sur site le 14-08-2003
-Les Productions algériennes
: première partie
LES PRODUCTIONS VÉGÉTALES
CHAPITRE PREMIER : Les productions agricoles.
a/ les céréales, la vigne et le vin, l'olivier

n.b : tous ces textes ont été passés à l'OCR, je ne les pas vérifiés minutieusement. Veuillez pardonner les erreurs éventuelles, vous pouvez même me les signaler.Merci
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PREMIÈRE PARTIE :
LES PRODUCTIONS VÉGÉTALES

------Les caractéristiques du climat algérien ne sont pas. à beaucoup près, celles d'un climat tropical. Bien plutôt ressemble-t-il à celui des rives méditerranéennes tôut entières, d'Europe, d'Asie , ou d'Afrique. C'est, avec quelques exagérations, le climat de la Provence ou du Languedoc, le climat de l'Italie, le climat de l'Espagne
------Aussi ne devons-nous pas nous attendre à trouver en Algérie des cultures très différentes de celles de France ce seront les céréales, la vigne, l'olivier, les fruits, les légumes, etc... Un cultivateur de France, et surtout un cultivateur du Midi, ne sera pas dépaysé en arrivant en Algérie : au delà de la Méditerranée, à 800 kilomètres de France, il retrouvera encore des productions françaises ; il sera encore en France.

CHAPITRE PREMIER
Les productions agricoles
I. - Les céréales

------De toutes les productions algériennes, les céréales sont à beaucoup près la plus importante. Elles constituent la base même de l'alimentation des populations tant européennes qu'indigènes; sans peser très sérieusement sur le marché mondial des céréales, l'appoint de l'Algérie n'est pas négligeable, et apporte son contingent au commerce d'exportation. A ce titre, les céréales ont joué un grand rôle dans le développement de la prospérité économique du pays.
------Leur aire de culture s'étend depuis le littoral jusqu'à la limite des Hauts-Plateaux. Limitée autrefois à une étroite bande de terre proche de la côte, elle a reculé peu à peu devant l'extension de cultures plus riches, plus appropriées à la douceur du climat : primeurs, orangeries, etc. . En s'éloignant de la mer, la céréaliculture a trouvé, dans des régions plus élevées, au climat plus rude, un milieu plus en rapport avec ses besoins : c'est là, dans la dépression médiane de l'Atlas Tellien, depuis Tlemcen jusqu'à Souk-Ahras, en passant par les régions de Sidi-Bel-Abbès, de Médéa, d'Aumale, de Bordj-Bou-Arréridj et de Sétif, que se rencontrent les plus belles terres à céréales qui constituent une des plus grandes richesses de l'Algérie. Ces terres à céréales débordent jusque sur les Hauts-Plateaux où le milieu est encore favorable : le Sersou, Boghari, au Nord des Hauts-Plateaux algérois, la région de Batna, sur ceux de Constantine, donnent encore de belles récoltes.
------Les céréales occupent en Algérie plus de 3 millions d'hectares ; 1.400.000 sont dans le département de Constantine; 900.000 dans celui d'Alger, 700.000 en Oranie. Les emblavures y pourraient, certainement, être plus importantes, mais bien des terres sont encore en friches, et, de plus, la faible pluviométrie oblige les cultivateurs à pratiquer la jachère une année sur deux ou deux années sur trois, c'est-à-dire à laisser improductifs la moitié ou les deux tiers de leurs terres, pour leur permettre d'emmagasiner l'eau nécessaire à la vie de la plante.
------L'irrégularité du climat algérien, les variations extrêmes du régime des pluies exercent une très grande influence sur la production des céréales : en bonne année, si les pluies ont été suffisantes, on récoltera 20 millions de quintaux de grains ; si elles ont été exceptionnellement abondantes et bien réparties, la récolte atteindra et pourra même dépasser 25 millions de quintaux. Si l'année a été particulièrement mauvaise, les pluies rares et peu importantes, la production pourra tomber à 10 millions, parfois même descendre au-dessous de ce chiffre. Ces variations considérables sont heureusement assez rares ; tout au, plus se sont-elles produites quatre ou cinq fois pendant les vingt dernières années. Mais elles sont la cause que l'Algérie, qui exporte annuellement 4 à 5 millions de quintaux, parfois plus, peut devenir importatrice après une récolte déficitaire.
------Les faibles productions, au surplus, seront de-plus en plus l'exception. Les procédés perfectionnés de culture tendent, en effet à se généraliser, non seulement chez les colons, mais chez les cultivateurs indigènes. Ceux-ci, longtemps réfractaires à l'adoption de nouvelles méthodes, ont dû, en présence des résultats meilleurs et plus réguliers obtenus par les Européens, se rendre à l'évidence. Ils abandonnent de plus en plus leurs primitifs instruments de culture pour des instruments d'un meilleur rendement ; l'emploi des engrais s'intensifie ; enfin, les labours préparatoires, qui consistent à maintenir la jachère en parfait état de propreté et d'ameublissement, sont chaque année plus importants.
------Car les trois quarts des cultures de céréales appartiennent aux agriculteurs indigènes ; mal cultivées, ces terres ont des rendements irréguliers, qui influent sérieusement sur la production totale; bien cultivées, elles fourniront une récolte plus abondante et moins sujette à variations. Sur 2 300.000 hectares, les indigènes produisent 12 à 13 millions de quintaux ; sur 800.000, les Européens en récoltent 7 à 8 millions ; pour les premiers, le rendement est de 4 à 5 quintaux à l'hectare, pour les seconds de 8 à 10. Lorsque les cultures indigènes produiront autant que celles des colons, ce n'est pas 15 à 20 millions de quintaux que l'Algérie produira en moyenne, c'est au bas mot 25 millions. On aperçoit tout de suite l'importance que peut acquérir dans l'avenir la culture des céréales en Algérie : la valeur de la production passerait de moins de 2 à plus de 3 milliards, la valeur des exportations de 500 millions à 1 milliard au moins.C'est à cet accroissement des rendements par l' éducation agricole que s'emploie activement l'Administration algérienne, puissamment aidée dans cette tâche par les colons européens. Les résultats acquis sont déjà considétables, mais il reste encore beaucoup à faire : à un accroissement de la production correspondra un accroissement du bien-être des populations indigènes.
------Nous passerons maintenant en revue les principaes céréales cultivées en Algérie.

