LES LIAISONS MARITIMES
DE L'ALGÉRIE
Statistique
-----Nous avons
donné dans l'introduction des chiffres en francs qui ont apporté
une première idée du développement considérable
du commerce de l'Algérie.
-----Rappelons
ces chiffres:
( moi, je dirai "nombres"!)
|
Importation
|
Exportation
|
En 1887
|
220.094.772 fr
|
200.440.457 fr.
|
En 1927
|
4.836.000.000 fr
|
3.521.000.000 fr.
|
-----Voici maintenant
des données qui préciseront l'importance croissante des
transports maritimes.
-----Le tableau
ci-après donne des indications intéressantes sur les frets
d'entrée et de sortie, qui se rapportent à l'année
1927.
-----Navigation
d'Algérie (cabotage non compris)
A.-ENTRÉES
|
Pays
de provenance ou de destination
|
Nombre
de
navires
|
Tonnage
total
(en tonneaux) (1)
|
Navires
français venant de
|
|
|
France
|
1.838
|
2.824.000
|
Colonies
françaises et pays de protectorat
|
.
340
|
423.000
|
L'étranger
|
308
|
524.000
|
Total
|
2.486
|
3.771.000
|
Navires
étrangers venant de
|
|
|
France
|
109
|
182.000
|
Colonies
françaises et pays de protectorat.
|
218
|
239.000
|
L:
étranger
|
2.328
|
3.990.000
|
Total
|
2.655
|
4.411.000
|
Total
des navires français et étrangers
|
5 141
|
8 182 000
|
(1)
Le tonneau de jauge d'un navire est égal à 2 mcubes 83 (ou
100 pieds cubes anglais).
B. - SORTIES
|
Pays
de provenance ou de destination
|
Nombre
de navires
|
Tonnage
total (en tonneaux) (1)
|
Navires
français allant
|
|
|
En
France
|
1.941
|
3.023.000
|
Aux
Colonies franç. et pays de protectorat
|
.
298
|
400.000
|
A
l'étranger |
290
|
475.000
|
Total
|
2.529
|
3.898.000
|
Navires
étrangers allant
|
|
|
:En
France
|
88
|
217.000
|
Aux
Colonies franç. et pays de protectorat
|
.
254
|
338.000
|
A
l'étranger
|
2.455
|
4.067.000
|
Total
|
2.797
|
4.662.000
|
Total
des navires français et étrangers
|
..
5.326
|
8.520.000
|
-----En résumé (cabotage non
compris), il est entré en
1927 dans les ports d'Algérie plus de 5.000 navires français
et étrangers, dont la moitié français (1),
représentant un tonnage total de 8.182 000 tonneaux
-----Il en est sorti un nombre à peu
près égal de navires, représentant un tonnage total
de 8.520.000 tonneaux
-----Soit un mouvement total (entrée
et sortie) représenté par 16.702.000 tonneaux
-----Prenons ce dernier total et comparons-le aux mêmes totaux
d'années antérieures. Nous trouvons
Tonnage
total des navires entrés ou sortis (cabotage non compris)
|
En
1887 |
2.465.000 tonneaux |
En
1922 . |
11.225.000 - |
En
1925 . |
14.565.000 - |
En
1926 |
14.629.000
- |
En
1927 ... |
..
16.702.000 - |
Le
tonnage total des navires entrés et sortis en 1927 est plus
de sept fois plus élevé que le même tonnage en
1887. De 1922 à 1927 il a progressé de plus de 40 %
. |
(1) Principales compagnies
françaises desservant les ports algériens
Compagnie Générale Transatlantique, Compagnie des Messageries
Maritimes, Société Générale de Transports
Maritimes à vapeur, compagnie de Navigation Paquet, Compagnie Fmnçaise
de Navigation à vapeur, Compagnie auxiliaire de Navigation, Compagnie
Havraise Péninsulaire de Navigation à vapeur, Société
Navale de l'Ouest, Compagnie Delmas et Vieljeux, Compagnie de Navigation
mixte, Société Algérienne de Navigation pour l'Afrique
du Nord, etc.
----------Il est d'usage de s'excuser
de donner des chiffres, sous prétexte qu'ils sont arides. Il est
convenu que la statistique est une vieille dame rébarbative.
