| ---------La 
        reconstruction de 1883 marqua, pour l'édifice 
        de Chassériau, revu et augmenté par Oudot, le début 
        d'une ère de tranquillité relative. A partir de ce moment, 
        jusqu'à nos jours, les pierres ne connurent en somme d'autre atteinte 
        que les rigueurs du temps.---------Je 
        vais donc, si vous le voulez bien, mettre cet intervalle à profit 
        et feuilleter l'imposante succession des programmes. http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .Il va sans dire que je ne m'arrêterai qu'aux seules pages marquées 
        d'un signe blanc par la chronique.
 ---------De 
        vieux amis m'ont, il est vrai, conté leurs souvenirs. D'eux, je 
        tiens la meilleure source. La meilleure et la plus vive, la plus pétillante. 
        Je n'imaginais pas, jusqu'ici, que le grand art eût autant d'amis 
        fidèles, animés d'une mémoire aussi vivace.
 ---------Mémoire 
        des dates, des noms, des airs, des faits. Je les entends encore me dire, 
        ces amis précieux : " J'assistai, 
        en Janvier 1901, à la création de " Louise ", 
        avec Rose Gervaix, Flachat, La Taste. Un enchantement ! "
 ---------Et 
        cela est dit simplement, comme si la création de " Louise 
        " remontait seulement aux journées ensoleillées 
        des fêtes du Centenaire.
 ---------Que 
        de noms, que d'oeuvres, ont ainsi défié les ans grâce 
        à la ferveur, au souvenir, au dilettantisme de mes vieux amis. 
        Et ils sont nombreux.
 ---------Ils 
        ont contresigné les succès ou bien ils ont fermé 
        les portes de l'oubli. Leur jugement est sûr et sans appel.
 Ils savent ce que le ténor chante au premier acte de telle pièce, 
        ou au troisième de telle autre. Et eux-mêmes chantent, dès 
        qu'ils vous parlent, ce que le ténor chantait...
 
 ---------Le 
        public algérois, dès les premiers temps de la conquête, 
        se familiarisa avec le grand opéra du répertoire italien, 
        autorisé en quelque sorte par décret pris à la date 
        du 12 Novembre 1830, sous le commandement du Général Comte 
        Clauzel et dont voici le texte
 ---------Article 
        1er. - " Il sera joué des opéras italiens sur le théâtre 
        d'Alger. Il pourra également y être représenté 
        des ballets ".
 ---------Ainsi, les oeuvres de Rossini, Verdi, Donizetti, 
        Bellini entre autres, tinrent souvent l'affiche du théâtre 
        de la rue de l'Etat-Major ; quelques fois aussi, celle du petit théâtre 
        des " Variétés ", 
        rue Bosa, duquel je n'ai peut-être pas encore parlé et que 
        tout de même je dois tirer de l'oubli.
 ---------De 
        ces oeuvres, retenons : " Sémiramis " (Sémiramide, 
        gran opéra séria, del célèbre cavaliéro 
        Maestro Rossini) ; " Bélisaire " (Bélisaria, 
        tragédia lirica) ; " Lucie de Lammermoor " (Lucia 
        di Lammermoor, dramma tragico), joués respectivement en Août 
        1837, Octobre 1838 et Novembre 1839 par la troupe Francesca Bariola, sous 
        la direction Mantegazza et Bozzio.
 ---------J'insiste 
        sur ces trois pièces parce que l'intérêt qu'elles 
        suscitèrent fut si grand, qu'il détermina un éditeur 
        algérois à les publier dans leur texte original, en fascicules.
 ---------L'impression 
        fut confiée à l'imprimerie Civile et Militaire, 74, rue 
        d'Orléans, à Alger, et à l'Imprimerie du Gouvernement, 
        dirigée par Th. Rolland de Bussy, fils.
 ---------Les 
        théâtres espagnols de la rue de la Fonderie et de la rue 
        du Scorpion, tout comme, d'ailleurs, les cafés-chantant de la Perle, 
        du Gambini, puis du " Helder ", 
        à Mustapha, où fréquentaient les officiers de Chasseurs 
        d'Afrique, ne produisaient guère que les chansonniers en vogue. 
        Bordas et sa femme, entre beaucoup d'autres, y connurent le plus chaleureux 
        succès. http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Chansons à 
        boire, chansons de route, complaintes, romances, constituaient le meilleur 
        du répertoire.
 ---------La 
        romance surtout jouissait d'une grande vogue. Nombreux furent les auteurs 
        à qui cette vogue valut un moment de célébrité. 
        J'en citerai quelques-uns, dont j'ai retrouvé les noms sur des 
        programmes jaunis.
 ---------Hérold 
        tout d'abord, qui écrivit : " L'Ermite et la Bergerette 
        ", " Quittons la danse ", " Le Philtre 
        d'Yseult "
 ------------------ Philtre 
        dont la vertu secrète
 ------------------ Inspirait d'éternelles 
        amours,
 ------------------ Pourquoi faut-il que la 
        recette
 ------------------ En soit perdue et pour 
        toujours ?
 ---------Puis, Hippolyte 
        Monpou, qui mit en musique le " Lever ", de Musset ; 
        la " Ballade des deux archers " ; la " Captive 
        ", de Victor Hugo ; la " Chanson de Triboulet ", 
        d'Edouard Plouvier. Dalvimare, qui s'était inspiré de Chateaubriand, 
        dans son fameux " Cid héroïque "------------------ Prêt 
        à partir pour la rive africaine
 ------------------ Le 
        Cid armé, tout brillant de valeur,
 ------------------ Sur 
        sa guitare, aux pieds de sa chimène...
 ---------Les romances 
        de Loïsa Puget, femme de l'écrivain Gustave Lemoine, son collaborateur, 
        se retrouvent souvent sur les tablettes de la " Perle " 
        : " Complainte de Normandie " ; " Un rocher de 
        Saint-Malo "------------------ " 
        A tout je préfère le toit de ma mère... "
 ---------Mais 
        l'oeuvre la plus connue, la plus durable de Loïsa Puget fut certainement 
        " La Grâce de Dieu ", racontant les adieux à 
        sa mère d'une petite servante de Savoie prête à partir 
        pour la ville
 ------------------ " 
        Va, mon enfant, adieu, à la grâce de Dieu... "
 
 ---------Aux 
        oeuvres de Loïsa Puget j'ajoute celles de Pauline Duchambge dont 
        j'ai retrouvé le nom sur un feuillet piteux du " Gambini 
        " daté du 1'1 Août 1837.
