ARRIVÉE. PAR LE " SAINTE-HÉLÈNE
"
Une vaste usine démontable de raffinerie de pétrole va
être installée à Ain-Taya
Dès octobre prochain, elle pourra traiter 200 tonnes de pétrole
brut par jour
L'information discrète,
concernant le débarquement d'une usine démontable de raffinerie
de pétrole, devant être installée incessamment à
Aïn-Taya, que nous avons publiée hier a permis, très
fortuitement, de soulever le voile sur un projet, en cours de réalisation,
appelé certainement à avoir le plus grand retentissement.
Une raffinerie des plus modernes, la seule vraiment digne de ce nom
jamais montée en Afrique du Nord, commencera, en effet, dès
octobre 1952, à traiter le pétrole brut à raison
de 100 à 200 tonnes par jour.
Et ce, à Aïn-Taya, aux portes mêmes d'Alger !
Jusqu'à ce jour seuls quelques initiés étaient
au courant de ce louable effort d'industrialisation. Nous avons vu les
directeurs de la Compagnie des Raffinages en Afrique du Nord, société
qui exploitera cette usine, et ceux-ci ont bien voulu nous donner d'utiles,
et croyons-nous, intéressantes précisions.
Ces éléments, amenés dans notre port par le "
Sainte-Hélène ", étaient un élément
de chaudière, d'un poids total de quarante tonnes, en cours de
débarquement du cargo " Sainte-Hélène ",
par les propres bigues du bord.
Ce matériel fait partie de la raffinerie des pétroles,
qui va être montée a Aïn-Taya primitivement installés,
dans la région d'Ebensée en Autriche, c'est-à-dire
en pleine montagne, à soixante kilomètres environ de Linz,
l'ex-capitale de la Haute-Autriche.
Particularité à noter : ces éléments, montés
pendant; la guerre, se trouvaient dans une usine souterraine entièrement
construite dans des tunnels de trois à quatre cents mètres
de profondeur.
Désaffectée à la libération, cette raffinerie
fortifiée fut finalement achetée par le groupe Rosefelder.
dont dépend la CRAN.
La raffinerie
Celle-ci va. reprendre une fructueuse activité sur notre terre
algérienne. Elle se compose, en arcs, d'une quarantaine de réservoirs
de 100 m3, d'une trentaine de 40 m³ donc ayant une capacité
totale " d'emmagasinage " de 7 à 8.000 m3...
Quinze mille mètres de tuyauterie, deux chaudières de
quarante tonnes, de nombreux moteurs électriques des pompes d'aspiration
et de refoulement. quatre à cinq mille vannes, etc..., ont été
également débarqués et sont en cours d'acheminement
vers leur lieu final de destination : la raffinerie CRAN.
Emplacement de l'usine
Ses plans avaient été établis, en secret, depuis
fort longtemps.
Les ingénieurs. techniciens et architectes sont déjà
à Alger. La première pierre sera posée ces jours-ci
sur un terrain de douze hectares limité, en gros, par la colonie
de vacances des Houillères du Sud-Oranais. diverses propriétés
privées, l'École nationale professionnelle de l'air et
le territoire de
Cap-Matifou.
Mêlés aux quelques soixante-dix réservoirs qui s'élèveront
à l'air libre, une douzaine de bâtiments abriteront les
machines, les ateliers, les fours et les nombreuses dépendances.
Son utilisation
Cette usine raffinera exclusivement des pétroles locaux, de la
région d'Aumale.
Les Algérois savent. en effet, que depuis quelques années
des gisements ont été découverts dans leur département
notamment à Oued-Gueterini, près de Sidi-Aissa. à
proximité de la route nationale Aumale - Bou-Saâda.
Cette précieuse découverte de l'" or noir "
avait d'ailleurs été. également. gardée
le plus longtemps possible dans " le plus grand secret ".
La même discrétion avait été de rigueur en
octobre 1949, lors de la construction de la raffinerie de " RAFAL
" au km 144 d'Alger, sur la route d'Aumale.
Celle-ci, dont la presse algéroise avait, tout de même,
longuement parlé, lors de ses derniers essais en mars 50, devait
s'avérer bien vite notamment insuffisante.
Ne possédant que cinq cuves d'une capacité totale de 700
m3 environ, dix fois moins que la future d'Aïn-Taya. et ne pouvant
traiter que quarante tonnes par jour, au lieu des deux cents qui seront
raffinés quotidiennement à l'usine C.R.A,N., elle ne pouvait
évidemment plus faire face aux demandes sans cesse grandissante
de raffinage. D'ou nécessité d'exporter du pétrole
brut qui nous revenait sous forme d'essence, de lampant, de gas-oil,
etc...
La nouvelle usine d'Aïn-Taya est d'ailleurs appelée à
remplacer purement et simplement cette raffinerie pas trop exiguë.
Dès octobre de cette année de nombreux camions-citernes
sillonneront donc nos routes pour alimenter la nouvelle usine. Puis
ce sera, peut-être, par voie ferrée, ou mieux, si le débit,
est suffisant, et il peut l'être par pipe-line reliant directement
le
gisement à la raffinerie.
Signalons enfin, sur demande de la direction, que la C.R.A.N., filiale
de la R.A.F.A.L., est sur le point d'être admise au plan d'industrialisation
de l'Algérie.
Ce n'est que Justice.