| -ALGER .- 
 I.- Grande et magnifique ville maritime de l'Afrique septentrionale, capitale 
        de l'Algérie, ch.-l. de la prov. d'Alger, sur la Méditerranée, 
        à 800 kil. S.-S.-E. de Marseille (trajet en 34 heures), à 
        4,560 kil. de Paris, sur le penchant septentrional d'une colline rapide 
        haute de 118 m dont les autres versants, forment la plaine de la Mitidja 
        et le Sahel; par 36° 43' 30" lat. N. et 0° 41' 20" long. 
        E. En 1876, la population était de 52,702 hab., dont 18,210 citoyens 
        français, 7,098 israélites naturalisés, 11,013 indigènes 
        musulmans et 16,37 étrangers (65,000 hab. avec les annexes voisines). 
        Alger parait occuper la place de l'antique Icosium, sur les ruines de 
        laquelle la
 tribu berbère des Beni-Mesganah fonda, au XIè siècle, 
        un établissement qui prit le nom d'Al Djézair (1'Ile), parce 
        que devant elle se trouvait un amas de rochers que les Romains avaient 
        dédaigné d'unir au continent. Refuge des Maures expulsés 
        d'Espagne, Al-Djézair leur dut ses premières fortifications 
        et devint un nid de pirates. En 1510, Pierre de Navarre, officier espagnol, 
        qui avait reçu pour mission de soumettre les côtes africaines, 
        fit bâtir sur les rochers un château ou pegnon, dont les débris 
        servirent plus tard à la construction d'un jetée. Arroudj-Barberousse, 
        pirate de Turquie appelé au secours de la ville par le prince indigène, 
        se débarrassa d'abord de celui-ci au moyen d'un assassinat (1516) 
        et fonda en Afrique la domination ottomane. Son frère Khair ed-Din, 
        qui lui succéda en 1518, soumit ses états au sultan Sélim 
        qui lui envoya un secours à l'aide duquel les Espagnols furent 
        vaincus. C'est pendant son règne que les prisonniers chrétiens 
        construisirent la digue qui réunit Alger à l'île située 
        vis-à-vis. Les Turc donnaient alors à Al-Djézair, 
        le surnom d'El Ghazi (la Guerrière). Les Levantins l'appelaient 
        El-Djézair-Mogharbie (île du Moghreb ou de l'Ouest), pour 
        la distinguer d'une autre Djezair qui existe en Orient. Par corruption 
        de prononciation, les Européens l'appelèrent Argel, Algier, 
        Argier et enfin Alger. Capital d'une république de pirates, cette 
        ville se rendit redoutable aux plus puissants états de l'Europe. 
        L'insuccès de l'expédition que commandait Charles-Quint 
        en personne, donna a El-Ghazie un renom d'invincibilité que ne 
        purent lui faire perdre les bombardements qu'elle subit de Duquesne (1683-1684) 
        et de lord Exmouth (27 août 1816). L'esclavage des chrétiens 
        ne fut définitivement aboli que lors de la prise de la ville (5 
        juillet 1830) par les Français. -
 
 Dès 1826, les relations de la France avec 1'Odjéak avaient 
        pris un caractère d'aigreur, par suite des réclamations 
        incessantes du dey, au sujet d'une dette contractée envers lui 
        par le gouvernement de la République. Le 23 avril 1828, le chef 
        de la régence se laissa emporter jusqu'à jeter son éventail 
        à la tète de notre consul, un nommé Deval, pour lequel 
        il n'avait que du mépris. Cette injure faite au représentant 
        de la France amena une rupture définitive; les côtes algériennes 
        furent soumises à un blocus inefficace et coûteux jusqu'en 
        1830, époque où le gouvernement, désireux d'obtenir 
        une victoire extérieure pour détourner les esprits et faciliter 
        la réussite du coup d'État qui se préparait à 
        Paris, organisa une grande expédition contre Alger. Une flotte 
        de 667 bâtiments, dont 500 appartenant à la marine marchande. 
        sortit de Toulon, du 25 au 27 mai, portant une armée de 37,639 
        hommes, 13,853 chevaux et 70 bouches à feu de gros calibre. Cette 
        flotte était commandée par le vice-amiral Duperré, 
        les troupes de débarquement étaient placées sous 
        ordres du général de Bourmont. Les navires, arrivés 
        le 30 en vue d'Alger, furent repoussés par un coup de vent et durent 
        se rallier aux îles Baléares ; enfin le 13 juin, le débarquement 
        put s'opérer à la pointe de Sidi Ferruch. Les Arabes furent 
        successivement battus à Staouéli, le 19, et à Sidi-Khalef, 
        le 24. Les Français, établis, le 29, sut les hauteurs de 
        Bouzaréah, qui dominent Alger, commencèrent le bombardement 
        du fort de l'Empereur, que les Musulmans évacuèrent et firent 
        sauter le 4 juillet. Le lendemain, le dey Hussein capitula. On trouva 
        dans la ville près de 1,500 bouches à feu et un trésor 
        évalué à 50 millions de francs.
 