 ---------Pouline 
        Duchambge se servit, dans ses romances, des vers de Vigny, de Thomas Moore, 
        de Casimir Delavigne, de Legouvé, aussi de Lamartine, et surtout, 
        surtout, de son amie Marceline Desbordes-Valmore
 ------------------ Le 
        mal d'amour ressemble aux épines légères
 ------------------ Qui 
        sont aux fleurs...
 ---------Quant à 
        la chanson comique, elle était la contre-partie nécessaire 
        de la romance. Elle la suivait inévitablement.http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Quelques titres ? En voici de suggestifs, 
        pris au hasard : " V'là les turcos " ; " 
        Messieurs les chiens du dey " ; " Le troufion de la 
        Casaubah " ; " L'Almée aimée " 
        ; et aussi la chanson de " Khadoudja' ", du Capitaine 
        de Chasseurs d'Afrique Vallabrègues
 ------------------ Khadoudja 
        ma maîtresse
 ------------------ Que 
        j'aime tes yeux
 ------------------ Quand 
        de tes cils s'abaisse
 ------------------ L'ombrage 
        amoureux...
 ************ ---------Dès 
        1834, le " Cirque Olympique 
        " construit sur l'esplanade Bab-et-Oued, donnait " La Bataille 
        des Pyramides ", " La Jarretière de la Mariée 
        ", " Barberousse ".---------Les 
        artistes étaient plutôt médiocres. Le public, surtout 
        militaire, peu exigeant. Le succès facile.
 ---------En 
        Octobre 1847, au cours d'un concert, le piano d'accompagnement 
        fut tenu, rue de l'Etat-Major, par le jeune compositeur Rey, dit Reyer, 
        dont on chanta deux romances : " Berthe de Normandie " 
        et " Au désert ".
 Reyer est l'auteur de " Sigurd " et de " Salammbô 
        ".
 
 ---------Le 
        même théâtre présenta, quelques mois plus tard, 
        une revue locale : " Théâtre d'Alger ", 
        écrite par Rey, en collaboration avec Désiré Léglise. 
        Désiré Léglise, publiciste à Alger, auteur 
        d'une satire en vers, parue à la librairie Bastide en 1849, sous 
        le titre " Les Djinns " a écrit une comédie 
        " Un voyage à Alger ", dédiée à 
        Théophile Gauthier et jouée au " Grand 
        Théâtre d'Alger ", le 26 
        Mars 1847.
 ---------Le 
        " Grand Théâtre " donna deux autres pièces 
        dans les mois qui suivirent
 ---------- 
        le 23 Avril 1849 : " Un artiste à 
        Alger ", comédie en un acte, en vers, de Félien 
        ;
 ---------- 
        le 8 Octobre 1849 : " Aroudj-Barberousse 
        ", drame en trois actes, d'Alfred Jubien.
 ---------On 
        le voit, les sujets d'inspiration locale n'étaient pas rares.
 ---------Cependant, 
        le " Mayeux " jouait, place du 
        Gouvernement, des pièces légères, visant au gros 
        rire, telles que les " Fureurs de l'Amour ", la " 
        Foire de Saint-Laurent ", " Casque en cuir et pantalon 
        garance " où triomphait régulièrement la 
        célèbre Victorine.
 ---------Pour 
        les premiers jours de Janvier 1853, le Nouveau 
        Théâtre, place Bresson, inscrivait à son programme 
        : " La grâce de Dieu ", drame en cinq actes ; " 
        Le Misanthrope et l'Auvergnat ", vaudeville en un acte ; " 
        Le Val d'Andorre ", opéra-comique en trois actes ; 
        " Les fiançailles des roses ", opéra-comique 
        en deux actes. M. Blanc, premier ténor de grand opéra, débutait 
        le 20 Janvier, dans " Lucie de Lammermoor 
        ". Le 13 Février, Mme Curet représentait 
        " Chérubin ", suite du " Mariage de Figaro 
        ", pièce en six actes, où brillait M. Renard.
 ---------Entre 
        autres créations relevées à cette époque indiquons 
        : " Le père Gaillard ", opéra-comique en 
        trois actes ; " La Favorite " ; " Phèdre 
        ", tragédie en cinq actes ; " La Dame Blanche 
        " ; " Le petit chaperon rouge ", opéra féerie 
        en trois actes, musique de Boïeldieu ; " Richard III ", 
        drame en cinq actes.
 
 ---------Les 
        mois suivants furent marqués par les débuts d'Edmond Satiné, 
        premier rôle ; Bassan ; Delimbre, père noble ; Durand, premier 
        danseur ; Mmes Dalloca, premier rôle ; Betton, première danseuse 
        ; Mme Voiron, première chanteuse ; MM. Ressini et Juette, ténors 
        ; Martin, basse.
 ---------En 
        Octobre, M. Agostino Robbio, élève de Paganini, que nous 
        retrouvons dans un programme de 1875, donnait à l'Opéra 
        un concert vocal et instrumental, avec le concours de MM. Bavastro, Molard, 
        Vaccani.
 ---------On 
        y joua
 ---------I. 
        - " La Kermesse ", par Ch. Van Ghèle, chef d'orchestre 
        de l'Opéra d'Alger ;
 ---------Il. 
        - " Souvenirs de Bellini " (Robbio) ;
 ---------III. 
        - " Ange si pur ", romance chantée par M. Vaccani 
        ;
 ---------IV. 
        - " Caprice ", motifs sur " La Norma " 
        et " La Muette de Porticci " (Robbio).
