sur site le 14-08-2003
-Les Productions algériennes
Introduction
: LE MILIEU
Géographie et climat de l'Algérie
« Il serait assez difficile de parler des productions de l'Algérie sans donner avant tout un aperçu de sa position géographique, de sa structure et de son climat. C'est nettement un pays agricole; ce qui, jusqu'à présent, constitue la principale richesse de l'Algérie, ce sont les produits du sol, végétaux ou animaux, qui fournissent plus des neuf dixièmes des ressources de l'exportation.»
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INTRODUCTION
LE MILIEU
Géographie et climat de l'Algérie

------Il serait assez difficile de parler des productions de l'Algérie sans donner avant tout un aperçu de sa position géographique, de sa structure et de son climat. C'est nettement un pays agricole; ce qui, jusqu'à présent, constitue la principale richesse de l'Algérie, ce sont les produits du sol, végétaux ou animaux, qui fournissent plus des neuf dixièmes des ressources de l'exportation. Or, l'agriculture, dans tout pays, relève de la latitude, de l'altitude, de la température et de la distribution des pluies. Méconnaître la géographie de l'Algérie serait donc méconnaître les raisons qui influent sur sa production, sur son développement économique et sur sa prospérité actuelle.


------Lorsqu'ayant quitté la côte française de la Provence, du Languedoc ou du Roussillon, on traverse la Méditerranée du Nord au Sud, on se trouve, après un jour de mer, en face d'une côte abrupte, élevée; des hauteurs, souvent de véritables montagnes, dominent de très près le rivage, s'avançant parfois jusque dans les flots, masquant à peine, à l'arrière-plan, d'autres hauteurs, d'autres montagnes, tout un horizon de pics et sommets : c'est l'Algérie. A 800 km de France - la distance de Paris à Marseille - on aborde la côte septentrionale d'Afrique.

------Entre la Méditerranée au Nord, le Sahara au Sud, le Maroc à l'Ouest, la Tunisie à l'Est, l'Algérie forme un vaste quadrilatère large de 1.100 kilomètres, profond tout au plus de 5 à 700 kilomètres, limité par les 38° et 35° de latitude Nord et les 8° et 12° de longitude Est. Par sa latitude, elle est un pays tempéré chaud. Par sa façade méditerranéenne, elle subit les bienfaisantes influences marines, qui contrebalancent plus ou moins les influences desséchantes du Sahara. Autre influence encore, celle de son altitude élevée.
------C'est en effet un pays de hautes terres, un pays de montagnes, même, mais de montagnes peu élevées dans l'ensemble, dépassant à peine 1.200 à 1.500 mètres en moyenne au-dessus du niveau de la mer, avec des points culminants de 2.300 mètres, et reposant sur 'un socle élevé de 6 à 800 mètres.
------De ces dénivellations de 6 à 700 mètres, le paysage algérien, dans son ensemble, paraît, pour un pays montagneux, d'assez médiocre allure : ces hauteurs, qui, par leur forme, leur structure générale, font figure de montagnes, constituent tout au plus, comparées au paysage environnant, des collines élevées. Paysage de plateaux, plutôt que paysage de montagnes.
------Pour le géographe, le système montagneux de l'Algérie se réduit à fort peu de chose : deux massifs presque parallèles, courant du Sud-Ouest vers le Nord-Est, séparés par des dépressions plus ou moins accentuées; au Nord, la Méditerranée, au Sud, le Sahara. Comme écrivait Elisée Reclus en parlant du relief algérien : " On dirait des vagues qui se succèdent au bord d'une plage. "
------Au Nord, courant parallèlement à la côte, l'Atlas Tellien; composé de trois chaînes, elles aussi parallèles, il forme, avec la zône littoralienne et les dépressions qui les séparent, le Tell, région de cultures et de forêts.
------Au Sud, l'Atlas Saharien, bourrelet montagneux, séparation naturelle entre l'Algérie septentrionale et le Sahara.
------Entre les deux Atlas, une région d'altitude élevée - 800 mètres en moyenne, parfois 1.000, au relief peu accentué, les Hauts Plateaux.
------Au Sud de l'Atlas Saharien, en contrebas des Hauts-Plateaux, le Sahara.

