CHAPITRE PREMIER
DESCRIPTION
I. - Les Côtes
-----La côte
algérienne est à peine à 700 kilomètres des
côtes de Provence. Cette distance est franchie facilement en 22
ou 26 heures, suivant le port où l'on s'embarque, celui où
l'on débarque, le bateau que l'on prend et l'état de la
mer.
-----Des frontières
de la Tunisie aux confins du Maroc, la côte a un développement
d'un millier de kilomètres. Cette côte n'offre pas de larges
estuaires, entaillant profondément le continent et donnant naissance
à de vastes ports naturels, pouvant abriter des flottes importantes.
Il a donc fallu créer les abris nécessaires à la
navigation. Pour cela on a utilisé les golfes, généralement
peu profonds, que l'on trouve le long de la côte et on les a aménagés,
en construisant des digues et des jetées. C'est ainsi que l'on
a créé les ports de Bône, Philippeville, Bougie, Alger,
Mostaganem et Oran.
-----Hors de ces baies,
où l'homme a dû suppléer, par son travail, à
l'uvre insuffisante de la nature, la côte est presque partout
droite, escarpée, montagneuse et d'une réelle beauté.
Les parties basses sont très rares. Aussi, avant l'invention de
la navigation à vapeur, les côtes de l'Algérie étaient-elles
singulièrement redoutées des navigateurs. En effet, les
vents du Nord, presque toujours vents de tempête (mistral), jetaient
les navires contre les rochers et occasionnaient autant, sinon plus, de
pertes que n'en causaient les pirates fameux des pays barbaresques.
-----Grâce à
cette constitution rocheuse et montagneuse des côtes, la route longeant
la mer ménage, à ceux qui la suivent, une série de
spectacles impressionnants. Rien n'est plus beau que les grandes falaises
entre Djidjelli et Bougie. D'autre part, la côte entre Bougie et
le cap Carbon rappelle, en plusieurs endroits, les fiords de Norvège.
Quant au trajet entre Alger et Oran, par Ténès et Mostaganem,
c'est un perpétuel enchantement.
II.
- Orographie
-----Le système orographique
de l'Algérie, qui, au premier abord, paraît extrêmement
compliqué, devient beaucoup plus simple, si l'on veut bien le schématiser.
Il comprend essentiellement deux chaînes légèrement
divergentes qui constituent l'Atlas. On donne généralement
le nom de " Atlas Tellien " à la chaîne du Nord
et celui de " Atlas Saharien " à la chaîne du Sud.
-----Au nord de l'Atlas
Tellien et en bordure même de la mer, s'étend le Sahel. Entre
les deux chaînons divergents de l'Atlas sont les Hauts-Plateaux.
Enfin, au Sud de l'Atlas Saharien, se trouvent les immensités désertiques.
-----a) Le Sahel.
- Le Sahel, c'est la plaine, faiblement ondulée, que l'on voit,
dans certaines parties de l'Algérie, sur les bords de la mer. Nous
avons ainsi le Sahel de Bône, de Philippeville, de Bougie, d'Alger,
de Mostaganem, d'Oran. Ces sahels constituent une véritable "
Côte d'Azur " qui est rafraîchie par la brise
maritime et par le vent du Nord. Elle est de plus protégée,
contre les vents desséchants du Sud, par l'Atlas Tellien et par
les monts du Sahel. La Côte d'Azur algérienne, que l'on appelle
souvent la Côte de Turquoise, n'a rien à envier à
la Côte de Provence.
Le Sahel est la partie la plus peuplée de l'Algérie, c'est
la terre de prédilection des hiverneurs. C'est un véritable
Eden, d'un charme singulièrement prenant, car il est fait de la
beauté des sites, de l'azur de la mer, de la splendeur du ciel,
de l'éclat particulier du soleil, de la transparence de l'atmosphère
et de la douceur du climat.
-----b)
L'Atlas. - Si nous voulons étudier de près le système
orographique de l'Algérie, nous le trouverons un peu plus confus
que ne l'indique la définition schématique qui vient d'en
être donnée, et qui, depuis longtemps, est classique.
-----En effet, l'Algérie
orientale présente un ensemble orographique quelque peu compliqué.