-----Mais ici, ne nous excusons pas. Lisons,
relisons, répétons ces chiffres qui définissent un
développement prodigieux. Traçons avec orgueil la courbe
ascendante, si rapidement ascendante, du commerce algérien.
-----Cette courbe de fière allure,
c'est celle de nos destinées sur le sol d'Afrique. Et la Statistique
qui la trace, d'un doigt sûr, nous apparaît avec un jeune
visage, resplendissant de beauté grave et de confiance dans la
vie, qui se confond avec celui de la France africaine, inspiratrice des
Energies Françaises dans les siècles à venir.
**
-----A ce trafic
de marchandises, dont nous venons de marquer l'importance, s'ajoute le
mouvement des voyageurs.
-----A noter, à ce sujet, que le trafic
voyageurs s'est accru très notablement, dans ces dernière*
années, d'un nombre toujours croissant de touristes qui viennent,
de toutes les parties du monde, visiter les sites magnifiques et les vestiges
historiques de l'Algérie. Et nous ne pouvons parler du tourisme
en Algérie, sans évoquer le nom d'un grand Français,
M. dal Piaz, mort prématurément en 1928, qui fut, comme
Président de la Compagnie Générale Transatlantique
et Président de la Société des Voyages et Hôtels
nord-africains qu'il avait créée, le grand animateur de
l'oeuvre touristique en Algérie (1).
(1) Rappelons ici les belles paroles que le Président dal Piaz
prononçait en 1924 à l'Institut colonial.
----- " Des
entreprises comme les circuits de la Transatlantique, en faisant connaître
l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, présentent, à mon
sens, une
grande utilité au point de vue national.
-----"
Nos possessions de l'Afrique du Nord constituent une grande partie, "
non seulement du crédit, mais aussi de l'avenir de la France.
-----Beaucoup
" de Français ont été ébranlés
par les événements de la guerre, et parfois démoralisés
: qu'ils traversent la Méditerranée et qu'ils aillent prendre,
" avec une leçon d'énergie et de confiance, des motifs
d'espérer et de vouloir, fondés sur les ressources de nos
nouveaux continents. Quant à
l'étranger, qui doute encore quelque peu du relèvement de
notre pays, " il comprendra là-bas que la France a devant
elle un très grand avenir, " qu'il est presque immédiat
et qu'elle a droit au crédit du monde. "
---Le mouvement des passagers
embarqués et débarqués en 1927 est indiqué
par le tableau suivant
Passagers embarqués |
162.498 |
Passagers débarqués |
190.630 |
Total des passagers |
353.128 |
dont 194.250 embarqués et débarqués
à Alger, |
103.346 |
-à Oran |
35.975 |
à Philippeville |
9.204 |
à Bône |
Note du déjanté
: pourquoi y a-t-il plus de débarqués qu'embarqués? |
Lignes
de navigation maritime
desservant l'Algérie.
-----Prenez
une carte où figurent la France et l'Algérie, et un crayon
rouge. Réunissez par des traits les ports d'Algérie : Bône,
Philippeville, Bougie, Alger, Mostaganem, Oran aux ports de France sur
la Méditerrannée Marseille, Cette, Port-Vendres et aussi
(via Gibraltar) aux ports de l'Atlantique : Bordeaux, Saint-Nazaire, Nantes,
Rouen, Dunkerque. Marquez d'un trait plus fort les lignes où le
trafic est le plus intense, qui sont celles reliant Marseille à
Alger et à Oran. Joignez-y, en pointillé, quelques lignes
secondaires, desservant les ports espagnols de la Méditerranée
(Oran à Alméria et Carthagène-Alger à Valence).
Vous obtiendrez un réseau qui figure les liaisons maritimes principales
de l'Algérie.
-----Reportez-vous maintenant à la
statistique, qui nous révèle que plus de 5.000 navires par
an, d'un tonnage moyen de 1.650 tonneaux (non compris les caboteurs),
entrent dans les ports algériens. Cela fait une moyenne de 15 gros
navires par jour que ces ports doivent recevoir, dont ils ont à
assurer le déchargement et le rechargement dans les conditions
les meilleures. C'est de quoi faire sentir toute l'importance de la question
des ports, que nous allons étudier au chapitre suivant
Les
Ports algériens.
