Birmandreis : le huitième arrondissement du Grand Alger
Le ravin de la femme sauvage
Extrait de " Aux Échos d'Alger -Le journal des villes et villages de l'Algérois", septembre 2005, n°90
avec l'aimable autorisation de madame Mendoza,fondatrice et directrice de la publication

sur site le 27-9-2005

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------------Dans le N°70 des Echos d'Alger, vous avez été quelques uns à souhaiter connaître l'origine du nom " Le ravin de la femme sauvage ".
------------Nous vous livrons cinq versions qui se rejoignent quant à la présence d'une femme en ces lieux.

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------------Mr Yves SALIGNAC (75018 - Paris) Archives du colonel BERTHIER - guide touristique et pittoresque sur " Alger, Boufarik, Blidah et leurs environs " rédigé par Edouard Dalles, en 1879 et publié par A. Jourdan, libraire et éditeur à ALGER 4, place du Gouvernement.
------------Du haut de l'annexe du Jardin d'Essai, vous pouvez rejoindre, dans la direction d'une grande ferme arabe, le chemin vicinal direct de BIRMANDREIS à MUSTAPHA-INFERIEUR, qui à droite vous ramène par une descente facile, à la FONTAINE-BLEUE et de là au CHAMP DE MANŒUVRES.
------------En le suivant, à gauche, vous pouvez descendre jusqu'à BIRMANDREIS. Arrivé sur la place du village, prenez à gauche pour suivre le ravin de l'Oued-Khémis, plus connu sous le nom de : "Ravin de la Femme Sauvage ". Il doit son nom à une jeune cantinière, dont l'échoppe était installée dans un repli de route que l'armée construisit alors. Les soldats l'avaient baptisé avec une discrétion qui fait honneur à leur galanterie, " la femme sauvage ", à l'instar des Grecs qui décorèrent de l'épithète de philadelphe, un de leurs rois qui s'était vivement débarrassé d'un frère gênant ".

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------------Mr François STOUPY (83500 - La Seyne/Mer)
Extraits du livre " RENOIR " - Editions de la Réunion des Musées Nationaux, Paris 1985 - 10, rue de l'Abbaye - 75006 Paris.

------------Paysage d'Algérie : Le Ravin de la Femme Sauvage ". Tableau peint en 1881 (0.81 m X 0.65 m), au Musée d'Orsay à Paris. Durant son 1er séjour, RENOIR s'est surtout intéressé aux paysages des environs d'ALGER, en particulier, ceux des alentours du CHAMP DE MANOEUVRES, à MUSTAPHA-INFERIEUR, où il résidait, juste au sud de la ville.
------------Quelques uns de ses tableaux représentent la mer vue des collines, mais " le Ravin de la Femme Sauvage " nous montre un motif plus clos, sans personnage, qui semble isolé et étrange, mais il était en fait, d'accès facile ; c'est une étroite vallée qui conduit vers la mer, à partir de BIRMANDREIS (BIR MOURAD RAÏS), à près de deux kms dans les terres, depuis la résidence de RENOIR.
------------En réalité, le nom de ce ravin, loin d'évoquer un passé bizarre, rappelle, semble-t-il une jeune dame, nullement timide ", qui tenait un café-restaurant dans ce ravin, peu après la conquête française (Réf. Play-Fair, Murray's Handbook for Travellers in Algéria and Tunis, éd. 1895, page 108).
------------Evidemment, cette vallée fut envahie par des constructions et un tramway, l'année même qui suivit celle où RENOIR peignit ce tableau.
------------La végétation exotique constitue le sujet principal de cette peinture, vraisemblablement " le mélange des figuiers de Barbarie et les aloès " dont RENOIR parle dans sa lettre à Madame BERARD (Paul BERARD, diplomate et banquier, client et ami du peintre).