------Blé. - Le blé couvre chaque année une superficie très voisine d'un million et demi d'hectares. , C'est la plus importante des céréales algériennes, puisque près de la moitié des emblavures lui sont consacrées. La production atteint en moyenne 7 à 8 millions de quintaux, mais peut, dans les mauvaises années, descendre au-dessous de 5 millions, et, dans les bonnes années, approcher 10 millions.
------Deux catégories de blé sont cultivées en Algérie : le blé dur, qui domine, et le blé tendre.
------Blé dur. - On peut estimer à 1.200.000 hectares les superficies consacrées au blé dur. C'est par excellence une culture indigène, car il est particulièrement adapté au milieu. à la chaleur et au manque d'humidité.
------La production annuelle atteint en moyenne 6 millions de quintaux et oscille entre 3 et 7 millions.
------Les semoules de blé dur algérien, et particulièrement celles de la région de Médéa, des plateaux de Sétif et de la plaine du Chéliff, sont de toute première qualité. Les fabriques de pâtes alimentaires du monde entier les recherchent et les exportations algériennes de blé dur, sous forme de grains ou de semoules, approchent 1 million et demi de quintaux.
------Est-il besoin d'ajouter que le couscous, qui est à la base de l'alimentation des indigènes, pour lesquels il remplace le pain, n'est autre que de la semoule de blé dur ?
------La culture du blé dur a fait naître en Algérie une importante industrie : celle des pâtes alimentaires. C'est une branche très prospère de l'économie algérienne, qui non seulement suffit aux besoins de la consommation locale, mais encore fournit à l'exportation un contingent de 15 à 20.000 quintaux valant plus de 6 millions de francs.
------Blé tendre. - Contrairement au blé dur, le blé tendre est surtout une culture européenne. Les superficies, de ce fait, sont plus faibles, et oscillent autour de 300.000 hectares. Mais aussi les rendements sont plus élevés, et la production est supérieure à 2 millions de quintaux, avec des minima dépassant à peine 1 million et des maxima approchant 3 millions.
------Les blés tendres d'Algérie, en raison de leur précocité, sont très demandés sur les marchés de consommation. Ce sont en quelque sorte des blés de primeur que la minoterie recherche dès leur apparition, car ils sont un précieux appoint à l'époque de la soudure, au moment où s'épuisent les stocks provenant de la dernière campagne et où n'ont pas encore été récoltés les blés en terre. Outre leur qualité, qui est excellente car ils sont très riches en gluten - c'est leur précocité qui en fait la réelle valeur économique.
------Bon an mal an, l'Algérie en exporte 2 à 300.000 quintaux, mais, la production étant insuffisante pour satisfaire aux besoins locaux, doit en échange importer 400.000 à 500.000 quintaux.