 ---------En Décembre, 
        Céline Montalard, devenue l'actrice célèbre du Théâtre 
        français, parut sur scène dans : " Le vieux garçon 
        " et " La fille bien gardée ". Elle avait 
        alors huit ans... ---------1854 
        amena de nouveaux débuts. D'ailleurs, il apparait que les demandes 
        d'engagement parviennent nombreuses au Directeur du théâtre 
        d'Alger. La ville blanche, dont on parle beaucoup de l'autre côté 
        de la Méditerranée, exerce sur les artistes une véritable 
        attraction.
 ---------Lucien 
        Bourgeois, ténor ; Guillot, basse ; Manehant, premier comique ; 
        Mme Guillot, dugazon, se produisirent pour la première fois dans 
        " Le Chalet ", " La question d'Orient ", 
        " Le songe d'une nuit d'été ", " 
        La part du diable ", " Louise de Lignerolles ", 
        etc...
 ---------C'est 
        le 8 Mars 1855 que fut donné au Foyer 
        de l'Opéra le premier concert classique, consacré aux oeuvres 
        de Beethoven, Mozart, Weber.
 ---------Voici 
        la composition de l'orchestre
 ---------MM. 
        Rey, piano
 ---------Salvador 
        Daniel, 1er violon
 ---------Van 
        Ghèle (jeune) et Warnecke, 2è violon
 ---------Limbord 
        , 1 er alto
 ---------Van 
        Ghèle (aîné), 2è alto
 ---------Luce, 
        violoncelle
 ---------Luce 
        et Rappé, contrebasse
 ---------et 
        le programme, que je tiens à reproduire in-extenso
 ---------1" 
        Mozart : Deuxième quatuor en ré mineur Allegro Maestoso, 
        Andante, Menuetto, Allegretto varié
 ---------2° 
        Beethoven : Romance en sol pour violon ;
 ---------3° 
        Beethoven : Sérénade, trio pour violon et violoncelle. - 
        Introduction : Andante et presto. - Blacca, Andante
 varié ;
 ---------4° 
        Weber : Invitation à la valse en septuor.
 ---------Il 
        est curieux de connaître le prix des places que l'on pratiquait 
        alors
 ---------Abonnement 
        aux trois séances (ce concert se divisait en trois séances 
        réparties dans le mois) : pour une personne, 10 francs ; pour une 
        famille de trois personnes et au-dessus, 25 francs. http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .Pour une seule séance : 5 francs.
 
 ---------Parmi les exécutants, le nom de 
        Salvador Daniel est plus connu. Ce brillant musicien, auteur d'un ouvrage 
        des plus appréciés sur la musique arabe, élève 
        du professeur allemand Robberechts, dirigea le Conservatoire de Paris 
        sous la Commune. C'est de lui qu'un critique de l'époque disait 
        fort justement qu'il jouait tour à tour, avec un habile éclectisme, 
        sur le violon d'Allard, d'Hermann, de Sivéry, d'Ernst ou de Vieuxtemps...
 ---------Le 
        nom de Luce Ben Aben est connu, lui aussi. Cet artiste de talent, bon 
        compositeur, écrivit entre autres fantaisies locales, un quadrille 
        ; " Dani-Dan " inspiré de motifs arabes.
 ---------Le 
        deuxième concert classique eût lieu le 
        23 Mars 1855. On y joua
 ---------1 
        ° Mozart : Quintette pour deux violons, deux altos, deux basses Allegro, 
        Menuetto, Adagio et Rondo ;
 ---------2.° 
        Fresca : 3e trio pour piano, violon et violoncelle : Allegro, Barcarolle, 
        Final ;
 ---------3° 
        Mendelssohn : Grand quatuor : Allegro, Menuetto con sordini, Andante, 
        Presto
 ************* ---------Octobre 
        marqua les débuts de Mme Barrault et de M. Hoguet.---------Le 
        vaudeville, la comédie en un ou deux actes, figuraient souvent 
        au programme : " Les deux aveugles ", de Jules Moineaux 
        ; " Un mari qui prend du ventre " ; " On ne passe 
        pas " ; " Un tigre du Bengale ", etc...
 ---------Les 
        années suivantes 1856, 1857, 1858 
        qui ne présentent aucun caractère d'exception, voient les 
        débuts de Mme Isnard ; de MM. Lécuyer, Godefroy, Viel, etc..., 
        et sont illustrées notamment par le passage du 
        célèbre prestidigitateur Robert Houdin.
 ---------Ce 
        qu'il faut retenir de ces premières heures du Théâtre 
        Impérial, c'est, avant tout, l'engouement du public. La salle est 
        comble. L'enthousiasme vrai.
 ---------Le 
        succès dépasse toutes les prévisions.
 
 ---------1859 
        ! Bertrand, Dobbels, Ramonat, Danglés, Dorici, jouent la "Reine 
        de Chypre ", d'Halévy ; Mége, Trouffy, Ajas, jouent 
        " Giselle ", ballet pantomime en deux actes, tiré 
        de la tradition allemande des " Willis ".
 ---------Eugène 
        Van Ghèle, chef d'orchestre du Théâtre Impérial, 
        écrit une romance " La petite berceuse ".
 ---------M. 
        Boussagnol, premier ténor du théâtre de Blidah, désirant 
        être connu à Alger, se fait applaudir dans les trois premiers 
        actes du " Barbier de Séville " de Rossini.
 http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .On reprend " Jérusalem 
        " de Verdi, avec Jouard et Ramonat. Le 45è de ligne joue la 
        marche militaire du deuxième acte. A peu près dans le même 
        temps, a lieu la première représentation de "Jocko, 
        singe du Brésil ". Au troisième acte de ce drame, 
        Mmes Anna Busset, Roger et Louise Busseret, dansent un " Pas de 
        trois ". M. Ajas, qu'on juge un peu lourd, tient le rôle 
        du singe Jocko. Un soir, par suite d'un faux pas, il perd l'équilibre 
        et tombe sur la contrebasse.
 ---------Un 
        peu plus tard, reprise des " Diamants de la couronne " 
        d'Auber, au bénéfice de la caisse de secours mutuels des 
        artistes.