------Le climat de l'Algérie présente dans l'ensemble les mêmes caractéristiques, qui en font un climat nettement méditerranéen. On ne saurait diviser l'année en quatre saisons, comme en France : printemps, été, automne et hiver. On ne constate à vrai dire que deux grandes saisons : la saison des pluies, qui coïncide avec la saison froide, commençant en octobre et se prolongeant jusqu'en avril ; la saison sèche, ou saison chaude, débutant en avril ou en mai et se terminant en septembre, parfois dans le courant d'octobre. Un hiver, plus froid et humide en décembre et janvier, un été, plus chaud et plus sec en juillet et en août; presque pas de saisons intermédiaires. Un autre caractère domine, qui donne une physionomie toute particulière au climat algérien : l'extrême irrégularité du régime des pluies, qui fait que l'agriculture, en certaines années, malheureusement fréquentes, souffre grandement du manque d'eau et voit ses récoltes fortement diminuées.
Mais des variations s'observent d'une région à l'autre, que l'on aille du Nord au Sud ou de l'Est 'à l'Ouest. La latitude, l'altitude, la proximité de la mer ou du désert, sont autant de facteurs qui influent sur le climat. Ces variations, nous les examinerons séparément pour chacune des régions naturelles de l'Algérie.

------LE TELL. - L'Atlas Tellien se compose, avons-nous
dit, de trois chaînes de montagnes.
------La chaîne littoralienne commence à l'Ouest d'Oran, finit près de la frontière tunisienne, dominant les côtes dans toute sa longueur. Elle peut se diviser en deux portions à l'Ouest d'Alger, son altitude est faible, elle n'est constituée que de vallonnements, avec, de temps à autre, de brusques ressauts : ce sont les Sahels et le Dahra. A l'Est d'Alger, les Kabylies sont des massifs élevés, de véritables montagnes.
------La chaîne axiale débute à la frontière marocaine, borde d'abord, à l'Ouest, le littoral, puis devient une chaîne intérieure qui se prolonge en Tunisie. Le terrain est accidenté, l'altitude moyenne est élevée, le climat relativement rude.
------Enfin, une dernière chaîne au Sud, la chaîne intérieure, constitue en quelque sorte la limite du Tell et des HautsPlateaux. Chaîne discontinue d'ailleurs, présentant par endroits des coupures de grande longueur, particulièrement dans le département d'Alger.
------Entre ces chaînes de l'Atlas tellien s'ouvrent des dépressions de même orientation
------Entre la chaîne littorale et la chaîne axiale, la dépression sublittorale commence par la plaine d'Oran et se termine à Bougie avec la vallée de l'Oued Sahel.
------La dépression médiane s'étend au Sud de la chaîne axiale : depuis le bassin de la Tafna à l'Ouest, jusqu'au bassin de Guelma, à l'Est.
------Le Tell est donc une région montagneuse, dont l'altitude moyenne s'accroît du Nord au Sud, de la mer jusqu'aux Hauts-Plateaux. Il n'a guère, dans sa plus grande largeur, que cent cinquante kilomètres, sur une longueur de onze cents kilomètres.

------Au point de vue climatérique, le Tell bénéficie de l'influence de la Méditerranée : c'est en quelque sorte le prolongement de la Provence - dont il présente, en certains points, bien des aspects -, de la côte méditerranéenne de l'Espagne, de l'Italie. Ce n'est pas encore l'Afrique, c'est la réplique de l'Europe méridionale, avec plis de chaleur et plus de lumière. Mêmes cultures, même flore, même faune, avec, en plus, quelques représentants de la flore et de la faune africaines. Zone de transition, mais plus européenne qu'africaine.

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Mais, en tant que région naturelle bien délimitée, elle ne présenté pas partout les mêmes caractères. Sur la côte, par exemple, on ne rencontrera pas, de l'Ouest à l'Est, une similitude absolue : Nemours, le port le plus occidental, est à peu près sous la même latitude que Biskra, porte du désert à l'Est. Aussi concevra-t-on aisément que, de l'Est à l'Ouest, les pluies décroissent progressivement; que la température s'abaisse d'Ouest en Est; que, par voie de conséquence, les cultures, la flore soient quelque peu différentes de l'orient à l'occident.


