mise
sur site le 28-10-2004
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------------De quelques définitions : Classiquement, la préhistoire est l'étude des populations anciennes, depuis l'origine, ne connaissant aucune tradition écrite, et dont la compréhension ne peut se faire que sur l'analyse des restes matériels (habitats, sépultures), par l'intermédiaire de la fouille archéologique. La protohistoire s'applique à la période de l'évolution de l'humanité qui concerne des peuples sans tradition écrite dont les voisins peuvent faire la description ou plus simplement l'histoire (c'est l'exemple des historiens romains décrivant les habitants de la Numidie). L'histoire, quant à elle, s'applique à la période récente où l'homme peut léguer ses mémoires par tradition écrite. En fait cette distinction entre période pré, proto ou historique reste teintée d'un certain académisme et devrait être remplacée par une définition plus moderne dans laquelle la préhistoire pourrait être résumée comme :: " l'analyse des communautés humaines depuis l'origine, d'un point de vue biologique et culturel, dans le cadre de leur environnement naturel". En effet l'accent est mis depuis une vingtaine d'années, dans la communauté préhistorique mondiale, sur la nécessité d'englober l'étude de l'homme ancien dans un cadre général écologique, c'est-à-dire le palo-environnement. ------------La
préhistoire de l'Afrique du Nord si riche
et si passionnant aux yeux de la communauté scientifique internationale,
demeure méconnue tant des Français originaires d'outre-Méditerranée
que du grand public métropolitain. Quant aux populations autochtones
du Maghreb - exception faite de quelques très rares individualités
- elles l'ignorent totalement. ------------Il est
évidemment impossible de tracer, en un article de revue, ne serait-ce
qu'un schéma de la préhistoire nord-africaine. Le sujet
est trop vaste et déborde largement les limites imposées
par les impératifs de la publication. Nous nous contenterons donc
de proposer une simple initiation qui comportera deux volets : I. - CAUSES DE LA MÉCONNAISSANCE DE LA PRÉHISTOIRE NORD-AFRICAINE ------------1°
Prépondérance des civilisations de l'Antiquité classique
: L'Afrique du Nord, sous la domination de Rome,
connut une période de grandeur exceptionnelle, explicable par le
fait qu'elle possédait une importance stratégique capitale
pour l'équilibre de la paix romaine, et surtout par ce qu'elle
produisait. Les vestiges de l'occupation ou mieux de l'intégration
romaine surabondent en Algérie, au Maroc, en Tunisie ; leur nombre
a fortement impressionné les historiens locaux ou nationaux et
ceux-ci ont magnifié l'histoire de l'Afrique du Nord romaine au
détriment des périodes plus anciennes. Ce legs culturel
a impressionné à son tour, bon nombre de générations
d'écoliers ou d'étudiants en les détournant peut-être
d'une recherche éventuelle de leurs plus anciennes origines. Seule
la civilisation punique a résisté à cette orientation
ce qui a permis une bonne connaissance du monde carthaginois. En fait
d'autres secteurs historiques, 'en dehors de l'archéologie préhistorique,
restent mal connus pour l'Afrique du Nord, par exemple le rôle exact
ode l'église chrétienne d'Afrique, l'Algérie sous
l'occupation " barbare " (essentiellement Vandale), les débuts
de l'occupation islamique, etc. 2. - LES GRANDES HEURES DE LA PRÉHISTOIRE NORD-AFRICAINE ------------Il est
possible d'établir, pour les principaux groupes culturels de la
préhistoire nord-africaine, une corrélation entre culture
matérielle et type anthropomorphique. C'est ce que nous allons
essayer de faire dans le présent chapitre. ------------3° Le moustérien et l'atérien (paléolithique moyen et supérieur) correspondent à une période s'étendant de 100 000 à 25 000 avant J.-C. La concordance avec la chronologie européenne classique est difficile, voire impossible. Le moustérien est rare en Afrique (lu Nord. Par contre, le coiffant et s'étendant de 40 000 à 25 000 avant J.-C., l'atérien (du site éponyme de Bir-el-Ater, situé dans le sud Constantinois) est typiquement maghrébin et se caractérise par la présence innombrable de nouveaux outils, pointes et racloirs à talon facettés. Le type humain est proche de l'homme de Neandertal : il s'agit d'un néandertaloïde dont les restes ont été repérés à Rabat et à Mougharet et Aliya (2). ------------4° L'Ibéromaurusien et le Capsien (épipaléolithique (lu Maghreb) couvrent la période de 12 000 à 4 000 avant J.-C., au cours de laquelle on assiste à l'établissement en Afrique du Nord de cultures bien typées avec un outillage en silex de petite taille, dont la richesse et la variété sont remarquables. ------------L'Ibéromaurusien
