| Les Algérois qui empruntent l'avenue 
        Maréchal de Bourmont ou l'avenue Maréchal De Lattre de Tassigny, 
        n'ont pas manqué de remarquer, près du carrefour correspondant, 
        un important chantier d'où a surgi très rapidement, s'élevant 
        au-dessus des hauts d'Alger, une grande carcasse de béton armé 
        à la finition de laquelle s'affairent de nombreuses équipes 
        ; c'est la deuxième tronche de bâtiments - la tranche B - 
        de l'Institut d'Études Nucléaires de l'Université 
        d'Alger. Peut-être, poussés par la curiosité, ont-ils 
        alors découvert, au bas de ces constructions, et comme caché 
        dans un repli de terrain dont il épouse les formes, un bâtiment 
        en forme de V, ayant encore la blancheur du neuf, mais déjà 
        plein de vie, comme le nombre de personnes qui s'y rendent et l'importance 
        de son parking suffisent à le montrer. Ce dernier bâtiment 
        qui constitue la première tranche - la tranche A - de l'Institut 
        d'Études Nucléaires - est en service depuis le 1er janvier 
        1960.
 La création de cet Institut marque la décision de l'Université 
        d'Alger d'assurer à ses étudiants et à ses chercheurs 
        une solide formation et de puissants moyens d'investigations originales 
        dans le domaine nucléaire et dans l'ensemble si riche des disciplines 
        voisines, par exemple : l'Électronique - la Physique du solide 
        - la Physique théorique etc... Elle apporte la preuve concrète 
        de la volonté de notre Université de fournir une importante 
        contribution à l'avancement de toutes ces branches de la science, 
        tant en ce qui concerne la recherche fondamentale que la recherche appliquée 
        ; enfin, elle témoigne de son souci de constituer en Algérie, 
        un foyer vivant autour duquel viendront se fortifier toutes les initiatives 
        relatives aux applications pratiques de ces disciplines. La nécessité 
        de former rapidement, ici, sur place, des physiciens, des ingénieurs 
        et des techniciens est évidemment particulièrement impérative 
        à cause des besoins suscités par l'industrialisation de 
        l'Algérie.
 
        
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               Voici le remarquable 
              ensemble " SAMES accélérateur principalement 
              utilisé pour produire des neutrons de haute énergie 
              (14 MeV) |  L'importance de ces objectifs explique que, 
        dès le début, les plus hautes autorités gouvernementales 
        et scientifiques et la Municipalité d'Alger, aient porté 
        un grand intérêt à la création d'un Institut 
        d'Études Nucléaires dons notre ville. En tant qu'Algérois 
        nous devons nous réjouir de cette décision qui a reconnu 
        à notre Université la " vocation nucléaire " 
        comme elle est reconnue à un certain nombre d'Universités 
        métropolitaines soit, pour l'essentiel : Paris, Bordeaux, Grenoble, 
        Lyon et Strasbourg.
 Ceci dit, examinons de façon plus détaillée, les 
        objectifs propres de notre Institut et les moyens dont il dispose. Une 
        remarque préliminaire s'impose c'est l'imbrication inévitable 
        de la recherche et de l'enseignement. La recherche dans une direction 
        donnée implique une forte infrastructure d'enseignement de même 
        orientation et, réciproquement, il est difficile de pousser jusqu'à 
        un niveau élevé un enseignement spécialisé 
        si cours et travaux pratiques ne sont pas le prélude des séminaires 
        et travaux d'investigation d'un centre de recherche actif.
 
        
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               Salle de l'accélérateur, 
              niveau supérieur |  Commençons par la recherche. Le programme 
        de l'Institut d'Études Nucléaires, pour ses premières 
        années, a tenu compte d'un souci de continuité avec les 
        travaux effectués antérieurementà la Faculté 
        des Sciences et notamment au Laboratoire de Physique Théorique 
        et de Physique Nucléaire.
 Ce laboratoire possédait, en plus de spécialistes de physique 
        théorique et de physique mathématique, des groupes de chercheurs 
        expérimentés en électronique, en technique du vide, 
        en physique du solide... Ces techniques sont à la base des méthodes 
        d'investigation en Physique Nucléaire. Nous avons continué 
        à les développer tant pour leur intérêt propre 
        que pour celui qu'elles présentent pour la physique nucléaire 
        proprement dite. Compte tenu de ces " conditions initiales ", 
        le programme de recherches retenu pour les premières années 
        prévoit essentiellement trois domaines :
 
 -- Un domaine strictement Nucléaire. - Recherches 
        sur les réactions nucléaires, transmutations par ions positifs 
        ou par neutrons, expériences de polarisation, de diffusion. II 
        s'agit de recherches effectuées dans le domaine dit des " 
        basses énergies " qui utilise, comme projectiles, des corpuscules 
        d'énergie inférieure à 15 ou 20 millions d'électron-volts. 
        Ces chiffres peuvent paraître faibles devant ceux qui correspondent 
        aux très grandes machines de la physique Nucléaire (30 milliards 
        d'électron-volts pour la grande machine du C.E.R.N. à Genève, 
        quelques milliards pour " Saturne " à Saclay) construites 
        pour le domaine dit des hautes énergies.
 
