Les Français d'aujourd'hui aiment à se
pencher vers le passé pour y chercher leurs racines. Ils s'intéressent
à la vie quotidienne d'autrefois, à la " petite histoire
" de leur ville ou de leur village. Pour eux, cette recherche n'offre
pas de difficulté particulière. Mais pour nous, Français
d'Algérie, une visite sur place, d'ailleurs matériellement
peu commode, ne nous serait d'aucune utilité à cet égard
tant la rupture est totale. Heureusement, il nous reste les archives
et, parmi ces témoins écrits, les journaux d'Algérie
conservés à l'annexe de la Bibliothèque nationale
à Versailles (1). Ainsi le Blidéen, par exemple, ou le
blidéen d'adoption (2), soucieux de retrouver la vérité
sur sa ville, pourra y consulter la collection presque complète
du " Tell ", " outil indispensable pour qui cherche une
image objective du passé blidéen " (3). Il pourra
y retrouver, pour l'époque de son choix, des images de la ville
des roses, de la douce ville au pied de la montagne, restée chère
à son coeur.
La Reine de
la Mitidja
Choisissons donc une époque : ce sera l'année
1930, c'est-à-dire l'année de la célébration
du Centenaire de l'Algérie française. C'est un moment
privilégié, c'est l'apogée de la colonisation,
tout le monde en Algérie peut croire que la conquête est
réussie. Ce n'est pas un colonialiste impénitent,c'est
Jean Daniel lui-même, favorable, on le sait, à l'indépendance
algérienne, qui écrira : " Oui, je crois bien
qu'il y eut, dans les années trente, l'un de ces moments privilégiés
où l'Histoire est comme suspendue et indécise. Un moment
où le péché de la conquête pouvait être
pardonné et même effacé. Une nation est, d'ailleurs,
à l'origine, une conquête réussie : les conquérants
arabes en savent quelque chose" (4).
A cette époque, Blida, la reine de la Mitidja, est une ville
de 36 687 habitants, dont 10 577 européens (5). Grâce à
sa position, au pied de l'Atlas, au milieu de la verdure de ses orangers,
citronniers, oliviers et mimosas, elle est l'une des localités
les plus jolies, les plus riantes et les plus coquettes de l'Algérie.
Le journal blidéen " Le Tell ", fondé en 1864
par l'imprimeur Mauguin (6), et qui sera en 1962 le doyen des hebdomadaires
d'Algérie, est alors, un bihebdomadaire paraissant le mercredi
et le samedi. Il paraît sur quatre pages, avec, le mercredi, un
supplément illustré évoquant l'actualité
non seulement locale, mais aussi nationale et internationale. Et la
lecture du " Tell " nous confirme bien dans cette impression
d'une certaine douceur de vivre alliée à un travail sérieux,
soucieux d'associer aux progrès réalisés des couches
de plus en plus nombreuses de toutes les composantes de la population
algérien-ne.
La douceur de vivre se manifeste par les fêtes qui faisaient la
réputation de Blida, Fête des fleurs et Fêtes de
la Pentecôte notamment. Le numéro du 26 avril 1930 annonce
en ces termes la Fête des fleurs : " Blida a revêtu
sa parure de fête et les oriflammes claquent déjà
partout au vent léger, sous un beau ciel bleu. De nombreux concurrents
se sont fait inscrire et le cortège fleuri qui animera de ses
chars merveilleusement décorés la place Clémenceau
sera un des plus jolis qui se soit vu encore. La bataille de fleurs
et de confettis fera rage. Les roses de Blida sont toutes écloses
pour le plus grand émerveillement de ses nombreux visiteurs.
La grande retraite aux flambeaux qui, le samedi soir, parcourra les
rues, sera un prélude aux fêtes fleuries ; l'armée
et les sociétés locales y participeront toutes, ainsi
qu'un groupe de nègres soudanais et des Aïssaoua authentiques
" (7). Le journal annonce aussi deux grands bals, le soir sur
la place Clémenceau (place d'Armes), éclairée a
giorno. Et le numéro du mercredi suivant confirme le succès
de la fête, à laquelle, de surcroît, profitant de
leur passage à Blida, se sont associés des Touareg du
Hoggar qui se rendaient à Alger, mon-tés sur leurs chameaux.
Les Fêtes
de la Pentecôte
Après la Fête des Fleurs, les fêtes
de la ville, organisées par le Syndicat d'initiative, avaient
lieu à la Pentecôte, et faisaient la fierté de Blida.
Favorisées par un temps idéal (la légende voulait
pourtant qu'il y eût chaque fois une petite averse), celles de
1930 ne devaient pas faillir à leur réputation. Le samedi
7 juin, la retraite aux flambeaux, avec le concours des troupes de la
garnison et des sociétés locales, est suivie d'un concert
donné sur le kiosque par les " Amis réunis ".
Le dimanche, jour de la Pentecôte, les Blidéens sont réveillés
au son des cuivres et des tambours et au bruit des salves d'artillerie,
auxquels succèdent deux concerts sur la place Clémenceau.
