| IIENSEIGNEMENT TECHNIQUE
 Nous venons de noter, non sans un sourire 
        amusé, qu'un boursier du Centenaire se plaignait des " 
        limites étroites que la circulaire ministérielle fixe aux 
        rapports ". Ces limites ont été bousculées 
        dans presque tous. Mais jamais autant que par les membres de l'Enseignement 
        technique. Il s'agissait de montrer de quel intérêt pour 
        leur enseignement avait été ce beau voyage. Car enfin il 
        ne s'agissait pas d'une simple promenade de vacances que quelques-uns 
        même ont faite très courte : consacrer cinq jours à 
        une randonnée aussi longue et aussi coûteuse, comme nous 
        l'avons constaté par la lecture de certain rapport, c'est vraiment 
        perdre son temps, sa peine... et la subvention du Comité.
 Sur sept rapports, un seul, celui de Mlle Pinault, professeur à 
        l'École d'Art appliqué de la rue Duperré, mérite 
        d'être analysé.
 
 Mlle Pinault a fait un intéressant voyage. Comme ses collègues, 
        elle a admiré la beauté originale des paysages algériens, 
        essayé de pénétrer le mystère dont s'enveloppe 
        la vie indigène, étudié les résultats de l'effort 
        colonisateur de la France. Mais elle n'a pas cessé de penser à 
        son métier et à ses élèves et elle a enrichi 
        son savoir d'observations intéressantes.
 
 A Alger, après une visite à la ville, "je parcourus 
        en tous sens, nous dit-elle, la rue et le 
        marché de la Lyre, la 
        rue de Chartres et ses curieuses boutiques, à la recherche 
        de documents qui intéressent le plus mon enseignement, c'est-à-dire, 
        les tapis, les broderies cc et les dentelles. Plusieurs journées 
        furent consacrées à la visite des ateliers de tapis ".
 
 Ce qui ne l'empêcha pas de passer des heures exquises au 
        Jardin d'Essai et au Parc 
        de Galland dont elle admira
 les plantes étranges : " quelle belle source de documents 
        pour les élèves et les artistes que ces végétations 
        qui
 peuvent donner à l'art local son caractère propre ! 
        "
 
 En Kabylie, elle étudia les industries locales : bijouterie, poterie, 
        tissage. Le déballage d'un indigène 
        rue d'Isly, à Alger, lui permet d'étudier la 
        dentelle : " à part quelques essais de macramé, 
        de rares dentelles aux fuseaux, ornements d'ouvrages très anciens, 
        la Chebka est à peu près la seule dentelle fabriquée 
        dans toute l'Afrique du Nord et particulièrement en Algérie, 
        à Alger, Goléa, Blida, Djidjelli. Tandis qu'à Rabat, 
        l'entre-deux se nomme Randâ et désigne une bande très 
        étroite, à Alger le terme de Chebka s'applique à 
        tous les entre-deux de dentelles à l'aiguille... La Randâ 
        et la Chebka ne s'enseignent pas spécialement, on ne les apprend 
        qu'en regardant une bonne ouvrière travailler... " A Constantine, 
        elle visita l'École Professionnelle de Sidi Djelli, à Alger 
        enfin, au retour, l'Institut agricole et l'École industrielle. 
        Elle compléta ses études en allant admirer les modèles 
        anciens au Musée 
        des Antiquités algériennes et au 
        Musée du Bardo.
 
 Gageons que bientôt les élèves de l'École des 
        Arts appliqués de la rue Duperré vont apprendre à 
        dessiner et à utiliser les plus jolis motifs de l'art indigène 
        algérien. C'est un résultat qui n'est point négligeable.
 IIIENSEIGNEMENT SECONDAIRE
 L'enseignement secondaire a largement profité 
        de la libéralité du Comité du Centenaire. Naturellement 
        presque tous ceux qui ont obtenu une bourse sont des professeurs d'histoire 
        et de géographie. Parmi ceux voués aux autres disciplines 
        notons trois professeurs de lettres ou de grammaire, un de philosophie, 
        un de physique et un d'espagnol. Le professeur de physique, M. Sarraut, 
        n'a naturellement tiré de son voyage aucun profit direct pour son 
        enseignement, mais... " séduit par la variété 
        infinie de ses sites, par la beauté et la grandeur de ses paysages, 
        à proximité des côtes de France, je n'ai pas hésité 
        à me fixer dans ce pays d'Islam lorsque l'occasion s'en est présentée. 
        Et c'est ainsi qu'à la suite de cette randonnée, j'ai accepté 
        un poste au lycée de Tunis ! " Voilà une vocation 
        coloniale à l'actif du Comité.
 M. Marsal, professeur de philosophie au Lycée de Beauvais, a utilisé 
        son voyage en philosophe. Il a étudié avec pénétration 
        la question : se constitue-t-il une race algérienne originale? 
        et constaté " de visu " que les théories 
        des anthropologues sont souvent assez risquées. Bénéfice 
        certain, car notre devoir n'est-il pas, à nous les universitaires 
        bourrés de lectures, d'apprendre à nous défier des 
        livres qui s'interposent trop souvent entre notre il et la vie? 
        " Comment ne pas noter à la fois combien est utile la connaissance 
        indirecte et livresque et combien elle est insuffisante, inexacte même 
        dans sa précision? Ainsi, je n'ai à proprement parler rien 
        appris de-nouveau sur le relief de l'Algérie et pourtant j'en ai 
        une idée tout autre... "
 