Les deux chaînons de l'Atlas sont constitués par des massifs
très accidentés et assez compacts. Ils entrelacent leurs
ramifications et finissent par se confondre en Tunisie. Leur altitude
moyenne est assez forte. C'est là que nous trouvons les points
les plus élevés de l'Algérie. L'un est le sommet
de Lalla Khadidja (2.308 m.), dans le Djurdjura ; c'est ce massif que
l'on aperçoit, en premier lieu, lorsque l'on vient de Marseille
à Alger. Ses pics, couverts de neige pendant plusieurs mois de
l'année, excitent l'intérêt et la curiosité
des voyageurs. L'autre, le sommet culminant de l'Algérie, est le
Ras Keltoum, dans le Djebel Chélia (massif de l'Aurès) ;
il atteint 2.325 mètres.
-----Dans l'Algérie
occidentale, le relief du sol est infiniment plus simple. En s'éloignant
de la côte, on trouve, s'étendant parallèlement au
rivage, les trois zones classiques de l'Atlas Tellien, des Hauts-Plateaux
et de l'Atlas Saharien. Les hauteurs moyennes de l'Atlas Tellien vont
en diminuant et la montagne s'affaisse peu à peu. Les Hauts-Plateaux
s'étendent en remontant vers le Nord. Quant à l'Atlas Saharien,
il se dirige vers l'Ouest, en restant d'abord sensiblement pareil à
lui-même. Ce n'est qu'une fois arrivé au Maroc qu'il se redresse
pour atteindre des altitudes de 4.500 mètres environ.
-----Pendant tout l'hiver,
ces massifs montagneux sont recouverts de neige et cette neige, dans les
années moyennes, bloque le col de Tirourda, en Grande-Kabylie,
pendant près de six mois.
-----c)
Hauts-Plateaux. - La physionomie des HautsPlateaux
varie tout comme varie l'aspect des chaînes de l'Atlas qui les enserrent.
Vers l'Est, la zone des HautsPlateaux va en se rétrécissant
et finit même par disparaître. Au contraire, vers l'Ouest,
cette zone s'élargit et s'étend, pour atteindre, en Oranie,
son développement maximum. L'altitude de cette région oscille
entre 500 et 1.200 mètres.
-----Certaines parties des Hauts-Plateaux
se prêtent à la culture des céréales, notamment
la plaine de Batna, la région de Sétif. et le fameux plateau
du Sersou.
-----D'autres parties, au contraire, sont
rebelles à toute culture et ne présentent que d'immenses
steppes, absolument stériles, parsemées de lagunes et de
lacs salés. Ces steppes se trouvent notamment entre Saïda
et le Kreider. Dans cette partie des Hauts-Plateaux, les phénomènes
de mirage sont particulièrement fréquents.
----d)
Sahara. - Les pentes sud du chaînon méridional de
l'Atlas s'affaissent brusquement dans une plaine immense qui constitue
le Sahara et ce désert occupe la plus grande partie de l'Afrique
septentrionale. Dans son ensemble, le Sahara est formé par un gigantesque
plateau ondulé, découpé par des dépressions
sableuses, mais son aspect n'est ni uniforme, ni monotone.
-----En quelques endroits, au pied de l'Aurès
notamment, on trouve des couches d'humus d'une épaisseur considérable
; cette terre, qui n'a plus été cultivée depuis l'occupation
romaine, est d'une fertilité extrême. Ce serait probablement
la terre la plus féconde du globe, ei l'on pouvait l'arroser régulièrement.
Les essais de culture, qui ont été tentés dans les
environs de Zeribet-el-Oued (à une cinquantaine de kilomètres
à l'Est de Biskra), ont permis d'obtenir, pour l'orge, des rendements
allant jusqu'à 100 pour 1.
-----Ce que l'on rencontre le plus souvent,
dans le Sahara, c'est la Hammada, vaste étendue de pierres et de
galets, donnant à la région l'aspect désolé
d'un paysage lunaire. C'est le pays de la sécheresse absolue, c'est
le pays de
la soif, c'est la terre de désolation par excellence. Certains
endroits, l'Oughoud-Shérifa, par exemple, restent plusieurs années
sans recevoir une goutte de pluie.