 ---------Notons 
        aussi, une première représentation du " Trouvère 
        " de Verdi, pour laquelle les abonnements et entrées de faveur 
        sont suspendus. M. Bertrand interprète le rôle de Manrique 
        ; Ramonat, celui du comte de Luno ; Mlle Dorici, celui de Azucèna.
 ---------Le 
        8 Mai, l'Opéra joue le " Trouvère 
        " en l'honneur de S. E. le Ministre de l'Algérie. Réception 
        véritablement grandiose, au cours de laquelle on peut voir Son 
        Excellence, ayant à son bras Mme Sarlande, femme du Maire d'Alger, 
        gravir les escaliers d'honneur recouverts d'épais tapis, cependant 
        que M. le Général Guès-Viller, commandant en chef 
        les troupes de terre et de mer, M. Duprat, Directeur du Théâtre, 
        M. le Préfet et les hauts fonctionnaires, suivent à distance 
        protocolaire.
 ---------Le 
        Maire reçoit M. le Ministre et le conduit, flambeau à la 
        main, jusqu'à la loge municipale, où son entrée est 
        saluée par des tonnerres d'applaudissements, terme de rigueur.
 ---------Dans 
        les loges voisines ont pris place, notamment, M. Toustain du Manoir, secrétaire 
        géné,ol du Gouvernement ; M. le Général commandant 
        la subdivision ; M. Martin, président du Tribunal de commerce ; 
        M. Robert, président de la Chambre de commerce, et M. Berbrugger, 
        lieutenant-colonel de la milice, conservateur de la Bibliothèque 
        et du Musée d'Alger.
 ---------Le 
        ler Mai, la société 
        nouvellement créée des " Artistes 
        de l'Orchestre du Théâtre Impérial ", 
        sous la direction de M. Van Ghèle, chef d'orchestre, donne un concert 
        au Jardin Marengo, lieu de promenade très à la mode.
 ---------Retenons 
        aussi, que le café chantant de la " 
        Perle ", organise une " soirée extraordinaire 
        " à" l'occasion des victoires remportées sur les 
        Autrichiens " : chants patriotiques, choix de musique, scènes 
        comiques, ballet féerique, etc.- Le 3 Décembre 
        1859 ce même établissement annonce un " Grand 
        bal de nuit " par souscription, auquel seront admis " 
        les militaires avec leur uniforme respectif et les civils en toilette 
        de soirée ".
 ---------Le 
        29 Mai 1859, la représentation de " 
        La Cornemuse du Diable " et des " Dragons de Villars 
        " marque la fin de l'année théâtrale qui ne reprendra 
        son activité, par suite des longs travaux de réaménagement 
        de l'Opéra, que le samedi 10 Décembre 
        suivant, avec " Les Mousquetaires de la Reine ", 
        opéra-comique en trois actes de M. Saint Georges, musique d'Halévy. 
        Dans cette pièce Mme Picquet-Wild remplissait le' rôle d'Athénaïs 
        de Solange.
 ---------Au 
        dernier jour de l'année, le 31 Décembre 1859, M. 
        Duprat jouait " La Dame Blanche ", de Scribe et Boïeldieu. 
        ---------http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .Le ler Janvier 1860 il présentait 
        " Les Mousquetaires de la Reine ".
 ---------Le 
        répertoire des saisons qui suivirent, ne brilla certes pas par 
        la nouveauté.
 ---------Les 
        Algérois revirent " Lucie ", " La Favorite 
        ", " Les Diamants de la Couronne ", " Fra 
        Diavolo ", " Les Noces de Jeannette ", "Les 
        Dragons de Villars ", " Les Mémoires du Diable 
        ", d'Etienne Arago et Paul Vermond ; " La Fille du Régiment 
        ", de Donizetti ; " Robert le Diable ", de Scribe 
        et Meyerbeer ; " Les Crochets du Père Martin " 
        ; " La Juive " ; " Les femmes terribles ", 
        avec Andrieu, Lefèvre, Lemaréchal, Morvand ; " La 
        fête des loups ", de Grangé ; " Le Maître 
        de Chapelle ", " La chanoinesse ", " 
        Lucie de Lammermoor ", etc..., etc...
 ---------Je 
        n'omettrai point cependant de rappeler qu'il était courant alors, 
        de compléter un programme d'opéra ou d'opéra-comique 
        par un " divertissement ".
 ---------Ce 
        divertissement comportait, en général, différents 
        numéros de danse : pas de deux ; pas de la séduction ; pas 
        de la bacchanale ; pas styrien ; pas de matelot ; la saturnale ; pas d'ensemble 
        ; la viennoise ; le bouquet ; pas du tambourin...
 ---------Parmi 
        les vedettes de la danse, il nous faut citer : MM. Négrier et Victor 
        ; Mmes Lièvre, Richard, Bellamar, Gilo, Déternoz.
 ************ ---------Le théâtre 
        d'Alger connut, vers cette époque, par la fantaisie étourdissante 
        d'un écrivain, une publicité pour le moins inattendue. Alphonse 
        Daudet lui consacre en effet, dans " Tartarin de Tarascon 
        ", une page caricaturale, très haute en couleur, assez inexacte 
        quant au fond, mais qu'il serait vraiment dommage de ne point livrer au 
        jugement du lecteur.---------Cette 
        page, incluse dans le chapitre neuvième, nous mène au Foyer 
        de l'Opéra d'Alger où le héros tarasconnais retrouve 
        le prince Grégory de Monténégro
 ---------" 
        En hiver, toutes les nuits de samedi, le grand théâtre d'Alger 
        donne son bal masqué, ni plus ni moins que l'Opéra. C'est 
        l'éternel et insipide bal masqué de province. Peu de monde 
        dans la salle, quelques épaves de Bullier ou du Casino, vierges 
        folles suivant l'armée, chicards fanés, débardeurs 
        en déroute, et cinq ou " six petites blanchisseuses mahonnaises 
        qui se lancent, mais gardent de leur temps de vertu un vague parfum d'ail 
        et de sauces safranées... Le vrai coup d'oeil n'est pas là. 
        Il est au foyer, transformé pour la circonstance en salon de jeu... 