Toute la matinée, une poule à l'épée réunit
les plus fines lames de la région, qui exercent leur science
des armes dans le cadre verdoyant et fleuri du Jardin Bizot (8). L'après-midi,
on devait à l'Amicale motocycliste une course entre Blida, Marengo
et Koléa, et au pilote Robert Petit, venu avec son avion de Maison-Blanche
à Blida, d'audacieux baptêmes de l'air. Mais la plus grande
attraction de la journée se produisait le soir, avec le bal,
les illuminations inédites dues à l'architecte de la ville,
M. Humblot, et le feu d'artifice, tiré autour du kiosque. De
quoi féliciter le comité des fêtes avec ses deux
présidents, M. Lorsignol, et M. Glorieux, adjoint au maire de
Blida. D'autant que les festivités continuent : le lendemain
lundi, notons la course des garçons de café, des attractions
place Lavigerie, ainsi qu'une grande fantasia mozabite : " avec
la corporation des Mozabites sont arrivés, nombreux, les indigènes
des environs, invités par leurs coreligionnaires blidéens
à venir prendre avec eux une large part aux fêtes ; ils
se répandirent dans les rues en cortèges pittoresques
et bruyants. Soulignons le goût apporté par les cafetiers
maures dans la décoration de leurs établissements ".
Cependant, en raison du Centenaire, les fêtes de Blida cette année-là,
n'étaient pas terminées. Elles furent prolongées
une deuxième semaine. Scénario à peu près
identique le dimanche 15 juin : réveil en fanfare, concerts,
bal, feu d'artifice. Remarquons encore ce jour-là un gymkhana
automobile, dont fait état le " Tell " du 18 juin,
qui donne, par ailleurs, le résultat du concours de vitrines,
dont les principaux lauréats sont le Grand
Bon marché, les Ateliers du Minaret, la pharmacie Temime, les
magasins Charpenne et Bacri.
N'ayons garde d'oublier les fêtes de Chréa,
qui est déjà une station estivale et hivernale réputée.
Depuis Blida, empruntons les 17 km de route en lacet, qui nous mènent
à 1 500 mètres d'altitude, nous voici parmi les cèdres
et la neige. Mais, même au printemps, il sera agréable
de faire les excursions à Chréa que nous propose la municipalité
de Blida : le 29 mai, jour de l'Ascension, c'est la Fête des Fleurs
de là-haut, avec repas à l'hôtel des Cèdres
par le vatel Gelly. Le 22 juin, mieux encore, les touristes auront droit
à un concert donné sur la place du Génie par les
" Amis Réunis ", à un mât de cocagne,
à un concours de bouquets, à une sauterie endiablée
avec valses et tangos, sans parler, pour les plus résistants,
d'un nouveau bal, le soir à Blida, sur la place Clémenceau
! A l'hôtel des Cèdres, à midi, au cours du repas
agrémenté par deux virtuoses de la harpe et du violoncelle,
M. Glorieux, faisant un bref historique de la station, notait qu'en
1905, Chréa n'était encore qu'une expression géographique.
Mais, depuis, dit-il, la petite armée des amis de la montagne
est devenue une force imposante : " aujourd'hui, la colonie, le
Service des Forêts, la ville de Blida, le Syndicat d'Initiative,
le Ski-Club, concourent à l'essor de la station ". Et, faisant
allusion au Ruisseau des Singes, il ajoute : " Bientôt, Blida
sera tête de ligne d'un circuit touristique unique au monde, car
il offrira aux touristes, à coté du pittoresque des gorges
de la Chiffa, peuplées par ceux que l'on dit être nos ancêtres,
la somptuosité de la forêt de cèdres, sa station
de Chréa avec son panorama merveilleux, ses glacières
si renommées à l'eau si fraîche et si pure, et le
contraste des sports d'hiver pratiqués en février, alors
qu'à côté dans la plaine, les fleurs de nos orangers
s'apprêtent à répandre leur parfum embaumé
".
Les fêtes
du Centenaire
Qu'on ne croie pas cependant que la Fête des Fleurs
et les Fêtes de la Pentecôte, même prolongées,
soient les seules. La lecture du " Tell " nous montre que
les Blidéens n'étaient pas moroses non plus le reste de
l'année : nombreux sont les thés dansants, les végliones
(soirées mondaines), les fêtes des amicales, sans parler
des arbres de Noël. Mentionnons seulement quelques grandes cérémonies
traditionnelles. Le 11 mai, salves d'artillerie dès 8 h du matin,
concert musical donné par les " Amis Réunis "
toujours sur la brèche, église Saint-Charles décorée,
bal et feu d'artifice : c'est la fête nationale de Jeanne d'Arc
: " la journée consacrée à la Bonne Lorraine
a été fêtée avec éclat" (9).
