois l'épidémie de typhoïde. L'enquête
épidémiologique révéla vingt cas d'origine
coquillière, surtout ostréaire, dont douze dus aux huîtres,
deux aux moules, six aux huîtres et aux moules.
Aussi, le 6 mai 1941, le gouverneur général signait un arrêté,
sévère mais juste, prescrivant le reparcage et en fixant
la durée à quatre jours pour les huîtres, huit jours
pour les moules.
Le reparcage des coquillages
D'où viennent les coquillages exposés à la vente
? C'est la première question qui se pose. Ils sont importés
- en très grande partie de la métropole (parcs reconnus
salubres) et parviennent en Algérie dans des colis portant l'étiquette
d'origine. Toutefois, les risques de contamination pendant le trajet ne
sont pas exclus. Il est donc indispensable, à l'arrivée,
de les retremper en eau saine.
Ceci suppose le choix des lieux de reparcage Et c'est à ce travail
que s'est attaché d'abord la Station d'aquiculture et de pêche,
à Castiglione, chargée du contrôle sanitaire des coquillages.
Elle a donc déterminé les zones où l'insalubrité
des eaux était notoire et les zones salubres sur lesquelles des
viviers pouvaient être installés. Elle a, de plus, créé
des zones salubres protégées.
Nous ferons ici une petite digression pour mieux souligner les garanties
dont s'est entourée la station. La zone salubre protégée
est un coin de côte spécialement surveillé où
les jets à la mer de détritus et eaux d'égouts sont
interdits. Elle est choisie de préférence dans un coin inhabité.
De ce fait, les riverains ne sont plus libres d'y construire des habitations
à leur guise ; ils ne pourront le faire que sous certaines conditions.
Dans ces parcs situés en zone salubres protégée,
les coquillages sont immergés. Après leur séjour
en eau saine, ces coquillages sont placés dans les paniers portant
une étiquette sanitaire réglementaire qui doit rester visible
à l'étal du vendeur. Ces opérations s'effectuent
sous le contrôle des représentants locaux de l'Inscription
maritime.
Ajoutons que cette étiquette n'est valable que vingt-quatre heure
pour l'exposition à la vente. Passé ce délai, le
détaillant doit renvoyer les quantités invendues au reparcage
pour être échangées contre des coquillages "
épurés ". Tout contrevenant est passible de sanctions
sévères.
Le contrôle sanitaire
La curiosité nous a conduit jusqu'au centre sanitaire de la Station
d'aquiculture et de pêche où le docteur Dieuzeide et ses
collaborateurs nous ont aimablement accueilli.
C'est la que se font les sondages sur les coquillages et l'analyse des
eaux. Le laboratoire bactériologique de Castiglione est d'ailleurs
doté d'appareils modernes nécessaires aux recherches microbiennes.
Les travaux consistent naturellement à s'assurer qu'aucune cause
de pollution n'est apparue pour contaminer les eaux des viviers situés
en zone salubre.
Tous les quinze jours, des prélèvements sont effectués
et les eaux analysées. Des prélèvements, effectués
aux extrémités de la côte par des techniciens du département
d'Oran et du département de Constantine, à la mise en culture
à Castiglione, il ne s'écoule pas plus de seize heures.
Il n'est pas superflu de signaler la présence de 2 viviers situés
dans la banlieue algéroise, en zone douteuse.
L'autorisation d'exploitation a été subordonnée à
des conditions exceptionnelles qui nécessitent l'emploi d'un appareil
de verdunisation sous la surveillance spéciale des médecins
et un contrôle régulier des eaux et des coquillages. La première
condition imposée est : 0 colibacille par litre.
Depuis quelque temps, grâce à ce contrôle sanitaire,
rien d'anormal ne s'est produit. On sait néanmoins que au moindre
doute le colportage et la vente sont immédiatement arrêtés.
Nous avons demandé alors au docteur Dieuzeide ce qu'il pensait
de la légende des mois sans " r ".
" On a pu remarquer. en effet, que les huîtres plates, au moment
de la reproduction, étaient riches en glycogènes à
cette période de l'année et qu'elles pouvaient être
dangereuses. Cette croyance s'est développée et les grandes
villes en ont profité pour interdire la consommation à cette
époque. En Algérie, à cause de la chaleur, la vente
des coquillages en ville n'est autorisée pendant l'été,
que jusqu'à 13 heures. ".
En eau saine
Nous ne pouvions pas ne pas visiter, au retour, l'un des plus importants
viviers en zone salubre protégée de l'Algérie, et
le plus grand du département. Il est situé à Sidi-Ferruch.
Bien exposé, il est baigné par une eau constamment renouvelée.
Les coquillages entassés dans les colis sont mis à la mer
dès leur arrivée. Des équipes d'ouvriers s'affairent
à cette opération avec une grande dextérité.
" La première chose à faire est de leur donner à
boire "", nous dit le mareyeur.
Toutes sortes de mollusques et de coquillages, de provenances diverses,
sont entreposées dans ce vivier, prêtes à être
immergées pour l'épuration.
Le parc est immense peut abriter vingt tonnes de coquillages. La moyennes
annuelle est de six cents tonnes (dont quatre cents de moules), ce qui
représente environ deux tonnes par jour.
Nous apprenons alors que les mois sans " r " n'ont aucune influence
ici et que c'est en avril et en mai que l'on enregistre les plus fables
tonnages.
La saison se termine à ce moment le et les coquillages sont vides.
Par contre, c'est en décembre que se situe la période la
plus importante de l'année. et plus spécialement aux alentours
de Noël et du Jour de l'an.
Ces fêtes approchent. Le public, pour qui tant de précautions
ont été prises, ne doit pas négliger les
moyens de contrôle mis à sa disposition telle que l'étiquette
de salubrité. Il évitera donc de se ravitailler chez certains
colporteurs ambulants, dont la marchandise (notamment les oursins et les
haricots de mer. généralement cueillis sur des plages insalubres)
n'est pas accompagnée de la fiche de contrôle.
A lui de ne pas tenter le diable !
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