        Une foule fiévreuse et bariolée s'y bouscule, autour des 
        longs tapis verts : des turcos en permission misant les gros sous du prêt, 
        des Maures marchands de la ville haute, des nègres, des Maltais, 
        des colons de l'intérieur qui ont fait quarante lieues pour venir 
        hasarder sur un as l'argent d'une charrue ou d'une couple de boeufs..., 
        tous frémissants, pâles, les dents serrées, avec ce 
        regard singulier du joueur, trouble, en biseau, devenu louche à 
        force de fixer toujours la même carte.
 ---------Plus 
        loin, ce sont les tribus de juifs algériens, jouant en famille. 
        Les hommes ont le costume oriental hideusement agrémenté 
        de bas bleus et de casquettes de velours.http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .Les femmes, bouffies et blafardes, se tiennent toutes raides dans leurs 
        étroits plastrons d'or... Groupée autour des tables, toute 
        la tribu piaille, se concerte, compte sur ses doigts et joue peu. De temps 
        en temps seulement, après de longs conciliabules, un vieux patriarche 
        à barbe de Père éternel se détache, et va 
        risquer le douro familial... C'est alors, tant que la partie dure, un 
        scintillement d'yeux hébraïques tournés vers la table, 
        terribles yeux d'aimant noir qui font frétiller les pièces 
        d'or sur le tapis et finissent par les attirer tout doucement comme par 
        un fil...
 ---------Puis 
        des querelles, des batailles, des jurons de tous les pays, des cris fous 
        dans toutes les langues, des couteaux qu'on dégaine, la garde qui 
        monte, de l'argent qui manque !... "
 *********** ---------Alexandre 
        Dumas fils vint à Alger le 21 Avril 1864. 
        A cette occasion l'Opéra donna le chef-d'oeuvre du célèbre 
        écrivain : " La Dame aux Camélias ", créé 
        en 1852 à Paris, place de la Bourse. " Haydé 
        " complétait le programme.---------Soirée 
        mémorable pour le Théâtre de Chassériau ; et 
        qui, durant de longs mois, devait nourrir la conversation passionnée 
        des amateurs.
 ---------Au 
        foyer, durant l'entr'acte, l'auteur fut très entouré. Il 
        arborait un large sourire et répondait avec complaisance à 
        tous ceux qui, après l'avoir complimenté, l'interrogeaient 
        sur ses impressions de voyage.
 ---------À 
        un moment, s'approchant des fenêtres ouvertes, il contempla le spectacle 
        magnifique d'une mer doucement argentée, qu'on apercevait entre 
        la silhouette sombre des arbres.
 ---------- 
        " Le plus beau décor que je connaisse ", dit alors le 
        père de " La Dame aux Camélias ".
 ---------Au 
        cours de l'année 1865 la Direction 
        Campocasso donna " Don César de Bazan ", cinq 
        actes de Demanoir et Dennery, avec Speck, Lachapardière, Boucher, 
        Lionel, Mmes Patit, Lagarrigue ; " Le Maître de Chapelle 
        ", de Paëz ; " Le supplice d'une femme ", d'Emile 
        de Girardin ; " Les Noces de Jeannette ", de Massé 
        ; " Le courrier de Lyon ", de Moreau, avec Bardou et 
        Dubosc ; " Le songe d'une nuit d'été " 
        ; " La Favorite ", de Donizetti, avec le ténor 
        Gadilhe ; " Les beaux Messieurs de Bois doré ", 
        de George Sand et Paul Meurice ; " Les Mousquetaires de la Reine 
        ", avec le ténor Coulomyés qui obtint beaucoup de succès 
        et dont la mort brutale survint peu de jours après.
 ---------Le 
        10 Mai, l'Empereur Napoléon III assistait 
        à une représentation de " Rigoletto " donnée 
        par une troupe italienne.
 |  | ----------1866 
        vit figurer sur l'affiche : " Héloïse et Abélard 
        " ; " Les Diamants de la Couronne ", d'Auber, avec 
        Mlle Beaudier, première chanteuse qui, pour me servir de l'expression 
        consacrée et expressive, " fit courir tout Alger " 
        ; " Le Trouvère " ; " Le Barbier de Séville 
        " ; " La Dame Blanche ", de Boïeldieu, avec 
        Bruneau, Rupert, Mmes Labat, Quesnet, Guille ; " Les Vieux Garçons 
        ", comédie en cinq actes de Victorien Sardou, avec Beysson, 
        La Chapardière, Mme Potel ; " Faust ", de Carré 
        et Gounod ; " Latude ou trente-cinq ans de captivité " 
        ; " La Papillonne ", de Victorien Sardou ; " Nos 
        bons Villageois ", du même auteur ; " Le mangeur 
        de fer ", de Plouvier ; " La Vie de Bohême 
        ", de Murger, avec Mme Potel ; " Cartouche le bandit, ou 
        les nuits de Paris en 1721 " ; " Les Précieuses 
        ridicules " ; " Si j'étais Roi ", de 
        Dennery et Brésil, musique d'Adam ; " La Fille du Régiment 
        " ; " La Mendiante ", drame en cinq actes, " 
        ayant obtenu le prix de moralité de 10.000 francs ", sans 
        doute parce qu'il tirait sa substance d'un très classique adultère.---------Le 
        Vendredi 16 Mars 1866, le théâtre 
        concert de la Perle donnait une soirée exceptionnelle à 
        l'occasion de l'anniversaire de la naissance du prince impérial. 
        Une cantate, composée par M. Mickréditz, Directeur, fut 
        chantée par toute la troupe, après que les spectateurs eurent 
        écouté debout, l'air national de " La Reine Hortense 
        ". J'ajoute que les " assistants " reçurent à 
        l'entr'acte, un exemplaire de la cantate de M. Mickréditz .
 
 ---------Le 20 Mai 1866, 
        M. Streleski, Directeur du théâtre Malakoff, ancien régisseur 
        du Théâtre Impérial, ouvrait au Château 
        des Fleurs, sur la route de Saint-Eugène, pour les quatre 
        mois d'été, une salle de spectacle de dix-huit loges tonnelles, 
        douze loges ordinaires, cent cinquante fauteuils d'orchestre et cent cinquante 
        fauteuils de première.
