| Le développement 
        et les constructions de la ville d'Alger jusqu'en 1960 (quatrième partie et fin)
 par Georges Mercier
 
 Le tournant de la Seconde Guerre mondiale
 Le conflit allait marquer Alger avec des 
        suites et conséquences qui entreront dans l'histoire douloureuse 
        de la France et de l'Algérie. Bien que ce soit hors de notre sujet il y 
        a lieu de les évoquer sommairement. Novembre 1942, les alliés 
        anglo-américains débarquent au Maroc et en Algérie. 
        Les Allemands arrivent en Tunisie ( 
        L'algérianiste, revues n° 34, 59, 60, 61, 62, sur les événements 
        capitaux de la Seconde Guerre mondiale.)Alger deviendra la " capitale de la France libre ".
 
 Son port militaire est une position stratégique en Méditerranée 
        comme la base 
        de Mers el-Kébir à Oran.
 
 Cette position stratégique passait dans le camp des alliés 
        anglo-américains. Ce changement brutal dans la stratégie 
        de la guerre devait attirer sur Alger les bombardements aériens 
        de 1942 à 1944.
 
 Divers autres types d'attaques seront menés contre la ville et 
        son port (Revues n° 86 et 108. De 
        1942 à 1945 le siège de la France libre se tenait dans le 
        lycée 
        Fromentin à Alger.) 
        mais ce sont les raids aériens de nuit qui laisseront un cruel 
        souvenir aux Algérois. Les bombardiers allemands et leurs chasseurs 
        de protection détectés aux radars étaient contraints 
        d'attaquer Alger en contournant le site par le sud en raison de sa topographie 
        d'amphithéâtre.
 
 Les équipages ennemis devaient alors traverser de terrifiants rideaux 
        de feux en obus et balles traçantes de la DCA, redoutant de plus 
        d'être pris dans les faisceaux des puissants projecteurs qui balayaient 
        la nuit, et de se voir abattus de façon certaine.
 
 Les difficultés d'atteindre le port étaient grandes par 
        la configuration même du site. Aussi il n'y eut que peu de coups 
        aux buts. En revanche bien des bombes furent lâchées au hasard 
        sur la ville et ses environs. Il paraît que les raids sur Alger 
        étaient redoutés par les équipages de la Luftwaffe, 
        car les avions rescapés de la DCA qui regagnaient leurs bases en 
        Sicile ou en Italie étaient attendus en mer par la chasse alliée.
 Mai 1945, le monde libre fête la victoire sur l'Allemagne nazie.
 
 Cependant des évènements dramatiques vont endeuiller l'Algérie 
        dans le (Témoignages des dramatiques 
        évènements de Guelma et Sétif en 1945 dans les revues 
        n° 72, 73 et 74 de l'algérianiste.) Constantinois. 
        Le calme reviendra pour accorder un répit de dix ans avant le déclenchement 
        de la rébellion nationaliste algérienne de 1954 qui conduira 
        à l'indépendance algérienne et l'exode des Français 
        d'Algérie.
 
 Toutefois, pendant cette décade de 1945 à 1955, Alger fière 
        d'avoir été la " capitale de la France libre " 
        pendant le conflit mondial n'avait pas cessé de construire et de 
        s'équiper malgré une politique gouvernementale très 
        ambigüe. Dès 1947 il était demandé à 
        l'entreprise Perret de construire les hangars de l'aéroport 
        de Maison-Blanche.
 
 Au sortir de la guerre cette entreprise était certainement la seule 
        capable de traiter de gros chantiers.
 
 Elle se verra aussi confier quelques bâtiments hospitaliers à 
        Mustapha, ainsi que la gare maritime du port sur les plans de M. Urbain 
        Cassan, originaire de la ville de Narbonne, dans le Midi de la France.
 
 D'autre part toujours en 1947 le décret du 5 juin officialisait 
        la nationalisation d'EGA, Electricité et Gaz d'Algérie, 
        voté par le gouvernement De Gaulle le 8 avril 1946 ( Revue 
        n° 41. Texte sur l'E.G.A.). Ce qui devait donner lieu à 
        la construction d'un bel immeuble administratif pour EGA sur le 
        boulevard du Télemly - réalisé par l'architecte 
        Marcel-Henri Christofle, mais dont l'achèvement n'interviendra 
        qu'en 1952.
 
