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         DRARIA Historiquement 
        Draria appartient à cette catégorie de villages de colonisation 
        dont le plan Guyot a évoqué la création alors que 
        la décision de les créer avait déjà été 
        prise et annoncée. En effet le Comte Guyot avait lui-même 
        fait savoir en janvier 1842 qu'il « serait procédé 
        à la fondation d'un nouveau village de colonisation au lieu-dit 
        Draria dans la commune de Kaddous. En effet, par arrêté, 
        de Monsieur le Lieutenant Général, Gouverneur de l'Algérie, 
        du 10 janvier 1842, il avait été 
        formé un village composé de 51 familles à Draria, 
        «en considérant que les tribus demeurant aux lieux 
        dits : Draria, Beni Arbia, Ouled Sirah, ont passé à l'ennemi 
        en novembre et décembre 1839 en incendiant les gourbis et en assassinant 
        des colons européens ». 
 A la même date on promet d'accorder des concessions dont les premiers 
        titres, il est vrai, ne seront signés, par Guyot et Bugeaud, qu'à 
        partir du 8 avril 1842.
 
 Dans son plan Guyot n'a rien à ajouter et se contente de trois 
        lignes en orthographiant autrement le nom de l'une des trois tribus.
 
         
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                | Draria est près de Kaddous, sur 
                    le territoire abandonné par les tribus des Beni Arbia, 
                    Sghiria et Draria. Ce territoire est fertile. Les colons ont 
                    déjà reçu 40 hectares |  |  Au début de l'année la commune 
        s'appelait Kaddous et le lieu-dit Draria. A la fin de l'année ce 
        fut l'inverse. Et c'est Draria qui s'est imposé jusqu'à 
        nos jours. Quel que soit son nom elle fit partie, jusqu'en 1870 de la 
        CPE de Dély Ibrahim. Il est très probable que, dès 
        1835, des familles s'étaient établies sur les terres du 
        futur centre de Draria.
 Le succès du nouveau centre de peuplement européen semble 
        avoir été rapide, si l'on en croit le rapport rédigé 
        en 1847 par le sieur Villevaleix, 
        Inspecteur de la Colonisation
 
         
          | 
               
                | C'est l'un des plus jolis et des meilleurs 
                    centres du Sahel ; il compte une soixantaine de maisons parmi 
                    lesquelles on en remarque plusieurs de belle apparence. Le 
                    territoire rural annexé à ce centre est, en 
                    général, assez fertile. La culture des céréales 
                    commence à prendre un peu d'extension et promet quelques 
                    résultats pour 1848
Une mairie, une jolie église, une brigade de Gendarmerie 
                    constituent la commune. Les édifices qui y sont affectés 
                    appartiennent à l'Etat. Le maire ne réside pas 
                    au village : c'est un grave inconvénient pour la régularité 
                    et la célérité du service.
 Les routes qui relient Draria à Saoula, à El 
                    Achour, et celle surtout qui conduit à la Colonne Voirol, 
                    sont impraticables pendant l'hiver, leur réparation 
                    est urgente
 Les habitants ont commencé, à leurs frais, une 
                    route de quelques centaines de mètres qui part de la 
                    barrière faisant face à l'église, et 
                    va s'embrancher sur la route de Saoula. Peu de travaux restent 
                    à faire pour l'achever ; l'Administration devrait s'en 
                    charger
 Le local de la Mairie sert aussi à le tenue de l'école 
                    et au logement de l'Instituteur ; ce local est un peu trop 
                    exigu. On pourrait l'agrandir d'une pièce en prenant 
                    sur la cour, il n'y a aucun inconvénient à cela, 
                    et la dépense serait minime.
 Le ruisseau qui traverse le territoire de Draria est susceptible 
                    de mouvoir une ou deux usines, moyennant, bien sûr quelques 
                    travaux pour préparer les chutes d'eau. Les édifices 
                    publics ont été réparés il y a 
                    peu de temps. La salubrité est parfaite.
 Draria est en définitive un village qui a de l'avenir.
 |  |  L'année suivante le guide Quétin 
        confirme " Florissant village de 57 familles. Habitations propres 
        et commodes ". L'église 
        fut bâtie par le Génie dès 1842 et consacrée 
        par l'Archevêque de Marseille, Monseigneur Massenor le 3 novembre. 
        
