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        Au rendez - vous de ceux qui se boyautent" 16 salons 
        du rire vont être les points d'orgue de la vie culturelle algéroise 
        de 1924 à 1939..
  ------Dix jeunes 
        étudiants décideront en 1924 de créer, rue d'Isly, 
        un salon de la caricature afin d'y présenter leurs oeuvres. Caricaturistes 
        de talent, les 10 d'Alger vont faire rire le tout Alger, puis toute l'Algérie, 
        par les portraits, scènes et types présentés lors 
        du salon.
 Les artistes :
 ------Ainsi Boisier, Bronner, DrackOub, Fabiani, 
        Frac, Herzg, Hergé, Klein, Léo et Ski furent les premiers. 
        Au cours des quinze autres salons, d'autres artistes viendront apporter 
        leur talent et remplacer les défaillants.
 
 ------On admirera ainsi les oeuvres de 
        Pik, 
        Hachef, Brouty, 
        Patrick, Bedos, Ry, Mlle Schuster (seule femme), Delbays, Bacora, Kleiss, 
        André et Eugène Mathiot, Ona, Nobid, Gip, Jean 
        Brune, Pierski et Gornes.
 ------ Autant d'artistes et de talent qui 
        ont fait de la caricature en Algérie, un mouvement artistique de 
        première grandeur. Le salon regroupait chaque année, les 
        artistes les plus en vogue et les plus appréciés.
 ------Outre une richesse humoristique et 
        picturale incroyable, les 10 offraient une quintessence de l'esprit le 
        plus sûr. Et ce n'était pas une mince affaire que de souligner 
        un sourire, une grimace, une situation par une ou deux phrases adéquates.
 ------Ce n'est qu'en 1931 qu'Oran ouvrait 
        le sien (Galerie Heintz), et la même année, Paris.
 ------Fabiani en 1924 rappela que "les 
        dessins humoristiques savent tirer la vérité, la vérité 
        simple et vraie, celle qui est gaie, qui sourit et qui fait rire parce 
        qu'elle se débarasse du masque 
        des conventions". Il est vrai que le 
        caricaturiste pouvait être méchant, agressif et incisif. 
        Mais le plus souvent, il réalisa ses fins en provoquant seulement 
        le rire qui donna souvent à songer. Par une réaction naturelle, 
        le rire pousse à réfléchir et souvent conduit le 
        rieur à une conclusion qui peut s'appliquer à lui - même.
 Le 51, de la rue d' Isly
 ------La population algéroise était 
        friande de spectacles qui n'engendraient point la mélancolie. Ainsi 
        le succès du salon du rire, dépassait le cadre de la simple 
        manifestation culturelle. L'espoir ne fut pas déçu et dépassa 
        toutes les prévisions.
 ------L'on raconte que chaque année, 
        la salle d'expositions était envahie d'un public impatient de contempler 
        les ceuvres de nos dessinateurs et les passants indifférents qui 
        arpentaient la grande artère, arrivés à la hauteur 
        du salon, étaient irrésistiblement attirés par les 
        éclats de rire qui s'en dégageaient.
 ------Quel contraste avec les salons des 
        peintres classiques, où chacun semble observer un silence religieux, 
        où l'on se communique ses impressions à voix basse par crainte 
        de troubler son voisin. Chez les humoristiques, pas d'intimidation, l'on 
        se sent chez soi parmi les dessins qui vous mettent de suite à 
        l'aise.
 ------Le spectacle n'était pas toujours 
        le long des panneaux, mais plutôt dans la salle, dans ces petites 
        dames qui se poussent le coude pour s'affirmer qu'elles ont compris, dans 
        ces graves messieurs qui plissent leurs lèvres pour laisser croire 
        qu'ils n'ont pas compris, dans les sincères qui rient comme rient 
        les enfant et soulignent dessins et légendes par des commentaires 
        expansifs.
 ------A voir l'accord bruyant et spontanné 
        avec les spectateurs et les exposants, on comprend la place très 
        importante qui revient aux humoristes dans la société contemporaine.
 
 ------PIEDS-NOIRS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI 
        présentera régulièrement un de ces humoristes qui 
        ont tant fait pour le rayonnement de notre culture.
 ------Rappelons enfin cette anecdote citée 
        en 1928 : «Coincé entre deux 
        solides gendarmes, un condamné à mort, auquel on a fait 
        la toilette d'usage va être conduit à la guillotine et à 
        la question rituelle du dernier souhait à exaucer, les officiels 
        entendirent
 "Avant, dit-il, je voudrais visiter le salon du rire..."
 
 
 
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