 M. Barbelenet, professeur au Lycée Lakanal, pense que le séjour 
        qu'il a fait en Algérie ne sera pas inutile à ses élèves 
        de lettres;" je sais bien que mes élèves de troisième 
        B ne m'auraient pas témoigné une émotion aussi vive 
        au cours d'une explication de la mort de Sylvestre de Pierre Loti, si 
        à Touggourt, tandis que je méditais sur le pieux anonymat 
        des tombes " musulmanes, je n'avais pas senti se draper sur mes épaules 
        le lourd manteau d'argent incandescent. "
 
 D'autres, comme M. Boussinesq, professeur de première au collège 
        de Brive, considèrent que " pour un professeur de lettres 
        le profit le plus clair est celui (qu'il) a retiré de la contemplation 
        des " Villes d'Or ". M. Eude, professeur de cinquième 
        au Lycée de Chambéry, nous revient avec une âme de 
        militant : " aussi je ne me lasserai pas de vanter aux jeunes 
        gens vigoureux et entreprenants k charme de cette France d'outre-nier, 
        si près de la métropole, qui offrira un vaste champ à 
        leur activité intelligente, dans tous les domaines, en particulier 
        dans l'exploitation minière encore à ses débuts 
        ", tandis que M. Denis, professeur d'espagnol au Lycée d'Orléans, 
        se contente de nous donner des pages très ingénieuses sur 
        ce qu'il a vu pendant le mois qu'il a consacré à parcourir 
        le Maghreb. Nous relevons entr'autres cette jolie explication du succès 
        que les lignes d'autobus rencontrent chez les indigènes : " 
        Elles (les Compagnies de transport) exploitent l'instinct séculaire 
        du nomade... Famélique, loqueteux, l'indigène passera des 
        journées entières au soleil, sur l'impériale, pour 
        satisfaire sa passion vagabonde. Une vie nouvelle est née pour 
        lui avec la voiture mécanique. Il en profitera donc et délaissera 
        mulet et chameau. Mais en cela il ne fait que céder à la 
        fatalité. Il s'installe dans l'autobus comme il s'est installé 
        dans la vie française ; Mektoub ! "
 
 Les professeurs d'histoire et de géographie ont eu deux préoccupations 
        différentes. L'une les portait vers les études d'érudition: 
        la générosité du Comité a été 
        pour eux l'occasion de recherches portant sur la géographie physique 
        ou humaine, sur l'archéologie de l'Afrique du Nord, l'histoire 
        de l'art mauresque, la sociologie ou la colonisation de l'Algérie 
        française. L'autre les incitait à obéir à 
        la circulaire ministérielle qui leur conseillait de rechercher 
        surtout en ce voyage des bénéfices pédagogiques. 
        Et chez tous enfin il y avait l'idée très naturelle que, 
        ce voyage ayant lieu pendant les vacances, l'occasion était belle 
        d'aller quelques jours à la chasse aux images, " so fur 
        mich in " comme dit le poète allemand. au gré de 
        la fantaisie.
 
 Nous avons donc toute une série de rapports essentiellement touristiques. 
        Nous avons pris à les lire un plaisir extrême.
 
 Mais l'austère devoir qui nous est imposé de suivre la circulaire 
        ministérielle nous oblige à ne pas citer bien des pages 
        brillantes, et nous ne pouvons même pas enchâsser dans le 
        triste métal de notre compte-rendu quelques images jolies, pierres 
        précieuses qui l'auraient fait ressembler aux lourds colliers d'argent 
        que portent les Mauresques. Il eût été pourtant amusant 
        de noter des impressions différentes, voire contradictoires, qu'ont 
        eues en présence des mêmes spectacles des hommes d'égale 
        culture. Mais ne sait-on pas, pour l'avoir trop répété, 
        qu'un paysage n'est qu'un état d'âme? Il est sans doute plus 
        utile de relever les concordances. uvre de la France à Alger, 
        devenue un emporium d'une activité splendide et une belle capitale, 
        a reçu des éloges mérités, l'agriculture de 
        la Mitidja a été appréciée par tous les voyageurs 
        qui savaient ce qu'était le pays aux premiers temps de la conquête, 
        la mise en culture des Hauts.- Plateaux a beaucoup frappé ceux 
        qui eurent le bonheur de faire leur voyage pendant les vacances de Pâques, 
        de même que les oasis et leur vie si particulière ont séduit 
        ceux qui ne craignirent pas de s'enfoncer dans le sud pendant l'été 
        brûlant. Tous aussi se sont penchés. très intéressés, 
        sur le problème indigène. Ils ont été en général 
        découragés par le mystère dont s'enveloppe volontiers 
        vis-à-vis de l'Européen la vie arabe et, avec prudence, 
        se sont bien gardés de conclure. Peut-être la plainte que 
        nous trouvons çà et là exprimée avec beaucoup 
        de courtoisie que l'on n'ait pas organisé des caravanes avec des 
        guides autorisés n'est-elle pas absolument injustifiée. 
        Je regrette, écrit Mlle Roudil, professeur au . Lycée d'Avignon, 
        que l'on n'ait pas songé à organiser de " groupes 
        universitaires qui auraient permis des échanges de vues, d'impressions 
        aussi entre les boursiers du Centenaire ".
 