 L'école à classe unique de 
        Draria persista jusqu'en 1900, date de l'ouverture d'un bâtiment 
        scolaire à deux, puis trois classes, construit dans le bas du village. 
        Mais on avait ouvert dès 1890 une école à un carrefour 
        au nord du village, pour les enfants de Kaddous. Le lieu-dit Kaddous ne 
        devint jamais un village européen ; mais il y avait quelques fermes.
 
 La gendarmerie hébergea au maximum 6 gendarmes, puis 
        fut abandonnée vers 1860 ; Draria dépendit alors de la gendarmerie 
        de Birkhadem.
 
 Villevaleix a surestimé les capacités de l'oued qui coule 
        au sud du village : il n'a d'eau qu'en hiver. Quant à l'oued Kerma 
        (branche orientale) qui limite la commune à l'est, il est à 
        plus de 2km.
 
 Le chemin vers Saoula dont il est question dans le rapport a bien été 
        aménagé. C'est la traverse de Saoula qui raccourcit pas 
        mal le trajet, mais au prix d'une descente et d'une montée redoutables.
 Parmi les natifs de Draria je ne retiendrai 
        que deux noms : ceux d'Elise Rivet et de Monsieur Palomba.
 Elise Rivet est née à 
        Draria le 19 janvier 1890. Elle entra dans les Ordres et devint en 1933 
        la Mère Supérieure du couvent des Religieuses de la Compassion 
        à Lyon sous le nom de Mère Elizabeth. C'est là qu'elle 
        fut arrêtée par la Gestapo en mars 1941 pour avoir caché 
        des Juifs et des résistants armés. Elle fut déportée, 
        et mourut au camp de Ravensbrück le 30 mars 1945, après avoir 
        pris volontairement la place d'une mère de famille. Un timbre a 
        été émis à son effigie, en 1961, dans la série 
        " Héros de la Résistance ".
 Monsieur Palomba 
        doit sa présence ici à la durée de ses 
        mandats de Maire de Draria : 27 ans, de 1935 à 1962 ! Quelques dates 1842 - 
        Arrêté de fondation du village le 10 janvier1842 - Construction de l'église 
        qui est consacrée le 3 novembre
 1842 -  Construction d'une gendarmerie
 1870 - Draria est promu CPE le 8 décembre
 1882-1884 - Construction du château 
        Béraud
 1890 - Commune sinistrée par 
        des chutes de neige et un froid exceptionnels
 1922 -  L'électricité 
        est installée au village
 1928 - Construction d'une cave coopérative
 1951 -  Le château Béraud 
        devient Préventorium
 1989 - Inauguration d'une centrale 
        nucléaire expérimentale
  Je sais, 1989 est une date bien postérieure 
        à l'Indépendance, et donc hors de mon sujet. Mais sa raison 
        d'apparaître ici est tout à fait exceptionnelle : je fais 
        donc une exception pour quelques chose d'exceptionnel, une centrale nucléaire. 
        C'est à Draria que, grâce au concours de l'Argentine, a été 
        édifiée et mise en fonctionnement, la toute première 
        centrale nucléaire d'Algérie et d'Afrique du nord. Elle 
        est expérimentale et prend en quelque sorte la suite de l'Institut 
        que la France avait installé près des Tagarins. Les Algériens 
        l'ont appelée Nour (la lumière), 
        mais vu sa faible puissance, un à trois mégawatts, il eut 
        été plus honnête de l'appeler la luciole. L'Algérie a récidivé 
        en 1993 en installant à Aïn 
        Oussera (ex Paul Cazelles) , au sud de Boghari, un réacteur chinois 
        plus puissant (15 ou 40 ?mégawatts) surdimensionné pour 
        un usage de recherche. Sous la pression internationale l'Algérie 
        a dû consentir à l'inspection du site par l'AIEA.
 La photo est celle du site d'Aïn Oussera, qui bénéficie, 
        par Google Earth, d'un traitement de choix. La centrale s'appelle 
        Es Salam (le salut). Je ne sais
 pas à quoi elle sert au juste. Elle n'alimente pas le réseau 
        électrique.
 En 2007 l'Algérie a fait savoir, qu'elle 
        devait préparer l'après pétrole et qu'il lui faudrait 
        construire une centrale pour la production d'électricité, 
        d'ici une vingtaine d'années : un marché qui va s'ouvrir
peut-être
 
         Le territoire communal
 Il est de dimension modeste : 1269 ha, et n'a de limite naturelle qu'à 
        l'est où la commune est longée par la vallée assez 
        encaissée de l'oued Kerma (branche orientale).
 
