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site le 1-3-2003
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Le muet parle au sourd étonné de l'entendre, et l'aveugle-né
voit ce qu'il ne peut apprendre... " -----Ayant par l'expédition d'Egypte compris combien le concours des interprètes était indispensable, tant pour la correspondance Arabe que pour les relations avec les Indigènes et les troupes en pays inconnu, la France au moment d'entreprendre la glorieuse campagne qui devait affranchir les nations chrétiennes du tribut payé pendant 3 siècles aux pirates d'Alger, appela à elle quelques orientalistes distingués, des élèves de l'école des langues et tous les officiers de mamelouks de l'ex-garde Impériale. Ainsi fut créé à la suite du corps royal d'état-major, celui d'interprètes militaires de l'armée d'Afrique. -----Composition et organisation arrêtées au mois d'avril 1830 le Ministre de la guerre chargea le Colonel d'Etat-major le Marquis de Clermont-Tonnerre de préparer les états nécessaires. Sa connaissance de la langue arabe lui facilitait te travail. Ses relations du midi de la France comptant beaucoup de marins ayant fréquenté les côtes d'Afrique, plusieurs consuls et divers Algériens venus commercer à Marseille lui permirent vers janvier 1830 de former au ministère de la guerre sous la haute direction du général de Loverdo, un bureau spécialisé pour l'exécution des cartes et plans de campagne et la brigade dite des Interprètes et guides. -----L'enthousiasme précédant cette ardeur pour faire partie du corps expéditionnaire d'Afrique faisait affluer les demandes des orientalistes. -----Bracevitch, l'un des interprètes de Bonaparte en Egypte, Jacob Habaiby dernier colonel des mamelouks de l'ex-garde Impériale et les meilleurs élèves de l'illustre maitre de l'école des langues orientalistes : Silvestre de Sacy. -----Les interprètes, pour la campagne d'Egypte n'avaient pas eu de grades militaires parce qu'ils faisaient partie de la commission des sciences et arts et même quelques uns de l'institut d'Egypte dont Bonaparte était membre. Pour l'occupation de la Morée on avait surtout pris des officiers de mamelouks en retraite ou 1/2 solde. Quant à l'expédition d'Alger, le lieutenant général Desprès, chef d'état-major général et le marquis de Clermont-Tonnerre désignèrent au ministre de la guerre -----Interprètes de lère classe : -----MM. Gérardin, d'Aubignosc, le Père Charles Zaccar, M. Bracevich et Jacob Habaiby. -----Interprètes de 2me classe : MM. Vincent, Muller, Eusèbe de Salle. -----Interprètes de 3me classe : MM. Abi Tebal, Boyer, Abdelal, Abd-Allah d'Hasne et Dumesnil, Gauthier et Bourcet. -----Guides- Interprètes : MM. Salem, Mouty-Nathan, Joseph Habaiby (fils aîné du colonel) Daoud Habaiby (neveu du colonel), Soliman, Ataria, de Soutzos, Abd- el-Malek. -----L'uniforme était de drap bleu de roi, boutonné droit sur la poitrine au moyen de 9 gros boutons, collet en velours noir, parements identiques, basques à pans carrés, boutons dorés à fleur de lys, gilet bleu ou blanc et pantalon demi-large en drap bleu. Chapeau à ganse en or à cul de dé, cocarde en métal argenté, bottes et épée suspendue par un baudrier ceinturon. -----Réunis autour de Toulon et Marseille, prêts à l'embarquement, on les répartit ainsi : chaque lieutenant-général eut 2 interprètes, les maréchaux de camp, un et un à chaque colonel de régiment et à chaque chef isolé de détachement; l'on aperçut alors que l'effectif de 441 interprètes était insuffisant. On pensa appeller les interprètes employés dans les consulats de Syrie, d'Egypte et de Barbarie, par manque de temps et difficulté d'hommes à déplacer, changeant ainsi leur carrière, on y renonca. -----Toulon et Marseille pullulaient