 Mais les membres de l'enseignement secondaire, qui sont si avides de libre 
        culture, auraient-ils supporté si facilement que quelques censeurs 
        l'ont voulu dire la présence toujours importune d'un guide ? Ces 
        pèlerins, dont quelques-uns furent passionnés, se défendent 
        du reste de rapporter des idées précises, ayant un esprit 
        critique trop aiguisé pour ne pas savoir ce que valent les impressions 
        de passagers. C'est pourquoi quelques-uns d'entre eux se sont fixé 
        un objet d'études précis, bien délimité, afin 
        d'avoir le temps de l'examiner sérieusement.
 
 Les géographes ont étudié les plissements de l'Atlas, 
        le problème de l'eau en Afrique du Nord, le peuplement de certaines 
        régions du Tell ou des Hauts-Plateaux, le mouvement des ports algériens, 
        cherchant à vérifier les conclusions d'études commencées 
        bien avant le voyage. MM. Valleur et Lanoir, professeurs au Lycée 
        de Vesoul, nous donnent de bonnes monographies sur " Les voies 
        ferrées et le Transsaharien "(voir) 
        et " la Vigne en Algérie " M. Sermet, professeur au Lycée 
        de Bayonne, qui prépare une thèse sur la géographie 
        du sud de la péninsule ibérique, a étudié, 
        à titre de comparaison, la structure de l'Oranie occidentale, le 
        comblement des hautes plaines et l'évolution du relief en Oranie. 
        M. Lager, du Lycée de Bastia, s'est intéressé à 
        quelques problèmes posés par la structure des deux Atlas, 
        etc...
 
 Très nombreux ont été les historiens qui ont essayé 
        de retrouver les traces de la colonisation romaine. Les souvenirs classiques, 
        la lecture des savants ouvrages de Gsell, de Carcopino ou des récits 
        brillants d'aimables romanciers, le charme incomparable de ces ruines 
        qu'on leur avait vantées, tout les y portait. "Rien ne 
        m'a ému comme Timgad 
        " nous confie M. Thiédot, professeur au Lycée de 
        Marseille, et il essaie d'évoquer ce que fut la vie de la cité 
        et celle de sa rivale 
        Djemila. Mlle Mermet, professeur au Collège de Villeneuve-sur- 
        Lot, distingue avec esprit les deux personnages qui sont en elle : la 
        voyageuse " avide " de tout voir et le professeur qui 
        veut "étudier la colonisation antique et la colonisation 
        française en Algérie ". Et elle visite avec un 
        grand soin Lambèse, Timgad, Guelma, Hippone. Même enthousiasme 
        chez M. Lauriol, professeur au collège de Montélimar, chez 
        M. Blet du Lycée de Grenoble, Mlle Ducasse du Collège de 
        Condom, M. Joxe du Lycée de Bar-le-Duc, M. Maugis du Lycée 
        lanson-de-Sailly. etc... M. Drouot, professeur au Lycée de Dijon, 
        après un séjour à Timgad, est saisi de l'angoisse 
        qui étreignit Scipion sur les ruines de Carthage. Ainsi, rêve-t-il, 
        la civilisation romaine en Afrique a éte anéantie, de nouveaux 
        Barbares ne détruiront-ils pas un jour uvre que la France 
        y édifie depuis un siècle ?
 
 Déjà préparé par ses études sur l'art 
        musulman d'Espagne, M. Sermet compare les monuments de Tlemcen à 
        l'Alhambra, à la Giralda, à la Mosquée de Cordoue. 
        Mue Mazurier, professeur au Lycée Victor- Duruy, nous donne une 
        savante étude de ces mêmes édifices à Tlemcen.
 
 Le spectacle de la colonisation française a, à juste titre, 
        retenu l'attention de nombreux boursiers. Peut-être leur éducation 
        même, trop tournée vers l'antiquité et vers l'étude 
        de l'histoire européenne, ne les portait-élle pas à 
        la juger avec autant de pénétration. Mais l'intérêt 
        même qu'elle a éveillé sera peut-être à 
        l'origine de vocations scientifiques et cela serait heureux, car l'histoire 
        coloniale, malgré le mouvement récent, manque encore de 
        fidèles. M. Fugier, professeur au Lycée de Dijon, adopte 
        pour exposer ses idées la forme du dialogue chère à 
        notre rhétorique classique : un colon et un touriste échangent, 
        non sans grâce, des vérités parfois amères. 
        M. Drouot, son collègue au même lycée, admire les 
        paysages algériens plus que uvre de la France en Algérie. 
        Cependant son esprit critique a désarmé devant le spectacle 
        de la 
        Mitidja : " Ce qui nous a en revanche ébloui, 
        c'est le champ du colon, la belle Mitidja, gagnée sur le marais 
        ".
 