 L'énergie de nos projectiles est assez importante pour perturber 
        les édifices nucléaires sons toutefois être suffisante 
        pour rendre négligeables les liaisons entre les nucléons 
        (ou constituants) du noyau. Elle permet donc une intervention assez nuancée 
        pour l'étude d'une structure nucléaire considérée 
        dans son ensemble. Au contraire, pour des projectiles de plusieurs milliards 
        d'électron-volts, les énergies de liaison des nucléons 
        sont négligeables vis-à-vis de l'énergie du projectile. 
        Tout se passe donc comme si ce dernier entrait en interaction directement 
        avec un nucléon libéré par rapport à la structure 
        du noyau, l'énorme excédent d'énergie permettant 
        de plus la création, par matérialisation, de nouvelles particules 
        fondamentales (mésons, hypérons) dont l'étude est 
        essentielle à la compréhension des champs de forces nucléaires.
 
 En d'autres termes, le champ de recherches des basses et moyennes énergies 
        est essentiellement celui de l'étude des structures nucléaires 
        ; au contraire, celui des hautes énergies est plutôt l'étude 
        des particules fondamentales.
 
 A côté de ce domaine strictement nucléaire nous développons 
        deux domaines frontières :
 
 1. - Celui de l'Electronique. - Il 
        s'agit là d'une technique de base pour la physique nucléaire 
        dont les ensembles de mesure contiennent des multiplicités de dispositifs 
        de nature électronique. A titre d'exemples, un sélecteur 
        qui est un appareil d'usage courant en physique nucléaire contient 
        environ 300 tubes ; une des premières expériences qui vient 
        d'être faite avec notre accélérateur Von de Graaff 
        a conduit à utiliser simultanément 1.200 tubes, plus d'un 
        kilomètre de câbles coaxiaux pour la transmission des informations 
        et plus de 3 kilomètres de câbles pour asservissements et 
        télécommandes. Ainsi que cela a été dit, nous 
        continuons d'ailleurs à développer nos recherches d'électronique 
        non seulement pour les liens qu'elles ont avec la physique nucléaire 
        mais aussi pour leur intérêt propre : techniques d'amplification 
        des courants faibles, détection de signaux peu intenses ou milieu 
        de parasites...
 
 2. - La physique des solides et, plus spécialement, 
        des semi-conducteurs. - Les semi-conducteurs, qui, depuis l'invasion 
        du marché radio par les postes à transistors, ont largement 
        attiré l'attention du public, sont étudiés par un 
        groupe de chercheurs de notre Institut. Là aussi, il s'agit d'un 
        ensemble de recherches qui s'harmonise très bien avec nos objectifs 
        nucléaires, puisque, d'une part, les possibilités d'irradiation 
        que nous offrent nos accélérateurs permettent l'étude 
        de certains éléments semi-conducteurs et que, d'autre part, 
        ces mêmes semi-conducteurs constituent maintenant d'excellents détecteurs 
        de rayonnements nucléaires.
 
 Naturellement, toutes les recherches rapidement évoquées 
        ci-dessus, impliquent, à côté de développements 
        expérimentaux importants, des efforts théoriques sérieux. 
        C'est pourquoi un groupe de physique théorique et de physique mathématique 
        existe dans notre Institut. II travaille dons les domaines de la mécanique 
        quantique, de la mécanique statistique et du calcul des probabilités.
 
 Faisons encore la remarque suivante : nos préoccupations dont ce 
        qui précède indique les tendances, ne sont pas seulement 
        orientées vers la recherche fondamentale mais aussi vers la recherche 
        appliquée comme en témoignent les contrats d'études 
        passés avec notre Institut par les organismes les plus divers : 
        réalisation de dispositifs électroniques utiles aux techniques 
        nucléaires, dosimétrie de rayonnements, problèmes 
        concernant le bruit de fond, problèmes relatifs à l'obtention 
        de couches monocristalines...
 