 ---------Au 
        tableau de la troupe, publié dans les premiers jours du mois de 
        Juin 1866, figuraient notamment pour l'opérette, la comédie 
        et le vaudeville : MM. Delahaz, premier ténor ; http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .Achille, ténor comique ; Rupert, laruette ; Mmes Blanche Callichet, 
        première dugazon ; Jacobs Mestrasse, duègne.
 ---------M. 
        Eugène Van Ghèle dirigeait l'orchestre.
 ---------Le 
        prix des places était ainsi fixé
 ---------Loges 
        tonnelles de 4 places.. 5 fr. 00
 ---------Fauteuils 
        . .............. 2 fr. 00
 ---------Premières 
        . .............. 1 fr. 50
 ---------Secondes 
        . .............. 1 fr. 10
 ---------Troisièmes 
        . .............. 0 fr. 60
 ---------Au 
        répertoire : " Mam'zelle j'ordonne " ; " 
        La Bernoise ", pas de deux dansé par M. et Mme Monso 
        ; " Tambour battant " ; " Risette " 
        ; " Le piano de Berthe " ; " La fille de l'Epicière 
        " ; " Le Bourreau des Crânes " ; " La 
        tour de Nesle ".
 ---------À 
        la même époque, la " Perle 
        " jouait au bénéfice des cultivateurs victimes de l'invasion 
        désastreuse des sauterelles, une opérette bouffe " 
        Trom-el-Cazar, ou les criminels dramatiques ".
 
 ---------C'est le 
        3 Juillet 1866 que les tréteaux du Théâtre 
        Impérial se prétèrent à un genre de spectacle 
        inédit, organisé par la " Compagnie Mime et plastique 
        ", de Paris.
 Voici les " tableaux vivants " que les Algérois 
        purent voir à cette occasion
 ---------l 
        ° Le triomphe de Galathée, tableau mythologique (composition 
        de Mme Farriol) ;
 ---------2° 
        Bataille et Victoire des Amazones sur le pont de Troie, tableau historique 
        composé par Master Farriol ;
 ---------3° 
        La pluie d'or, grand tableau fantastique, avec illumination de feux, composé 
        par Mme Farriol ;
 ---------4° 
        La faim, tableau mimique, historique, présenté par la famille 
        Farriol, copie d'un tableau du Musée de Boston ;
 ---------5° 
        Ariane et Bacchus, grand tableau bacchanal, composé par Master 
        Farriol ;
 ---------6° 
        Descente de Croix, grand tableau sacré, copie de Rubens ;
 ---------7° 
        Grand tableau national, dédié aux dames d'Alger.
 Master Farriol et sa famille surent parfaitement captiver et ravir leur 
        public.
 
 ---------1867 
        marqua pour le Théâtre Algérois, alors dirigé 
        par M. J.-H. Vochot, une grande activité. On y joua notamment .: 
        " Lucrèce Borgia ", drame en trois parties et 
        cinq actes de Victor Hugo ; " Charles VI ", grand opéra 
        en cinq actes, musique d'Halévy, paroles de Casimir et Germain 
        Delavigne ; " Les Dragons de Villars ", où triomphait 
        Juliette Borghèse dans le rôle de Rose Friquet. Cette artiste 
        que chacun s'accordait à trouver admirable, chanta à l'Opéra 
        de Paris, au Théâtre Lyrique, à la Monnaie de Bruxelles, 
        à la Scala de Milan où elle fit impression.
 ---------Un 
        jeune peintre Algérois, M. Marquette, brossa de Juliette Borghèse 
        un agréable portrait qui orna, un moment, sa loge particulière.
 ---------Mais 
        revenons à nos programmes de l'an de grâce 1867, et n'omettons 
        pas : " La Périchole " ; " Orphée 
        aux enfers ", d'Offenbach ; " L'Eclair ", d'Halévy 
        ; " Notre Dame de Paris " ; " Maison neuve ", 
        de Victorien Sardou, avec Molina, Krause, Livry, Capelly, Mmes Daubrun, 
        Hatton, Guille ; " Hernani ", avec Boursier, Prietz, 
        Chevrier, Mmes Leroux, Borel, Bourdais ; " Le Roi d'Yvetot ", 
        d'Edmond Adam, avec Alphonse Martin et Mme Lestrade.
 ---------Le 
        12 Décembre eut lieu le grand concert 
        vocal et instrumental, donné par Mme Maria Viguier, pianiste des 
        concerts de Paris, avec le concours des artistes du Théâtre 
        Impérial : MM. Vinay, Scotto, Lionne[, Froment ; Mmes Laurent, 
        Vinay et Lestrade.
 ---------Mme 
        Lestrade était une belle artiste, aimée du public qui ne 
        lui ménageait pas les manifestations de son enthousiasme, notamment 
        quand elle interprétait le rôle de Jeanneton dans " 
        Le Roi d'Yvetot ", ou bien les rôles de Raphaëla dans 
        " Haydée ", de Rita dans " Tampa ", 
        de Jenny dans " La Dame Blanche ".
 ---------M. 
        Henri de Saint Hilaire, chroniqueur du " 
        Bavard ", a dédié quelques vers à 
        cette charmante jeune femme
 ---------De 
        celle qui sait nous charmer
 ---------Dès 
        que sa douce voix prélude,
 ---------De 
        celle qui se fait aimer
 ---------Dans 
        Jeanneton, Berthe ou Gertrude...
 ---------Des vers 
        détestables d'ailleurs...
 ---------Janvier 1868 
        vit, sous la Direction Jourdan, une première représentation 
        de " Barbe Bleue ", opéra-bouffe de Henri Meilhac 
        et Ludovic Halévy, musique d'Offenbach. http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .Au cours des mois qui suivirent on joua : " La Norma ", 
        de Monnier, musique de Bellini, avec Mme Vinay, une artiste ravissante 
        dont tous les Algérois parlaient avec admiration ; " Les 
        Revenants ", opéra écrit par un Algérien, 
        M. Paréra. Ajoutons que cet opéra n'obtint qu'un succès 
        tout relatif, et qu'il dut être retiré avant sa deuxième 
        représentation. Une revue épisodique en quatre actes et 
        cinq tableaux : " Alger et ses Fortunes ", de MM. T... 
        et D..., connut une carrière aussi brève.