 Le boulevard du Télemly avait pris la place d'un ancien aqueduc 
        romain réutilisé à l'époque turque. Cette 
        voie de crête avait peu à peu perdu de son côté 
        pittoresque aux parcours ombragés et bordés de jardins dans 
        de belles villas qui furent remplacées par des immeubles collectifs 
        représentés sur ces quelques vues: l'énorme masse 
        de l'Aéro Habitat dominant la ville. Bâti dans les années 
        cinquante, l'Aéro Habitat le bien-nommé dominera la ville 
        de sa masse parallélépipédique inspirée des 
        théories de Le Corbusier sur la conception et les plans des architectes 
        associés Miguel, Emery et Bourlier. Cette expression d'architecture 
        formera exception sur le boulevard du Télemly.
 
         
          |  L'Aéro habitat (Coll. 
              B.Venis) |  Les autres immeubles collectifs seront d'aspect 
        plus traditionnel suivant les diverses personnalités des autres 
        cabinets d'architectes.Le quartier de La Robertsau sur le Télemly sera doté d'un 
        marché.
 
 En cette moitié du xxe siècle, Alger était une ville 
        neuve, moderne et dynamique où l'on bâtissait encore et encore!
 
 Afin de consolider l'extension de la ville vers l'est, dans l'après-guerre, 
        Claudius Petit, ministre d'Etat devait faire établir un " 
        Plan directeur " des vastes zones du Champ-de-Manoeuvres en englobant 
        dans cette étude les communes suburbaines d'Hussein-Dey et de Maison-Carrée.
 Le plan en fut confié au cabinet parisien Zerhfus/Sebag.
 
 Dès 1948 la municipalité ouvrait un grand chantier au coeur 
        de ville. Ce fut le fameux ouvrage du " 
        tunnel des facs " afin de rendre la circulation automobile 
        plus fluide, y compris les transports en commun par trolleybus. Ce tunnel 
        passait sous l'énorme bâtiment des facultés et était 
        doublé d'un autre passage souterrain réservé aux 
        piétons et à quelques commerces. Cette réalisation 
        hardie fut inaugurée ensuite en 1952.
 L'activité constructive 
        algéroise de 1950 à 1960 Les années de guerre avaient entraîné 
        en France un lourd déficit de logements tant dans le secteur public 
        que dans le secteur privé. Les dispositions gouvernementales avaient 
        conduit M. Claudius Petit, ministre de la Reconstruction, à ordonner 
        en 1948 un " plan directeur " pour Alger et ses communes suburbaines 
        d'Hussein-Dey et Maison-Carrée.
 Ce plan approuvé, M. Gazagne, maire d'Alger, avait alors lancé 
        dès 1950 plusieurs opérations en secteur public et autorisé 
        quelques promotions de caractère privé. La ville se portait 
        acquéreur d'autre part d'un terrain sur le boulevard du Télemly 
        pour y construire la nouvelle école 
        des Beaux-Arts dont le projet était confié aux 
        architectes Jean-François Darbéda et Léon Claro, 
        professeurs d'architecture de " l'atelier d'Alger ", qui occupait 
        toujours des locaux vétustes dans le quartier de La Marine destiné 
        à la démolition et au remembrement. A rappeler qu'en cette 
        année 1950 le chantier de l'Aéro Habitat démarrait 
        sur ce même boulevard décidément très prisé. 
        L'activité du secteur public devait s'emballer avec:
 
 - L'OPHBM (Office public d'habitations à bon marché) 
        de la ville qui concrétisait au Champ-de-Manoeuvres une première 
        tranche de 1 000 logements confiée aux architectes Lathuillière, 
        Luyckx, Emery et Tombarel dont le plan-masse sera organisé autour 
        du Foyer civique de Léon Claro d'avant-guerre.
 