 Cet ensemble de recherches implique un équipement important et 
        un personnel nombreux et spécialisé. Disons quelques mots 
        de l'un et de l'autre. Nous ne détaillerons pas ici l'ensemble 
        des équipements classiques tels que : appareils de mesure, oscillographes, 
        générateurs étalonnés, groupes à vide, 
        machines-outils qui sont monnaie courante dans tout organisme de recherche 
        ayant l'orientation du nôtre. Notons cependant que la nature des 
        recherches entreprises et les délais de livraison à Alger 
        obligent à prévoir une masse importante de matériel 
        courant. A côté de ce dernier, notre Institut possède 
        des installations spécialisées ; citons en particulier :
 
 - Un accélérateur d'ions ou d'électrons de 600 kev. 
        à courant de faisceau intense construit par la Société 
        S.A.M.E.S. de Grenoble.
 
 - Un accélérateur Van de Graaff de trois millions d'électron-volts 
        fourni par la Société High Voltage Engineering Corporation 
        de Burlington (près de Boston U.S.A.).
 
        
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               L'accélérateur 
              Van de Graaff |  - Un spectromètre à protons.
 - Un liquéfacteur d'hydrogène et d'hélium, construit 
        par la Société T.B.T. à Grenoble.
 
 - Tout un ensemble d'installations indispensables notamment pour l'étude 
        des solides : microscope électronique, deux diffractographes électroniques, 
        une installation de rayons X...
 
 Naturellement, à côté de l'équipement, il ne 
        faut pas oublier les problèmes vitaux posés par la constitution 
        et l'implantation des équipes. Disons que le personnel à 
        plein temps de l ' I n s t i t u t dépasse actuellement 110 personnes 
        comprenant :
 
        
          |  L'état-major 
              de l'Institut d'Etudes Nucléaires au cours d'une réunion 
              de travail (professeurs et chefs de services). De g. à dr.: MM. J. Schmouker, A. Sarazin, R. Galiana, C. 
              Rivière. A. Blanc-Lapierre, P. Dumontet. R. Barjon, M. Savelli.
 |  - 50 chercheurs; parmi ces derniers, il y 
        a 8 professeurs ou maîtres de conférences. Les soixante autres 
        personnes correspondent à des techniciens, à du personnel 
        administratif ou aux services généraux. Pour donner une 
        idée du volume de recherches disons que, au cours des cinq dernières 
        années, les travaux effectués à 
        l'Institut d'Études Nucléaires, ont donné lieu à 
        environ 100 publications, communications ou conférences, et que 
        ses physiciens ont participé à une vingtaine de congrès 
        ou conférences internationales, (notamment à Paris, Londres, 
        Sydney, Montréal, Boston, La Haye, Amsterdam, Florence, Bruxelles, 
        Manchester, Berkeley, Boulder, Prague et Kingston). Indiquons aussi que, 
        durant l'année universitaire actuelle, cinq thèses de Doctorat 
        d'Etat auront été soutenues dans notre Institut.
 L'enseignement donné par l'Institut d'Études Nucléaires, 
        va, évidemment, dans le sens des recherches qu'il abrite. Dans 
        le cadre de la licence, notre Institut prépare aux certificats 
        d'études supérieures d'Électronique et de Physique 
        corpusculaire. De plus, il possède deux centres d'études 
        de 3è cycle : un centre de physique théorique et un centre 
        de physique nucléaire. Il s'agit là de cycles de deux ans 
        d'enseignement post-licence, constituant un véritable apprentissage 
        du métier de chercheur. A la fin de leurs études de troisième 
        cycle, les étudiants soutiennent une thèse de doctorat de 
        spécialité sur les résultats qu'ils ont obtenus au 
        cours de recherches originales.
 
 A côté d'un centre de recherches et d'un centre d'enseignement, 
        notre Institut veut aussi être le centre des techniques nucléaires 
        mises à la disposition de tous à Alger.
 
 A ce titre, il a mission dans le domaine de la documentation et dans celui 
        de l'implantation des moyens propres à faciliter la diffusion et 
        l'exploitation des techniques nucléaires. En liaison avec la Société 
        algérienne de documentation atomique (ALDOCATOM). présidée 
        par M. S. Bouakouir, secrétaire général adjoint de 
        l'Administration à la Délégation Générale, 
        l'Institut d'Études nucléaires met à la disposition 
        des personnes ou des organismes intéressés un centre de 
        documentation sur toutes les questions nucléaires. Par ailleurs 
        il met sur pied des stages et sessions d'études sur les applications 
        possibles et, tout récemment, un stage sur l'utilisation des radioéléments 
        organisé avec l'aide de l'Institut national des Sciences et Techniques 
        nucléaires de Saclay a rassemblé pendant deux semaines 40 
        spécialistes des questions liées à la biologie.
 