Le ler novembre, le ton est plus grave, ce sont les Fêtes de la
Toussaint : la Schola paroissiale exécute la messe à trois
voix de Niedermeyer et le Grand Choeur d'Athalie de Mendelssohn, tandis
qu'au cimetière israélite, le commandant Rocas, président
du Souvenir français, inaugure dans le carré militaire
une stèle dont il fait don à cette communauté et
à son rabbin Choukroun : " Cette stèle ",
dit-il, " témoignera qu'il n'y a aucune distinction entre
les bons Français tombés pour la Patrie, à quelque
religion, confession, ou conception philosophique qu'ils appartiennent
". Le 11 novembre, après la retraite aux flambeaux de la
veille, 21 coups de canon réveillent les Blidéens : "
Comme partout où flottent nos trois couleurs, la ville des Roses
a fêté dignement le glorieux douzième anniversaire
de l'Armistice, sous un ciel idéalement bleu, qui ne rappelle
point l'automne, mais le si beau printemps de notre belle Algérie
". La caserne Blandan et le collège colonial ont reçu
une décoration soignée. Les délégations
se rassemblent rue Lamy (boulevard des Orangers). Le cortège
s'ébranle aux accents d'une marche jouée par la clique
du ter régiment de Tirailleurs, et va déposer des gerbes
place d'Alger, au pied du Monument aux morts. Cependant, à l'église
Saint-Charles, le chanoine Colomb, après avoir dépeint
avec éloquence les horreurs de la dernière guerre, fait
une allusion aux sombres nuages que l'on aperçoit à l'horizon
et prêche, dans ces circonstances l'union entre tous les Français.
Mais bien sûr, aux fêtes habituelles, il faut ajouter en
1930, celles du Centenaire de l'Algérie française, organisées
sous l'égide du Gouverneur général Pierre Bordes.
(10) Comme dans le reste de l'Algérie, les délégations
venues de métropole se succèdent à Blida, où
elles seront reçues par Gaston Ricci, le maire de la ville. Le
14 mars, les délégués des chambres de commerce
et les journalistes de la presse républicaine, invités
par M. Froger, maire de Boufarik (11), où ils admirent le monument
aux colons en voie d'achèvement, ne font qu'un court arrêt
à Blida. Mais le 23 avril, les membres du congrès de la
presse nord-africaine de Paris prennent le temps de boire l'apéritif
sous les oliviers du Bois-Sacré, où le marabout de Sidi-Yacoub
fait l'objet de leur curiosité (12), puis d'apprécier
un excellent déjeuner à l'auberge du Ruisseau des Singes
: " rendons grâces au ciel, conclut le " Tell ",
d'avoir placé à proximité de Blida les gorges de
la Chiffa et à la Société des hôtels nord-africains
d'avoir édifié dans un site pittoresque un établissement
qui fait aimer le confort et la bonne chère ! " (13). Programme
sensiblement identique le 19 mai pour les journalistes dela presse parlementaire,
auxquels on offre de surcroît des fleurs et des oranges.
Blida abandonnée
des dieux ?
Outre les visites des délégations, il
faut mentionner celles des personnalités. En mars : M. Oberkirch,
sous-secrétaire d'Etat au Commerce. En mai : M. Ferry, ministre
de l'Hygiène et de la Santé publique, qui fait une cour-te
visite à Blida, et le ministre lui-même du Commerce, M.
Flandin (14), qui y consacre une journée. A la mairie, Gaston
Ricci lui montre combien Blida, avec ses minoteries, ses manufactures
de tabac, ses fabriques de tapis et de bijoux indigènes, ses
orangeries et ses superbes jardins, est digne des plus belles destinées.
Tandis que M. Marill, principal du collège colonial, lui assure
que : " le personnel universitaire s'efforce de développer,
chaque jour et jusque dans les moindres exercices, la continuelle leçon
de grandeur d'âme et de patriotisme qui lui incombe ". M.
Flandin visitera ensuite notamment l'école arabo-française
de la rue Tirman, puis l'ouvroir indigène, qui retient son attention.
En le quittant, il est salué par " une aimable petite manifestation
de sympathie des indigènes du quartier ".
Beaucoup de fêtes, donc, et de visites, en cette année
1930. Et pour-tant, une ombre au tableau, et de taille : il manque l'essentiel,
il manque la visite de M. Doumergue, le président de la République
! (15) Le " Tell " du 3 mai lance l'alarme : " notre
chère ville de Blida serait-elle abandonnée des dieux
? " s'interroge dramatiquement le journal. Et de rappeler par contraste
les bienveillants égards des précédents présidents
de la République qui, en visite en Algérie, n'avaient
eu garde d'oublier Blida de leur intinéraire : M. Loubet en 1903,
M. Millerand en 1922.
Les Blidéens connaîtront-ils cette fois-ci l'humiliation
de devoir se rendre à Boufarik pour applaudir M. Doumergue ?
Car " nous ne comptons pas ", ajoute-t-il, " les dix
minutes d'arrêt en gare le 11 mai prochain, le temps de prendre
de l'eau pour la machine... " (16).