de jeunes levantins et indigènes algérien en quête d'emploi. Le général Desprès en enrola un certain nombre avec le titre de guides. -----Le 25 Mai la flotte s'ébranlait de Toulon, voiles au vent en direction des côtes d'Afrique, et le 14 Juin, au point du jour, le signal du débarquement donné aux vaisseaux ancrés dans la baie de Sidi-Ferruch, les interprètes et guides arrivant à terre avec l'armée, tous à pied portant un sac rempli de vivres et un manteau enroulé autour du corps, les chevaux n'étant pas débarqués, tous prirent leurs postes qui leur avaient été assignés d'avance. ... Après que l'armée française eut pris possession d'Alger le 5 Juillet 1830 il fallut songer à la création des pouvoirs administratifs. -----De dictionnaire, l'interprète devint administrateur... -----Le 6 Juillet 1830, lendemain de l'entrée dans Alger, le général de Bourmont créa une commission de gouvernement composée d'un consul et de 2 interprète sur 8 membres. -----D'Aubignosc fut nommé lieutenant général de police pour surveiller cette nombreuse population, mélange confus d'Arabes, Berbères, Turcs, Israélites et négres inconnus pour nous. -----Gérardin à la reconnaissance des immeubles urbains et ruraux. -----Eusèbe de Salles et Vincent pour étudier les ressources et les revenus du pays (Vincent devenait peu après l'un des premiers magistrats Français installés à Alger). -----D'autres interprètes se virent confier le service de la santé, celui des douanes et du port. -----N'ayant pris aucune disposition vis à vis des interprètes et aucun engagement envers eux, ne sachant s'il fallait les traiter en militaires ou en civils, le gouvernement ayant changé entre temps et le parti anti-Algérien dans les chambres, demandant d'abandonner l'Algérie, beaucoup de ces interprètes demandèrent et obtinrent leur rentrée en France. -----Le lendemain de la prise d'Alger verra la nécessité de la création des " gendarmes maures interprètes " pour la police de la ville et de la banlieue où entrèrent le petit nombre d'indigènes, soldats du gouvernement déchu qui ne s'étaient pas rangés sous le drapeau du Bey de Titeri. -----Et l'on recruta les interprètes parmi toutes les classes des différentes population d'Alger pourvu qu'ils puissent se faire comprendre en Français et en Arabe... -----Seul restait à Alger le Père Zaccar et sur les 21 interprètes, un seul , outre le Père savait écrire l'Arabe... L'on dictait en Français à 1 ou 2 interprètes qui traduisaient oralement en Arabe ce qu'ils dictaient ensuite à celui qui écrivait... Ainsi fallait-il plusieurs jours pour traduire une lettre importante et lorsque celui qui écrivait l'arabe était malade, tout était dit... -----Souvent ces interprètes indigènes ne sachant ni lire ni écrire, parlaient seulement le patois sabir du bassin de la méditerranée. -----Devant cette incurie, le Duc de Rovigo fit appel en premier à M. Joanny Pharaon, fils de l'un des anciens interprètes de Bonaparte en Egypte et à M. Delaporte, alors consul de France à Tanger, puis en Orient aux consuls et à leurs fils. Quelques jeunes gens : Martin, les frères Rousseau, Beaussier arrivèrent en Algérie. -----Son successeur, le général Voirol remplaça Delaporte par le capitaine Pélissier auteur des annales Algériennes. -----Ayant admis trop d'éléments qui n'étaient pas à la hauteur de leurs fonctions, et malgré les efforts tentés, la situation n'avait guère changé depuis 1831 et les meilleurs sujets européens formés depuis la conquête préféraient s'engager aux Spahis ou aux chasseurs d'Afrique où ils avaient un tout autre avenir... |
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Les interprètes -----Ahmed Lefgoun ° Constantine
12.2.1829 (naturalisé) Les Interprètes de l'Armée d'Afrique |