 - La Régie foncière de la ville devait entreprendre 
        à Bab-el-Oued un programme de 280 logements en un seul bâtiment 
        de dix étages de plus de 120 m de long et 11,25 m de large sur 
        le quartier Léon Roches et qui fut confié aux architectes 
        Daure, Beri, Chauveau et Magrou.
 
 - La Compagnie immobilière algérienne (CIA) entreprenait 
        de réaliser sur la commune d'Hussein-Dey l'opération " 
        La Montagne " de 2000 logements très économiques, 500 
        en collectifs évolutifs, puis 1 000 logements en individuels et 
        450 en collectifs y compris tous les équipements publics. Une opération 
        qui sera confiée aux architectes Daure et Beri. Elle s'achèvera 
        en 1955.
 
 - Toujours à Hussein-Dey en secteur industriel sur la rive gauche 
        de l'oued Harrach, l'OPHLM lancera une opération de 1 000 
        logements avec les architectes Lathuillière, Di-Martino, Dupin 
        et Bettoli. D'autre part, M. Luyckx, architecte, sera chargé des 
        HLM au quartier du Ruisseau, 
        rue Hélène Boucher.
 
 - Afin de résorber les " bidonvilles " de la périphérie, 
        la ville décidait de créer des " Cités d'urgence 
        " et de recasement telles que celle de Maison- Carrée pour 
        environ 700 logements en conception horizontale simplifiée adaptée 
        au mode de vie de la population musulmane, qui respectait une vie intérieure 
        autour d'un patio, une première opération qui sera confiée 
        aux architectes Fayette et Magrou.
 
 Après ce succès, la Régie foncière décida 
        de créer vers Bab-el Oued près de la carrière Jaubert, 
        la Cité Diar-el-Kief de 3000 logements, et une autre de 207 unités 
        à Djenan-el Hassan, avec les architectes Bodienski, Daure et Beri. 
        Tandis que l'immeuble du " Maurétania " se construisait 
        au carrefour 
        de l'Agha avec les architectes Bize et Ducollet, en ces années 
        1951-1952, la ville s'enfiévrait d'une campagne électorale 
        politico-médiatique des plus ardentes pour la conquête de 
        la mairie dont les travaux s'achevaient.
 
 Il était même décidé d'étendre les enseignements 
        de l'Université d'Alger au 
        domaine nucléaire. Un terrain était d'ailleurs 
        pressenti aux " Quatre Canons ", quartier des hauts de ville 
        dominant la baie. M. Michel Luyckx, architecte, fut désigné 
        pour la réalisation.
 
 En cette année 1952-1953 s'achevait la construction de l'Hôtel 
        du Trésor au quartier de La Marine en cours de reconstruction et 
        s'inaugurait le fameux " tunnel des facs " au coeur de ville. 
        Sans omettre de citer l'imposant ensemble collectif d'appartements du 
        groupe Michelet-Saint-Saëns réalisé par 
        l'architecte-urbaniste Tony Socard.
 
 La tension des élections municipales retombée fin 1953, 
        le nouveau maire M. Jacques Chevallier, qui avait fait du " logement 
        social " l'un des thèmes favoris de sa campagne allait lancer 
        d'importants programmes sociaux. 1954! La guerre d'Indochine s'achevait. 
        La rébellion armée des nationalistes algériens musulmans 
        débutait aussitôt. Des évènements dramatiques 
        qui ensanglanteront le pays pendant huit ans, mais qui n'auront pas beaucoup 
        d'effets sur la fièvre constructive à Alger. Même 
        les promotions privées se multiplièrent jusqu'en 1959-1960 
        pour le bonheur des constructeurs qui vivaient une époque bénie 
        où les appartements se réservaient et s'achetaient sur plans.
 
 A rappeler que l'entreprise des Ateliers Durafour avait participé 
        dans sa spécialité à la construction de la Grande-Poste 
        en 1908.
 
