Inauguration du Monument aux Morts et de l'Hôtel de Ville de l'Alma.
La ville de l'Alma rendu à ses morts de la guerre un pieux hommage
en inaugurant un monument à la mémoire de ses enfants.
Les autorités et les anciens combattants se trouvaient réunis
avec la population entière et nombre d'habitants des communes voisines,
au pied du monument aux morts qui a été érigé
sur la petite place de l'église, face à la nouvelle mairie,
située de l'autre côté de la rue.
La cérémonie fut présidée par M. le Préfet
Atger, arrivé quelques instants auparavant, qu'accompagnait M. Mumber,
secrétaire général de la Préfecture et chef
de son Cabinet.
Dans la tribune d'honneur avaient pris place, aux côtés du
chef du département : MM. Boniface et Zévaco, délégués
financiers de la région ; Me Bricaut, M. le député
Ricci ; MM. Purtchet, maire de l'Alma, avec M. Aussel, adjoint, et les membres
du Conseil municipal ; le Général Auge, représentant
le Général Georges ; l'Ingénieur de la Marine Hervé,
représentant le contre-amiral de Montcabrier ; les Présidents
des sections et groupements régionaux ou fédérés
de nos mutilés ; les Maires des communes environnantes dont MM. Baubier,
de Maréchal-Foch ; Gener, de Rouïba ; Peu, de Courbet ; Torrès,
du Fondouck ; Benejean, de Réghaïa ; Bourlier, de Saint-Pierre-Saint-Paul
; le caïd Okba Rabba ben Ali, etc..
Lorsque M. Atger arrive, un détachement du 5ème tirailleurs,
sous les ordres du lieutenant Chambert, présente les armes, cependant
que la musique du même régiment joue la " Marseillaise
". Puis, suivant le geste traditionnel, un mutilé enlève
le voile qui recouvre le monument. Les clairons sonnent " Aux. Champs
", les drapeaux des différents groupements de victimes de la
guerre s'inclinent et les assistants se découvrent.
Le monument, œuvre de l'architecte René Carriol, représente
une femme debout - la Mère française - dont le visage, d'une
beauté émouvante, comme accablé par le destin, semble
se pencher, sans haine ni colère, sur l'immense linceul de ses fils.
Elle tient une brassée de fleurs. La statue et le large socle sont
en pierre. Sur un côté, cette inscription : " Aux morts
de l'Alma ! 1014-1918 ". Sur l'autre, les noms des glorieux poilus.
Tandis que, sur la place, des fusées avec parachutes sillonnent le
ciel, à la grande joie des enfants, le Gouverneur général,
M. Jules Carde, qu'accompagnent MM. Annet, chef de son cabinet militaire,
et le Capitaine Pansard, de son Cabinet militaire, fait son entrée
dans la ville. Il est reçu sur le perron du nouvel hôtel de
ville, par MM. le Préfet et Purtchet, entouré des membres
du Conseil municipal, et par les élus de la région. Une petite
fille, Mlle Irène Périquet, offre une gerbe de fleurs au chef
de la Colonie, qui va aussitôt la déposer au pied du Monument.
Minute de silence.
Puis le cortège officiel se rend à l'hôtel des postes,
dont le Gouverneur visite chaque pièce. En se retirant, il félicite
l'architecte, M. Baschiéra.
L'hôtel de ville a été également élevé
sur les plains de M. Baschiéra. Le Gouverneur Général,
le Préfet, les élus de la circonscription, les anciens combattants
se rendent, sur l'invitation du Maire, à la salle des fêtes,
où un vin d'honneur est offert au Gouverneur général
et au Préfet.
Au cours de cette réception, d'abord M. Purtchet, puis M. Boniface
et M. Zevaco saluent M. Jules Carde, en lui faisant part des revendications
de la commune ou de la circonscription.
Dans sa réponse, le représentant de la France fait l'éloge
des colons, dont les efforts admirables apparaissent plus encore dans cette
vaste et riche région, jadis véritable marais pestilentiel
" Vous avez atteint, dit-il entre autre, dans le domaine de la production,
un degré de perfection que nombre de pays ne pourraient vous envier.
Mais, comme je le disais récemment, il ne suffit plus aujourd'hui
de produire, il faut encore savoir vendre. Ici, vous me permettrez d'aborder
un sujet que depuis mon arrivée en Algérie, je n'ai cessé
de traiter, dans mes discours officiels, comme dans mes conversations intimes
avec vos représentants, à la tribune des Assemblées
Algériennes comme dans vos groupements corporatifs ou professionnels.
Continuellement, ma pensée y revient alors que je suis avec attention
les développements de la crise grave qui étreint l'univers,
née elle-même d'un déséquilibre de plus en plus
prononcé entre la production et la consommation ".
En terminant, le Gouverneur dit sa foi ardente dans les destinées
futures de cette forte et vaillante race algérienne.
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