 Draria est une commune de collines, mais son relief s'apaise du nord au 
        sud. Au nord il est formé de dos de collines arrondis séparés 
        par des ravins bien marqués. Quelques escarpements rocheux près 
        de l'oued Kerma ont permis très tôt l'exploitation de carrières 
        de pierres. Au sud l'altitude s'abaisse à moins de 150 m et les 
        espaces plats s'élargissent.
 
 Les chemins sont nombreux, mais ils sont sinueux. A noter le carrefour 
        de Kaddous, au nord du village de Draria, qui réunit les chemins 
        de la Colonne Voirol, de Tixeraïne, de Saoula et de Draria. C'est 
        là qu'en 1890 avait été 
        ouverte l'école de Kaddous, à classe unique.
 La culture principale, dès la fin 
        du XIXè siècle est la vigne, avec des exploitations moyennes 
        de 10 à 15ha. La cave coopérative, inaugurée en 1928 
        pour 7 viticulteurs, a fini par en réunir 41. La capacité 
        de stockage aurait été de 12 000hl : pour 7 c'était 
        beaucoup, pour 41 c'était peu.
 Il y avait néanmoins au moins deux grands domaines : celui de Monsieur 
        Béraud qui se fit bâtir une ferme à l'allure de château 
        aux toits d'ardoise à forte pente, en face d'El Achour ; et le 
        domaine Gitton Servat à Kaddous.
 Vers 1860-1870 on avait mis quelque espoir 
        dans la sériciculture : il en est resté des allées 
        de mûriers et de quoi élever quelques vers à soie 
        qui servaient pour les leçons de Sciences Naturelles des instituteurs. 
         
         
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   Le territoire 
              communal
 |  A l'époque française, malgré 
        sa proximité avec Alger par le chemin de la Colonne Voirol, Draria 
        n'était pas devenu, comme Birkhadem, une commune de grande banlieue 
        d'Alger. C'est resté jusqu'en 1962 un village d'agriculteurs et 
        de commerçants, avec quelques fonctionnaires, instituteurs ou postiers. Le village centre
 Le succès du village fut rapide. Mais ensuite il n'a quasiment 
        pas grandi, au moins jusqu'aux années 1950. J'en veux pour preuve 
        la comparaison entre les deux documents ci-joints : le plan cadastral 
        des débuts (date précise inconnue mais antérieure 
        à 1860) et une photographie aérienne des années 1930.
 
         
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   Plan cadastral 
              de Draria
 |  Les numéros des lots sont écrits 
        à l'envers car j'ai réorienté le plan de telle sorte 
        que le nord soit en haut et non en bas comme sur l'original.
 Ce plan est conforme aux usages du temps très soucieux de sécurité. 
        Un fossé, ou un parapet, ou une palissade l'entoure. Il y a une 
        tour de guet au point culminant du village, et deux corps de garde où 
        les colons devaient assurer une présence, en cas de besoin dans 
        le cadre du service de la milice. La dernière alerte trouvée 
        dans les annales est datée de 1845 : justifiée ou pas ? 
        je ne sais pas. Il y a aussi une gendarmerie qui fut abandonnée 
        dès que la sécurité parut assurée.
 
 On récupéra le bâtiment pour des logements de fonction.
 
 L'église et la Mairie se font face au centre du village.
 
 Il y a trois rues longitudinales, en pente forte du nord au sud ; et une 
        fontaine tout en bas.
 
 Les lots sot de tailles différentes : c'est normal, les lots des 
        artisans étant plus petits.
 
 Les maisons ne sont pas jointives, mais les clôtures le sont.
 
 Cette photo aérienne n'a pas pu être prise en 1850, c'est 
        sûr. Et sans doute pas avant 1930. Le sud est à gauche et 
        le nord à droite.
 