 II ne suffit pas de documenter ; il faut aussi implanter les moyens qui 
        permettront la diffusion des applications. Dans cet esprit, un centre 
        de datage par le carbone 14 sera mis en fonctionnement vers la fin de 
        l'année. Enfin, l'étude de l'implantation d'un réacteur 
        qui rendra possible à Alger l'utilisation des radioéléments 
        artificiels à vie courte est activement poussée.
 
 Ce qui précède donne une vue d'en-semble des services que 
        doit rendre notre Institut. Déjà, on peut considérer 
        que certains objectifs sont atteints, d'autres ne le seront que lorsque 
        l'ensemble des constructions et des moyens correspondants auront été 
        mis en service. Actuellement, seule la tronche A est terminée. 
        Elle fournit 3.500 m2 de surface utile. La tranche B dont la mise en service 
        est prévue pour l'été 1962, permettra d'ajouter à 
        cette superficie, en plus de locaux pour les services généraux 
        près de 2.000 m- pour les services d'enseignement et près 
        de 5.000 m pour ceux de fa recherche. ll s'agit là de
 bâtiments d'aspect plus traditionnel que ceux de la tranche A, auxquels 
        les exigences imposées par la présence des accélérateurs 
        donnent plutôt les caractéristiques d'une usine que celles 
        d'un laboratoire classique. C'est M. Michel Luyckx, architecte D.P.L.G., 
        qui est maître de uvre. Le Bureau d'Études est l'Omnium-Technique 
        de l'Habitation (O.T.H.A.L.) dirigé à Alger par M. Lions.
 
 Enfin, les travaux de construction sont effectués, compte tenu 
        des directives de l'Ingénieur en chef du Service des travaux d'architecture 
        de la Délégation Générale.
 
 En résumé et pour conclure on peut, employant un langage 
        que la physique des réacteurs a rendu courant, dire que l'Institut 
        d'Études Nucléaires de l'Université d'Alger a maintenant 
        très largement dépassé la " taille critique 
        " la " divergence " étant bien assurée, il 
        y a toute raison qu'il justifie tous les espoirs qui ont été 
        mis en lui en assurant un solide rendement aux moyens qui lui ont été 
        confiés.
 A. BLANC-LAPIERRE,Professeur à la Faculté des Sciences,
 Directeur de l'Institut d'Étules Nucléaires de l'Université 
        d'Alger.
 ************************
 Recherches de physique nucléaire dans le domaine des basses 
        énergies,
 par le professeur Sarazin, directeur-adjoint
 (l ) Depuis que cet article a été écrit, M. le Professeur 
        Sarazin a été nommé Directeur de l'Institut de Physique 
        Nucléaire de Lyon. II est remplacé à Alger, comme 
        Directeur-adjoint, par le Professeur Suzor.
 (Nota:je n'ai pas vérifié 
        cette suite.L'OCR rechignant sur la forme des polices)La connaissance profonde des mécanismes 
        et des lois régissant les phénomènes nucléaires, 
        c'est-à-dire se rapportant au noyau, nécessite la mise en 
        oeuvre de moyens de plus en plus puissants. Les multiples travaux qui 
        ont lieu dons de nombreux laboratoires depuis plusieurs années 
        n'ont pas encore réussi à permettre l'interprétation 
        de tous les phénomènes intranucléaires. Certes, depuis 
        que Bohr a proposé son modèle d'atome en 1913 et que Chadwick 
        a découvert le neutron en 1932, ce qui a permis de préciser 
        la composition du noyau, des progrès considérables ont été 
        faits. Le nombre de plus en plus grand de chercheurs qui s'intéressent 
        à cos problèmes montre bien la complexité des phénomènes 
        étudiés.
 
 Si l'on devait résumer en quelques mots et en toute généralité 
        le but des recherches de physique nucléaire, on pourrait dire que 
        celles-ci consistent en l'étude des interactions des nucléons, 
        protons et neutrons à l'intérieur des noyaux des atomes 
        afin de préciser en particulier la nature et le mécanisme 
        des forces qui en assurent la cohésion. De précieux renseignements 
        peuvent être tirés de l'étude des noyaux clans un 
        état excité, c'est-à-dire ayant une énergie 
        interne supérieure à celle correspondant à l'état 
        normal ou fondamental. Cette énergie supplémentaire sera 
        la cause d'un réarragement des nucléons à l'intérieur 
        du noyau sur lequel il sera possible d'obtenir d'intéressantes 
        informations par l'étude du processus qui lui permettra de retourner 
        à l'état fonda-mental. Des recherches de ce type ont déjà 
        été effectuées à l'Institut d'Etudes Nucléaires.
 