-----Le tableau
ci-après donne les principaux ports d'Algérie, avec indication
du nombre des navires entrés et sortis et du tonnage correspondant
pour l'année 1927.
Bone
Ports
|
Nombre
de navires entrés
ou sortis
|
Tonnage
|
Oran
|
9.470 |
16.282.517
tonneaux |
Alger |
9.133
|
15.406.295
- |
Bône |
3.737
|
3.973.326
- |
Philippeville
|
2.805 |
1.727.303
|
puis : Bougie, Collo, Djidjelli, Mostaganem, etc. |
-----Ces ports
présentent une activité très grande, particulièrement
Oran ( Le tonnage du
trafic du port d'Oran est passé de .12.730.000 tonneaux en 1926
à 16.282.000 en 1927 et à 19.747.000 tonneaux en 1928. alors
qu'il était de 1.836.000 tonneaux en 1895.) et Alger. Mais
l'extraordinaire accroissement du trafic impose leur agrandissement.
-----A Alger, le problème est relativement
facile. La baie d'Alger, bordée par des plages, permet en effet
d'y créer des bassins, dont les plans d'eau abrités ont
de grandes superficies, dont les quais accostables ont un développement
considérable et dont les terre-pleins sont tellement importants
qu'on peut, non seulement les affecter au stockage, au classement et au
triage des marchandises débarquées ou à embarquer,
mais qu'on peut encore en affecter une certaine partie aux installations
des commerçants ou industriels qui ont intérêt à
se trouver à proximité des quais et voies ferrées,
ainsi qu'aux installations ferroviaires qui comprennent non seulement
les voies ferrées de desserte des différents môles,
mais aussi les faisceaux de triage, les gares à marchandises, à
voyageurs, etc., ces terre-pleins étant d'ailleurs desservis en
même temps par de larges chaussées.
-----Les bassins du port d'Alger sont construits
sans dépenses excessives parce que les jetées qui les couvrent
peuvent toujours être établies par des fonds qui restent
compris entre 18 et 20 mètres.
-----La liaison du port avec les réseaux
de routes et voies ferrées est facile à assurer.
-----Le port d'Alger peut s'étendre
autant qu'on le désire. Le plan d'extension a été
approuvé par la loi du 21 avril 1921. Il prévoit un développement
de quais de 15.200 mètres, dont 12.800 accostables par des navires
d'un tirant d'eau supérieur à 7 mètres.
-----On peut prédire que d'autres
travaux d'extension deviendront encore nécessaires lorsque le chemin
de fer transsaharien sera construit.
-----Ajoutons que la capitale de l'Algérie
a mis à l'étude, en même temps que l'extension du
port, un vaste programme d'agrandissement et d'embellissement de la ville,
digne de sa situation privilégiée et de son remarquable
développement économique.
-----Pour Oran, le problème est plus
difficile.
Le port est établi au fond d'une baie relativement étroite,
dont les grands fonds sont très près du rivage. Ses possibilités
d'extension sont limitées; les bassins que l'on peut créer
correspondent à des plans d'eau abrités et à des
terre-pleins de superficies relativement réduites, parce qu'il
faut respecter la condition essentielle d'établir les jetées,
qui Couvrent ces bassins, par des fonds raisonnables. Le projet d'extension
du Port, approuvé par la loi du 30 avril 1924, correspond pratiquement
au maximum de ce que l'on peut faire. Il prévoit un développement
total des quais de 4.850 mètres, dont 2.550 accostables par des
navires d'un tirant d'eau supérieur à 7 mètres.
Aussi envisage-t-on d'utiliser la rade merveilleuse de Mers-el-Kebir (Ouest
d'Oran), qui deviendrait ainsi pour Oran, ce que l'Etang de Berre est
en train de devenir pour
Marseille.
-----En résumé
: Développement considérable du trafic maritime
de l'Algérie - nécessité d'agrandir les Ports, particulièrement
ceux d'Alger et d'Oran - Plans d'extension fort bien étudiés,
mais dont il est urgent d'entreprendre la réalisation.
|