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 Je vous ai compris !
 
 Je sais ce qui s'est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu 
        faire. Je vois que la route que
 vous avez ouverte en Algérie, c'est celle de la rénovation 
        et de la fraternité.
 
 Je dis la rénovation à tous égards. Mais très 
        justement vous avez voulu que celle-ci commence par le commencement, c'est 
        à dire par nos institutions, et c'est pourquoi me voilà. 
        Et je dis la fraternité parce que vous offrez ce spectacle magnifique 
        d'hommes qui, d'un bout à l'autre, quelles que soient leurs communautés, 
        communient dans la même ardeur et se tiennent par la main.
 
 Eh bien ! de tout cela, je prends acte au nom de la France et je déclare, 
        qu'à partir d'aujourd'hui, la France considère que, dans 
        toute l'Algérie, il n'y a qu'une seule catégorie d'habitants 
        : il n'y a que des Français à part entière, des Français 
        à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes 
        devoirs.
 
 Cela signifie qu'il faut ouvrir des voies qui, jusqu' à présent, 
        étaient fermées devant beaucoup.
 
 Cela signifie qu'il faut donner les moyens de vivre à ceux qui 
        ne les avaient pas.
 
 Cela signifie qu'il faut reconnaître la dignité de ceux à 
        qui on la contestait.
 
 Cela veut dire qu'il faut assurer une patrie à ceux qui pouvaient 
        douter d'en avoir une.
 
 L'armée, l'armée française, cohérente, ardente, 
        disciplinée, sous les ordres de ses chefs, l'armée éprouvée 
        en tant de circonstances et qui n'en a pas moins accompli ici une uvre 
        magnifique de compréhension et de pacification, l'armée 
        française a été sur cette terre le ferment, le témoin, 
        et elle est le garant, du mouvement qui s'y est développé.
 
 Elle a su endiguer le torrent pour en capter l'énergie, Je lui 
        rends hommage. Je lui exprime ma confiance. Je compte sur elle pour aujourd'hui 
        et pour demain.
 
 Français à part entière, dans un seul et même 
        collège ! Nous allons le montrer, pas plus tard que 
        dans trois mois, dans l'occasion solennelle où tous les Français, 
        y compris les 10 millions de Français d'Algérie, auront 
        à décider de leur propre destin.
 
 Pour ces 10 millions de Français, leurs suffrages compteront autant 
        que les suffrages de tous les autres.
 
 Ils auront à désigner, à élire, je le répète, 
        en un seul collège leurs représentants pour les pouvoirs 
        publics, comme le feront tous les autres Français.
 
 Avec ces représentants élus, nous verrons comment faire 
        le reste.
 
 Ah ! Puissent-ils participer en masse à cette immense démonstration 
        tous ceux de vos villes, de vos douars, de vos plaines, de vos djebels 
        ! Puissent ils même y participer ceux qui, par désespoir, 
        ont cru devoir mener sur ce sol un combat dont je reconnais, moi, qu'il 
        est courageux...car le courage ne manque pas sur la terre d'Algérie, 
        qu'il est courageux mais qu'il n'en est pas moins cruel et fratricide 
        !
 
 Oui, moi, de Gaulle, à ceux-là, j'ouvre les portes de la 
        réconciliation.
 
 Jamais plus qu'ici et jamais plus que ce soir, je n'ai compris combien 
        c'est beau, combien c'est grand, combien c'est généreux, 
        la France !
 
 Vive la République !
 
 Vive la France !
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