-Alger, Belcourt.
Les Nouvelles Halles Centrales d'Alger.

Les Halles Centrales d'Alger

Alger possède enfin ses Halles Centrales. La nouvelle peut paraître évidemment assez inattendue et la seule pensée qu'une ville de 300.000 âmes a été jusqu'ici privée d'un marché en gros rationnellement conçu et installé dans des locaux spécialement aménagés à cet effet, est susceptible de faire naître en l'esprit de certains urbanistes, un sentiment d'ironie et de scepticisme.

Et pourtant, il y a quelque temps encore, les revendeurs devaient se contenter pour faire leurs achats, du traditionnel marché de la Lyre où la vente s'effectuait dans un désordre général, le plus souvent en pleine rue parmi les cris et les invectives des chauffeurs d'autos et des conducteurs de tramways. Embouteillages continuels et dangereux des artères environnantes et plus particulièrement du carrefour Henri-Martin, malpropreté des trottoirs, de la chaussée et des escaliers donnant accès à la place de la République ; à ces inconvénients réels venait aussi s'ajouter l'insuffisance des services de réception et de perception.

La Municipalité avait bien, à plusieurs reprises essayé de remédier à ce regrettable état de choses mais chaque fois qu'ils s'attaquèrent au problème, nos édiles se trouvaient en présence d'obstacles insurmontables. Le choix d'un emplacement surtout semblait s'opposer à la réalisation d'un projet dont la nécessité se faisait impérieusement sentir. Il fallut que les abattoirs soient désaffectés et déplacés pour trouver la possibilité de le mettre à exécution et le 12 mai dernier, les Halles ouvraient leurs portes officiellement.

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Afrique du nord illustrée du1-8-1931 - Transmis par Francis Rambert

mise sur site :mai 2021

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Halles centrales
Halles centrales
( plan Vrillon, collection personnelle)


Les Nouvelles Halles Centrales d'Alger.

Les Halles Centrales d'Alger

Alger possède enfin ses Halles Centrales. La nouvelle peut paraître évidemment assez inattendue et la seule pensée qu'une ville de 300.000 âmes a été jusqu'ici privée d'un marché en gros rationnellement conçu et installé dans des locaux spécialement aménagés à cet effet, est susceptible de faire naître en l'esprit de certains urbanistes, un sentiment d'ironie et de scepticisme.

Et pourtant, il y a quelque temps encore, les revendeurs devaient se contenter pour faire leurs achats, du traditionnel marché de la Lyre où la vente s'effectuait dans un désordre général, le plus souvent en pleine rue parmi les cris et les invectives des chauffeurs d'autos et des conducteurs de tramways. Embouteillages continuels et dangereux des artères environnantes et plus particulièrement du carrefour Henri-Martin, malpropreté des trottoirs, de la chaussée et des escaliers donnant accès à la place de la République ; à ces inconvénients réels venait aussi s'ajouter l'insuffisance des services de réception et de perception.

La Municipalité avait bien, à plusieurs reprises essayé de remédier à ce regrettable état de choses mais chaque fois qu'ils s'attaquèrent au problème, nos édiles se trouvaient en présence d'obstacles insurmontables. Le choix d'un emplacement surtout semblait s'opposer à la réalisation d'un projet dont la nécessité se faisait impérieusement sentir. Il fallut que les abattoirs soient désaffectés et déplacés pour trouver la possibilité de le mettre à exécution et le 12 mai dernier, les Halles ouvraient leurs portes officiellement.

Nous avons pu ces jours-ci - à la faveur d'une promenade effectuée en compagnie de M. Bondu, guide d'une précieuse amabilité - nous rendre compte des efforts tentés par l'Administration, pour doter la capitale nord-africaine d'une organisation modeste sans doute mais parfaitement comprise. Les rentrées et les sorties semblent inspirées des Halles de Paris. Le Marché ouvre à deux heures du matin. De deux à quatre heures les maraîchers apportent leur marchandise et la vente s'effectue de quatre à huit heures. A huit heures et demie, trêve générale. Dans l'après-midi, le mouvement reprend de deux heures à quatre heures et demie pour l'entrée des produits et de quatre heures et demie à six heures et demie pour la vente.

En pénétrant dans la cour des Halles, les vendeurs confient au receveur une lettre de voiture où sont indiquées le nombre et la nature des colis transportés. D'autre part les mandataires ont un carnet à souches. Ils en donnent deux à l'acheteur : celui-ci en conserve une pour lui et remet l'autre aux services administratifs, ce qui permet d'établir un contrôle rigoureux sur les produits vendus.
Les abris sont divisés en soixante emplacements - un par mandataire - dont les dimensions varient selon l'importance du chiffre d'affaires réalisé. La marchandise, dès son arrivée, est transportée sur le carreau. Si elle reste invendue, elle paye un droit de resserre qui s'élève pour l'instant à 0 fr. 10 par colis mais qui va être incessamment ramené à 0 fr. 15.

Pour les amateurs de chiffres, il serait peut-être utile de noter maintenant qu'environ 12 à 15.000 colis sont vendus tous les jours alors que la moyenne de la resserre s'élève à 5 ou 600 colis.

Nous avons constaté que l'aubergine et le poivron étaient parmi les produits les plus demandés actuellement. Quant à la tomate, elle bénéficie d'un taux relativement bas. A certain moment même on l'écoulait avec tellement de difficulté qu'on était bien souvent contraint de la jeter par paniers entiers. Cela s'explique par la concurrence redoutable du Maroc dont les progrès constituent une concurrence pour les producteurs algériens. Côté fruits, les prunes, les poires, le raisin et, depuis peu, les figues trouvent de nombreux acquéreurs.

Mais tous les records sont battus par la vente en vrac des melons et des pastèques. Nous ne pouvons que citer des prix approximatifs et quand nous affirmons qu'il s'en vend pour plus de 25.000 francs chaque jour, nous sommes certainement, et de loin, au-dessous de la vérité.

Où va donc cette formidable provision de légumineuses. Elles se répandent un peu partout dans les quartiers populeux de Belcourt et surtout de Bab-el-Oued, où on les consomme joyeusement, au son des guitares et des accordéons, dans la tiédeur humide des nuits d'été algéroises.