 Ces études peuvent être effectuées à partir 
        des produits de décompositions de radioisotopes que l'on fabrique 
        généralement dans des piles atomiques.
 
 Dans d'autres cas, on obtient le noyau dans un état excité 
        à partir d'une réaction nucléaire produite au moyen 
        de particules (protons, deutons, particules alpha) accélérées 
        dans un accélérateur de particules. Il est nécessaire 
        que ces particules chargées aient une certaine énergie pour 
        franchir la barrière de potentiel d aux forces répulsives 
        des protons du noyau. noyau ainsi formé par capture d'un ou de 
        pl sieurs nucléons supplémentaires est en gén rat 
        dans un état excité. On aura encore, cor me précédemment, 
        différents schémas possibles dont l'étude complète 
        sera extrêmeme fructueuse.
 ces particules chargées aient une certaine énergie pour 
        franchir Io barrière de potentiel due aux forces répulsives 
        des protons du noyau. Le noyau ainsi formé par capture d'un ou 
        de plu-sieurs nucléons supplémentaires est en gêné-roi 
        dans un état excité. On aura encore, comme précédemment, 
        différents schémas possibles dont l'étude complète 
        sera extrêmement fructueuse.
 
 Les appareils nécessaires pour réaliser des recherches dans 
        ce domaine, si l'on exclut les installations annexes, sont de deux types 
        : les sources de porticules accélérées appelées 
        accélérateurs et l'ensemble des appareillages de détection.
 
 L'Institut d'Etudes Nucléaires d'Alger dispose de deux accélérateurs 
        de particules. Le premier désigné par le nom du savant qui 
        en conçu le principe : l'accélérateur Van de Graaff 
        per-met d'obtenir des courants de 100 ou 200 microompères de particules 
        (protons, deutons, particules alpha ou électrons) ayant une énergie 
        de 3 millions d'électron-volts. Cet appareil fabriqué aux 
        Etats-Unis a été installé à Alger en juin 
        1959. L'autre est de conception française et o été 
        construit à Grenoble par la Société Anonyme des Machines 
        Electrostatiques (SAMESI. II permet d'obtenir des courants de particules 
        du même type que le précédent, mais ayant des énergies 
        maximum de 600 kilo-électronvolts.
 
 Pour la détection, l'Institut dispose d'ensembles de mPSres dont 
        une grande partie a été conçue et réalisée, 
        malgré leur complexité, dans ses laboratoires et ateliers, 
        et qui permettent les mesures de durées de vie d'états excités, 
        la mesure des énergies des divers rayonnements (rayons gamma, bêta, 
        neutrons, particules chargées), la mesure de distributions angulaires, 
        c'est-à-dire la détermination de la direction d'émission 
        des rayonnements au cours d'une réaction nucléaire.
 
 Ces appareillages permettent à l'Institut d'aborder les principales 
        études classiques. Mais il était intéressant de disposer 
        d'appareils encore plus perfectionnés permettant d'obtenir des 
        informations sur des réactions dont la connaissance n'est encore 
        que fragmentaire. C'est ainsi que les chercheurs de l'Institut ont installé 
        à la suite de l'accélérateur Van de Graaff un dispositif 
        de pulsation fournissant des "paquets" de protons pendant des 
        temps inférieurs au milliardième de seconde, tout spécialement 
        destiné à permettre des mesures de durée de vie d'états 
        excités.
 
 L'accélérateur SAMES a été complété 
        par différents dispositifs afin d'être tout spécialement 
        adapté aux mesures de diffusion de neutrons sur divers noyaux lourds. 
        Les neutrons sont pro-duits en bombardant du Tritium au moyen de deutérons. 
        L'énergie des neutrons diffusés est mesurée par une 
        méthode dite de temps de vol. Elle consiste à déterminer 
        le temps que met chacun d'eux pour parcourir une distance de deux mètres. 
        Celui-ci étant fonction de leur vitesse, donc de leur énergie, 
        il est asi possible de déterminer à partir d'une mesure 
        du temps le spectre d'énergie des neutrons diffusés dont 
        l'interprétation est extrêmement fructueuse. A la suite des 
        mesures, il faut naturellement faire l'interprétation des résultats 
        obtenus, ce qui nécessite des études théoriques extrêmement 
        complexes qui sont facilitées par l'existence à l'Institut 
        d'un groupe de recherches spécialement orienté vers les 
        études de physique nucléaire théorique.
 