 Dès son élection Jacques Chevallier créait, dans 
        le second semestre 1954, un bureau d'urbanisme au sein de la mairie, chargé 
        de le conseiller dans son action municipale. Ce bureau de " conseil 
        " fut vite redouté par les architectes et les promoteurs locaux 
        pour ses avis péremptoires et sans appels (Revue 
        n° 100. Texte de 
        l'auteur.) Jacques Chevallier lançait alors de nouvelles 
        opérations de logements à caractère social qu'il 
        avait fait étudier par Fernand Pouillon, un architecte métropolitain 
        aux ambitions affirmées qui n'allait pas hésiter à 
        concevoir ses projets et réaliser ces opérations en utilisant 
        la pierre d'une carrière des environs de Marseille et que l'OPHLM 
        fit venir par bateaux.
 
 Ces opérations de réelle réussite architecturale 
        devaient être construites en un temps record.
 
 - 
        Diar-es-Saâda (la Cité du bonheur) que l'OPHLM 
        lançait en août 1953 pour 732 logements sur un terrain de 
        8 ha à l'est de la ville s'achèvera en octobre 1954.
 
 - Sa soeur jumelle 
        Diar-el-Mahçoul (la Cité de la promesse tenue) 
        que l'OPHLM lançait pour 1 550 logements sur un espace de 12 ha 
        et qui s'achèvera en octobre 1955.
 
 - La troisième opération et la plus importante du couple 
        Pouillon - Chevallier devait être " Climat 
        de France " étalée sur 30 ha pour 4500 logements 
        dont son agora-marché des " deux cents colonnes " et 
        son groupe scolaire.
 
 Les aménagements complémentaires annexes comprenaient une 
        mosquée, un dispensaire, un bureau de poste, etc. Ces constructions 
        étaient destinées au recasement des habitants de la Casbah 
        et du quartier de La Marine. Vers les années soixante, ces réalisations 
        ambitieuses et généreuses devaient être rattrapées 
        par la démographie galopante de la population musulmane.
 
 - A citer aussi la " Cité Mahiédine " de Belcourt 
        avec son groupe scolaire destiné au recasement des bidonvilles 
        de ce quartier.
 
 Les journaux l'Echo d'Alger et la Dépêche quotidienne qui 
        avaient soutenu la campagne électorale de Jacques Chevallier vantèrent 
        les mérites des trois opérations " Pouillon ".
 
 Les opérations lancées par la précédente municipalité 
        étaient poursuivies:
 
 - achèvement par la Régie foncière de la Cité 
        Pérez à Bab-el-Oued avec une tranche de 94 logements complétant 
        le groupe Léon Roches.
 
 - achèvement du Groupe des " Eucalyptus " d'environ 700 
        logements à Bab-el-Oued et de 200 derrière le stade municipal 
        du Ruisseau. Opération réalisée par M. Luyckx, architecte, 
        pour l'OPHLM qui s'achèvera en 1956.
 
 - cette année 1954 verra aussi l'ouverture du chantier de la 
        nouvelle bibliothèque nationale mené par M. Tombarel 
        architecte.
 
 En 1955 commencera la construction du 
        Centre des Invalides de l'Afrique française au quartier 
        du Vieux-Kouba qui sera édifié par Marcel-Henri Christofle 
        architecte.
 
 Son confrère Léon Claro ouvrira le chantier de l'Ecole des 
        Beaux-Arts située sur le boulevard du Télemly.
 
 On verra aussi s'édifier, en ville, l'immeuble de la Banque de 
        l'Algérie d'une dizaine d'étages par Pierre Vago architecte 
        qui avait pris la suite de son confrère Umbsterstock.
 
 1956 ! Le maire d'Alger Jacques Chevallier devait créer le ler 
        juin la Société d'équipement de la région 
        d'Alger, la SERA qui comprenait la ville d'Alger, les deux communes 
        voisines de Kouba et Birmandreïs, la Caisse des dépôts 
        et consignations, la Chambre de commerce, les Chemins de fer algériens, 
        la CIA (Cie immobilière algérienne), et enfin l'Algérie 
        dont la présence dans la société devait fournir la 
        preuve que le gouvernement français portait le plus grand intérêt 
        aux projets de la nouvelle municipalité.
 
 Aussi le maire relança-t-il une ancienne opération d'importance 
        en logements sociaux encore inégalée en France, sur le " 
        Plateau des Annassers " portant sur un espace de 400 hectares, 
        qui était la reprise d'une étude datant de 1948 qu'avait 
        faite le confrère Tombarel.
 