 

------Du Nord au Sud, mêmes remarques : plus on s'éloigne de la côte, plus les pluies deviennent rares, plus le climat se fait rude : la côte est humide, tempérée, ni trop chaude ni trop froide ; les abords des Hauts-Plateaux sont secs, chauds à l'extrême en été, froids en hiver. Les cultures sont de moins en moins riches : primeurs sur la côte, donnant plusieurs récoltes par an, céréales dans le Sud, donnant des récoltes variables à l'excès.

------Mais, de l'Ouest à l'Est ou du Nord au Sud, les différences ne sont pas à ce point sensibles que l'on ne se sente pas dans la même région naturelle. Où que l'on soit, à Guelma ou à Oran, à Tlemcen ou à Médéa, c'est toujours le Tell, la région des cultures, la région de l'arbre. Ce ne sont, d'un point à un autre, que des transitions assez faibles.

------LES HAUTS-PLATEAUX. - De transition en transition, cependant, une fois franchie la chaîne intérieure de l'Atlas Tellien, on est parvenu sur les Hauts-Plateaux. Transition un peu brusque peut-être : alors que les versants septentrionaux de la chaîne intérieure procèdent du Tell, se couvrant de cultures et de forêts, la ligne des crêtes dépassée, les versants méridionaux relèvent nettement des Hauts-Plateaux et de leur désolation ; leurs flancs sont dénudés . ou couverts d'une maigre végétation de broussailles ou d'herbes. Et devant soi, à perte de vue, s'étend la steppe, d'une excessive platitude ou à peine mouvementée.
------C'est le pays du mouton, le pays de l'alfa, le pays par excellence du nomadisme.
------L'altitude est élevée, atteignant par endroits 1300 mètres, se relevant progressivement du centre vers les bords. Pas ou peu de communication avec la mer : les eaux de ruissellement s'amoncèlent au centre, dans de vastes cuvettes, ou chotts, qui se dessèchent en été et se recouvrent alors d'une couche épaisse de sel.
------Le climat est fonction de l'altitude et de la situation géographique : en ces régions élevées d'un millier de mètres, soustraites, par l'écran montagneux du Tell, à l' influence marine, subissant celle du Sahara, il a un caractère nettement continental : étés très chauds, hivers froids souvent à l'excès, pluies rares et faibles, très irrégulières, permettant à peine la culture, ne nourrissant qu'une maigre flore.
------Mais, comme dans le Tell, la latitude, qui croît d'Ouest en Est, joue aussi son rôle. Sur les Hauts-Plateaux Oranais,' rien que des touffes d'alfa, de drinn ou d'armoise blanche; il pleut à peine ; les seules ressources du pays sont la cueillette de l'alfa et l'élevage du mouton par les tribus nomades. Les Hauts-Plateaux d'Alger sont déjà moins désolés ; quelques cultures, rares d'ailleurs, se rencontrent le long des oueds. Enfin, les Hauts-Plateaux Constantinois possèdent un climat beaucoup moins rude et plus humide rla culture y est possible et apporte un précieux appoint aux ressources de la population ; et puis - et cela n'est' ,pas négligeable - d'importants gisements phosphatiers permettent d'entretenir une nombreuse main-d'oeuvre

------L'ATLAS SAHARIEN. - Au Sud, un dernier bourrelet montagneux borde les Hauts Plateaux : c'est l'Atlas Saharien, succession de massifs orientés sud-ouest-nordest et se rapprochant peu à peu, d'Ouest en Est, de l'Atlas Tellien. Ces montagnes ne sont pas sans ressources naturelles : les pluies, plus abondantes que sur les HautsPlateaux - car les crêtes arrêtent les nuages - permettent d'établir des cultures, entretiennent des pâturages, et font naître des peuplements forestiers.
------A perte de vue, la steppe, plate, nue. Quelques rares touffes d'herbe nourrissent les troupeaux des tribus nomades. Paysage de désolation, qui annonce déjà le Sahara.