Il fallut bien s'en contenter pour-tant, et le " Tell " du
14 mai nous montre les Blidéens massés le long des barrières
du passage à niveau et dans la salle d'attente, les officiels
seuls ayant eu accès aux quais. C'est pourquoi, dans son allocution
au chef de l'État descendant du wagon, M. Ricci se fait l'interprète
de " l'amer regret " que ses administrés ont éprouvé
à voir que Blida n'a pu être compris dans le programme
de son voyage. Et il tient à lui rappeler les mérites
de la seconde cité du département d'Alger : " admirablement
située, elle est essentielle-ment industrielle, commerçante,
labo-rieuse... Elle est un joyau de cette Algérie qui n'est,
en vérité, qu'une province venue s'agréger à
la première souche française, ainsi que l'avaient fait,
en leur temps, la Bretagne et la Corse ". Le président de
la République répond au maire de Blida que, tout comme
lui, il a le regret profond de ne pouvoir s'arrêter qu'un si court
instant dans la ville des roses et des orangers : "il ne faut pas
mesurer l'affection que je porte à Blida et à ses habitants,
ajoute-t-il en guise de consolation, à la brièveté
de la visite que je vous fais aujourd'hui ". Mais ses paroles suffirent-elles
vraiment à calmer le juste ressentiment des Blidéens ?
Leur bonne humeur en tout cas, n'était pas sérieusement
entamée. Pas plus que leur dynamisme, comme en témoignent
la richesse et la variété de leur vie associative et culturelle.
Une vie culturelle exemplaire
A lire le " Tell ", on sera frappé
en effet par le nombre et la qualité des associations blidéennes
en 1930, dont un certain nombre existaient encore en 1962. Pêle-mêle,
signalons (entre autres !) la Société de secours des Arts
et Métiers, l'Association des anciens combattants de Blida, Blida-gymnaste,
les Boy-scouts blidéens, le Football-club blidéen, l'Union
sportive blidéenne, le Sporting-club blidéen, le Gallia-club
blidéen, la Jeanne d'Arc, le Consistoire israélite, les
Médaillés militaires, l'Association sportive ouvrière,
la Ligue des familles nombreuses, l'Orphelinat mutuel du peuple, les
Boulomanes blidéens, l'Union des jeunesses juives, le Cercle
d'escrime, le Photo-club de Blida, l'Amicale des employés communaux...
Quel Blidéen ne faisait donc partie de rien ? Une mention particulière
pour quelques associations : la clique du 1" Régiment de
Tirailleurs algériens (Blida fut le berceau de ce fameux régiment,
créé en 1855, dissous en 1964). En avait fait partie,
notamment, le commandant Lamy. A ce régiment était dédiée
une salle d'honneur du Dar-el-Askri, (la maison du soldat), l'Amicale
des Victimes de guerre (qui organisait, tous les ans, la Fête
des Fleurs), le Cercle civil (dont la grande soirée dansante
avait lieu au mois de mars), le Souvenir français (dont le président,
le commandant Rocas était particulière-ment actif), la
Section de Blida, créée en 1930, de l'Union pour le suffrage
des femmes (qui constate amèrement que la Française "
resterait bientôt seule avec les négresses de Soudan à
avoir uniquement dans la vie des devoirs et des charges "), les
Amis réunis enfin, dont on a vu l'inlassable dévouement,
et le Groupement musical (ces deux sociétés fusionnèrent
plus tard pour devenir l'Union musicale) (17).
On sera frappé aussi par la qualité de la vie culturelle
de Blida, qui pour-rait en remontrer sur ce chapitre à bien des
petites villes de province de métropole en 1930.
L'enseignement y est de qualité. Pour sa fête
du mois d'avril, la déjà vieille et réputée
École primaire supérieure de jeunes filles célèbre
un autre centenaire, celui du triomphe du romantisme, en offrant aux
parents d'élèves et au public des danses et des ballets
tirés de " Carmen " et une pièce de théâtre
de Musset : " II faut qu'une porte soit ouverte ou fermée
". Quant au collège colonial (le futur lycée Duveyrier),
il compte déjà d'anciens élèves et d'anciens
professeurs illustres, puisque Ernest Mallebay, le doyen de la presse
algérienne (18), consacrant sa chronique des Annales Africaines
de novembre 1930 à " un potache qui a fait son chemin
", raconte que Jules Carde (19), nouveau Gouverneur général
de l'Algérie, qui vient de succéder à Pierre Bordes,
fut son élève quarante ans auparavant, alors qu'il était
lui-même professeur d'histoire au collège de Blida. Dans
sa lettre de réponse à Mallebay, citée par "
Tell " du 3 décembre, Jules Carde affirme ne pas avoir oublié
ce maître qui savait " rendre attrayants les sujets les plus
ardus " et dit sa volonté de suivre l'exemple des chefs
qu'il lui a fait connaître, comme Galliéni ou Lyautey.