 ---------De 
        1869 à 1870 nous retrouvons au répertoire 
        : " Lucie de Lammermoor ", avec le ténor Gazeau 
        ; " La Norma ", débuts du père noble Ulric 
        et du jeune premier Fournier ; " La Consigne est de ronfler 
        ", vaudeville en un acte de Thiboust, qui, avec " Brouillés 
        depuis Wagram ", le " Conseil de Révision 
        ", " Monsieur Choufleuri " et tant d'autres, sont 
        encore joués de nos jours et n'en amusent pas moins. Nous retrouvons 
        également " Don César de Bazan " ; " 
        Patrie ", drame en cinq actes de Victorien Sardou, avec Daussy, 
        Fournier, Dalis, Gisbert, Mmes Doussy, Beysson, etc... ; " Robert 
        le Diable " ; " Les Huguenots ", de Meyerbeer 
        ; " La Vie Parisienne ", d'Offenbach ; " Le Prophète 
        " ; " Monte-Cristo " ; " La Reine Crinoline 
        ou le Royaume des femmes " ; " La Mauresque mystérieuse 
        ", opérette inédite en un acte, par M. X..., un algérois 
        bien entendu, qui ne manqua pas, par voie d'affiches, de soigner sa publicité 
        :"
 ---------On 
        y entendra des chants arabes...
 ---------On 
        y verra des costumes arabes...
 ---------On y entendit 
        surtout des coups de sifflet, car " La Mauresque Mystérieuse 
        " n'eut pas l'heur de plaire.---------Il 
        est juste de dire que le public algérois, tout comme la presse, 
        étaient alors peu commodes et ignoraient l'indulgence. Ce qui, 
        peut-être, n'est pas un mal...
 ********** ---------Il fut 
        une époque, pas bien éloignée de nous, où 
        une Commission, nommée par le Préfet, avait le privilège 
        de choisir les artistes, sous réserve il est vrai, de ne pas soulever 
        de protestations dans le groupe omnipotent des abonnés.---------Ainsi, 
        le premier mois de la saison était à peu près entièrement 
        consacré aux débuts des candidats, qui pouvaient, assez 
        invraisemblable que cela puisse paraître, interpréter devant 
        leurs juges trois rôles de leur choix. Ce qui, très régulièrement, 
        amenait sur l'affiche : " La Favorite ", " Le 
        Barbier de Séville ", " Faust ", " 
        Si j'étais Roi "..., autant de livrets bien connus 
        des acteurs, pour lesquels ils étaient d'une assez grande facilité 
        d'interprétation.
 ---------Cette 
        astuce, si elle déterminait souvent l'admission de celui qui en 
        usait, ne lui épargnait point, par la suite, au moment de nouvelles 
        épreuves, de cuisantes humiliations.
 ---------Ces 
        soirées, au cours desquelles on ruinait souvent la réputation 
        d'excellents sujets, faute de les mieux connaître ou de les apprécier 
        plus justement, ces soirées, dis-je, étaient parfois orageuses.
 
 -------On y sifflait, 
        on y applaudissait, on y hurlait, souvent pour le plaisir de siffler, 
        d'applaudir, de hurler.---------Le 
        parti pris, les préjugés, le simple et coupable besoin de 
        faire de l'obstruction systématique, n'étaient pas étrangers 
        à ces attitudes si diverses.
 ---------Les 
        juges impartiaux, ceux-là même qui auraient pu dicter une 
        sentence judicieuse, se trouvaient annihilés par ces débordements 
        inopportuns et un tant soit peu ridicules.
 http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis .Il fut des soirs où l'on 
        en vint aux mains et où la Direction dut faire évacuer la 
        salle.
 ---------La 
        caricature, toujours à l'affût, ne laissait jamais passer 
        aussi délectable occasion et ne manquait pas d'en tirer profit. 
        Je connais, à ce sujet, certaines lithographies très amusantes, 
        sinon très spirituelles, qui stigmatisaient ces formalités 
        de débuts, injustes, exaspérantes et parfaitement inutiles.
 ---------Certains 
        journaux tels que " Le Lorgnon 
        ", s'étaient aussi attachés dès 1869 à 
        démontrer les inconvénients de ce procédé 
        peu recommandable.
 ---------Une 
        lettre d'artiste, que j'ai pu retrouver, est, à ce sujet, des plus 
        significatives. Je ne puis manquer d'en reproduire le texte. Il se passe 
        de tout commentaire
 
         
          | ---------ALGER, 
              29 Octobre 1 869---------Madame 
              Cyriali à Monsieur le Directeur du Théâtre d'Alger,
 ---------" 
              Quoique souffrante et fortement éprouvée par le climat, 
              j'ai accepté sans observation les débuts qu'il vous 
              a plu de me désigner et je m'étais fait une loi de 
              n'opposer aucune réponse à des insertions inspirées 
              par un sentiment dont je ne veux pas rechercher l'origine.
 ---------Mais 
              en présence de la manifestation dont j'ai été 
              l'objet de la part d'un grand nombre d'abonnés et de spectateurs, 
              c'est pour moi un devoir de sortir de la réserve que je m'étais 
              imposée.
 ---------Il 
              a été dit que je redoutais l'épreuve d'un quatrième 
              début.
 ---------Il 
              a été écrit que je ne pouvais aborder un certain 
              nombre de rôles de mon emploi.
 ---------Vous 
              n'ignorez, Monsieur, que je suis prête à jouer au premier 
              avis, l'une quelconque des pièces de mon répertoire 
              et vous savez s'il est complet.
 ---------Je 
              suis prête notamment à chanter immédiatement, 
              même sans répétition, tous les rôles que 
              l'on a cités comme devant être particulièrement 
              redoutés par moi, c'est-à-dire : Faust, Les Huguenots, 
              Galathée, Les Diamants de la Couronne, La Fille du Régiment, 
              et à subir une quatrième épreuve dans cette 
              dernière pièce que je choisis de préférence, 
              parce qu'on l'a désignée comme devant être complètement 
              inabordable pour moi.