------LE SAHARA. - Après cette barrière montagneuse, une brusque dénivellation nous conduit dans le Sahara .On n'est là qu'à quelques centaines de mètres d"altitude, parfois même au-dessous du niveau de la mer. De grandes étendues désolées couvertes, dans les fonds humides (les dayas), d'une maigre végétation ; tantôt des dunes de sable, aux formes mouvantes (ce sont les erg), tantôt de vastes plateaux rocheux (les hammada) ; par places, partout où l'eau affleure on se trouve 'à une faible profondeur, des îlots de verdure où croissent, sous l'ombre des palmeraies, Je riches cultures (les oasis) ; dans les bas-fonds, des chotts. Tels sont les multiples aspects du Sahara.
------Un climat extrême le caractérise : la pluie y est rare - il se passe souvent plusieurs années sans qu'il tombe une goutte d'eau, - et les variations de températures sont telles qu'en 24 heures il arrive de noter, à l'ombre, des différences de 30 à 40°. Et, fréquemment, un vent brûlant, soulevant des tempêtes de sable, souffle sur ces immenses étendues.
------Il ne faudrait pas croire, d'après ce tableau, que le Sahara n'est qu'un vaste espace stérile. Les oasis sont en premier lieu une preuve du contraire, puisque leurs palmeraies fournissent aux tribus nomades une abondante provende de dattes, dont il est expédié, en outre, d'énormes quantités dans le Tell, et jusque sur les marchés extérieurs les plus lointains. Et puis, lorsqu'il a plu, on voit le sol du désert se couvrir rapidement de végétation, de pâturages dont profitent les troupeaux ; et si la pluie a été suffisante, le:: indigènes ensemencent en céréales les dayas. Enfin, il ne faut pas oublier que le Sahara algérien possède une population de plus de 500.000 habitants, nomades ou sédentaires, qui échangent avec le Tell leurs produits - dattes, moutons, peaux, laines, etc... - contre les céréales, les cotonnades, les produits manufacturés dont ils ont besoin.
------Le Sahara, d'ailleurs, n'a pas dit son dernier mot : son sous-sol est encore inexploré : peut-être réservera-t-il des surprises. N'a-t-on pas découvert récemment à Kenadsa, dans le Sud-Oranais, un gisement de houille qui, actuellement, est en pleine exploitation ?
------Cette esquisse de l'orographie algérienne fait apparaître un trait excessivement particulier du pays : la division en bandes longitudinales parallèles à la mer, divisées ellesmêmes en zônes bien distinctes et sans cohésion.
------Ces zônes n'ont. presque pas de communications entre elles ; chacune possède une vie propre et n'a, avec les autres, que fort peu de rapports. C'est pourquoi l'Algérie n'a pas de centre d'attraction. Alger, au point de vue économique, ne commande pas plus Oran que Constantine chaque ville est un centre pour sa région.
------On conçoit que, dans ces conditions, la pénétration de l'Algérie ait été lente et difficile. D'une région à l'autre, en effet, il n'existe que peu de voies de communication naturelles. Encore ne s'agit-il, la plupart du temps, que de quelques vallées étroites, coupures formées dans les montagnes par les rivières coulant du Sud au Nord et cherchant à se frayer un passage jusqu'à la mer. Ces vallées, qui sont souvent de simples gorges ou des- canons, les routes, les lignes de chemins de fer les ont, empruntées pour passer d'une bande à l'autre. Mais routes et voies ferrées sont pour la plupart parallèles à la mer et suivent les dépressions telliennes ; partout où cela a été possible, des voies de pénétration ont relié le Sud à la côte ; ces voies sont peu nombreuses, mais la structure du pays ne permettait pas de faire mieux.

------Telles qu'elles sont, cependant, elles assurent une liaison suffisante entre les différentes régions naturelles de l'Algérie. N'est-ce pas un des principaux mérites de la colonisation française de s'être efforcée, dans la mesure du possible, de corriger les défauts de cette structure et de créer de l'unité là où la nature n'avait mis que de la diversité?