Bône
Le XVIè centenaire de la naissance de Saint Augustin
a été célébré solennellement en Algérie
Algéria, noël 1954, n°39 (coll.perso.)

Le monument qui consacre sa mémoire, a été inauguré avec grand apparat : le clergé au complet assistait à la cérémonie et une foule pieuse et recueillie, en a suivi les différentes phases.

Saint Augustin est représenté, debout, une haut mitre orne sa belle tête : il tient majestueusement une crosse et sa large stature est ornementée de riches habits sacerdotaux.

(voir article complet.)

mise sur site :déc.2020

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Statue érigée devant basilique d'Hippone.

UNE INAUGURATION A BÔNE

Le 13 novembre 354, naissait à Thagaste -aujourd'hui Souk-Ahras - petite cité de la Numidie romaine, Aurélius Augustinus, fils de Patricius et de Monique, cet Africain de génie qui devait devenir évêque d'Hippone - l'ancêtre de Bône - et que l'Eglise a consacré comme l'un de ses plus grands docteurs puis canonisé.

Son oeuvre littéraire, qu'elle s'exprime dans cette somme philosophique que constitue " La Cité de Dieu ", dans ses " Confessions " ou dans les multiples sermons ou correspondances recueillis par ses contemporains, possède une envergure telle que son intérêt demeure, après seize siècles, encore puissant et toujours neuf.

Déjà, au mois de mai dernier, une première manifestation, d'ordre essentiellement intellectuel, avait réuni en Alger, de nombreuses personnalités universitaires autour des thèmes augustiniens. Il s'agissait du Congrès de la Société d'histoire du Droit, qui avait choisi l'Algérie comme siège de ses travaux. M. le Gouverneur général Roger Léonard en avait présidé la séance inaugurale. MM. le recteur Gau, les professeurs Mesnard, Petot et Lambert participaient au Congrès, ainsi que nombre d'érudits français et étrangers (des universités d'Amsterdam, de Groningue, de Bruxelles, notamment).

Les communications qui furent présentées avaient pour sujet central : " L'importance des écrits de saint Augustin sur l'évolution du Droit ".


Un circuit touristique, organisé sous la conduite de M. le professeur Lambert, avait clôturé ces journées algériennes de la Société d'histoire du Droit.

Plus récemment, du 11 au 14 novembre, à l'occasion même de ce seizième centenaire, se sont déroulées à Souk-Ahras et à Bône de grandioses cérémonies.

Son Eminence le cardinal Tisserant, doyen du Sacré Collège, était venu de France présider ces solennités augustiniennes. De très nombreux prélats l'accompagnaient, parmi lesquels Mgr Van Lierde, vicaire général de la Cité du Vatican, Mgr Duval, archevêque d'Alger, Mgr Pinier, évêque de Constantine et d'Hippone, Mgr Perrin, archevêque de Carthage, Mgr Mercier, vicaire apostolique du Sahara, etc... Outre les visiteurs ecclésiastiques, une foule de voyageurs, venus de toute l'Afrique du nord, de la métropole et de l'étranger, s'était jointe aux populations locales, apportant aux manifestations une affluence considérable.

Ce fut d'abord, à Souk-Ahras, sur les lieux même où naquit saint Augustin, l'émouvante cérémonie d'ordination de deux prêtres de la Mission de France. Son Eminence le cardinal Tisserant souligna à cette occasion les vertus de sainte Monique, mère d'Augustin, et le rôle important qu'elle eut dans la conversion de son fils après une turbulente jeunesse, conversion qui devait amorcer ce destin extraordinaire. Dans la crypte de l'église paroissiale était présentée une exposition de documentation sur la vie du saint.

A côté des cérémonies purement religieuses : offices, processions..., les municipalités de Souk-
Ahras, de Duzerville et de Bône, avaient tenu chacune à organiser une réception.

A Bône, au cours d'un vin d'honneur offert à la Mairie, M. le Dr Pantaloni, député-maire, reçut Son Eminence le cardinal Tisserant et sa suite, entouré de nombreuses personnalités : MM. Lejoux, sous-préfet, Augarde, sénateur, Munck, Boutaleb, Beghain, Hocine, délégués à l'Assemblée algérienne, etc...

Dans l'allocution qu'il prononça, le Dr Pantaloni situa saint Augustin tant dans le cadre de son évêché que dans l'universalité de son enseignement :

" Bône est bien la ville de saint Augustin. N'a-t-il pas été réclamé par la population d'Hippone, lasse du désordre des esprits et de l'anarchie oui régnait dans son municipe ?... Il pacifie le pays qu'il contrôle et réprime les abus. La prospérité renaît.
" Il devient rapidement l'un des pasteurs les plus écoutés de l'Eglise d'Afrique et de l'Eglise universelle. Son oeuvre, qui a séduit l'antiquité et le moyen-âge, nous séduit encore parce qu'elle est profondément humaine. Nul ne peut contester la profondeur et l'étendue de son influence sur la pensée philosophique et religieuse de l'Occident.
" C'est le souvenir de son oeuvre que Bône conserve en honorant tout particulièrement sa mémoire. "

A l'issue de la grande procession du dimanche, le Doyen du Sacré Collège prononça sur le parvis de la cathédrale, face à une foule considérable, un brillant discours consacré à la vie du saint, à son activité littéraire et à l'enseignement que nous a légué sa passion de l'Unité à une époque où l'Eglise était déchirée par les schismes.

Deux expositions organisées au Palais consulaire, sous l'égide d'un comité franco-musulman, complétaient heureusement ces manifestations commémoratives. La première réunissait une importante collection de timbres à caractère religieux : le timbre spécial de saint Augustin, récemment émis par les P.T.T., y figurait en bonne place. La seconde était constituée par les oeuvres du saint-écrivain : livres d'art et documents, par des photographies et des tableaux. L'on y remarquait un plan du quartier chrétien de Madaure, où Augustin fit ses études.

A l'admiration pour l'écrivain, à la vénération pour le saint, ces manifestations augustiniennes ajoutaient aussi la gratitude pour l'Africain qui aima tant ce pays, qu'il défendit de toutes ses forces et pour lequel il donna jusqu'à sa vie.