 Pourtant les changements sont minimes. Les tours de guet et le parapet 
        ont disparu ;des maisons ont été bâties à l'emplacement 
        prévu pour la fontaine et l'abreuvoir et sur une partie de l'espace 
        dévolue à la protection du village. Une rue fait le tour 
        de tout le village qui n'a changé ni de forme, ni de dimensions. 
        Le rectangle originel a été préservé.
 Il n'y a pas d'immeubles.
 
         
          |  
              
              Vue aérienne 
              de DrariaL'église et la mairie se font face, au carrefour central 
              du village
 |  Après 1945, et grâce à 
        sa 2 chevaux Citroën, l'abbé Hudry desservit au moins trois 
        paroisses. Il officia, baptisa, confessa, maria et inhuma à Draria, 
        El Achour et Saoula. 
 Avec son rez-de-chaussée simple, la Mairie de Draria est d'une 
        modestie rare.
 Autres lieux habités 
        notables 
         
          |  | Kaddous 
            Ce lieu dit est d'abord le nom d'un oued affluent de l'oued 
            Kerma qui a donné son premier nom à la commune de Draria. 
            C'est ensuite une zone de coteaux colonisés, au nord du village. 
            Parmi ces fermes consacrées à la viticulture, il faut 
            noter le domaine Gitton Servat qui possédait tous les équipements 
            de grandes caves. Le domaine était sous la conduite d'un gérant 
            qui, entre les deux guerres, fut Ferdinand Cazayous, natif de Baba 
            Hassen. La propriétaire fit placer le téléphone 
            dès que ce fut possible, mais refusa obstinément l'électrification. 
            A ses yeux le téléphone était utile pour faciliter 
            les contacts avec le responsable des travaux : l'électricité 
            était dangereuse. En 1939 on s'y éclairait encore à 
            la lampe à carbure. 
 Kaddous est aussi un lieu d'exploitation de carrières de pierres 
            qui ont servi à bâtir bien des immeubles à Alger, 
            en sus du château Béraud. Ces pierres ont été 
            utilisées notamment pour des travaux portuaires et pour l'église 
            Saint Augustin. Il y eut jusqu'à 5 carrières exploitées 
            par plus de trente ouvriers., au début du siècle. Cette 
            activité explique la présence de quelques tailleurs 
            de pierre parmi les résidents européens de la commune.
 
 Kaddous est enfin une école à classe unique implantée 
            à une carrefour qui attira aussi un café où les 
            colons du coin allaient parfois jouer aux cartes.
 |  Les bâtiments 
        du domaine Gitton Servat.   A gauche une vue généraleA droite l'arrivée vers le logement du gérant, avec en bas 
        des chambres pour des parents ou
 des techniciens de passage. En face, les cuves de stockage des vins.
 
         
          |  | La mechta 
            des Ouled Roumane Elle se trouve sur la colline au nord de Kaddous. C'est un vrai village 
            arabe, sans voirie à l'européenne, mais très 
            peuplé. Sur la carte au 1/50000 les points noirs des maisons 
            sont nombreux autour du marabout de Sidi Embarek.
 
 Même si le village-centre fut à majorité européenne, 
            la commune a toujours été majoritairement musulmane 
            : en 1954 elle l'était à 89%, à comparer aux 
            58% de sa voisine El Achour. En 1830 la région était 
            déjà bien peuplée. Et si trois tribus s'étaient 
            enfuies à l'automne 1839, elles ont dû revenir assez 
            vite.
 
 En schématisant on peut dire que le sud de la commune était 
            devenu européen, que le nord était resté arabe 
            et que le milieu était mixte.
 |  La desserte du village 
        était assurée par les autocars Seygfried remplacés 
        après 1950 par les Autocars blidéens. Kaddous n'était 
        pas desservi par des transports en commun. Supplément 
        sur l'obtention d'une concession d'un lot de colonisation dans les années 
        1842-1850 Ce chapitre sera nourri par le résultat de recherches faites aux 
        archives par un ami héréditaire (nos parents étaient 
        amis, nous aussi) dont le père était né à 
        Draria. Sans Gérard Malleus, je n'aurais pas pu écrire ce 
        qui suit.
 Généralités Ce qui est vrai pour Draria est vrai pour 
        tout le Sahel, sauf pour Mahelma, Fouka, Saint Ferdinand et Sainte Amélie 
        qui eurent une origine militaire.
 Pour obtenir une concession il convient de la demander sur du papier timbré 
        en vertu d'une loi de brumaire an VII (1798) adressée au Gouverneur 
        Général de l'Algérie , ou à n'importe quel 
        Préfet ou Sous-préfet qui transmettra.
 