-----Autour de la Hammada, s'étendent
les dunes, ou Erg, véritable mer mouvante de sable, où,
en bien des points, dans le Souf notamment, on ne trouve que de la silice
pure. C'est dire que l'on n'y voit absolument aucune végétation,
pas même un brin d'herbe.
-----Depuis quelques
années, l'Erg semble avoir une tendance à envahir la Hammada.
C'est ainsi que l'on voit disparaître peu à peu sous le sable,
soit des mouvements de terrain, parfaitement connus et repérés,
soit des ouvrages construits de main d'homme. L'enceinte crénelée
du bordj de Hassi Inifel, sur les bords de l'Oued Mya, est presque entièrement
recouverte de sable. Le jour semble proche où le bordj entier aura
lui-même disparu.
-----Les dunes que l'on aperçoit sont
souvent fort élevées. Dans le Grand-Erg, on trouve des montagnes
de sable qui atteignent largement 300 mètres de hauteur.
-----De ci, de là, on rencontre quelques
plaines parsemées de maigres arbrisseaux, tout ratatinés
et tout rabougris. Enfin, de loin en loin, on découvre quelques
îlots de verdure : ce sont les oasis. Plusieurs sont célèbres
par leur richesse, leur fertilité et leur beauté. L'une
des plus connues et des plus facilement accessibles est l'oasis
d'El-Goléa.
-----L'altitude du désert varie beaucoup.
Elle s'abaisse jusqu'à 30 mètres au-dessous du niveau de
la mer, dans la région des Chotts du sud constantinois.
----- -----Comme
cette dépression se continue jusqu'en Tunisie, le commandant Roudaire
avait eu l'idée, il y a une cinquantaine d'années. de creuser
un canal, qui, partant du golfe de Gabès, aurait mis la région
des Chotts en communication avec la Méditerranée et aurait
ainsi permis la- création d'une mer intérieure. Cette idée,
séduisante au premier abord, a dû être abandonnée,
comme n'étant pas de réalisation pratique.
-----Si certaines parties du Sahara sont
au-dessous du niveau de la mer, il en est d'autres, en revanche, qui atteignent
des altitudes fort élevées. C'est ainsi que, dans les montagnes
du Hoggar, on trouve des sommets s'élevant à près
de 3.000 mètres.
-----On ne doit pas oublier que ces régions
sahariennes ont été dédaigneusement abandonnées
au Coq Gaulois, afin qu'il pût gratter le sable à son aise.
-----En grattant ce sable, le Coq Gaulois
a fait jaillir quantités de sources artésiennes, qui ont
permis la création de superbes palmeraies, tout le long de l'Oued
R'hir notamment. Quand on fait le trajet de Biskra à Touggourt,
par la voie ferrée, on peut se rendre compte de l'importance des
résultats obtenus.
-----Le nombre des palmiers de cette région
est passé de 300.000 à plus de 3 millions.
III.
- Hydrographie
-----A part le Cheliff,
il n'existe pas de véritable fleuve en Algérie. Il y a surtout
des cours d'eau intermittents, ressemblant beaucoup plus à des
torrents qu'à des rivières. Après une pluie d'orage,
ou au moment de la fonte des neiges, ces torrents, prodigieusement gonflés,
deviennent des agents d'érosion d'une puissance insoupçonnée.
Roulant, à pleins bords, un volume d'eau considérable, ils
entraînent des pierres énormes qui se transforment en autant
de projectiles et modèlent le sol de façon souvent grandiose.
Ce sont ces torrents qui ont creusé et façonné les
fameuses gorges du Chabet-el-Akra, de Palestro, du Rümmel et de la
Chiffa, pour ne citer que les plus connues. Deux chiffres indiqueront
la puissance des crues. Le Chéliff, à l'étiage, ne
débite que 1.500 litres à 'a seconde. Lors des grandes crues,
il en débite mille fois plus, soit 1.500 mètres cubes.
-----Tous les cours d'eau du Tell se jettent
dans la Méditerranée. Ceux des Hauts-Plateaux s'immobilisent,
pour la plupart, dans les steppes où ils sont nés. Ils séjournent
dans des fonds de cuvette, d'où ils ne sortent plus. Ils forment
des lacs temporaires qui disparaissent pendant l'été, laissant
à découvert des fondrières où il est imprudent
de s'engager, si l'on ne connaît pas parfaitement les pistes qui
permettent de les traverser.