------Orge. - L'orge occupe 1.300.000 à 1.400.000 hectares, soit à peu près autant que blés dur et tendre. réunis. La production, pour la raison que la culture en est presqu'exclusivement entre les mains des indigènes, est extrêmement variable ; elle peut tomber à 4 millions de quintaux ou dépasser 11 millions ; mais elle est, en année normale, de 7 millions de quintaux.
------Le motif de la faveur dont jouit l'orge auprès des cultivateurs indigènes réside dans sa grande rusticité et son aptitude à s'adapter à des milieux trop arides pour le blé. Elle est employée en grande partie dans l'alimentation des autochtones et dans celle de leurs animaux. Mais ce n'est pas le seul emploi de l'orge d'Algérie : un important débouché lui est réservé pour la fabrication de la bière, à laquelle elle convient tout particulièrement. Un million de quintaux d'orge sont exportés d'Algérie, principalement pour cette utilisation.

------Avoine. - La culture de l'avoine, bien que moins importante que celle des autres céréales, n'en couvre pas moins 250.000 hectares, dont plus des deux tiers sont ensemencés par les colons européens. Elle tend d'ailleurs à prendre de l'extension, car ses débouchés s'accroissent chaque jour, tant dans la colonie qu'en France et à l'étranger.
------En année moyenne, la production atteint 2 millions de quintaux; à part 1es récoltes déficitaires enregistrées dans années qui ont suivi la guerre, elle s'écarte assez peu de ce chiffre moyen.
------Le sixième environ de cette production (2 à 300.000 quintaux) est exporté en France et à l'étranger.

------Autres céréales. - Le blé, l'orge et l'avoine sont des céréales d'hiver, c'est-à-dire des céréales semées à l'automne ou au début de l'hiver; il faudrait, pour être exact, y ajouter le seigle ; mais les faibles uperficies qui lui sont consacrées- à peine un millier d'hectares - en font une culture négligeable, que nous ne citerons que pour mémoire.
------Il en serait un peu de même des céréales d'été, semées au printemps lorsque les pluies ont été favorables. Elles couvrent au total - maïs, sorgho et millet - une vingtaine de mille hectares. Leur culture est d'ailleurs, depuis la guerre, en régression marquée.

II- La vigne et le vin

------Une autre richesse est pour l'Algérie la culture, de la vigne. On ne saurait nier la répercussion qu'a eue, dans le développement de l'Algérie, la constitution du vignoble, consécutive à la crise phylloxérique de 1880. Cette culture, rémunératrice surtout au moment où le vignoble métropolitain voyait, par les attaques du phylloxéra, . diminuer sa superficie et sa production, ne pouvait que s'étendre en Algérie, où elle trouvait un milieu éminemment favorable. Aussi la superficie du vignoble algérien passait-elle de 23.000 hectares en 1880 à 123.000 en 1896.
------C'était un attrait nouveau pour la colonie : hommes et capitaux, séduits par cette industrie agricole rémunératrice, affluèrent à cette époque en Algérie. " C'est elle, a-t-on dit qui a déclenché en quelque sorte la prospérité magnifique dont la colonie, après avoir longtemps végété, jouit depuis une trentaine d'années. "