 L'Institut d'Etudes Nucléaires d'Alger est parfaitement équipé 
        pour atteindre les buts qu'il s'est fixés. Le dynamisme des groupes 
        de recherches qui l'animent et les premiers résultats obtenus font 
        bien augurer de son avenir.
 ************************ La physique théorique,par le Professeur P. Dumontet..
 La physique de l'infiniment petit a fait 
        ou cours de ces trente dernières années des progrès 
        considérables. Si les physiciens du début du siècle, 
        qui exploraient les molécules et les atomes, pouvaient taire des 
        expériences qui te-noient sur a la table à l'heure actuelle, 
        les physiciens qui fouillent la structure nucléaire utilisent des 
        techniques de plus en plus complexes, impliquant un matériel énorme 
        et nécessitant la collaboration de plusieurs équipes de 
        techniciens et de chercheurs
 L'accroissement considérable des moyens matériels à 
        mettre en oeuvre pour effectuer une expérience de physique nucléaire 
        a été simultanément suivi d'un développement 
        important des théories nécessaires pour expliquer les phénomènes 
        physiques correspondants. Les pro-grès rapides des techniques et 
        de la théorie ont fait nature respectivement deux genres bien distincts 
        de physiciens : les expérimentateurs et les théoriciens.
 
 Le développement de la physique théorique, bien que moins 
        spectaculaire pour le grand public, est aussi important et nécessaire 
        que celui de la physique expérimentale- Les théoriciens 
        ont une lourde tache : celle de modeler, à partir des résultats 
        expérimentaux et des lois fondamentales, des schémas permettent 
        de comprendre la structure microscopique de la matière. Naturellement 
        est nécessaire qu'expérimentateurs et théoriciens 
        aient des contacts permanents pour permettre de faire la synthèse 
        de leurs connaissances.
 
 L'Institut d'Etudes Nucléaires d'Alger n'a pas négligé 
        cet aspect théorique de la physique nucléaire actuellement 
        un groupe de physique théorique comprenant une dizaine de chercheurs 
        y travaille activement.
 
 Ce groupe s'occupe plus particulièrement de l'étude des 
        modèles nucléaires proprement dits et de la théorie 
        des réactions nucléaires produisant des particules polarisées.
 
 A côté de cet effort d'ordre théorique spécialement 
        orienté vers l'exploitation et l'interprétation des résultats 
        expérimentaux de la physique nucléaire, nous continuons 
        à étudier des questions relevant de domaines qui taisaient 
        déjà l'objet d'investigations dans nos laboratoires avant 
        l'apparition des accélérateurs. Notamment des chercheurs 
        étudient les problèmes théoriques liés aux 
        propriétés des semi-conducteurset aussi diverses questions 
        de physique mathématique relevant du domaine de la mécanique 
        statistique ou de celui du calcul des probabilités. En particulier, 
        des études sont consacrées aux phénomènes 
        de fluctuations en physique et spécialement aux fluctuations connues 
        en radioélectricité sous le nom de " bruit de fond 
        ". On sait que le bruit de fond limite la sensibilité des 
        récepteurs radioélectriques : l'intérêt de 
        la réduction des effets perturbateurs du bruit apposait aujourd'hui 
        de façon encore plus spectaculaire si l'on songe aux énormes 
        portées radioélectri ques, de l'ordre de dizaines de millions 
        de kilomètres qui sont requises pour les problèmes de communication 
        avec les satellites !
 ************************ Les recherches sur les semi-conducteurs,par M. Savelli, maître de Conférences.
 Dans l'ensemble des diverses formes possibles 
        de l'état solide, les semi-conducteurs sont actuellement l'objet 
        de nombreuses études; une des raisons de l'intérêt 
        qui leur est porté est que les recherches auxquelles ils donnent 
        lieu s'étalent depuis des problèmes touchant à des 
        questions de physique très générale, telles que l'étude 
        des structures ordonnées périodiques liées à 
        l'état cristallin jusqu'à la construction et la mise ou 
        point de dispositifs qui envahis-sent la technique et les applications 
        comme, par exemple, les transistors.
 L'existence des transistors montre que l'on peut, avec des dispositifs 
        semi-conducteurs, avec un très grand nombre des fonctions qui, 
        jusqu'à ce jour, étaient confiées à des tubes 
        à vide ; mais on a, avec les transistors, la possibilité 
        d'utiliser des dispositifs bien plus petits fonctionnant sous des tensions 
        bien plus faibles et, en général, plus robustes. Les cellules 
        photoélectriques à vide peuvent elles aussi être, 
        dans une large mesure, remplacées par des jonctions semi-conductrices 
        qui sont sensibles à divers rayonnements et en particulier aux 
        rayonnements photoniques, c'est-à-dire de même nature que 
        la lumière. Ces jonctions semi-conductrices pourront servir capter 
        l'énergie solaire et rentrer dans la constitution de photopiles. 
        Elles pourront aussi, si l'on met à profit leur capacité 
        pour détecter des rayonnements nucléaires divers, servir 
        de détecteurs dans un laboratoire de physique nucléaire. 
        En particulier un très gros intérêt s'attache actuellement 
        à cet emploi des jonctions semi-conductrices qui permettent d'avoir 
        des détecteurs, d'une part très petits, d'où une 
        bonne localisation spatiale du rayonnement et, d'autre part, sans inertie, 
        c'est-à-dire permet-tant de localiser dans le temps le passage 
        d'une particule avec une précision considérable de l'ordre 
        d'une fraction de milliardième de seconde.
 