Mais la vie culturelle, ce sont aussi des concerts, des cinémas,
des théâtres, des conférences, des expositions.
Par exemple, en mars, au Syndicat d'initiative, M. Eberhardt présente
des tableaux évoquant un Blida disparu, celui de 1830 : la porte
et la mosquée Bab-et-Dzaïr (démolie en 1857), la
rue de la Hakouma, avec un fondouk et la coupole du bain de Sidi Ahmed
el Kebir... Au théâtre de Blida seront représentés
aussi bien " Cyrano ", " l'Aiglon ",
" Madame Récamier
" (avec les sociétaires de la Comédie française),
ou " Carmen ", qu'un opéra-bouffe ingénieux
comme " Phi-Phi ", ou une opérette touchant
au fakirisme comme " La Bayadère ". Parmi les
conférences données par des, Blidéens, citons celle
de Mme Bentami, épouse du conseiller général, sur
Tolstoï, celle de M. Baylet, professeur au collège, sur
" La Ligue des droits de l'homme et son programme de justice et
de paix ". Des Algérois aussi se déplacent, comme
le docteur Montpellier qui n'hésite pas à entretenir un
auditoire distingué, auquel les présences féminines
ajoutaient de coquets effluves d'élégance, des redoutables
dangers de la syphilis ; ou comme le R.P. Joyeux, des Pères Blancs
de Maison-Carrée, inspirateur et animateur de l'AMINA (Assistance
morale aux Indigènes Nord-Africains), qui passionnera ses auditeurs,
dont une cinquantaine d'indigènes, par ses réflexions
sur " l'aube du second centenaire en Algérie, ses perspectives,
ses espérances ". Mais d'illustres écrivains viennent
même de métropole, tel Claude Farrère (20), qui,
en mars, entretient les Blidéens du " génie de Pierre
Loti ", ou André Bellessort (21), qui, en décembre,
leur parle, en son langage coloré et sonore, des " Voyages
d'Alexandre Dumas ".
Remarquons encore que les Blidéens s'intéressent aussi
à leur histoire locale (c'était alors possible !), si
I'on en juge d'après plusieurs chroniques du " Tell ".
Ainsi un article, traitant de la place Clémenceau, nous apprend
comment les fondouks ont été remplacés par la nouvelle
mairie, l'ancienne mairie par l'école Cazenave, le marché
aux grains par l'imprimerie Mauguin (Bullinger successeurs), et
l'ancienne halle aux tabacs par l'école arabo-française,
la nouvelle halle étant édifiée boulevard Bonnier.
On rappelle que Fromentin (22) avait habité près de l'ancien
hôpital militaire, et l'on souhaite donner son nom à l'une
des rues de la ville. On évoque le centenaire de la conquête
de Blida : ccïmmen:, le 23 juillet 1830, le général
de Bourmont poussa une reconnaissance jusqu'à Blida, dont les
7 000 habitants, des artisans surtout, se soumirent volontiers. Mais
les montagnards des environs tendirent une embuscade à nos troupes,
et la ville fut évacuée (23). L'occupation définitive,
due au maréchal Valée, ne se produisit qu'en 1838, et
fut progressive : en 1842 seulement étaient créés
les centres de Montpensier, de Joinville, et de Béni-Méred.
Mais, conclut l'auteur, " le Blida de nos jours contribue largement
à payer à la métropole ses sacrifices du temps
de la conquête ".
Les travaux
et les jours
Les Blidéens de 1930 passaient-ils donc tout
leur temps en fêtes, et en activités culturelles ? Non,
bien sûr, et, comme tous les habitants de l'Algérie, ils
travaillaient, et durement, pour mettre en valeur leur pays.
" Nous avons couvert l'Algérie de centaines de villages
aux toits rouges, qui lui donnent un aspect de province française
", écrit Augustin Bernard en 1930 (24). Cela est particulièrement
vrai pour la Mitidja, et le " Tell " se fait souvent l'écho
du travail et des soucis, mais aussi des joies des agriculteurs de la
région de Blida. Mentionnons seule-ment ici la remise de la croix
de la Légion d'honneur, le 6 janvier 1930, à M. Gaston
Averseng, maire d'El-Affroun, président des associations agricoles
de la région, qui organisent à cette occasion un banquet
pour 600 personnalités, parmi lesquelles le Gouverneur général
lui-même. " L'agriculture est la principale richesse de
l'Algérie ", déclare M. Averseng, qui poursuit
: " les indigènes profitent au même titre que nous
de nos institutions... La municipalité et les associations agricoles
ont créé des institutions humanitaires et sociales, une
société d'habitations à bon marché pour
européens, une société pour la création
d'un village indigène. Un hôpital auxiliaire, une goutte
de lait, une soupe populaire, rendent, avec le précieux concours
des soeurs blanches, les plus grands services à notre population
européenne et indigène... Nous accroîtrons la natalité
en combattant deux grands fléaux : la syphilis et le paludisme
". Les officiels, dans leurs discours, rappellent les créations
de M. Averseng : la Tabacoop de la Mitidja, la Cave coopérative,
la Coopérative des Agrumes, la Viticoop, la Banque populaire
d'El-Affroun, un village indigène, l'hôpital, 1'OEuvre
des enfants à la montagne à Chréa...