 


------Mais bientôt le phylloxéra faisait là aussi des ravages en 1917, 94 % du vignoble était contaminé. La reconstitution, toutefois, s'opérait rapidement au moyen de portegreffes américains et l'essor de la vigne, un instant arrêté, reprenait de plus belle.
------On compte actuellement 250.000 hectares de vignes, dont 226.000 seulement sont en 'production ; la différence représente les vignes phylloxérées non encore reconstituées et les jeunes plantations qui ne sont pas entrées en production. I1 semble que la superficie du vignoble algérien ne doive guère dépasser maintenant 250.000 hctares ; le chiffre de 300.000 paraît être un extrême maximum, car les terres à vignes sont plutôt limitées.
------L'aire de la vigne s'éloigne assez peu du littoral ; tout au plus son extrême limite méridionale dépasse-t-elle une centaine de kilomètres. Elle correspond à peine à l'aire de dispersion de l'olivier.
------La culture s'étend, dans le département d'Alger, sur 85.000 hectares, dans la Mitidja, le Sahel, et dans les régions de Miliana, de Médéa et d'Aïn-Bessem. ------La production atteint en année moyenne 5 millions d'hectolitres de vin.
------En Oranie, on compte un peu moins de 125.000 hectares de vignes, répartis dans le Sahel et la plaine d'Oran et dans les régions de Mostaganem, de Tlemcen, de Sidi-BelAbbés et de Mascara. Ils fournissent 5 à 6 millions d'hectolitres.
------Dans le département de Constantine, la superficie dépasse à peine 17.000 hectares, s'écartant assez peu de la côte régions de Bougie et de Djidjelli, plaines de Bône et de Philippeville. La production moyenne s'établit autour d'un million d'hectolitres.
Les vins algériens, au point de vue de leurs qualités, peuvent être classés en trois catégories
------les vins de plaine, titrant 9 à 12° d'alcool, qui peuvent être utilisés comme vins de table, mais que le commerce métropolitain emploie en grande quantité pour le coupage des vins des vignes à grand rendement du midi de la France;
------les vins de coteaux, dont le degré alcoolique est de 11 à 13°, et qui sont d'excellents vins de table d'une bonne conservation ;
------les vins de montagne, contenant de 12 à 15° d'alcool; ce sont des produits parfaitement constitués, de bonne conservation, qui peuvent acquérir, après plusieurs années de bouteille, des qualités remarquables de finesse et de bouquet.
------Certains de ces vins, bien que n'étant pas classés parmi les grands vins, ont su, grâce à leur finesse, à leur bouquet, acquérir une place appréciable sur la table des connaisseurs tels sont, pour n'en citer que quelques-uns, les Médéa,
les Mansourah, les Mascara, etc...
------Mais ce n'est pas à ce titre que les produits d'Algérie ont une importance. considérable dans le marché des vins. Ils la tirent surtout de leur richesse alcoolique, de leur robustesse et de leur couleur qui en font des vins de coupage recherchés pour améliorer certains vins métropolitains. Le marché de Bercy en fait une consommation considérable, trois à quatre millions d'hectolitres peut-être, si l'on s'en rapporte aux seules importations par le port de Rouen.
------C'est d'ailleurs vers la France qu'est dirigée la plus grande partie des exportations algériennes ; le marché français absorbe 7 à 8 millions d'hectolitres de vins d'Algérie; le surplus est expédié vers l'étranger (Suisse, Allemagne, etc...) et vers les colonies. Quant à la consommation locale, elle ne dépasse guère 1 million et demi à 2 millions d'hectolitres, car elle est limitée à la population
européenne, les indigènes musulmans ne pouvant, conformément aux prescriptions du Coran, boire de boissons alcooliques.
------Mais le vin n'est pas le seul produit commercial de la vigne. Il faut citer les mistelles, qui font l'objet, surtout dans le département d'Oran, d'une importante fabrication.

