** La qualité médiocre
des photos de cette page est celle de la revue. On est en 1909. Amélioration
notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria "
en particulier.
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LA CATASTROPHE DE L'AVENUE PASTEUR
Le 29 décembre,
à la suite des orages qui s'étaient abattus sur Alger
les jours précédents, une équipe de terrassiers
était employée à désobstruer un égout,
près du chemin Pasteur, quand se produisit la catastrophe que
rappellent nos instantanés.
Les travaux d'aménagement avaient commencé dès
le 6 novembre, plusieurs fois interrompus par le mauvais temps. On avait,
peu de temps avant la catastrophe, constaté que sur le tampon
formé par les matières obstruant l'égout qui mesure
à son orifice 1 m 70 de hauteur sur 0 m 95 de largeur, se trouvait
une nappe d'eau profonde de 1 m 50 et, en raison de ce fait, sur la
recommandation même du service des ponts et chaussées,
les travaux de dégagement de l'égout furent conduits avec
précaution.
Le 29 décembre, comme à l'ordinaire, une équipe
embauchée par M. Bogliolo, contremaître du chantier, et
composée de Solvès Antoine, chef d'équipe, Moraguès
Michel, Olivès Martin, Eddir Ahmed ben Saïd, Hulné,
Miguel, Blanco, Ferrer, Saïd ben Tahar, descendait dans l'égout
et continuait à retirer les matières empêchant le
libre écoulement des eaux.
A mesure que les ouvriers avançaient dans l'égout, l'épaisseur
qui les séparait de la masse d'eau liquide et qui formait tampon
diminuait, si bien qu'à un moment, l'obstacle se rompit brusquement,
livrant passage au liquide qui envahit l'égout et entraîna
les ouvriers sur une pente des plus rapides.
Cinq d'entre eux. qui étaient rapprochés du " regard
" purent se cramponner aux échelons de fer et éviter
ainsi une mort certaine, les autres furent entraînés par
le courant.
Dès que le contremaître s'aperçut de l'accident
dont venaient d'être victimes les ouvriers, on téléphona
à la Mairie et, quelques minutes après, arrivaient sur
les lieux MM. Descamps, ingénieur en chef de la ville ; Dousseau,
chef de cabinet du Préfet ; Biseuil, procureur de la République
; Legendre et Carret, adjoints au Maire ; Nayrac, commissaire central
; Gay, sous-ingénieur des ponts et chaussées, et Sauzay,
chef de section de la voirie départementale.
On organisa de suite les secours ; M. Sauzay et un puisatier descendirent
dans l'égout, à l'endroit où s'était produit
l'accident, mais ce fut peine inutile : les corps des malheureux ouvriers
avaient suivi, emportés par le courant, la pente rapide, et c'est
près du marché arabe, à un endroit où l'égout
est à découvert avant de se jeter dans le collecteur,
que l'on retrouva la première victime. C'était Solvès
Antoine qui, à la sortie de l'égout, donna de la tête
sur les pavés et fut projeté sur le côté.
Il avait la mâchoire fracassée, l'épaule brisée,
mais il vivait encore.
M. et Mme Ascenci, gardiens de l'usine à gaz, qui se trouvaient
là, vinrent au secours du malheureux que l'on transportait dans
un état lamentable à la pharmacie de la Poste, puis à
l'hôpital de Mustapha.
Vers 10 heures, le cadavre d'Olivès Martin était retiré
par le " regard " le plus voisin de la mer.
A 2 heures, le sergent de pompiers Maudet trouvait, près de l'arrière-port,
le corps de Moraguès Michel. Quant au quatrième, Eddir
Ahmed Saïd, il a dû être projeté à la
mer.
Moraguès était âgé de 44 ans, marié
et père de de deux enfants en bas-âge. Il demeurait 1 rue
de Lyon. Sa veuve, qui avait l'habitude de ne pas voir son mari à
déjeuner, ne se doutait pas de l'accident. Elle a été
prévenue avec les plus grands ménagements.
Olives Martin était veuf avec deux enfants ; il habite, maintenant,
le quartier de la Casba. L'état de Solvès, transporté
à l'hôpital, ne laisse pas que d'être inquiétant,
cependant un mieux s'est manifesté.
L'enquête a été menée par M. Fontanau, commissaire
de police du 3ème arrondissement, qui a procédé
à l'interrogatoire du propriétaire, des rescapés
et a entendu les ingénieurs de la ville.