 La question si importante des rapports entre colons et indigènes 
        a été vue de façons diverses. M. Guéneau, 
        professeur au Lycée Charlemagne, est très optimiste : " 
        La mentalité de certains indigènes est bonne. L'interprète 
        d'une commune mixte des environs de Bougie, Ismaïl Major, ne me disait-il 
        pas : " nous sommes aujourd'hui avec les Français comme des 
        frères " ? Nous ne sommes pas sûr qu'il n'y ait 
        eu quelque candeur de la part du Roumi à croire l'affirmation trop 
        flatteuse du fonctionnaire indigène. Notre expérience, non 
        pas seulement de boursier en Algérie, mais d'étudiant ès-questions 
        coloniales, nous place plutôt aux côtés de M. Guillot, 
        professeur au Collège de Wassy, qui note, dans son très 
        vivant rapport, que les Arabes " se croient supérieurs 
        aux Roumis par leur religion et (qu'ils) peuvent tout se permettre vis-à-vis 
        d'eux à condition de ne pas être pris ". La scène 
        très pittoresque que M. Guillot a vécue dans le train entre 
        Alger et Oran, en dit long sur la fraternité relative qui existe 
        entre colons et indigènes, et nous souhaitons comme lui de meilleures 
        relations entre les deux populations de la colonie. Faut-il conclure, 
        comme le fait un peu précipitamment M. Sautereau, professeur au 
        Collège de Blois, que l'Algérie est travaillée par 
        des tendances autonomistes et que "les indigènes réclament 
        les droits politiques qu'ils pensent avoir mérités par leur 
        loyalisme et leurs services de guerre? " L'élite sans 
        doute pense ainsi. Mais la foule ? Qui peut, au reste, au moins chez les 
        Européens, se flatter de savoir au juste ce qu'elle pense, cette 
        foule ? Peut-être ne faut-il espérer un progrès en 
        ce sens qu'avec le temps et grâce à l'école. Croyons-en 
        un observateur très averti, M. Dontenville, Inspecteur d'Académie 
        de l'Allier, lorsqu'il écrit : " la c francisation par l'école 
        est un magnifique succès de " l'enseignement " 
        et faisons avec lui le vu que cette conquête pacifique soit 
        activement développée et menée à bien...
 
 Si les professeurs d'histoire et de géographie ont enrichi leur 
        bagage intellectuel d'impressions et d'observations les portant à 
        des conclusions assez différentes, conclusions, nous disent-ils, 
        qu'ils se garderont bien de présenter à leurs élèves 
        comme étant autre chose que des opinions personnelles, essentiellement 
        provisoires et révocables, tous expriment la certitude que leur 
        enseignement de l'histoire et de la géographie de l'Algérie 
        sera désormais plus précis et plus vivant. " Je 
        me placerai donc seulement au point de vue du professeur de géographie, 
        déclare M. Joxe, professeur au Lycée de Bar-le-Duc, 
        je n'insiste pas sur la plus grande facilité qu'il y a d'écrire 
        ce que l'on a vu soi-même : ce Alger la blanche descendant les degrés 
        escarpés de sa haute colline, la Kasba pouilleuse et bigarrée, 
        le quartier juif à Constantine. J'ai pu moi-même, dès 
        cette année, m'apercevoir qu'un cours de 6e A sur ce l'Egypte, 
        et un autre cours en 6° et 2° sur le climat désertique 
        et la vie des oasis ont été rendus très vivants par 
        le seul fait que je connaissais moi-même les rigoles menant l'eau 
        au pied de chaque palmier, le grand nomadisme chamelier... " 
        M. Schneider, professeur au Lycée de Strasbourg, ne présentera 
        pas " ses impressions comme incontestables " ; cependant, 
        nous dit-il, " je suis heureux d'en tirer profit pour mon enseignement 
        et de les donner à mes élèves comme constatations 
        personnelles ".
 
 De même l'histoire de la conquête sera exposée de façon 
        plus vivante, par les maîtres qui auront vu le théâtre 
        des événements de 1830-1847. " Il est évident, 
        par exemple, conclut M. Gautier, professeur au Lycée de Toulouse, 
        qu'après avoir vu la forte position de l'Alger turque et l'anse 
        de débarquement à Sidi- 
        Ferruch, je ferai mieux saisir aux élèves les 
        raisons de l'attaque de flanc d'Alger, en 1830 ". Mlle Voillot, 
        du lycée de Saint-Quentin, qui a si bien étudié uvre 
        matérielle de la colonisation, fera certainement à ses élèves 
        un excellent exposé de cette question.
 
 L'Algérie devra sans doute à M. Huetz, professeur au Lycée 
        de Chartres, quelques pionniers de plus, car comment douterait-on de la 
        persuasion communicative des leçons d'un homme conquis à 
        tel point par l'Algérie qu'il écrit : " Le seul 
        attrait du climat est tel que faire connaître l'Algérie, 
        c'est lui procurer un jour ou l'autre des colons " ? Le fait 
        est que s'il fait luire devant les yeux de ses élèves beaucerons, 
        certains jours d'hiver où la brume enveloppe le lycée Marceau, 
        la magie des pays du soleil...!
 ************************* Nous voudrions, maintenant que nous nous 
        acheminons vers la fin de ce compte rendu que nous sentons trop sec de 
        par sa nature même et de par l'infirmité de notre génie, 
        donner au lecteur quelque repos et quelque plaisir. Pour cela nous découperons 
        des citations dans deux rapports qui nous ont semblé particulièrement 
        vivants et intéressants. Nous nous excusons de faire un choix aussi 
        arbitraire. Beaucoup de travaux renferment des pages excellentes, nous 
        en avons donné quelques extraits, moins que nous n'aurions voulu. 
        Comme il ne s'agit point ici d'un palmarès, mais d'une étude 
        sur les résultats obtenus par l'institution des Bourses du Centenaire 
        de l'Algérie, nous y avons dû choisir une seule expression 
        de chaque idée. Comme il y avait naturellement beaucoup d'idées 
        communes, nous avons dû négliger dans la rédaction 
        de notre travail bien des notes que nous avions prises. Notre silence, 
        notre omission, ne sont donc pas un blâme implicite. Il y a là 
        une simple nécessité découlant de notre plan. Au 
        surplus de quel droit aurions-nous ainsi jugé des auteurs dont 
        nous estimons le plus souvent le talent comme bien supérieur au 
        nôtre ? De même, nous ne prétendons pas que les rapports 
        de M. Foiret, professeur au collège de Melun et de Mlle Main, professeur 
        au Lycée de Lons-le-Saulnier, soient tellement supérieurs 
        aux autres qu'ils les rejettent dans une ombre définitive. Mais 
        ils nous paraissent présenter un ensemble de qualités qui 
        les rend exemplaires et exprimer avec vigueur des idées éparses 
        dans nombre de travaux. Nous les avons choisis parce qu'ils reflètent 
        bien les idées communes, mais avec une originalité dans 
        le point de vue et un accent personnel dans l'expression qui a retenu 
        notre attention. Qu'ils ne nous en veuillent pas de découper dans 
        leur texte des passages assez longs et peut-être d'avoir - bien 
        involontaire o ment, - trahi leur pensée ; nos ciseaux sont bien 
        difficiles à manier, nous souhaitons qu'ils ne s'allongent pas, 
        quelquefois, jusqu'à se transformer en gaffes !
 Louons d'abord la prudence de M. Foiret : " J'ai cru bien de n'écrire 
        rien à ce sujet (de l'Algérie) qui aurait pu me paraître 
        définitif avant qu'une rentrée dans une civilisation différente, 
        dans un climat tout autre, dans l'activité normale de mes cours 
        m'ait involontairement apporté un peu du recul indispensable pour 
        oser un jugement, des appréciations, un rapport en un mot sur ce 
        que j'ai pu voir et ce que je crois pouvoir tirer d'utile, en vue de mon 
        enseignement, d'une semblable excursion ".
 