 ---------Je 
              pense, Monsieur, que ce sera le meilleur moyen de donner la véritable 
              mesure de ce dont je suis capable et de légitimer les généreuses 
              sympathies que j'ai eu le bonheur de rencontrer et dont j'ai été 
              si profondément touchée ".
 |  ---------Mme Cyriali 
        obtint à ce quatrième début une majorité de 
        soixante-quatorze voix sur neuf cent dix votants.---------Et 
        même, à quelque temps de là, on lui offrit sur scène, 
        au deuxième acte de " L'Africaine ", une très 
        belle parure de style berbère, en hommage d'admiration...
 ---------Coutume 
        exquise.
 ---------Mme 
        L'Héritier, forte chanteuse, recevant à cette même 
        occasion, mais au premier acte, une paire de boucles d'oreilles offerte 
        par les abonnés du Théâtre, ne put contenir son émotion 
        et perdit connaissance.
 ---------De 
        méchantes langues prétendirent ne point s'étonner 
        de la chose, connaissant en Mme L'Héritier une brillante tragédienne...
 ---------J'ai 
        retrouvé encore, en feuilletant de vieux papiers - en ai-je feuilleté 
        de vieux papiers ! - un avis daté du 15 Octobre 1870, signé 
        du Directeur de l'Opéra, M. Ch. Alméras appelé depuis 
        1869 à remplacer M. Jourdan. Cet avis concerne la mise en adjudication 
        par enchères publiques des loges et baignoires de la salle, pour 
        une période n'excédant pas quatre exercices.
 ---------Beaucoup 
        de curieux assistaient aux opérations, qui se déroulaient, 
        en plein tumulte, dans le Grand Foyer.
 ---------Je 
        pense que l' " Avis " de 
        M. Alméras vaut d'être reproduit dans ces pages, où 
        je me suis efforcé de réunir tout ce qui, de près 
        ou de loin, touchait à l'histoire, à la vie, de notre Opéra
 
        
          | Théâtre Impérial 
              d'AlgerAVIS---------Le 
              Directeur du théâtre irrîpérial d'Alger 
              pour les exercices 1870, 71, 1871-72, 1872-73, 1873-74, a l'honneur 
              d'informer le public que, conformément aux paragraphes 4, 
              5 et 6 du cahier des charges, approuvé par le Conseil Municipal 
              dans sa séance du 3 révrier 1870, sanctionné 
              par l'autorité préfectorale, et en vertu d'une délibération 
              prise le 11 Avril par le dit Conseil.---------Il 
              sera procédé le Lundi 25 Avril 1870 à cinq 
              heures précises du soir, dans la salle du foyer du théâtre 
              impérial, par les soins du Directeur, l'entremise d'un notaire 
              et en présence de M. le Commissaire de police, délégué 
              à cet effet.
 ---------À 
              l'adjudication aux enchères publiques, de toutes les Loges 
              et Baignoires à l'exception de celles réservées 
              par l'article 7 du cahier des charges et celles affectées 
              à la location journalière.
 |  ---------Durant 
        la guerre de 1870-1871, tout au moins au 
        cours des premiers mois, l'exploitation du Théâtre Impérial, 
        que les circonstances allaient bientôt transformer en Théâtre 
        National, connut de nombreuses difficultés.---------D'aucuns 
        s'opposaient à son ouverture, d'autres avançaient avec juste 
        raison, qu'ils considéraient le Théâtre comme une 
        exploitation commerciale venant alimenter deux caisses : celle du bureau 
        de bienfaisance et celle d'un nombreux personnel d'artistes, musiciens, 
        choristes, figurants et aussi employés, sans compter, couturières, 
        tailleurs, chapeliers, automédons, etc...
 ---------Ces 
        derniers arguments prévalurent il est vrai. http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis 
        .D'autant, que les pétitions affluèrent, et que MM. de Gineste 
        et Alcay, concessionnaires des Loges et Baignoires, firent connaître 
        leur intention de verser à l'ceuvre des blessés militaires, 
        le montant de leurs revenus pour une année.
 Beaucoup d'abonnés écrivirent au Directeur, M. Alméras, 
        pour l'inciter à ouvrir les portes de sa maison. L'un d'eux s'exprime 
        en ces termes
 
        
          | ---------Vous 
              devriez M. Alméras, donner pendant un mois, terme fini pour 
              l'anéantissement des prussiens, donner l'autorisation de 
              jouer aux conditions suivantes :---------Deux 
              représentations par semaine, l'une le jeudi et l'autre le 
              Dimanche, la première, frais levés, au bénéfice 
              des blessés de l'armée ; la deuxième au bénéfice 
              des artistes.
 ---------La 
              ville pendant le laps de temps indiqué ne percevrait aucun 
              droit sur les recettes effectuées, de son côté 
              le Directeur ne pourrait exiger le montant de sa subvention. Bien 
              entendu que les principaux artistes n'auraient droit de la part 
              du Directeur qu'au prorata des recettes réalisées.
 ---------Le 
              mois de novembre écoulé, tout étant rentré 
              dans l'ordre, car la France sera victorieuse grâce à 
              la valeur de nos armées, le Directeur commencera son année 
              théâtrale qui aura une durée de 6 mois, et il 
              jouira de sa subvention ".
 |  ---------L'ouverture 
        eut lieu le 13 Septembre 1870. L'affluence 
        fut considérable. On jouait " Guillaume Tell " 
        avec Mmes Despoitier et Nec ; MM. Colin, ténor ; Horel, baryton 
        ; Justin Née, ténor léger et Tasson, première 
        basse.
 ---------La 
        " Marseillaise ", qui figurait au programme, fut chantée 
        par Mme Acs, première forte chanteuse.
 ---------À 
         l'entr'acte, une quête au profit des blessés, 
        rapporta près de trois cents francs.
 ---------M. 
        Alméras fit représenter par la suite : " La Fille 
        du Régiment ", " Les Mousquetaires ", 
        " La Dame Blanche ", etc...
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