         
         
          |  
              Conditions exigées 
                des demandeurs 
                 
                  | o | Etre français d'origine européenne 
                    par filiation ou naturalisation |   
                  | o | S'engager à résider au moins 5 
                    ans avec sa famille |   
                  | o | Posséder un casier judiciaire vierge |   
                  | o | Disposer de ressources suffisantes car " 
                    les concessions seront accordées de préférence aux cultivateurs, 
                    chefs de famille
 possédant un avoir d'au moins 5000 francs ".
 |   
                  | o | Se conformer aux dispositions de l'arrêté 
                    du 18 avril 1841. |  |  
 
         
         
          |  
              Obligations prévues 
                par l'arrêté du 18 avril 1841 pour le lot au village 
                 
                  | o | Bâtir une maison en pierres, briques ou 
                    pisé en un an |   
                  | o | Construire le toit en matériaux incombustibles |   
                  | o | Séparer son lot de la rue et des lots 
                    voisins par une clôture solide |   
                  | o | Ne laisser aucun vide entre son lot et les lots 
                    voisins |   
                  | o | Respecter les alignements indiqués par 
                    l'Administration |   
                  | o | Payer une redevance qui sera fixée ultérieurement |  |  
 
         
         
          |  
              Obligations prévues 
                par l'arrêté du 18 avril 1841 pour les terres 
                 
                  | o | Mettre en culture au moins un hectare la première 
                    année |   
                  | o | Mettre en culture trois autres hectares la deuxième 
                    année |   
                  | o | Mettre en culture le restant la troisième 
                    année |   
                  | o | Faire tailler et greffer les arbres fruitiers |   
                  | o | N'abattre aucun arbre sans autorisation |   
                  | o | Respecter clôtures et servitudes pour 
                    le service des voisins |  |  
 
         
         
          |  
              Conditions d'obtention 
                du titre de propriété définitif 
                 
                  | o | Avoir au moins trois ans de résidence |   
                  | o | Avoir dépensé au moins 1000 francs 
                    par hectare en améliorations |   
                  | o | Avoir obtenu l'aval d'un Commissaire Colonial 
                    après Inspection. Le Commissaire doit vérifier l'achèvement de 
                    la maison, l'état des
 ensemencements et des débroussaillages.
 Il doit enfin évaluer le montant des dépenses 
                    consenties.
 |  |  Il est clair que l'on ne cherche pas à 
        attirer de pauvres gens sans ressources qui risqueraient de rester à 
        la charge de l'Administration. On ne veut pas d'indigents, on préfère 
        les hommes mariés et, à défaut d'agriculteurs de 
        métier, les artisans compétents. Les listes de concessionnaires 
        indiquent généralement le métier du futur colon. 
        Le colon sera aidé de diverses façons par l'armée 
        ; mais il sera aussi surveillée par elle et encadré dans 
        le service de la milice.Par précaution l'Administration se réserve " expressément 
        la propriété de toutes les sources d'eau vive et de tous 
        les cours d'eau connus et inconnus ".Mais le concessionnaire peut 
        utiliser l'eau des sources se trouvant sur ses parcelles, pour son usage 
        exclusif.
 Un cas particulier, celui 
        du lot 44 du village et des lots de terrains 7, 83 et 107 J'évite de joindre des documents d'archive 
        car ils sont toujours difficiles à lire. Je ferai toutefois une 
        exception pour les deux titres de concession destinés au sieur 
        Jacques Dalmaze ; l'un concernant un lot à bâtir au village, 
        et l'autre trois terrains couvrant au total 10 hectares 24 ares et 60 
        centiares. Cette précision devient savoureuse lorsqu'on lit la 
        ligne manuscrite rajoutée spécifiant " qu'il n'y 
        a aucune garantie de contenance et qu'il faudra défalquer de la 
        superficie annoncée comme cultivable celle des chemins faits ou 
        à faire ". Ce sont ces lots qui formeront plus tard 
        le domaine des Malleus, au descendant desquels nous devons toutes les 
        précisions qui suivent.
 Jacques Dalmaze était le fils aîné d'un tisserand 
        d'Entrevaux dans la vallée du Var. Il ne choisit pas le métier 
        de son père et devint Maître Tailleur de Pierres. En 1841, 
        à 37 ans, il apprend par la lecture d'affiches préfectorales 
        lues à Draguignan, qu'on demande des bras en Algérie, et 
        même qu'on distribue des terres gratuitement. Il imagine que dans 
        ce pays neuf, où tout est à construire, on aura bien besoin 
        de tailleurs de pierres. Il persuade même son jeune frère, 
        ses deux surs et sa mère, de l'accompagner dans cette aventure.
 