 Étant fort économe, il a pu rester plus de quinze jours 
        en Algérie. " De Paris à Alger, un voyage en 3° 
        classe revient, faux-frais à part, à 800 francs. Cent francs 
        de vie et de frais de déplacements par jour sont un. minimum 
        ".
 
 L'impression d'Alger d'abord...
 
 " Le panorama de Marseille, du Cap Couronne au Cap Croisette, 
        quand on se trouve par le travers du Planier, est peut-être plus 
        grandiose, plus grec aussi d'allure certainement que le panorama d'Alger 
        au premier contact. Mais la grande rade africaine, pour qui regarde, première 
        fois dans sa vie, la courbe qui s'incline du pied de N.-D. 
        d'Afrique, à 
        Matifou, vaut sa mondiale renommée. Alger la blanche, 
        autour du bloc de craie de la Kasba, étale dans le vert méditerranéen 
        des jardins, des pins maritimes et des palmiers, les nouvelles Algers 
        non moins blanches de Saint-Eugène, 
        de Mustapha, 
        d'Hussein 
        Dey, du Fort 
        de l'Eau, aux limites mêmes de l'horizon. Pour l'Européen, 
        non averti, c'est très beau, vraiment puissant, mais assez normal. 
        Pour le même, après 15 jours d'Algérie, c'est bien 
        plus joli. Saluant cette rade à son départ, il comprend 
        mieux quelle synthèse de l'effort, quelle synthèse de génie 
        français...la grande Alger est l'image, à l'entrée 
        de l'Afrique du nord, où jamais conquérant n'a mieux inscrit 
        sa volonté calme et forte ".
 
 Et voici le programme du professeur en voyage d'études : " 
        Je voulais, en géographie physique - et en même temps humaine 
        si possible et économique , me donner une idée des parties 
        constitutives principales de l'Afrique du nord, - puis voir d'un peu près 
        le résumé de son activité commerciale par la vie 
        de ses ports, - enfin, par ses grandes villes du passé et surtout 
        par ses grandes villes du présent, " sentir la condensation 
        de l'effort ". Le géographe est séduit par l' aspect 
        de l'Algérie dont les pentes dénudées laissent voir 
        les lignes structurales. "En géographie physique, des merveilles. 
        En montagnes surtout, soit que j'aie franchi le Djurdjura d'ouest en est, 
        soit que j'aie escaladé l'Atlas tellien du sud au nord, j'ai partout 
        été frappé par les exemples, multipliés à 
        l'infini, de cas morphologiques parfaits pour il. Dans ce pays à 
        végétation restreinte, l'érosion fluviale a donné 
        au relief un modelé d'une précision dans les formes qui 
        tient du miracle. En Savoie peut-être et en moins grand nombre certainement, 
        j'ai vu en peu de kilomètres autant de cas de torrents, cônes 
        de déjections, phénomènes de rampement, cas de capture, 
        méandres à évolutions variées, traces précises 
        de cycles successifs d'érosion dans le même talweg, etc., 
        etc... Où est l'éditeur de photographies qui glanera ces 
        richesses pour nos élèves?... "
 Il décrit aussi les Hauts-Plateaux 
        :" Dans les Hauts-Plateaux, paysage tout autre. Le terrain qui, 
        dès le lever du soleil, prend la teinte dite couleur peau de lion 
        semble partout avide d'eau. De Bou-Saada à Tablat par exemple, 
        les Hauts-Plateaux nous offrent plus de 150 km de large et paraissent 
        plutôt une série de bassins fermés dont celui du Hodna 
        est le type. Néanmoins, l'ensemble est remarquablement tabulaire 
        et la sécheresse progressive est marquée vers le sud avec 
        une netteté rigoureuse. On longe bien l'extrémité 
        orientale de la mer d'alfa et les terrains à pâture des chameaux 
        à l'élevage. Entre la route et les méandres d'un 
        oued à sec, on a bien quelques dépôts d'alfa, mais 
        si l'on met pied à terre le sol brûle les semelles. 
        L'alfa lui-même paraît rôti, ses touffes 
        poussent en association ouverte et on se demande quel plaisir tel chameau 
        qui vous promenait hier pouvait trouver en enveloppant les feuilles sèches 
        et âpres d'un coup de langue et de mâchoire, rappelant un 
        coup de faux ".
 