-----Ce sont des moûts dont la fermentation a été arrêtée par addition d'alcool; ces vins, d'un degré alcoolique très faible, sont employés dans la préparation des vins de liqueur et de certains vins médicinaux. Une partie est utilisée sur place et sert à fabriquer des vins de liqueur dont la qualité a été reconnue ; le reste est exporté. Mistelles et vins de liqueur alimentent un commerce d'exportation de 45 à 50 millions de francs (100.000 hectolitres de mistelles et 5 à 10.000 de vins de liqueur).
------On retiendra également que la distillation des vins et des marcs fournit des quantités variables d'alcool, dont l'importance est proportionnelle à la production des vins. La distillerie joue, pour la viticulture algérienne, le rôle de soupape de sûreté, en permettant, après une récolte pléthorique, d'utiliser les vins mal constitués qui nc trouveraient pas de débouchés dans l'exportation.
------Signalons enfin la production des tartrates et, depuis quelques années, celle de l'huile de pépins de raisins.
------On juge, par ce rapide exposé, de la valeur économique de la vigne. Pour conclure, on doit reconnaître que les produits de la vigne. - vins, mistelles, alcools, tartrates, etc... - rapportent à l'Algérie, du chef de la seule exportation, 1 milliard et demi, soit plus des quatre dixièmes de la valeur des exportations totales de la colonie.