Il en a fallu beaucoup, des hommes comme M. Averseng pour mettre en
valeur la Mitidja, et Gaston Ricci le rappelle aux journalistes métropolitains
en leur parlant des revers de la médaille, des " oueds secco
" soudain gonflés et provoquant des inondations, du sirocco,
et des sauterelles dévorant les récoltes.
Bien sûr, les difficultés ne manquent pas, et de tous ordres.
Citons pour mémoire les premiers problèmes de circulation.
Qu'il tombe de la neige sur Chréa, et les heureux possesseurs
d'une automobile viennent prendre leurs ébats sur les pistes
éblouissantes : encore faut-il qu'ils puissent s'y rendre, et
la route leur semble trop encombrée et trop étroite. Cependant,
à Blida même, une charmante concitoyenne, lectrice assidue
du " Tell ", se plaint du prix des calèches : "
autre-fois, il était facile de pouvoir faire ses courses en ville,
grâce aux voitures de place, qui vous promenaient très
gentiment à des prix abordables. Aujourdliui, les cochers vous
demandent insolemment 20 francs de l'heure le dimanche et 8 francs après
force marchandage les autres jours... "
Mais il y a plus grave. Ainsi, les problèmes de l'approvisionnement
en eau. " Un grave danger menace Blida ", affirme le
" Tell " du 1er novembre qui nous apprend que la source de
la Fontaine-Fraîche, à Sidi-Kébir, qui alimente
normalement Blida, a eu son débit diminué au point de
priver d'eau les habitants pendant toute une nuit. A Chréa aussi
l'eau est rare. Certes, la source de Kerrache a été captée,
et un réservoir alimente la station. Mais, depuis, combien de
nouveaux chalets sont venus s'ajouter aux chalets déjà
existants ?
Comme toujours, les temps sont durs, et l'on évoque la mévente
et le contingentement des vins, le ralentisse-ment des affaires... Nos
concitoyens ne sont pas insensibles non plus aux problèmes nationaux
et internationaux. Le krach boursier de 1929 les préoccupe, ainsi
que les menaces d'inflation. On évoque aussi les prétentions
de Mussolini sur la Tunisie. Et si l'éditorialiste, qui signe
Jean d'Isly, ne cache pas sa sympathie pour André Tardieu (25),
alors président du Conseil, on reste sceptique sur la poli-tique
de réconciliation franco-allemande d'Aristide Briand, son ministre
des Affaires étrangères. On dénonce les dangers
du réarmement allemand avec une lucidité dont ne faisait
pas toujours preuve la grande presse métropolitaine.
Vers l'intégration
?
Mais les Blidéens ne se découragent pas.
Comme dans toute l'Algérie, on est sur la voie du progrès.
On vient même en aide à la métropole : en mars,
une journée, avec vente d'insignes et quête sur la voie
publique, est organisée au profit des sinistrés du sud-ouest
(26). En juin, Blida bénéficie du téléphone
automatique. En juillet s'ouvre à Chréa une recette auxiliaire
des postes. En octobre est publié un rapport sur la construction
d'un asile d'aliénés à Joinville (27). En novembre,
sur l'initiative du docteur Bachir Abdel Wahab, conseiller municipal,
est demandée la création d'écoles françaises
dans trois douars de la commune de Blida. C'est que les musulmans d'Algérie,longtemps
immobiles, évoluent de plus en plus rapidement au contact de
la population européenne. Où en est-on sur le plan électoral
et juridique ? "Les réformes de 1919 ", écrit
A. Bernard, " assurèrent à la population musulmane
de l'Algérie toutes les garanties nécessaires au respect
et au développement de ses intérêts... Regardées
par certains comme insuffisantes tandis que d'autres les déclarent
dangereuses, elles semblent répondre très exacte-ment
à ce qui est réalisable dans les conditions actuelles
". Mais ne perdons pas de vue le but final : " Notre but
final ", poursuit-il, " c'est la fondation d'une France
d'outre-mer, où revivront notre langue et notre civilisation
par la collaboration de plus en plus étroite des indigènes
avec les Français".
Ainsi, dans sa conférence donnée à Blida, le R.P.
Joyeux ne se cache pas les difficultés de cette entreprise, mais
l'estime possible et nécessaire. Après avoir noté
les grandes différences des conditions de vie des indigènes
selon qu'ils sont bourgeois, marchands, citadins ou paysans, hommes
de la plaine ou de la montagne, gens de l'oasis ou nomades du désert,
il remarque, certes, que tous, souvent, communient dans la même
résistance passive à nos moeurs, et il l'attribue au régime
patriarcal et au protectionnisme qui caractérisent
selon lui la société indigène. Pourtant,
dit-il, " ne pensons pas n'avoir rien fait, ne parlons plus
de ce fossé impossible à combler. Constatons que l'ouvre
à réaliser est encore immense, mais ne fermons pas les
yeux sur les réalisations acquises ".