 L'observation de la vie indigène fournit à M. Foiret cette 
        jolie notation d'une scène campagnarde : " Ceux qui paraissent 
        travailler dans ce groupe, ce sont les enfants. A la tête de caravanes 
        d'ânes bas sur pattes, mais jolis de ligne, l'air à la fois 
        mutin et bonne bête, ils transportent en des couffins-bâts 
        de la terre, des légumes, du bois, des poteries. On tire l'animal 
        par la queue, par les oreilles, à coups de trique, sur le cou. 
        On le précipite dans le fossé de la route à la moindre 
        auto. On l'y pousse à pleines mains sur la croupe, il obéit, 
        il a l'habitude. Parfois un peu nerveux, il se couche sur le flanc. Sans 
        souci de sa charge. C'est alors un drame. Bras en l'air, on l'adjure à 
        grands cris, puis on le remet sur ses pattes et on repart en gesticulant 
        ".
 
 Sur la reconquête de la terre par l'indigène nous trouvons 
        l'intéressante notation suivante : " Entre Alger et Bougie, 
        déjà 70% des terres sont aux mains des indigènes 
        qui la reconquièrent ainsi avec l'âpreté du Normand. 
        On m'a dit sur place, à Tankra, que, dans trente ans, toute la 
        Kabylie serait aux Kabyles et que leur cher désir est d'y être 
        seuls, ce comme toujours depuis 3.000 ans ".
 
 Considéré à Bou-Saada comme une sorte de Marabout, 
        notre voyageur a été comblé d'attentions. " 
        Le soir, on m'a adjuré d'accepter le couscous et devant ma réelle 
        émotion, à la séparation, c'est de toute sincérité 
        je le crois qu'on m'a dit : " Nous avons grand honneur à être 
        Français ! Nous vous avons montré ici toute notre vie intime, 
        depuis nos jardins de palmeraie, jusqu'à notre intérieur 
        où vous avez été admis, en passant par nos mosquées. 
        Nous ne saurions mieux faire. Mais nous sommes ceux qui veillons sur votre 
        compatriote, le peintre Dinet, dont voici la maison, dont voici la tombe 
        musulmane, dont, dites-vous, votre mère a connu la famille. Pour 
        nous, vous êtes la même image. Vous promettez de revenir ici 
        parce que vous êtes ému... Eh bien. Inch'Allah. Qu'Allah 
        le veuille ! "
 
 " J'étais en veston, eux en burnous, ils venaient de me 
        faire entendre, place du Marché, le conteur arabe, récitant 
        à 300 auditeurs de pierre un des interminables épisodes 
        des Mille et une Nuits. Au ciel d'un bleu cru, les astres avaient des 
        reflets électriques. Je respirais, au pied de l'Aurès, l'air 
        du Sahara et en nous serrant la main, nous étions franchement d'une 
        même patrie ".
 
 La vie économique résumée par le mouvement des ports 
        est exposée avec un grand soin. C'est un excellent chapitre de 
        géographie, bourré de chiffres pris aux sources les plus 
        sûres.
 
 Relevons aussi la pénétrante comparaison entre la colonisation 
        romaine telle qu'on peut l'envisager par l'examen des ruines de Djemila 
        et la colonisation française."Les indigènes sont 
        menés durement, on les emploie à la voirie, aux aqueducs, 
        à la maçonnerie, à l'exploitation fermière. 
        Rome installée en Afrique travaille pour son seul profit et ne 
        colonise pas ".
 
 Nous ferons nôtre, enfin, le vu que M. Foiret exprime en terminant 
        cet important travail d'une lecture si aimable : " Puisse le hasard 
        et les volontés supérieures songer un instant que 200 professeurs 
        visitant une colonie, c'est 200 ambassadeurs pro-français qu'on 
        institue ipso-facto et 20.000 élèves dressés à 
        flairer l'héroïsme de leur race au delà de tous les 
        océans. Le Centenaire a été une occasion, il faudrait 
        en faire un procédé : éduquer les éducateurs, 
        les aider à voir, à faire voir, c'est une moisson que le 
        pays verrait mûrir dans 20 ans et qui serait peut-être un 
        des meilleurs liens de l'Empire français ".
 ****************************** Nous empruntons avec plus de discrétion 
        quelques passages au rapport de Mlle Main.
 Cette vision de Constantine d'abord :
 
 " Nulle part en Algérie, le contraste ne m'a paru plus 
        frappant entre le passé et le présent : dans l'un des ponts 
        regardant la ville, on a à droite l'antique quartier arabe et le 
        tortueux quartier juif : petites maisons carrées, tassées, 
        aveugles, ruelles étroites, aux marches usées, aux recoins 
        noirâtres, - à gauche, se dressent des constructions neuves, 
        blanches, éclatantes, gratte-ciels aux multiples étages, 
        hôtels ou maisons de rapport aux façades ultramodernes 
        ".
 
