BIZOT

BIZOT en 1900
Edgar Scotti
extraits du numéro 139, mars 2003septembre 2012, de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"

mise sur site:avril 2019

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Cette commune de plein exercice, créée en 1856, située en montagne à 555 m d'altitude au nord de Constantine, prit le nom d'un général du Génie tué au siège de Sébastopol.

Le village fut construit sur un lieu-dit: El-Hadjira. Il est distant de 14 km de Condé-Smendou et de 15 km de Constantine. Le douar des Ouled Braham dépendait de la commune.
Bien que distant de 20 km de Bizot, ce douar était rattaché à son territoire qui couvrait 24 703 ha.

Ce village de colonisation fut partiellement peuplé par d'anciens soldats comme Emile Caniot, arrivé en Algérie en 1833, à l'âge de 22 ans avec le 4e régiment de cuirassiers. À la fin de son contrat, il s'engagea au 3e régiment de chasseurs d'Afrique. Il participa à toutes les opérations, notamment à celle de M'Sila du 11 juin 1841, ainsi qu'à la campagne de Crimée (1854-1856).


À la suite de nombreuses blessures qui ruinèrent sa santé, le capitaine Caniot se retira à Bizot en 1859. Dans ce centre en création, le gouverne-ment lui attribua une concession de 17 ha. La population de Bizot était en 1887: de 7953 habitants dont 201 Français; 1900 : de 8890 habitants dont 292 Français; 1908 : de 9379 habitants dont 210 Français.

L'exiguïté des concessions accordées ne permettant pas d'y faire vivre une famille, précipita la migration de la population européenne vers les villes de Constantine, Philippeville et Bône.

En raison de sa proximité de Constantine, Bizot avait une importante acti-vité commerciale. Un marché aux bestiaux se tenait tous les dimanches. Il était quotidien pour les céréales. Le maire, Jules Caniot, assuma plusieurs fois la présidence du conseil municipal. Il installa une école et un cabinet médical. Adjoints: MM. Aloïse Felter, Mohamed ben Djelloul, Messaoud ben Djaballah; secrétaire: M. Jean Laffitte; garde-champêtre: M. Flenner; curé: M. l'abbé Georges Druguet; médecin de colonisation: Dr Malbot, résidant à Constantine; pharmacie : Mme Desbons, religieuse; institutrices Mme Tournier, religieuse, à l'école communale des filles et Mme Maupas, rel i gieuse, à l'école publique enfantine; poste et télégraphe: Mme Laure Piétri, receveuse et MM. Lampo et Perché, facteurs.

Le village était situé sur la voie ferrée PLM, reliant Philippeville à Constantine. Après trois tunnels et un pont sur l'oued Smendou, les trains entraient en gare de Bizot, distante de 700 m du centre. Après cette station, la voie ferrée en pente descendante desservait Le Hamma-Plaisance. Le chef de gare était M. Battesti.

Aubergistes: Mmes Vves Guillemet (hôtel Guillemet) et Lemoine (hôtel Dominique); boulangers: MM. Déléstrade, Boucher, Torrens; cafetiers limonadiers : Mme Joséphine Lampo, M. Bonin; charrons forgerons: MM. Crochet et Wieber; charpentier menuisier: M. Wieber; cabinet d'affaires: M. Chirouse; céréales: MM. Felter et Janssen; distillateur: M. Ferrat; entrepreneur de battages: M. Ferrat; entrepreneur de travaux : M. Avril; épiciers : M. Bonin et Mme Vve Doumain; meuniers : MM. Perrat et Cavieux ; régie des poudres et tabacs : Mme Condouneau.

En raison de la fertilité de ses sols, la région, bien pourvue en eau, était propice à la viticulture et à la céréaliculture. Quelques agriculteurs : Mmes Vves Andrieu, Crochet, Verdun, MM. Meilheurat, Jansen, Bredin, Lescuyers, Daniel, Eschenbrenner, Franchi, Felter, Lovet, Teynaud, Vuillon.

L'objectif essentiel de cet article sur Bizot est limité à une succincte remise en mémoire de la vie d'un village du Constantinois en 1900.

En cette année charnière, la France était en Algérie depuis soixante-dix ans et le pays sortait de plusieurs conflits (Crimée, défaite de 1870). Le village était déjà organisé quarante-quatre ans après sa création et ce, peu avant les lois de séparation de l'Église et de l'État.

Tous ceux qui créèrent ce village auraient apprécié d'une part, que l'on se souvienne de la façon dont ils étaient arrivés à Bizot et comment ils y vivaient. Par ailleurs, leurs lointains descendants voudront peut-être un jour connaître ce qu'ils y faisaient...

L'évocation, parmi tant d'autres, de l'arrivée à Bizot de M. Émile Caniot, ancien soldat et chevalier de la Légion d'honneur, permet de se souvenir de tous ces hommes qui, après avoir répondu à l'appel de leur pays, ont dépo-sé leur sac dans ces villages pour donner un sens à leur vie, à celle de leurs enfants, au service de tous ceux qui les entouraient.

Les rares photos jaunies par le temps, lorsqu'elles existent, ainsi que la mémoire audiovisuelle, ne peuvent pas remplacer le témoignage écrit, aussi sommaire soit-il.

Ce rappel, reflet d'une époque charnière, permettra cependant à tous ceux qui, en France ou en Algérie, eurent des attaches familiales à Bizot, de combler des lacunes, de redresser des anomalies, de s'enrichir de ces informations.
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Bibliographie :
- L'Indépendant de Constantine des 14 et 22 juin 1882.
- Les publications de l'époque: Bottin, guides touristiques.
- Liste des centres créés en Algérie (1830-1921).
- Divers témoignages rassemblés par l'auteur.

Remerciements: L'auteur exprime ses sentiments de bien vive gratitude à Guy Caniot et Jacques Piollenc, ainsi qu'au Dr Georges Duboucher qui ont bien voulu mettre leurs archives à sa disposition.