Cette collaboration de plus en plus étroite, c'est bien ce que
réclame aussi en 1930 le docteur Bachir dans son dis-cours lu
à Blida devant la délégation des Parlementaires,
et reproduit in extenso par le " Tell " : " Patriotes
conscients de la mission civilisatrice de la France dans ce pays ",
dit-il notamment, " nous voulons le progrès dans le cadre
de la loi, l'union entre toutes les races ", et il réclame,
pour un avenir qu'il dit attendre avec patience, l'instruction obligatoire,
l'égalité économique et judiciaire, une représentation
des indigènes au Parlement, et l'égalité des charges
militaires. " Les indigènes ", affirme-t-il,
" apprécient à leur juste valeur l'oeuvre magnifique
et les réformes entreprises par la France dans ce pays, et ils
attendent leur intégration définitive et complète
dans la grande famille française ".
En guise d'épilogue
Bref, on était en bon chemin... Comme le disait
Doumergue au cours de son voyage : " La célébration
du Centenaire aura ainsi démontré d'une façon décisive
le caractère humain, pacifique, juste et bienfaisant des méthodes
de colonisation de la France et de l'oeuvre de civilisation qu'elle
poursuit".
Et cette " intégration définitive ",
n'est-ce pas ce que réclamaient justement tous les habitants
de l'Algérie, à peine une trentaine d'années plus
tard, lors des grandes journées de fraternisation, à partir
du 16 mai 1958 ? C'est en masse que les Blidéens,comme tous les
habitants de la Mitidja, européens et musulmans, se rendent à
Alger au Forum, où s'oublient les quatre années de cauchemar
qui précèdent. Une manifestation monstre aura lieu aussi
à Blida, sur la place Clémenceau, au cours de laquelle
une jeune fille sera adoptée par le général Massu.
Ce moment-là, lui aussi, peut-on penser, était "
l'un de ces moments privilégiés où l'Histoire est
comme suspendue et indécise ".
On sait ce qu'il en advint... " Vive l'Algérie française
", disait de Gaulle à Mostaganem le 6 juin 1958, mais le
10 décembre 1960, sur l'aérodrome de Blida : " Il
faut faire l'Algérie algérienne ", déclarait-il
maintenant... Dès lors, les événements prenaient
un autre cours. La rébellion, implantée dans l'Atlas blidéen,
active dans la Mitidja, avait, jusque-là, épargné
la ville. Mais le 1er juillet 1961, un groupe de manifestants arrive
par la rue d'Alger jusqu'aux abords de la place Clémenceau, et
des émeutes sanglantes se produisent, faisant six morts, dont
un gardien de la paix musulman, et vingt-cinq blessés... Juin
1962 : les hôtels de Blida et les Centres d'hébergement
(dont le lycée de-jeunes filles) sont surpeuplés. Du 1er
au 18 juin, 100 avions décollent du petit aéroport civil,
emportant 9 000 " passagers "... En cette triste Pentecôte
62, un lecteur du " Tell ", évoquant le passé,
envoie au journal un petit poème dans lequel il s'interroge avec
nostalgie : " Mais où sont les fêtes d'antan ?
" Et l'on connaît la suite : la place Clémenceau,
début juillet, est à nouveau envahie par la foule, mais
c'est pour célébrer l'indépendance, et , pour la
première fois, l'une des deux communautés n'est plus là.
Le " Tell " a cessé de paraître, après
presque cent ans d'existence...
La vie quotidienne du passé nous aide à mieux comprendre
celle du présent... Février 1963 : la halle aux tabacs
devient une mosquée, la plus grande d'Algérie...Bientôt,
c'est le tour de l'église Saint-Charles... 1990: Blida est devenu,
dit-on, l'un des fiefs des " islamistes ". Et l'on sait combien,
en une trentaine d'années, la vie s'est dégradée...
A un journaliste du Figaro-Magazine, qui lui demandait, le 24 février
1990 : " Comment était-ce, avant, l'Algérie ?
", on comprend qu'Aït-Ahmed, pourtant l'un des " chefs
historiques " de la rébellion, ait répondu : "
Avant ? Vous voulez dire du temps de la colonisation ? Du temps de
la France ? Mais c'était le Paradis ! Des fleurs, des fruits,
des légumes partout, des restaurants. C'était la Côte
d'Azur!"
Faut-il regretter le passé ? " Le passé n'est
jamais mort, il n'est même pas passé ", a dit
W. Faulkner. Alors, évoquons-le à nouveau sans complexe,
càmme ce lecteur du " Tell ", de juin 1962, et demandons-nous
avec lui : " Mais où sont partis ces jours-là
? Nos belles fêtes de Blida. Las ! où sont les fêtes
d'antan, ces belles fêtes de Printemps ?"
