sur site le 6-02-2004
-BÉRARD
sur la côte algéroise
Bérard, bâti dans la verdure, à flanc de coteau, au-dessus de la mer. Une légende remontant à des temps immémoriaux voulait qu'une jeune princesse berbère se nommant Tagouraît ait été guérie de sa cécité par 1' eau d'une cascade qu'on disait miraculeuse.

Extrait de "les trois provinces d'Algérie au Sahara"

Collection Afrique du Nord, par le père Duvollet (avec son autorisation)

37 Ko / 13 s
 
retour
 
------Le nom de Tagouraît qu'employaient encore certains autochtones était le nom originel du village de Bérard, bâti dans la verdure, à flanc de coteau, au-dessus de la mer. Une légende remontant à des temps immémoriaux voulait qu'une jeune princesse berbère se nommant Tagouraît ait été guérie de sa cécité par 1' eau d'une cascade qu'on disait miraculeuse. Une source jaillissait d'une colline proche et son eau se perdait dans la mer. Le nom de Tagouralt fut donné à la tribu établie près de la cascade dans laquelle la petite princesse avait recouvré la vue et se conserva jusqu'à l'arrivée des Français, en 1857 .

------La région fut pacifiée par le Comte de Bourmont , et l'emplacement de Tagourait fut confié à l'Officier de Marine chargé du Service Topographique qui traça les plans de la nouvelle cité. Il s'appelait Mr Bérard et son nom fut attribué au village. Les Français captèrent la source qui permit la viabilité et l'irrigation et conservèrent la cascade miraculeuse qui devint l'une des attractions de Bérard .
------Dès 1858, 24 concessions de 20 hectares chacune furent attribuées aux familles de colons désireuses de s'établir dans la région .
------Les routes n'étant que des pistes plus ou moins bien entretenues, on se déplaçait le long du littoral, à l'aide de boeufs attelés de lourds chariots. Il fallait 5
jours pour aller de Bérard à Alger , et en revenir , 50 km environ .
------Les tribus Béni-Menacer qui occupaient les hauteurs entre le Chenoua tout proche et Novi
entretenaient de bonnes relations avec les Français .
----------Les collines couvertes de lentisques, de palmiers nains, d'oliviers sauvages et de toutes sortes de broussailles demeuraient peuplées de chacals, de panthères et autres animaux indésirables. La dernière panthère fut tuée à, Bérard par un colon vers les années 1910-1913 ; notre ex-Maire, Mr Albert Jacquemont, se souvient de l'avoir vue exposée sur la place du village alors qu'il n'était qu'un jeune écolier. Mes grands-parents et leurs enfants, qui exploitaient une propriété au lieu-dit Bou Hamoud , près de Cherchell (1890-1909) confirmèrent la présence de panthères dans les collines des environs à peu près à la même date .

------En 1856, des vols de sauterelles ravagèrent les maigres récoltes. 1867 fut marqué par la double catastrophe d'un tremblement de terre et du choléra, enrayé grâce au dévouement d'un médecin de colonisation.
------Au début du siècle était Maire Mr Bordes Puis, la mairie fut confiée, jusqu'après la guerre 14-18 à Mr Ange Ferrando. Dans les années 1920, ce fut Mr Drouhin, propriétaire du domaine du " Rocher Plat " qui occupa le poste; mais, n'entendant pas grand chose à la vigne et à l'oenologie, il dut revendre sa propriété et repartit pour la Métropolc dès que son mandat fut achevé , mandat qui fut confié à Mr Jules Jacquemond; lui succéda son fils aîné Camille, puis notre dernier Maire, Mr Albert Jacquemond. En parlant de cette famille, nous l'appelions souvent, et avec sympahie, en souriant " la Dynastie des Jacquemond ". Le fils d'Albert, Jean-Pierre, médecin d'une remarquable compétence, avait projeté, avec l'aide de ses parents, d' ouvrir une maison de repos sur les hauteurs de Bérard , et aurait certainement succédé à son père . Mais l'homme propose et Dieu dispose. J.P Jacquemond exerce actuellement à Cannes. Ainsi s'acheva la dynastie d'une famille d'édiles particulièrement estimée

 

tant par les autochtones que par les autres populations. ------Hélas, arriva la date fatidique de l'indépendance de l'Algérie, et Bérard redevint Tagourait. Mektoub!

Maryse Riche-Muller

------Lorsqu'en 1857 le Comte de Bourmont entreprit de coloniser Tagourait devenu Bérard, 24 concessions furent attribuées à des familles originaires du Dauphiné et de Savoie, dont certaines se perpétuèrent jusqu'à l'indépendance ( Dorveaux, Jacquemond, Petitjean ...). ------En 1900 , la commune ne comptait que 242 musulmans et 495 européens de souche française ou espagnole. Grâce à un micro-climat particulier à cette région, après le débroussaillage des collines, on tenta la culture du bananier, qui fut remplacée par celle de la vigne, plus rentable; puis, on intensifia les cultures maraîchères surtout poivrons et tomates qu'entreprirent avec succès ceux que nous appellions les "tomatéros", ouvriers ou petits propriétaires espagnols
------Si la terre fut mise en valeur, la population européenne n'augmenta guère, alors que la population musulmane atteignait le chiffre de 2500 âmes au moment de l'indépendance .

M. R.M