J'ai passé avec ma famille mon
C.P. au C.F.V. de la C.I.C.A.F.D.A.
Nous avons déjà
eu l'occasion de signaler la remarquable organisation du centre de vacances
de la Caisse interprofessionnelle de compensation des allocations familiales
du département d'Alger.
Ce centre s'étale, on la sait, à Ben-Aknoun aux Deux-Bassins.
J'ai aussi sacrifié à la mode des abréviations,
mais les lecteurs ont certainement bien traduit : j'ai passé
mon congé payé au " Centre familial de vacances "
de la Caisse interprofessionnelle de Compensation des allocations familiales
du département d'Alger.
Le 1er juillet 1950, la CICAFDA en effet ouvrait son Centre familial
de vacances aux familles nombreuses de ses allocataires. Et, chaque
quinzaine dix familles, comprenant un minimum de quatre enfants, allaient
s'y succéder.
J'avais choisi la période du 2 au 16 septembre et le 2 au matin
mon patron complaisant me déposait avec ma famille au Centre
familial situé à Ben-Aknoun, à 500 mètres
du terminus du trolleybus. Ce centre, dont les bâtiments intriguent
tous ceux qui empruntent cette route de Dely-Ibrahim, offre aux familles
vingt hectares de verdure dont huit hectares de bois, dans un climat
sain et des installations modernes et confortables.
Dès notre descente de voiture et après des formalités
indispensables, d'ailleurs réduites au strict minimum et un versement
égal au montant du congé payé du père de
famille, le jeune et souriant économe. M. Bevillacqua, nous présenta
au personnel du service social dont les membres nous délestèrent
immédiatement de nos bagages pour nous conduire au pavillon qui
nous était destiné.
Situés sur la crête, ces pavillons sont composés
de deux appartements indépendants comprenant une salle commune
avec deux couchettes, une chambre des parents avec berceau éventuellement,
deux chambrettes de deux couchettes superposées semblables à
celles des navires, soit un appartement pouvant abriter une famille
de neuf personnes. A signaler aussi un vaste placard-penderie, un lavabo,
une douche, un w.-c., un " Cumulus " donnant en permanence
trente litres d'eau chaude.
Ces appartements ne comportaient pas de cuisine, car la direction de
la CICAFDA recherchait particulièrement les deux buts suivants
: le repos complet de la mère de famille oui n'aurait aucun souci
de confection des repas et les vacances en commun pour la famille au
complet alors que bien souvent il n'est possible que d'envoyer les enfants
en colonies de vacances loin de leurs parents.
Après l'installation, tous les arrivants furent reçus
par le directeur du centre, M. Despins. dont nous devons dire tout d'abord
qu'il dirige le centre à la satisfaction, à la fois, des
familles et de son personnel sans se départir de son extrême
affabilité tout en faisant observer les règlements très
souples du centre.
Il nous a paru intéressant publier aujourd'hui les impressions
d'un des allocataires qui vient de passer avec sa famille 15 jours de
vacances au centre.
Nous nous promettons de compléter prochainement ce récit
par une étude sur le fonctionnement administratif de cette uvre
admirable qui honore å la fois ceux qui l'ont conçue et
ceux qui la dirigent.
M, Despins fit donc à chacun les recommandations d'usage et présenta
la monitrice, Mlle Reboul, et le moniteur, M. Jean-Paul, que les cinquante-trois
enfants de notre petite colonie allaient rapidement adopter.
J'ai déjà signalé que les appartements ne comportaient
pas de cuisine. Les repas étaient servis par petites tables dans
la luxueuse et vaste salle à manger qui s'ouvrait sur une large
baie dont la vue donnait sur la campagne.
Et j'arrive maintenant au côté le plus remarquable du centre
: la restauration. Le service des familles était assuré
par les élèves du Centre de Formation professionnelle
accélérée de l'Hôtellerie en Algérie,
c'esî.-a-dire dans les meilleures conditions.
Sous la haute direction du directeur d'école M. Langlais, de
leurs professeurs MM. Constant, le chef-cuisinier ; Boutet, le chef-pâtissier
; Soleil, le maître d'hôtel, cinquante marmitons et serveurs
s'affairaient à la complète satisfaction des familles.
L'immense cuisine aux murs laqués était pourvue de l'agencement
le plus moderne et n'était pas le coin le moins admiré
des ménagères : machines innombrables, fours électriques
en pyrex, armoires frigorifiques, etc...
Je ne donne qu'un faible aperçu de la valeur des mets en reproduisant
ci-après quelques menus :
Celui du 3 septembre :
Déjeuner : Hors-d'uvre. Salade algérienne, charcuterie
assortie (ou sardines pour les musulmans), poulet de grain poêlé
garni à la provençale, salade de saison, tranche napolitaine,
café.
Dîner : Potage garbure, côtes d'agneau panées, pommes
mousseline, éclair au chocolat.
Du 6 septembre :
Déjeuner : Hors-d'uvre, macédoine de légumes
et tomates, couscous garni avec marga à l'algérienne,
poires et raisins, café.
Dîner : Potage fermière, langue de veau braisée
nivernaise. courgettes à la crème gratinées, pudding.
Et quel plaisir pour les hôtes du centre d'être servis à
la perfection et avec le sourire, ce qui ne gâtait rien par ces
jeunes gens qui seront bientôt, dans les plus grands hôtels
nord-africains et européens, les serviteurs stylés de
la clientèle internationale des palaces.
Au fil des jours, tandis que les enfants s'en donnaient a cur
joie à. travers campagne et forêt ou au cours des Jeux
sportifs sous la direction des moniteurs, les parents tressaient des
liens d'amitié et le temps passait, trop rapidement hélas
!
Le 16 septembre il fallut quitter ce site enchanteur (le mot n'est pas
trop fort).
Mais les bonnes joues de tous les petits étaient plus remplies
et loin de l'atmosphère de la ville, tous les enfants avaient
recouvré un teint resplendissant.
Ce n'est pas sans une pointe de mélancolie que chacun prit congé
de M. Despins et de tous ceux qui s'étaient ingéniés
à rendre le plus agréable possible le séjour à
tant de familles nombreuses.
Il faut croire que l'accord des familles avait été parfait
aux différents séjours, car j'appris que chaque contingent
s'était promis de se retrouver aux mêmes époques
l'an prochain.
L'été 1950
a éte un peu comme " l'année pilote " pour les
responsables du centre.
De grands projets sont déjà, en voie de réalisation.
Ils consistent en de nouvelles constructions qui permettront d'accueillir
à, la fois cent familles dans un proche avenir. Les installations,
sportives seront perfectionnées. A celles qui existent déjà
seront ajoutées des courts de tennis, un stade de football, une
piscine, etc.
Les dépenses nécessaires seront faites et nul ne contestera
leur utilité, car ce sont des dépenses qui paient amplement
et je sais que nombre de patrons compréhensifs, dont les cotisations
alimentent la caisse de la CICAFDA, les ont entièrement approuvées.