-----Les cours d'eau
qui descendent sur le versant méridional de l'Atlas Saharien, vont
se perdre dans les sables du désert, après avoir sommeillé
dans des chotts d'une importance souvent considérable (chott Melghir,
etc...). Une fois sous le sable, toutes ces eaux d'infiltration se réunissent
pour constituer un véritable réseau de rivières souterraines,
qui sillonnent le Sahara. Le principal de ces cours d'eau souterrains
est l'Igharghar, qui alimente les puits artésiens de l'Oued R'hir
et fait vivre des millions de palmiers, dans une région, jusqu'ici,
impropre à toute espèce de culture. C'est également
aux eaux d'infiltration de l'Aurès qu'il faut attribuer l'existence
du fameux puits artésien de Tolga.
IV.
- Climat
-----Etant donné
les diversités des zones qui constituent l'Algérie, leur
différence d'altitude, leur proximité plus ou moins grande
de la mer ou de l'Equateur, il est bien évident que le climat doit
varier selon les régions considérées.
-----Dans le Tell, c'est-à-dire au
bord même ou à proximité de la mer, le climat est
tempéré et rappelle beaucoup celui de la Côte d'Azur
française, tout en étant sensiblement plus doux. Pendant
l'hiver, il est particulièrement agréable. La neige est
tellement rare que l'on peut dire qu'elle ne se. montre presque jamais,
à peine une fois tous les vingt-cinq ans.
-----Pendant l'été,
la température n'est jamais très élevée; elle
se tient aux environs de 31 à 32 degrés centigrades. Mais,
sur toute la côte, il règne une humidité qui, à
la longue, peut devenir gênante.
-----Le climat des Hauts-Plateaux est beaucoup
plus rude. 11 y fait froid l'hiver et il y tombe parfois des quantités
importantes de neige. En revanche, il y fait chaud l'été.
La température est plus élevée que dans le Sahel
; mais, en général, les nuits sont fraîches ; de plus,
l'air est très sec, ce qui permet aux habitants de supporter facilement
la chaleur.
-----Dans l'Atlas, le climat est le climat
normal des pays de montagnes. L'hiver, les sommets sont couverts d'une
épaisse couche de neige. Mais on n'y trouve ni glaciers, ni neiges
éternelles. En été, la température y est très
agréable parce que les nuits sont toujours très fraîches.
Il est donc facile d'organiser, en Algérie, des stations climatériques
d'été. Il en existe déjà, notamment à
Bugeaud, près de Bône, à Chréa, près
de Blida, dans le Djurdjura, à Tikjeda, etc...
-----Enfin, dans le Sahara, on trouve des
températures extrêmes. Pendant l'hiver, les nuits sont froides.
Il y gèle fréquemment à - 6 ou - 8 degrés
centigrades, alors que, au plein soleil de midi, le thermomètre
monte aux environs de + 250 centigrades. L'écart entre la température
minima de la nuit et la température maxima du jour atteint et dépasse
parfois 30 degrés. En été, à El Oued, on voit
des températures de + 54° à l'ombre, tandis que, la
nuit, le thermomètre redescend à + 30°
-----Un phénomène assez fréquent
et qui contribue à élever la température, de façon
souvent excessive, c'est le " siroco ". Le siroco est un vent
violent venant du Sud. Il est extrêmement chaud et sec. Il est,
le plus souvent, chargé de particules de sable extrêmement
ténues, qui pénètrent partout, même dans ,les
boitiers de montre les mieux fermés. Il se produit en toute saison,
mais il est beaucoup plus fréquent pendant le printemps, l'été
et l'automne que pendant l'hiver. Ce vent dessèche la végétation
et fatigue les hommes et les animaux lorsqu'il se prolonge.
-----Le régime des pluies est variable
avec les régions. Dans les massifs montagneux et boisés
de la Kabylie, les précipitations sont très abondantes.
A Bougie, la quantité d'eau tombée dépasse largement,
dans les années pluvieuses, 1.000 millimètres et atteint
parfois 1.200 millimètres. A Alger, cette quantité est de
665. Elle n'est que de 340 à Oran. Sur les Hauts-Plateaux, elle
oscille aux environs de .00 millimètres. Dans le Sahara, les précipitations
pluviales sont insignifiantes : 163 à Laghouat, 67 à Ghardaïa,
83 à El Goléa...