mis en évidence par P. Pallary en 1909 à Mouïllah (Oranie),
se compose du point de vue matériel d'une industrie à lamelles
à dos abattu et occupe essentiellement le littoral, du Maroc au
sud tunisien. Les ibéro-maurusiens, essentiellement chasseurs-cueilleurs
appartiennent à la fameuse race de Mechta-El-Arbi, variété
de cromagnoïdes (Homo Sapiens du type Cro-Magnon)
essentiellement maghrebine. Les sépultures ibéromaurusiennes
les plus remarquables sont celles des nécropoles de Taforalt, (le
Columnata, Afalou-Bou-Rhummel, Mechta-El-Arbi. ------------Il s'étend essentiellement sur le territoire actuel de la Tunisie et de l'Algérie, surtout les hauts plateaux ; inconnu sur le littoral, il n'a pas pénétré au Maroc. Chronologiquement, il s'étend de 7 000 à 4 000 avant J.-C. Un des éléments culturels originaux consiste en l'utilisation de la gravure souvent exubérante ufs d'autruche. ------------Le type anthropologique est celui de la race d'Aïn-Meterchem (sud tunisien) dont les caractéristiques différent de celles des hommes de MechtaEl-Arbi. Il s'agit, vraisemblablement, de véritables proto-méditerranéens, dont les homologues ont peuplé l'ensemble du bassin de la Méditerranée. (4) |
------------5°
La révolution néolithique : Un courant formidable,
dont l'origine se situe au Proche-Orient vers le neuvième millénaire
avant J.-C., envahit l'ancien monde et atteint la Méditérranée
occidentale vers le 61-51 millénaire avant J.-C. Il apporte un
nouveau style de vie, dont les facteurs vont guider notre évolution
sociale et culturelle jusqu'à nos jours. Seules, la révolution
industrielle du XIXè siècle et la domestication de l'atome
peuvent rivaliser en importance avec cette nouvelle mutation néolithique.
L'homme, heureusement servi par un environnement plus favorable que celui
des temps glaciaires, va maîtriser flore et faune et goûter
aux délices de l'agriculture et de l'élevage. Il invente
la céramique, forme les premiers troupeaux, lève les premières
moissons. C'est le temps des premières communautés paysannes,
des villages, des villes : une explosion démographique sans précédent
accompagne ce nouvel âge d'or qui traduit le passage d'une civilisation
de chasseurs-cueilleurs paléolithiques à celle des premiers
bergers et paysans : l'homme, de prédateur,
est devenu producteur. ------------Le néolithique de tradition capsienne (5) dont l'aire d'extension recoupe celle du capsien, c'est à dire les hautes terres du Maghreb et la frange la plus septentrionale du Sahara, dans leur versant oriental essentiellement. A ce néolithique est associée une période artistique féconde, essentiellement centrée sur l'Atlas saharien, avec de nombreuses gravures rupestres, caractérisées par la représentation d'animaux (grand buffle, bélier, antilope, etc.) dans un style naturaliste. Le type anthropologique est celui du stock proto-méditérranéen classique avec pour le sud quelques éléments négroïdes qui traduisent l'apparition de métissages. ------------Le
néolithique Saharo-soudanais : Dans un Sahara
humide au climat subaride, la néolithisation bat son plein : elle
provient d'influences venues des pays du Nil. Au-delà des aspects
classiques du phénomène néolithique en pays Saharien
(céramique, élevage intense, pêche, communautés
souvent importantes) il faut essentiellement souligner pour cette période,
l'apparition d'un art rupestre colossal, qui est universellement connu.
Citons rapidement ------------Le type anthropologique est ici essentiellement négroïde et traduit l'irruption des populations noires du sud du Sahara dans la préhistoire de l'Afrique du Nord et de ses confins. ------------Notons
que ces trois modes du courant néolithique, vont s'étaler
sur 2 à 3 millénaires et s'estomper vers le milieu du 3e
millénaire avant J.-C. pour mourir à l'orée du 2e
millénaire avant J.-C. (A suivre, peut-être!) Jean ZAMMIT. (1) Nos lecteurs auront reconnu le "personnage"
éponyme des Édition de l'Atlanthrope (N. D. L. R. de l'Algérianiste).
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