 Les recherches actuellement en cours à l'Institut d'Etudes Nucléaires 
        sur les semi-conducteurs sont essentiellement orientées dans quatre 
        directions :
 1°/Obtention et étude de couches minces semi-conductrices, 
        qui sont appelées à jouer un très grand rôle 
        dans diverses applications photo-piles solaires et détecteur de 
        particules nucléaires ayant une meilleure résolution que 
        les chambres à ionisation,
 
 2°/Etudes du bruit de fond dans les dispositifs électriques 
        semi-conducteurs. - Connaître les raisons profondes du bruit 
        de fond limitant la sensibilité des jonctions et des transistors 
        qui tendent à remplacer de plus en plus les tubes à vide, 
        est un problème fondamental, dont la solution permettra d'augmenter 
        encore les performances de ces dispositifs.
 
 3" Etude de l'effet de surface présenté par les 
        semi-conducteurs. - A cause des dimensions finies des cristaux semi-conducteurs, 
        leurs propriétés sont perturbées plus ou moins par 
        des phénomènes superficiels dépendant fortement des 
        traitements mécaniques, chimiques, électrolytiques que la 
        surface a subis et aussi, de l'ambiance gazeuse dans laquelle est plongé 
        le semi-conducteur. II est essentiel de connoitre la corrélation 
        existant entre ces perturbations et l'état de surface, dans le 
        but soit de l'utiliser (par exemple détection de rayonnements nucléaires 
        à barrière de surface), soit au con-traire de le rendre 
        négligeable.
 
 4" Etude des défauts créés par les rayonnements 
        nucléaires sur les solides. - Ce domaine de recherches s'est 
        rapidement développé ces dernières années 
        pour de nombreuses raisons pratiques ou théoriques :
 --a) Nécessité de connaitre les transformations subies par 
        les matériaux entrant dans la construction des réacteurs 
        nucléaires.
 --b) Importance de plus en plus grande du problème de la détection 
        des rayonnements nucléaires et de celui de la transformation directe 
        de leur énergie en énergie électrique.
 --c) Possibilités de modifier par bombardement nucléaire 
        les propriétés électriques des solides.
 --d) Possibilités de créer par irradiation des défauts 
        dans les réseaux cristallins et par conséquent intérêt 
        indéniable pour l'étude théorique et expérimentale 
        des défauts de réseau dans les solides.
 
 Le personnel travaillant dans le domaine de I'Etat solide, à l'Institut 
        d'Etudes Nucléaires, comprend environ 25 personnes dont, une douzaine 
        de chercheurs. Il dispose d'appareils de base, tels que : diffractogrophes 
        électroniques, microscope électronique, appareil de rayons 
        X. avec diffractomètre, spectrophotomètre d'absorption, 
        et utilise les techniques du vide poussé (pression de l'ordre du 
        milliardième de millimètre de mercure) et, de l'électronique.
 
 ALDOCATOMSociété Algérienne de documentation Atomique
 La société ALDOCATOM a été 
        fondée en 1956. Dès cette époque, il était 
        évident que les applications de la science nucléaire allaient 
        se développer largement, qu'il s'agisse des problèmes directement 
        liés à l'énergie nucléaire elle-même 
        ou, par exemple, de ceux, extrêmement nombreux, qui découlent 
        des multiples utilisations possibles des radioéléments. 
        Il était visible que toute cette évolution devait retentir, 
        à plus ou moins brève échéance, sur les programmes 
        industriels et sur les plans de financement.
 C'est pourquoi, le Gouvernement Général de l'Algérie 
        et les principaux organismes industriels ou bancaires de ce pays, ont 
        désiré se grouper pour créer une Société 
        chargée de rassembler et de tenir à jour une documentation 
        sur l'évolution des perspectives industrielles ouvertes par le 
        développement de l'énergie atomique ou bien encore de résoudre 
        certains problèmes techniques d'ordre très pratique et intéressant 
        tout un secteur de l'économie.
 