V.
- Population
-----D'après le recensement
de 1926, la population totale de l'Algérie s'élève
à tout près de 6 millions d'habitants (exactement 5.992.700).
On compte environ 870.000 Européens et 5.130.000 Indigènes.
-----Cette population est répartie
de façon très inégale entre les trois départements.
Le département de Constantine est le plus peuplé, puis vient
celui d'Alger, enfin celui d'Oran. Sous le rapport de la population, les
trois départements sont entre eux, très sensiblement, comme
les chiffres 5, 4 et 3. La population indigène est très
vivace, très prolifique et elle a une tendance très nette
à augmenter. Elle vient de doubler en moins de 25 ans. Elle comprend
environ 70 % d'Arabes et 30 % de Berbères. Ces derniers sont vraisemblablement
autochtones. En tout cas, ils constituent la population la plus ancienne
de, l'Algérie. Ce furent eux qui eurent des contacts avec les Phéniciens
et les Romains. Quant aux Arabes, ils ne vinrent que beaucoup plus tard
en Algérie. Ils sont venus d'Orient au vile siècle après
Jésus-Christ, avec Sidi Okba. Ils arrivèrent également
en grand nombre' au xi" siècle, lors de l'invasion hilalienne.
Ce sont eux qui ont été les propagateurs de la religion
nouvelle " l'Islam ", devenue peu à peu la religion de
tous les peuples de l'Afrique du Nord.
-----Les différences ethniques entre
les Arabes et les Berbères sont peu sensibles. Ce qui les différencie
surtout, c est la langue. Les dialectes berbères sont parlés
par environ 29 % des indigènes. La langue berbère est utilisée
par trois groupes principaux .: le groupe des Chaouïas de l'Aurès,
le groupe kabyle du massif du Djurdjura et le groupe du Babor ; enfin,
par un groupe disséminé dans l'Atlas Blidéen et dans
l'Ouarsenis.
-----Quant aux populations de langue arabe,
elles emploient l'arabe parlé, ou arabe vulgaire, importé
par les immigrants d'Arabie.
-----D'une façon générale,
le nomadisme est en honneur plus spécialement dans l'Algérie
occidentale, tandis que, au contraire, dans l'Algérie orientale,
les indigènes mènent plutôt une existence sédentaire.
La vie sédentaire a pour conséquence naturelle une densité
de population sensiblement plus considérable.
-----C'est pour celà que le département
de Constantine est beaucoup plus peuplé que les deux autres. C'est
surtout dans la Kabylie du Djurdjura que la population est le plus dense.
Certaines communes comptent jusqu'à 300 habitants au kilomètre
carré. La surface cultivable étant insuffisante pour nourrir
cette population d'une extrême densité, les Kabyles sont
amenés à pratiquer l'émigration temporaire. On les
trouve partout, soit comme ouvriers agricoles, soit comme commerçants,
soit comme colporteurs, soit comme ouvriers industriels, soit comme maneeuvres.
-----Depuis la dernière. guerre, ils
viennent en nombre considérable dans les grands centres industriels
de la Seine, du Nord, du Pas-de-Calais, du Rhône et des Bouches-du-Rhône.
VI.
- Algérie antique
-----Indépendamment
de ses beautés naturelles, qui sont disséminées dans
tous les coins de la colonie, l'Algérie possède encore des
souvenirs archéologiques d'un intérêt de tout premier
ordre.
-----Cette terre d'Islam a connu, à
travers les âges, les dominations les plus diverses et elle a conservé,
de chacune d'elles, des traces ineffaçables. Selon l'heureuse expression
de M. le Gouverneur général Steeg, elle est comme le Conservatoire
des civilisations disparues.
-----Ces dominations si diverses ont laissé,
sur le sol algérien, des traces ineffaçables, qui se juxtaposent
ou s'entremêlent, à la grande joie des voyageurs, des touristes
et des érudits. On y peut donc admirer les restes grandioses de
la civilisation romaine, les tombeaux ou mausolées témoins
de la domination berbère et les monuments de l'art musulman
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