 Et celle des pays du sud, de Biskra à El Kantara :
 
 " Nous étions partis à l'aube, le soleil se levait 
        à peine sur cette terre d'un blond pâle, inconnu chez nous, 
        le ciel était d'un bleu tendre irisé de mauve et d'or fin, 
        tandis que les montagnes régulières, d'une limpidité 
        de rêve, dessinaient à l'horizon une ligne à peine 
        plus foncée. Dans ce cadre magnifique la vie nomade s'est révélée 
        soudain par l'arrivée de nombreuses caravanes, venant du nord et 
        marchant vers les oasis : chameaux bruns portant les tentes, les tapis, 
        les sacs, les marmots, voire les poulets et les chats, troupeaux de moutons 
        effarés et confus, Arabes . à âne et Arabes à 
        pied le fusil en bandoulière et dirigeant la colonne en désordre 
        : vision du monde si nouvelle pour moi, si différente de notre 
        France et si antique avec cela, que j'ai été saisie par 
        sa grandeur ".
 
 Nous transcrirons aussi avec plaisir cette méditation sur le port 
        de Bougie :
 
 " C'est un des plus beaux coins de la terre algérienne 
        qu'il nous ait été donné d'apercevoir. On songe, 
        malgré soi, à la Côte d'Azur qui lui fait face en 
        France, à la gloire du golfe Juan, ou à la splendeur du 
        cap Ferrat. Que manque-t-il à Bougie pour être une autre 
        Cannes ou une autre Villefranche? La baie de Bougie allonge sa courbe 
        aisée entre le Cap Carbon à l'ouest et les bleus festons 
        de la Kabylie à l'est. La mer y est d'un bleu d'azur et le petit 
        port étage ses maisons serrées sur une pente rapide. En 
        bas, la Porte Sarrazine reste le témoin du passé. La promenade 
        du Cap Carbon offre, plus haut, ses verdures variées d'oliviers 
        antiques et d'eucalyptus aux plumages retombants. A un niveau plus bas, 
        tout près de l'eau, un sentier court au bord de la falaise. Mais 
        pour l'atteindre ce sentier, ou plutôt cet étroit passage, 
        creusé au vif de la roche, il faut traverser la zone du travail. 
        Bruit sourd de machines, hautes usines aux fenêtres obstruées 
        de poussière : c'est une exploitation de chaux dont la poudre impalpable 
        flotte jusque sur l'eau toute proche. Plus loin, un travail gigantesque 
        s'accomplit, des rails courent le long du Cap, non seulement jusqu'au 
        littoral, mais sur une jetée nouvellement construite et pour former 
        un nouveau bassin. Le Cap laisse voir une blessure géante, une 
        formidable entaille à son flanc, le gris blanchâtre de sa 
        masse calcaire fait place à une couleur plus chaude et plus vive, 
        d'énormes blocs s'amoncellent dans cette carrière. D'autres 
        sont vivement conduits .t en wagonnets vers un bâtiment où 
        un moteur les perfore avec bruit, puis à l'extrémité 
        de la jetée qui prolonge le Cap vers l'Est. Ce sera le nouveau 
        port, auquel est lié un grand espoir de développement commercial. 
        Il a fallu, me dit-on, six galeries souterraines et trente-cinq tonnes 
        d'explosifs pour faire sauter cette masse de rochers. Et ensuite, une 
        fois le port créé, il faudra une ligne de chemin de fer 
        vers Sétif, pour servir de débouché aux céréales 
        et aux vins. Encore des rochers à perforer, bien sûr... Tandis 
        que la mer clapote doucement et prend au couchant les couleurs les plus 
        tendres, le mortellement impitoyable des perforateurs, le bruit sourd 
        des moteurs et le grincement de la petite locomotive " forment une 
        autre symphonie :
 La nôtre "
 
 Tout serait à citer. Mais il faut se borner. La lecture de tant 
        d'excellents rapports pleins d'observations justes, quelquefois profondes, 
        et joliment dites, nous porte à faire nôtre le vu de 
        Mlle Desmarquet, professeur au Lycée du Puy : qu'il soit organisé 
        tous les ans dans l'enseignement secondaire des " excursions coloniales 
        comme celles qui existent pour l'enseignement supérieur ! "
 IVENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
 Huit membres de l'enseignement supérieur 
        ont profite de la libéralité du Comité du Centenaire 
        de l'Algérie. Ce sont Mme Hée, assistante à l'Institut 
        de Physique du Globe de l'Université de Strasbourg ; MM. Boulanger, 
        professeur à la Faculté des Lettres de Strasbourg, Lampué, 
        professeur à la Faculté de Droit de Caen, Lasserre, chargé 
        de cours à la Faculté de Droit de Lille, Margaillon, professeur 
        à la Faculté des Sciences de Marseille, Rey chargé 
        de cours d'histoire de l'Art à la Faculté des Lettres de 
        Toulouse, le Dr Thiers, chef de clinique à la Faculté de 
        Médecine de Lyon, Zimmermann, maître de conférences 
        de Géographie à la Faculté des Lettres de Lyon.
 Mme Hée a visité le service météorologique 
        de l'Algérie à l'Observatoire d'Alger-Bouzaréa 
        et s'est intéressée particulièrement à la 
        séismologie de notre grande colonie nord-africaine. M. Boulanger, 
        dont l'enseignement est consacré au latin et à la civilisation 
        romaine, s'est attardé dans la visite de Djemila et de Timgad, 
        mais il a pris aussi " une idée aussi complète que 
        possible de l'ensemble du pays, de ses régions naturelles et de 
        ses aspects divers. " M. Larnpué nous présente 
        une étude sur " la condition des personnes en Algérie 
        ", qui constituera un chapitre de son futur ouvrage sur la " 
        législation coloniale et algérienne. " M. Lasserre 
        fait une randonnée rapide, une tournée touristique pleine 
        d'intérêt et d'agrément ", mais il estime 
        que ce voyage (du 3 au 11 avril) est trop court pour lui permettre de 
        porter un jugement suffisamment informé sur les graves problèmes 
        de l'avenir de l'Algérie ".
 