III. - L'olivier, les olives et l'huile d'olive

------L'oléiculture n'est pas une des moindres richesses de l'Algérie; c'est la plus ancienne peut-être. Elle fut introduite par les Carthaginois, bien avant l'ère chrétienne ; les Romains la développèrent à tel point qu'il semble que c'est plutôt par ses huiles que par ses céréales que l'Afrique romaine mérita son nom de " Grenier de Rome ". Pendant la période barbaresque, l'Algérie exportait de grandes quantités d'huile; enfin, dès les premières années de la conquête, la colonisation française contribua largement à son amélioration et à son extension.
------L'olivier est d'ailleurs, dans tout le bassin méditerranéen, une plante spontanée. L'oléastre, qui est sa forme sauvage, se rencontre à l'état d'essence dominante, ou en mélange avec d'autres essences, sur de vastes territoires forestiers; son greffage, qui se fait couramment, permet la mise en valeur de forêts ou de broussailles à peine productives.
------Cet arbre, dans le bassin méditerranéen, se complaît dans les climats à hiver doux et pluvieux et à étés chauds et secs. Aussi peut-on considérer que le Tell algérien, dans toutes les altitudes comprises entre 50 et 700 mètres, constitue son aire de végétation. En Kabylie, il se rencontre, jusqu'à 1.000 mètres d'altitude, sur quelques versants montagneux tournés vers la mer. Dans la partie orientale de la colonie, l'aire de l'olivier se prolonge sur les Hauts-Plateaux, depuis Constantine jusqu'à Batna, les basses vallées de l'Aurès et Biskra.
------On ne compte pas moins, dans toute l'Algérie, de 14 à 15 millions d'oliviers, dont les deux tiers environ sont cultivés. Plus de la moitié des peuplements (7 à 8 millions d'arbres, dont plus des deux tiers sont en culture) se trouvent dans le département de Constantine, répartis dans les vallées de Soummam et de la Seybouse, d'El-Kantara à Philippeville, à Gastu et à Jemmapes, et dans les régions de la Galle, Batna, Guelma et Tebessa.
------Le département d'Alger compte seulement 4 millions et demi d'arbres répandus dans toute la Kabylie ; la proportion d'arbres cultivés est plus faible que dans le département de Constantine, et n'est guère supérieure aux trois cinquièmes du total.
------Les peuplements sont moins importants encore en Oranie et n'atteignent pas 2.400.000 arbres. On les rencontre en particulier à Mostaganem, à Saint-Denis-du-Sig, à Mascara,
à Relizane et surtout Tlemcen où ils constituent une véritable forêt. Là, l'effort de mise en valeur des oléastres a été moins considérable, car on ne compte qu'un million d'oliviers cultivés.
------Grâce aux bénéfices que procure l'olivier, grâce aussi à l'aide de l'administration, qui encourage par des primes les greffages et les plantations, l'essor de l'oléiculture est remarquable; tout permet de croire qu'il n'est pas près de s'arrêter : depuis 1913, le nombre d'oliviers s'est accru de plus d'un million d'unités, et cela malgré la guerre; en une année, de 1928 à 1929, cent mille arbres étaient greffés,
cinquante mille étaient plantés.
------Bien qu'elle ait été à l'origine une culture indigène, l'oléiculture tente de plus en plus les agriculteurs européens, qui possèdent maintenant les deux cinquièmes des arbres - 5 à 6 millions d'oliviers, dont les sept dixièmes (4 millions) sont cultivés ; la proportion est importante ; elle s'accroîtra encore. ------L'augmentation est beaucoup plus lente dans les
peuplements appartenant à des indigènes ; les trois
cinquièmes seulement des arbres (5 millions et demi) sont susceptibles de produire.
------Sur les 9 à 10 millions d'oliviers cultivés, un certain nombre, nouvellement plantés ou greffés, ne sont pas encore entrés en rapport ; les autres, 7 à 8 millions, fournissent chaque année une quantité d'olives variant entre 1 million et demi et deux millions de quintaux : le département de Constantine en produit à lui seul 1 million, celui d'Alger 4 à 500.000, celui d'Oran 2 à 300.000.
------L'olive est employée à deux usages, dont le plus important est la fabrication de l'huile, l'autre la conserve.
------C'est surtout vers la production d'huile qu'est orientée l'oléiculture algérienne : 90 % de la récolte sert à cette industrie très active, qui compte plusieurs centaines de moulins, dont plus de cent sont de véritables usines dotées des appareils les plus perfectionnés. La production d'huile, qui est très variable, puisque, en ces quinze dernières années, on l'a vu osciller entre 150.000 et 500.000 hectolitres, s'établit en moyenne autour de 300.000 hectolitres.
------La majeure partie de cette production est employée dans la consommation locale ; les indigènes ne connaissent pas d'autre aliment gras ; quant à la population européenne, originaire en grande partie du midi de la France, d'Italie
ou d'Espagne, elle en absorbe une grande quantité.
------Le surplus est exporté ; les deux tiers vont en France ; l'Italie, l'Angleterre, les Etats-Unis, le Maroc, la Tunisie se partagent le reste avec l'Allemagne, la Hollande, la Bulgarie, la Grèce, l'Extrême-Orient et l'Amérique du Sud. Mais la production algérienne ne serait pas suffisante pour satisfaire aux besoins de la consommation d'une part, à ceux de l'exportation d'autre part, car on évalue la consommation annuelle d'un kabyle à 15 litres, celle d'un Européen à 12, celle d'un Arabe à 2,5; aussi l'Algérie doit-elle importer chaque année 150 à 200.000 quintaux d'huiles de graines. Elle réalise à cette opération un beau bénéfice, car les huiles de graines sont moins chères que les huiles d'olives, bénéfice qu'on peut évaluer de 80 à 100 millions par an.
------L'industrie de la conserve présente aussi un sérieux intérêt, bien qu'elle soit loin d'avoir l'importance de l'huilerie.
------Elle utilise environ 150.000 quintaux d'olives par an. Une centaine de mille (près du tiers de la récolte totale d'olives du département) sont produits en Oranie, où existent de nombreuses fabriques de conserves ; les terres irriguées de Relizane, du Sig, de Perrégaux et de Tlemcen sont les régions de production de ces olives. Dans le département d'Alger, on récolte 40.000 quintaux, dans celui de Constantine, un peu plus de 10.000. Les populations algériennes, et notamment les Espagnols et les Italiens, font une importante consommation d'olives conservées; il reste néanmoins 20 à 30.000 quintaux libres pour l'exportation, et qu'achète surtout la France.
------Les exportations algériennes d'huiles et de conserves d'olives ont atteint, en 1928, 176 millions.