 Il s'agissait d'une future " Cité satellite " de 26000 
        logements pourvue de tous les équipements publics, sociaux, cultuels 
        et culturels, y compris lycée, hôpital, théâtre 
        et cinémas, commerces et grands magasins. Une véritable 
        gageure que les " évènements d'Algérie " 
        allaient engloutir en pure perte. Comme le fameux " Plan de Constantine 
        " entre autres.
 
 En 1956, les efforts du ministère de l'Education nationale devait 
        multiplier les réalisations dans l'Algérois avec ces constructions:
 - rectorat (architectes Christofle et Ferrand).
 - Ecole normale d'institutrices, et l'école hôtelière 
        à El-Biar.
 - Ecole normale d'agriculture de Maison-Carrée en extension.
 - groupes scolaires Léon Roches, Frais-Vallon, Diar-el-Mahçoul, 
        Fontaine- bleue (Bize et Ducollet) et musée (architecte Tony Socard).
 
 Cette année-là vit aussi l'agrandissement de la Grande-Poste 
        par Jacques François Darbéda, qui construira aussi le Central 
        téléphonique d'El-Biar, et enfin à citer aussi le 
        concours d'architecture pour l'immeuble de la résidence Shell au 
        lieu-dit du Petit Hydra qui sera remporté par l'architecte Marcel-Henri 
        Christofle.
 
 Et puis pour finir, en 1956, citons la Compagnie des T. A. (tramways algériens) 
        qui devait installer un téléphérique d'une seule 
        portée de 220 m entre les deux cités jumelles Diar-el-Mahçoul 
        et Diar-es-Saâda en passant au-dessus de la rue de Lyon à 
        la hauteur du cimetière musulman du Marabout.
 
 1957! " Les événements d'Algérie " étaient 
        devenus une véritable guerre. Contre toute attente, tant à 
        Alger et autres grandes villes, que dans les communes suburbaines, de 
        grosses opérations en logements sociaux étaient lancées.
 
 La CIA (Cie immobilière algérienne) va réaliser:
 - à Hussein-Dey: la Cité des Eucalyptus de plus de 2000 
        logements dont elle confiera la réalisation à l'équipe 
        Bize et Ducollet architectes.
 
 - à Birmandreïs: la 
        Cité de la Concorde qu'elle confiera aux architectes 
        Daure et Beri pour plus de 1 000 logements.
 
 - à Réghaïa, l'ARMAF sera chargée de 
        réaliser une opération de 400 logements.
 
 En cette armée 1957, restait toujours en étude le remembrement 
        du quartier de la Marine. En coordination avec le " bureau du plan 
        " l'architecte et urbaniste Tony Socard va enfin établir le 
        tracé définitif d'urbanisme du quartier. Il en répartira 
        l'exécution des îlots entre ses confrères Lathuillière, 
        Ferrand, Regestre, Lugan, Christofle, Legendre, Engel et Deschly.
 
 Le vieux quartier allait être métamorphosé.
 
 Cette année-là verra la pose de la première pierre 
        de l'Institut nucléaire au quartier des " Quatre canons ". 
        D'autre part M. Tombarel, architecte, sera chargé d'édifier 
        la Maison du bâtiment en ville.
 
 1958! Tombarel recevra aussi la commande pour édifier la nouvelle 
        Bibliothèque nationale, et l'immeuble-pont routier du Télemly 
        avec le stade Leclerc et l'aménagement du quartier des Tagarins.
 
 Malgré les très graves événements qui se passaient 
        à Alger en 1958, ainsi qu'en métropole d'ailleurs, les architectes 
        Herbé et Lecouteur, lauréats du concours en 1956 de 
        la basilique chrétienne catholique du Sacré-Coeur, 
        faisaient démarrer ce chantier exceptionnel en haut de la rue Michelet.
 
 La réalisation-chantier devait être suivie par M. Sarger, 
        ingénieur, avec M. Michel Galéa comme chef de chantier.
 
