Le
Titteri des Français - 1830-1962
DEUXIEME PARTIE : LES LOCALITES
C / LES VILLAGES
DE COLONISATION
3 / Sous la troisième
république avant 1914
La
commune mixte d'Aïn-Bessem et ses trois villages annexes
Documents et textes : Georges Bouchet
( )
mise
sur site le 17-4-2009
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Les particularités de
la commune de Brazza (ou Zoubiria)
L'origine du nom
est des plus faciles à expliquer. C'est un hommage rendu
quelques mois après sa mort à Pietro
Paolo Savorgnan de Brazza que nos dictionnaires qualifient
de grand explorateur français et de colonisateur pacifique.
Son nom est attaché au Congo et à l'Algérie,
très directement.(note
du site : voir, aussi, ici.)
Il était né dans une famille noble
de Brazzaco (Frioul) établie à Castel Gandolfo près
de Rome. C'était le septième de 12 enfants. Sa chance
fut que son père était ami avec l'amiral français
Louis de Montagnac alors en poste à Rome lorsque Pietro Paolo
avait 15 ou 16 ans. Montagnac remarqua les qualités du jeune
homme : il lui conseilla et lui permit de présenter, à
titre étranger, le concours d'entrée à l'Ecole
Navale de Brest. Savorgnan fut reçu en 1868, 53è sur
73. Six ans plus tard il est naturalisé français et
sept ans plus tard, en 1875,
le même Montagnac le fait choisir pour mener une mission d'exploration
vers le Congo, par l'Ogooué, à partir de notre base
navale du Gabon.
Voilà notre officier de marine reconverti
dans l'exploration, et bientôt dans l'administration coloniale.
Il fit au Congo 7 séjours.
Lors du second voyage (1879/1880)
il planta le drapeau français au bord du fleuve Congo dans
le village de Mfoa. C'est l'origine de Brazzaville. Il signa avec
le souverain local, Makoko, roi des Batékés, le 9
octobre 1880, le traité de protection qui donna naissance
à notre colonie du Congo, et plus tard, après la mort
de Savorgnan, à la fédération de l'A.E.F.
De 1883 à 1898 il est
" Commissaire Général
du Congo français " avec autorité
sur le Congo et le Gabon. Son nom n'est alors associé à
aucune bataille, à aucun massacre, seulement à des
palabres que ses adversaires (Marchand notamment ; celui de Fachoda)
jugent trop longues et à des traités.
Il meurt le 14 septembre 1905
à Dakar lors du voyage de retour de son septième séjour
qui était en fait une tournée d'inspection. Son épouse
restée à Alger affirmait qu'il avait été
empoisonné.
Son nom est aussi étroitement associé
à l'Algérie où il débarqua en 1870 pour
une mission en Kabylie en tant qu'aspirant. Après sa "
mise en disponibilité " en 1898, à 46 ans, il
s'établit à Alger. C'est là, au cimetière
du boulevard Bru qu'il fut inhumé, ainsi que plus tard sa
femme et ses 4 enfants, dans un tombeau monumental surmonté
d'un buste en bronze.
Mais son histoire africaine ne s'arrête pas
là, car en 2005, pour le centième anniversaire de
sa mort, le chef du Congo, Denis Sassou-Nguesso, jusqu'alors marxiste
et anticolonialiste virulent, annonça son intention de faire
bâtir à Brazzaville un mémorial monumental où
seraient accueillies solennellement les 6 dépouilles de de
Brazza, de son épouse et de leurs enfants. Je passe sur les
détails : ce qui avait été souhaité
fut réalisé le 3 octobre
2006. Les 6 cercueils avaient quitté Alger à
bord d'un avion d'Air Algérie pour l'aéroport de Maya-Maya
(Brazzaville). Le mausolée luxueux se trouve près
de la mairie de la capitale congolaise. Sassou-Nguessou avait assuré
à ses concitoyens " ce retour est l'occasion d'une
rencontre pathétique entre le devoir de mémoire et
l'hommage d'un peuple à un homme exceptionnel, un grand humaniste,
dont le rôle et le caractère marquent à jamais
notre histoire ". Qui dit mieux ?
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L'inauguration
du village de Brazza a eu lieu en
1905 ou 1906 en présence madame de Brazza,
née Pineton de Chambrun.
L'aspect du village se
devine, en l'absence de photos, grâce à l'extrait
de carte au 1/50 000. Ce n'est ni un village classique en
damier, ni un village rue. Il n'a pas vraiment l'air d'un
village, mais plutôt d'un grand hameau avec des maisons
regroupées sans ordre dans la fourche en Y d'un carrefour
formé par deux routes venant de Berrouaghia, la principale,
la RN 1, étant à l'ouest. L'autre rejoint la
route de Berrouaghia à Aumale par Masqueray. Entre
1910 et 1912 la voie ferrée est venue s'interposer
entre les deux routes et isoler le hameau de la RN 1.
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Le paysage rural à l'aval du centre est celui d'une
plaine à blé et orge, sans arbre, dominée
par des collines tout aussi pelées.
Quelques fermes avaient été bâties à
l'écart du hameau ;
en petit nombre.
Sur cette photo prise à Pâques
1939 depuis la RN 1 on aperçoit les champs, les collines
pelées, une ferme et le remblai du chemin de fer.
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Brazza était à 11 km de Berrouaghia
et à 7 km du village le plus proche, Arthur, créé
dans les années 1920. Il était très bien desservi
par les autocars blidéens ayant leur terminus à Boghari,
Aïn-Boucif et Djelfa ; ainsi que par les trains de la ligne
de Blida à Boghari à partir de 1912
Brazza est devenu commune de plein exercice sans
doute dans les années 1930. Dans le recensement de 1948 il
est qualifié de CPE.
En 1954 il restait encore 59 européens sur 1309 habitants.
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