Georges-Pierre
HOURANT
Notes
(1) Sur les journaux d'Algérie conservés à Versailles,
voir articles de Yvon Ferrandis, l'Algérianiste n° 1 à
8 inclus.
(2) L'auteur de cet article, s'il est Algérois, s'honore aussi
d'avoir été pendant deux ans professeur au lycée
Duveyrier, à Blida, de 1960 à 1962.
(3) Bulletin de l'Amicale des Anciens élèves du collège
de Blida, année 1990.
(4) Jean Daniel, " Le temps qui reste ". Cité par Pierre
Laffont, " Histoire de la France en Algérie" (1980).
(5) Guide Bleu Algérie 1930.
(6) M. Mauguin fut maire de Blida pendant 25 ans, président du
conseil général, député et sénateur
d'Alger.
(7) Sur les Aïssaoua, voir l'Algérianiste n° 42, article
sur " Théophile Gautier et l'Algérie ". Le célèbre
écrivain avait assisté, en 1845, près de Blida,
à une étrange cérémonie organisée
par cette pittoresque congrégation.
(8) Le jardin Bizot, peuplé d'essences rares et majestueuses,
fut créé à Blida par le général du
génie Bizot (1795-1855).
(9) L'église St Charles de Blida, commencée en 1863, fut
consacrée le 9 octobre 1864 par Mgr Pavy.
(10) Pierre Bordes fut préfet d'Alger, avant d'être gouverneur
général de l'Algérie, de novembre 1927 à
octobre 1930.
(11) Amédée Froger, maire de Boufarik, puis président
de l'inter-fédération des maires d'Algérie, fut
assassiné à Alger par les terroristes, le 24 décembre
1956.
(12) Sidi Yacoub était un saint personnage qui vivait au XVl
siècle. Selon la légende, de retour de son pèlerinage
à La Mecque, et par la volonté d'Allah, il vit les piquets
des tentes de son précédent campement transformés
en vigoureux oliviers. Sur les légendes de Blida, voir le livre
du colonel Trumelet : "Blida " (1887).
(13) Sur cette auberge, voir " Esquisses anecdotiques et historiques
du vieil Alger ", p. 174, de F. Arnaudiès (1990).
(14) Pierre-Etienne Flandin remplaça Laval à Vichy, de
décembre 1940 à février 1941. I1 avait passé
les quatre premières années de sa vie à Alger.
(15) Gaston Doumergue fut président de la République de
1924 à 1931. Il avait été juge de paix à
La M'leta, en Oranie, de 1890 à 1893. Pour les fêtes du
Centenaire, il effectua son voyage en Algérie du 4 au 17 mai
1930.
(16) C'est d'Alger à Blida que fut créée la première
ligne de chemin de fer en Algérie. Sur son inauguration, voir
article de F. Arnaudiès, dans l'Algérianiste n° spécial
1977.
(17) L'Union musicale fut créée et animée par l'opticien
Robert Lorsignol, figure populaire de Blida, qui mourut en juin 1962.
(18) Sur Ernest Mallebay, fondateur de la " Revue algérienne
", voir article de F. Arnaudiès, l'Algérianiste n°
31.
(19) Jules Carde, ancien gouverneur de l'AOF, fut gouverneur général
de l'Algérie de 1930 à 1935. Il était né
à Batna, dont son père était sous-préfet,
le 3 juin 1874, et avait fait ses études au collège de
Blida, puis au lycée d'Alger.
(20) Claude Farrère (1876-1957), officier de marine et écrivain,
servit sous les ordres de Pierre Loti. Il obtint le Prix Goncourt en
1905, et fut élu à l'Académie française
en 1935.
(21) Poète, critique littéraire, conférencier,
André Bellessort était aussi un grand voyageur.
(22) Fromentin séjourna à Blida et aima beaucoup cette
ville. Sur Fromentin et l'Algérie, voir l'Algérianiste
n° 52.
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(23) Les Romains n'occupèrent jamais Blida, car ils ne construisaient
rien à moins d'une dizaine de kilomètres de la montagne.
Les premiers vestiges romains n'apparaissent qu'entre La Chiffa et Mouzaïaville,
là où précisément la montagne s'écarte
de la plaine.
(24) Augustin Bernard : " L'Algérie " (1930).
(25) André Tardieu fut président du Conseil de 1929 à
1930, puis en 1932.
(26) En 1930, le sud-ouest avait subi de graves inondations occasionnant
176 morts ou disparus.
(27) En 1927 avaient déjà été construits
2 pavillons, mais les locaux restèrent inoccupés jus-qu'en
1933. A peine ouvert, l'HPB, le seul hôpital psychiatrique d'Algérie,
se révélait insuffisant, et plusieurs nouveaux pavillons
furent créés. En 1962, l'HPB comprenait 2 221 lits.
Source principale " Le Tell ", journal bi-hebdomadaire de
Blida, année 1930.