 M. Margaillon est né et a été élevé 
        en Algérie, à Blida. 
        Il n'avait pas séjourné en Afrique du Nord depuis le mois 
        d'août 1925. Son témoignage est donc particulièrement 
        intéressant : " Je n'insisterai pas, nous dit-il, 
        sur l'énorme changement que j'ai trouvé à Alger : 
        changement un peu artificiel sans doute, dû en grande partie aux 
        perspectives qu'ouvrait la célébration du Centenaire de 
        la conquête. Mais une chose m'a frappé, que j'avais pressentie 
        à mon précédent séjour : le développement 
        prodigieux de l'automobilisme qui, en transformant les modes de transport, 
        a, en fait, supprimé les distances, supprimé l'isolement 
        du colon et donné certainement un essor inattendu à la colonisation 
        ".
 
 Ces observations si intéressantes faites, M. Margaillon étudie 
        l'utilisation des sous-produits de la vendange en Algérie, les 
        figues, l'olivier et l'oléiculture. Enfin, il résume en 
        quelques phrases excellentes ses impressions, qui sont celles d'un témoin 
        ayant suivi de près le développement du pays natal et d'un 
        savant, par conséquent particulièrement précieuses 
        : "Je crois que peu à peu l'Algérie tend vers la 
        forme industrielle de la production. Je rapporte de ce voyage d'étude 
        à travers des régions si diverses l'impression d'un cc effort 
        immense déjà fait, effort auquel l'indigène paraît 
        vraiment s'intéresser. En confrontant l'Algérie de 1930 
        avec l'Algérie de 1910 ou l'Algérie de 1890, je demeure 
        étonné du changement survenu, peut-être plus dans 
        les vingt dernières années qui les ont précédées. 
        Je demeure étonné et émerveillé ".
 
 M. Rey a recherché en Algérie "parmi les ruines 
        romaines de la basse époque les éléments pouvant 
        servir à l'étude des origines de l'art chrétien et 
        en particulier ceux qui ont une influence directe sur la formation de 
        l'art romain, par comparaison avec les monuments analogues qui existent 
        en Europe et en Orient ". Ce dessein l'a conduit à visiter 
        attentivement les musées d'Alger et de Cherchell, 
        et surtout à faire un séjour à Tipaza 
        pour en étudier la basilique de Sainte Salsa et les sarcophages 
        conservés au musée Trémaux.
 
 Le docteur Thiers a fait un certain nombre d'observations sur les indigènes 
        d'Algérie, observation d'un intérêt très vif 
        pour son enseignement puisqu' " il y a en France, et tout particulièrement 
        à Lyon, un grand et nombre d'indigènes qui présentent 
        une pathologie " toute spéciale ", et il regrette 
        de n'avoir pas eu le temps de se livrer à une étude pratique, 
        c'est-à-dire clinique des maladies qui frappent les indigènes. 
        Enfin il a examiné, en vue "d'orienter en connaissance 
        de cause de jeunes étudiants vers la colonie" les conditions 
        de vie faites aux médecins en Algérie.
 
 M. Zimmermann, enfin, qui est allé de 1901 à 1925, déjà 
        six fois en Algérie, a participé comme directeur technique 
        à la caravane d'études des anciens élèves 
        de l'Ecole de préparation coloniale de la Chambre de commerce de 
        Lyon. La tournée commencée à Alger s'est terminée 
        à Tunis et a duré neuf jours. Professeurs et étudiants 
        ont visité Alger, Constantine, Lambèse, Timgad, El Kantara, 
        Tozeur, Tunis.
 CONCLUSION Les pages qui précèdent montrent 
        que l'initiative du Comité du Centenaire a eu un plein succès. 
        Grâce à elle, environ 20.000 élèves bénéficieront 
        immédiatement d'un enseignement plus vivant, plus précis 
        de notre grande colonie de l'Afrique du nord.
 Mais ce qui a encore plus de prix, c'est que les professeurs qui ont appris 
        à aimer l'Algérie sauront inspirer à leurs élèves 
        le même patriotisme élargi jusqu'à la conception de 
        l'amour de " la plus grande France " qui les anime désormais.
 Comme l'a remarqué le Congrès de l'enseignement colonial 
        en France, le 29 septembre dernier, le Comité a donné un 
        exemple qui désormais sera suivi dans d'autres colonies afin de 
        donner à tous les Français l'idée généreuse 
        et utile de ce vaste Empire que le dévouement de nos aînés 
        a constitué au prix de tant d'héroïsme et de travail 
        et où la France a désormais un rôle immense à 
        remplir.
 
 La colonisation française est aujourd'hui un fait sur lequel il 
        n'y a plus à revenir. Les jeunes générations ont 
        le devoir de continuer uvre entreprise pour le profit commun, matériel 
        et moral, de la France et des peuples protégés .
 TABLE 
        DES MATIÈRES Introduction 7I. - Enseignement primaire et primaire supérieur 13
 Il. - Enseignement technique 35
 III. - Enseignement secondaire 39
 1V. - Enseignement supérieur 59
 V. - Conclusion 63
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