 1959! Le nouveau tripostal d'Alger sera édifié sur les plans 
        et la direction de Léon Claro, architecte. Ce dernier recevra également 
        mission d'architecte d'opération pour la Maison de la Radio et 
        de la TV. Bien que ces deux édifices majeurs pour l'Algérie 
        soient en voie d'achèvement, les événements dramatiques 
        que traversait le pays semblaient avoir marqué un très net 
        ralentissement de l'activité du bâtiment.
 
 1960! M. Emery architecte recevait commande et réalisait un temple 
        protestant à Hussein-Dey.
 
 1961 ! La dégradation de la situation empirait à Alger. 
        Ce qui n'empêcha pas Jacques Vidal architecte de recevoir commande 
        de la municipalité du groupe scolaire de la Rampe Valée, 
        et d'autre part d'être requis pour transformer l'hôtel Saint-George.
 
 1962 ! La France semblait vouloir terminer généreusement 
        sa présence en Algérie par la construction et la finition 
        de " l'Institut d'études nucléaires de l'Université 
        d'Alger " programmé dans les années 1950. Un programme 
        ayant pour vocation d'étendre et d'intensifier les enseignements 
        dans le domaine de la physique nucléaire et des techniques connexes. 
        Les installations d'équipements adaptés à cette destination, 
        tels qu'un accélérateur électronique, un liquéfacteur 
        mixte d'hydrogène et d'hélium, un microscope électronique, 
        etc., avaient posé de très importants problèmes de 
        structures et de fluides à l'architecte M. Luyckx qui avait dû 
        faire réaliser des murs et dalles en " béton lourd 
        " (béton de baryte) allant jusqu'à 1,50 m d'épaisseur 
        ou encore mettre en oeuvre des portes de 120 tonnes, etc. (Baryte: 
        du grec " balle " signifiant lourd. Densité 5,54. Il 
        semble que ce bâtiment très exceptionnel ait connu une autre 
        destination après l'indépendance de l'Algérie. Revues 
        n° 99 et 100.).
 Cette année-là, alors que De Gaulle mettait un point final 
        à cent trente-deux ans de présence de la France en Algérie, 
        le chantier de la basilique du Sacré- Coeur s'achevait comme si 
        les moments dramatiques que vivaient les Français d'Algérie 
        n'existaient pas.
 
 Une autre ère, un autre destin pour Alger commençait!
 
 Conclusion:
 Malgré l'indépendance et le 
        temps, Alger conservera son visage de ville française. Certains 
        pourront travestir son histoire et ses fondements, la charnière 
        entre les XIXC et XXe siècles aura marqué Alger du talent 
        des bâtisseurs et architectes de cette époque. Ces derniers 
        auront harmonieusement su s'inspirer tant de l'influence haussmannienne, 
        que d'un courant architectural orientaliste, créant un style néo-mauresque, 
        véritable et délicieux joyau pour la ville.
 Bibliographie :
 - L'entière collection de la revue trimestrielle de l'algérianiste.
 - Les feuillets d'El-Djezaïr (tomes 4 et il) du Comité du 
        vieil Alger.
 - Esquisses anecdotiques et historiques du vieil Alger, de Fernand Arnaudiès. 
        - L'Algérie et son patrimoine, de Ahmed Koumas et Cherazade Hofa. 
        Dessins français du xixe siècle.
 - El-Djezaïr - La mémoire, de Mohamed Sadek Messikh, éd. 
        el Raïs. - " L'école d'Alger - 1830 -1962 ", Collection 
        du musée national des Beaux- Arts d'Alger - Musée des Beaux-Arts 
        de Bordeaux.
 - Palais et demeures d'Alger à la période ottomane, par 
        Lucien Galvin (Edisud).
 - Mémoire en images, de Teddy Alzieu, éd. Alan Sutton.
 - Alger de ma jeunesse, de Jean-Charles Humbert (deux tomes), éd. 
        Jacques Gandini.
 - Le pays d'où je viens, par Elisabeth Fechner, éd. Calmann-Lévy. 
        - Documents personnels.
 Nota bene: Possibilité de recevoir le recueil entier des quatre 
        parties, en format 21/29 relié. En faire la demande auprès 
        du Cercle de Narbonne.
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