 
 
          
          
           
 
          
          CÔTE D'AZUR ALGÉRIENNE PROCHE 
          RÉALITÉ ?
          POUR MODERNISER ET COMPLÉTER UN ÉQUIPEMENT HÔTELIER 
          INSUFFISANT
          100 millions de crédit sont consentis chaque année
          IL EN FAUDRAIT 500
          Un plan quadriennal (en projet) prévoit l''allocation de 2,milliards 
          de crédit
        L'aménagement de 
          la " Côte d'Azur Algérienne " pose des problèmes 
          nombreux et complexes. Mais il importe de régler d'abord trois 
          questions essentielles : équipement hôtelier, installation 
          des camps de toile, entretien des plages. 
          
          Il ne saurait - évidemment - être question d'attirer les 
          touristes en Algérie si l'on ne dispose pas des moyens de les 
          y loger. Or l'équipement actuel est nettement insuffisant. Si 
          l'on veut transformer le littoral algérien, il faut de toute 
          urgence - le doter d'hôtels suffisamment nombreux et confortables.
          
          Un très gros effort doit être fourni dans ce domaine et 
          il doit se poursuivre pendant plusieurs années.
          
          Il faut construire. Il faut moderniser sans jamais perdre de vue qu'il 
          existe suffisamment d'hôtels de luxe - tout au moins à 
          Alger - pour recevoir les " touristes de palace ". Sans jamais 
          oublier que les touristes " espérés " par l'Algérie 
          se recrutent clans les classes moyennes et que ces touristes demandent 
          des installations confortables et non luxueuses. Car il semblerait, 
          bien vain - dans l'immédiat, du moins - de prétendre disputer 
          à l'" autre " Côte d'Azur sa clientèle 
          de milliardaires et de vedettes.
          
          Il faut voir grand mais il faut aussi voir juste.
        I00 millions de crédit 
          par an
          
          L'équipement hôtelier actuel s'est constitué lentement 
          au cours des ans. Cet équipement a beaucoup souffert de la guerre 
          : réquisitions et occupations par les services civils et militaires.
          
          Depuis 1944, l'initiative privée a fait un effort de rénovation 
          courageux et méritoire... mais insuffisant. L'équipement 
          hôtelier existant a été recensé et les établissements 
          équipés classés sous la rubrique " hôtels 
          de tourisme ", comme en métropolite. Mais ces " hôtels 
          de tourisme " sont encore trop peu nombreux. Il faut les multiplier.
          
          Comment donc développer l'équipement existant ?
          Conscients des conditions actuelles d'exploitation, les capitalistes 
          n'ont guére envie de s'associer avec les hôteliers ou de 
          les commanditer.
          Il faut donc fournir aux hôteliers la possibilité de recourir 
          à des établissements spécialisés. Ces établissements 
          sont à Alger le Crédit national et la Caisse centrale 
          algérienne de crédit populaire.
          
          Le Crédit national ne consent de prêts à moyen terme 
          que par l'intermédiaire des banques. Il accorde par contre des 
          prêts à long terme, jusqu'à 30 ans, moyennant une 
          garantie hypothécaire,
          
          La Caisse centrale algérienne de crédit populaire, créée 
          par un décret du 15 Janvier 1947, tient, en Algérie le 
          rôle dévolu en métropole à la Caisse centrale 
          de crédit hôtelier. Elle distribue du crédit à 
          moyen en long terme à l'industrie hôtelière.
          
          Le taux des prêts est fixé à 7,5 % avec réduction 
          de 1 % en faveur des membres de l'" Union des logis d'Algérie 
          ". Ce taux descend d'ailleurs à 5,5 % pour les établissements 
          situés sur le parcours des " circuits touristiques algériens 
          ".
          
          Depuis mai 1947, la Caisse de crédit populaire a consenti 130 
          prêts d'un montant global de 350 millions. Ces prêts ont 
          permis la réfection de 1.300 chambres et la construction de 220 
          chambres (dans des hôtels déjà existants)_
        Il en faudrait 500 !
          
          Que pensent les hôteliers de l'aide qui leur est ainsi accordée 
          ? Ils sont - généralement - d'avis que les sommes mises 
          à leur disposition suffisent à peine à l'entretien 
          et la restauration des établissements actuels. Cent millions 
          de crédit par an. Cette somme est insuffisante si l'on veut favoriser 
          la création d'hôtels nouveaux.
          
          Dans un rapport (que le Comité algérien du tourisme a 
          d'ailleurs adopté le 30 juillet), M. Raymond Dumény, vice-président 
          de la Fédération algérienne de l'hôtellerie, 
          préconise l'adoption d'un plan quadriennal qui doterait l'Algérie 
          d'un équipement hôtelier suffisant. Le financement des 
          travaux prévus dépasserait deux milliards.
          
          " Trois solutions déclare M. Dumény. peuvent être 
          choisies et appliquées simultanément : la modernisation, 
          l'extension, la création.
          La modernisation est la solution idéale dans les centres où 
          les hôtels sont suffisants en nombre de chambres, mais déficients 
          en qualité ; ou plus exactement, lorsque le nombre de chambres 
          classées est insuffisant. Il conviendra, alors de choisir le 
          ou les hôtels à voyageurs les mieux situés en les 
          plus aptes au point de vue locatif à devenir des hôtels 
          de tourisme. On peut estimer à 419.000 francs par chambre le 
          coût de la modernisation.
          
          L'extension doit être envisagée lorsque l'agrandissement 
          d'un ou plusieurs hôtels classés est possible. Coût 
          de l'extension : 1.228.000 francs par chambre environ.
          
          La création sera évidemment plus onéreuse. Chaque 
          chambre coûtera en moyenne 1.600.000 francs. Tous ces chiffres 
          valent, bien entendu, pour un hôtel de confort moyen.
          
          On peut envisager le programme d'ensemble suivant :
          Modernisation (273 ch à 419.000) . . . . . . . . . . . . 114.387.000
          Extensions (115 ch à 1.228.000) . . . . . . . . . . . . . .141.220.000
          Créations (1.119 ch à 1.600.000) . . . . . . . . . . . 
          . 1.790.100.000
          __________________________________________________
          soit ...............................................................2.046.007.000
          
          Pour engager les hôteliers à entreprendre des travaux neufs, 
          on pourrait demander pour eux les mêmes avantages que ceux du 
          Plan d'industrialisation de l'Algérie. De plus, aux points où 
          le coefficient de location sera longtemps insuffisant, on pourrait leur 
          concéder une garantie analogue à celle donnée aux 
          transporteurs. On pourrait même dans certains cas très 
          précis, admettre une formule d'économie mixte associant 
          l'hôtelier à l'administration...
          
          Quoi qu'il en soit, conclut M. Dumény, les hôteliers devront 
          assurer leur auto-financement, pour 25 à 50 %.
          
          Tel est le projet ! Deux milliards de crédit en quatre ans ! 
          Nous sommes loin des 100 millions de crédit annuel.
          
          L'équipement hôtelier de l'Algérie exige un très 
          grand effort ; les touristes ne dormiront pas à la belle étoile. 
          Pas tous du moins, car les campeurs... Mais comme disait Kipling " 
          ceci est une tout autre histoire ! ".