 Je ne sais pas si son métier a joué un rôle dans le 
        choix de Draria, mais on peut l'imaginer en raison des carrières 
        de Kaddous déjà connues
 .
 La concession de Dalmaze (ou Dalmase) lui a été promise 
        le 10 janvier 1842
 Les titres de concession furent signés par le Comte Guyot et Bugeaud 
        le 8 avril 1842
 Les procès-verbaux de vérification de la tenue des engagements 
        ont été signés le 25 février 
        1845.
 
         
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          |  |  |  Les procès-verbaux de vérification 
        ont été établis par le Commissaire Colonial Lavaude, 
        aidé par son adjoint, le sieur Gay pour les terrains, et par un 
        entrepreneur, le sieur Monneret, pour la maison. Il a été constaté que 7 ha avaient été 
        ensemencés en orge, blé et cultures diverses, et que plus 
        de 2 ha étaient prêts à être ensemencés 
        ou à servir de jardin.
 
 Le constat pour la maison est très favorable : « Il existe 
        à l'emplacement accordé une grande maison en pierres construite 
        solidement, composée d'une cave, de trois grandes pièces 
        au rez-de-chaussée, et de six pièces au premier étage. 
        Une cour close d'un mur, occupe seize mètres de face et douze mètres 
        de profil. On y trouve une écurie ou plutôt un hangar pour 
        dix chevaux ».
 Les maisons de colon habituellement construites 
        à cette époque étaient basses, avec 2 ou 3 pièces 
        placées en enfilade le long de la rue. Cette maison Dalmaze est 
        vraiment exceptionnelle : sa photo terminera ma monographie de Draria. Le Commissaire Lavaude a également 
        constaté que 13 000 francs avaient été dépensés 
        ; alors que 10 000 auraient suffi pour une concession d'environ 10ha plus 
        333m² au village. Les conditions étant remplies le concessionnaire 
        devint presque pleinement propriétaire, au bout de trois ans, comme 
        promis. Je dis presque car il demeure une interdiction : celle de " 
        vendre ou de céder sous quelque forme que ce soit la propriété 
        à un indigène non naturalisé pendant 10 ans pour 
        la maison et 20 ans pour les terres ". Par contre il reçoit 
        le droit d'échanger des parcelles, sous réserve de l'approbation 
        par l'Administrateur, ce qu'il fit le plus tôt possible car ses 
        parcelles étaient trop dispersées. L'accord de l'Administrateur, 
        pour l'échange des parcelles 58 et 83 avec le sieur Convert, fut 
        obtenu en moins de trois semaines. 
 Les titres de propriété définitifs furent signés 
        en deux fois, le 28 juin et le 10 juillet 1845. 
        Et Jacques Dalmaze put recevoir gratuitement des semences pour les 2 hectares 
        nettoyés et prêts à être cultivés.
 
 Il put également obtenir des prêts hypothécaires, 
        plus facilement qu'avec un titre de concession provisoire. Avec ce dernier 
        il ne pouvait emprunter que pour les travaux de construction de la maison, 
        de mise en valeur des terres ou pour l'achat de cheptel. Et il devait 
        pouvoir justifier toutes ses dépenses par des « quittances 
        et autres documents justificatifs ».
 
         
          |  
              
              Voici, 
              vers 1930, la belle et grande maison de pierres du lot 44 construite 
              entre 1842 et 1845.Comme c'était l'usage, Jacques avait sollicité l'attribution 
              gratuite de trois mètres cubes de chaux, 1500 tuiles creuses, 
              100 planches et 20 madriers.
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