 C'est la raison qui a conduit à la création de la Société 
        ALDOCATOM. A peu près simultanément fut décidée 
        la mise sur pied de l'Institut d'Etudes Nucléaires de l'Université 
        d'Alger et il est apparu qu'il y avait intérêt à organiser 
        le Centre de documentation d'ALDOCATOM en liaison avec cet organisme. 
        C'est pour celà qu'ALDOCATOM a été domiciliée 
        d'abord à la Faculté des Sciences d'Alger puis à 
        l'Institut d'Etudes Nucléaires dès que celui-ci a possédé 
        ses bâtiments propres, c'est-à-dire à partir du 1-1-1960.
 
 L'article 3 des statuts définit claire-ment l'objet de la Société: 
        elle a pour but l'étude des problèmes posés par le 
        développement d e s connaissances scientifiques dans le domaine 
        d e l'Energie nucléaire, la constitution de toute documentation 
        s'y rapportant et Io recherche de ses possibilités d'utilisation 
        à des fins industrielles, agricoles, comme=iales, médicales, 
        pharmaceutiques et de tous ordres, etc...
 
 Ce sont évidemment les problèmes de documentation qui se 
        sont imposés les premiers. Comme cela a été dit, 
        un Centre de Documentation a, dès la création d'ALDOCATOM, 
        été mis sur pied en liaison étroite avec celui de 
        l'Institut d'Etudes Nucléaires. Sa mi-se sur pied et son fonctionnement 
        ont été grondement aidés par les facilités 
        que le Commissariat à l'Energie Atomique a bien voulu lui accorder.
 
 Ce Centre de Documentation possède une assise suffisante pour être 
        capable de fournir, soit les éléments d'information qui 
        sont demandés par les adhérents, soit les bases d'enquêtes 
        spécialisées. Il reçoit plus de 80 périodiques 
        et possède environ 1.500 ouvrages. Un très grand nombre 
        de rapports ou d'articles divers ont été ras-semblés. 
        Afin de rendre l'utilisation des documents et l'extraction des in-formations 
        plus aisées, de nombreux fichiers ont été mis sur 
        pied. Leurs gammes s'étendent depuis certains domaines touchant 
        aux connaissances fondamentales jusqu'à d'autres relevant de la 
        documentation technique ou commerciale.
 
 L'utilisation et la diffusion des informations font intervenir les moyens 
        d'action suivants :
 a/ une salle de lecture permet la consultation directe des différents 
        documents.
 
 b/ALDOCATOM publie un bulletin trimestriel qui informe ses membres de 
        l'évolution des applications de la physique nucléaire, de 
        l'activité du centre, des nouvelles publications reçues 
        et des cours, congrès, conférences, etc... En plus d'articles 
        généraux ou d'une sorte de revue de l'actualité nucléaire, 
        ce bulletin publie les résultats d'enquêtes sur des sujets 
        très di-vers tels que l'utilisation des bétons spéciaux 
        pour la protection des piles atomiques, le traitement des fruits par les 
        radiations ionisantes, l'action des rayonnements sur les solides, les 
        possibilités offertes par les accélérateurs à 
        électrons pour la stérilisation industrielle, le datage 
        par le carbone 14, le problème de l'assurance contre les risques 
        atomiques, etc...
 et
 C/ Enfin des séances de discussion et d'information ont été 
        organisées. Je tiens à marquer que les possibilités 
        de documentation rassemblées par ALDOCATOM sont largement ouvertes 
        et qu'il faut noter l'esprit de coopérotion dans un but non lucratif 
        qui anime l'ensemble des actionnaires de la Société. II 
        y a là une réunion de bonnes-volontés publiques et 
        privées qui mérite d'être signalée.
 
 Les Sociétés ou Collectivités qui font partie d'ALDOCATOM 
        sont les suivantes :
 
 Délégation Générale de l'Algérie, Banque 
        Industrielle de l'Afrique du Nord, Bureau de Recherches Minières 
        de l'Algérie, Société Algérienne des Ets G. 
        Bompard, Ciments artificiels d'Oranie, Société N.A. des 
        ciments Lafarge, Crédit Lyonnais, Laminoir et Tréfilerie 
        d'Afrique, Région économique de l'Algérie, SOGEI, 
        Société métallurgique d'El Aria, Société 
        française Radio-électrique Afrique, Société 
        d'études et de réalisations industrielles en Algérie, 
        Télécommunications radioélectriques et téléphoniques, 
        Télécommunications radioélectriques et téléphoniques 
        africaines, Union industrielle africaine, Worms et Cie, Banque de Paris 
        et des Pays-Bas, Neyrpic-Afrique.
 S. BOUAKOUIR,Secrétaire Général adjoint de l'Administration,
 Président-Directeur Général de la Sté ALDOCATOM.
 
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