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------------Mr Jean-Pierre IVORA (64400 - Oloron Ste Marie)...
------------... Tout d'un coup ma mémoire est en action... En effet, je suis enfant du RUISSEAU, ayant habité " LA REGIE", près de l'usine à gaz " La Lebon ". En 1952, j'avais alors 13 ans, j'ai eu la chance de faire paraître dans un journal qui s'appelait " France Jeu o, l'histoire ou la légende du "Ravin de Femme Sauvage ".
------------Ce que je vais vous livrer, m'a été raconté par un " Ancien ".
------------" II y a plusieurs années, environ 100 ans, vivait dans le quartier du RUISSEAU, une jeune femme avec ses deux enfants. Elle était seule, son mari ayant été tué lors de guerre. Chaque année, le lundi de Pâques, elle allait passait la journée et mangeait
la mouna " avec ses enfants dans une forêt qui se trouvait tout près du RUISSEAU, sur les hauteurs.

 

------------C'est une jolie forêt boisée, pentue, mais redoutable. Des sentiers très étroits. Il fallait faire très attention, car un ravin s'y trouvait et si l'on n'y prêtait gare, le risque de disparaître sans espoir de retour, était grand. D'autant plus, qu'il n'y avait pas de matériel adéquat pour faire des recherches.
------------Or, un lundi de Pâques, les enfants de cette femme, désobéissants à leur mère, disparurent et ont dû certainement tomber dans ce ravin. La maman, folle de douleur, essaya par tous les moyens, de les retrouver. Rien n'y fit.
------------Elle demanda de l'aide aux habitants du RUISSEAU, mais on ne retrouva personne. Ce ravin était trop profond. Cette femme décida de loger dans cette forêt pour continuer ses recherches. Elle se nourrissait de fruits sauvages, de petits animaux qu'elle chassait. Avec le temps, elle perdit la tête, devint sauvage. Dès qu'elle entendait des pas, que l'on parlait sur les sentiers, elle se cachait.
------------Il arrivait rarement, mais de temps à autre, qu'elle hurlait de douleur. L'on savait qu' elle errait, car des traces de passage étaient visibles. Les années passèrent et un jour, plus rien : plus de traces, plus de hurlements.
------------Le ravin en question, était toujours aussi touffu et dangereux...
------------Les habitants du RUISSEAU, continuèrent à fêter Pâques dans cette forêt. En sou-venir, ils baptisèrent ce bois " Le Ravin de la Femme Sauvage".

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------------Mr Michel DUTEIL (84140 - Montfavet)
------------J'ai habité cet endroit, pendant 25 ans, je me souviens de ce que me racontaient mes parents : " Cette dame s'est trouvée veuve, son mari ayant été tué pendant la guerre de 1870 (?). Elle aurait même perdu le bébé qu'elle attendait.
------------Devenue " à moitié folle " de douleur, elle se serait réfugiée dans ce fouillis inextricable, que composait la végétation de cet endroit, se nourrissant de baies et fruits sauvages.
------------Un jour, on l'a retrouvé morte. Elle aurait été enterrée sur place, juste au dessus du restaurant de " La Femme Sauvage ".

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------------Mme et Mr Jean FLORIT (34370 Maureilhan).
------------" Je ne peux vous donner des renseignements que de mémoire, paru dans l'ECHO d'ALGER en 1955 et 1956. Ce journal authentique, est resté de l'autre côté. ...Voici ce qu'ils disaient :
------------«Un couple de jeunes mariés partis sur un bateau, en voyages de noces, s'est fait arraisonner par les pirates de la Méditerranée. Lui fut jeté en prison, elle, amenée au dey Hussein et mise au harem. Pourtant, elle refusa toujours de se donner à cette brute. Elle fut tellement brutalisée, mais jamais, elle n'aurait cédé.
------------Devenue folle par les coups reçus, on la jeta dehors déguenillée et sans nourriture. Sans savoir où elle allait, elle monta vers ce ruisseau; puis, rendue en haut de la colline, elle découvre un marabout (mausolée). Les arabes apportaient, comme vous le savez, de la nourriture aux morts (couscous, pain, figues...), ce qui lui a permis de survivre.
------------Comme elle était folle, ils la respectèrent et naturellement, un jour, elle disparut. Depuis ce lieu est appelé " Le ravin de Femme Sauvage ".

AUX ECHOS D'ALGER
Le journal des Villes et des Villages de l'Algérois