 Alger, bâtie en amphithéâtre sur le penchant d'une 
        colline qui fait face à la mer, forme un triangle dont la base 
        s'appuie sur le rivage, et dont la casbah est le sommet. Ses maisons blanchies 
        tranchent d'une façon pittoresque sur l'azur de son ciel limpide 
        et de la Méditerranée. Son port, formé par la jetée 
        de Khair-ed-Din, est petit et sans profondeur; si bien qu'il ne peut recevoir 
        que des navires marchands. Mais on a construit un port militaire au moyen 
        d'une nouvelle jetée. Alger, entourée d'une enceinte bastionnée, 
        est, en outre, protégée du côté de la mer par 
        les forts de la Marine; à l'est par le fort Bab-Azoun; à 
        1'0. par le fort de Vingt-quatre heures et du cité de la terre 
        par le fort National ou de l'Empereur. -
 
 Maisons ornées de superbes terrasses; rues arabes étroites 
        et malpropres; belles rues françaises de Bab-Azoun, de la Marine, 
        de Bab-el-Oued; place du Gouvernement. Archevêché; cathédrale 
        (St Philippe), ancienne et jolie mosquée agrandie dans le style 
        mauresque. Temple protestant; une trentaine de mosquées et une 
        douzaine de synagogues. Hospice civil dans une ancienne caserne. Lazaret 
        remarquable; bibliothèque et musée dans le palais de Mustapha-Pacha, 
        qui a conservé le caractère le plus pur de l' architecture 
        mauresque; lycée dans une caserne occupée autrefois par 
        les janissaires; statue du maréchal Bugeaud (place d'Isly) ; Pépinière 
        du gouvernement à Hamma. - Cour d'appel, académie universitaire, 
        théâtres. - Fabrication d'armes à feu, de soieries, 
        d'orfèvrerie, de calottes tunisiennes, de cuirs, etc. Exportation 
        de cire, de laine, de sangsues, de dattes, de kermès, etc . Importation 
        de vin, ,d'eaux-de-vie, de céréales, d'huiles, de savons, 
        de tissus, d'ameublement, d'orfèvrerie, de papier, de poterie. 
        -
 
 II. Prov. centrale de l'Algérie, dont le ch.-1. est Alger et qui 
        comprend le département d'Alger (voy. ci-dessous)
 et un territoire de commandement d'une superficie de 689.624 hectares. 
        La population de ce territoire est de 529,155 hab., dont 2,470 Français, 
        46 Israélites indigènes et 742 étrangers. Il renferme 
        7 communes mixtes et 43 communes indigènes sous l'administration 
        des généraux subdivisionnaires dont la résidence 
        est établie à Alger, à Fort-National, à Aumale, 
        à Médéa et à Miliana. -
 
 III. Département dont le ch.-l. est Alger et qui est divisé 
        en quatre arrondissements, comme suit :
 voir 
        tout en haut
 Le recensement de 1877 a fait connaître une grande augmentation 
        de l'élément français.
 ***************** ALGERIE, grande et belle colonie française 
        de l'Afrique septentrionale, bornée au N. par la Méditerranée 
        ; à l'E. par la régence de Tunis ; an S.-par le Sahara; 
        à l'O. par l'empire du Maroc ;et qui s'étend du 32è 
        au 37e degré , de lat. N.; et du 4è O 7e E. du méridien 
        de Paris. Les frontières ne sont pas bien déterminées 
        au S.; où une grande partie du territoire est réclamée 
        par des tribus qui se considèrent comme indépendantes. D'après 
        la statistique officielle de 1876, la superficie de la colonie est de 
        669,015 kil. carr.. L'Algérie mesure 440,000 kil.carr. de plus 
        que la France; 430,000 de plus que l'Allemagne et 35,000 de plus que l'Autriche-Hongrie; 
        c'est donc un vaste empire que possède la France ; mais, toutes 
        ses parties ne sont pas également habitables. - 
 DIVISIONS NATURELLES. 
         L'Algérie se divise en trois zones 
        parallèles à la Méditerranée : 1°/ le 
        Sahel, région maritime, partout rocheuse, escarpée, presque 
        sans ports et. n'offrant d'autres rades que celles de Mers-el-Kébir, 
        d'Arzeu, d'Alger, de Bougie et da fort Génois. Les îles sont 
        Vile de Rachgoun et l'île Pisan. Caps : Milonia, Frégalo, 
        de Noé, de Hone, Falcon, Corbon, Ivi, Khamis, de Tenez, pointe 
        de Pescade, cap Matifou, Corbelin, Sigli, de la Pierre percée, 
        Cavallo, Roujarone, Vert (Filfila), de Fer, de Garde et Roux. Golfes : 
        d'Oran, d'Arzeu, de Sidi-Ferruch, de Bougie, de Collo, de Stora et de 
        Bone. Les côtes mesurent 900 kil. de développement. 
 2°/ le Tell, qui couvre les plaines fertiles et les plateaux du versant 
        septentrional de l'Atlas. C'est la contrée des céréales. 
        Les Hauts-Plateaux qui le terminent au sud sur une largeur de 60 à 
        140 kil., ont une élévation moyenne d'environ 1,200 mètres. 
        Ils se composent d'immenses prairies plates, sans ombrages, creusées 
        de chotts (lacs salés), couvertes d'alfa en été et 
        de neige en hiver. Le Tell, région des terres labourables, est 
        cultivable sur la plus grande partie de son étendue. Il renferme 
        de magnifiques forêts;
 
 3°/ le Sahara pays de landes, divisé en deux parties par le 
        Grand-Atlas : celle du nord, généralement infertile, inhabitée, 
        ne renferme que de rares cours d'eau qui vont se perdre dans les chotts 
        et les sebkhas (lacs salés) ; celle du sud est pleine d'oasis très 
        bien cultivées. En hiver, res Steppes ou terres de parcours se 
        couvrent d'une végétation herbacée qui nourrit des 
        troupeaux.
 Orogr. 
        L'Atlas couvre de ses rameaux tous les pays compris sous la dénomination 
        générale de Berbérie (Maroc, Algèrie, Tunisie). 
        Il se compose de 3 chaînes parallèles, reliées par 
        une série de chaînons et de hauts-plateaux. - 
 De la rivière de Bougie à l'embouchure du Chélif 
        (350 kil.) il est nommé Petit-Atlas; ses parties les plus imposantes 
        sont le Djurdjura (2,000 m.), dans la Grande-Kabylie; le Djebel-Mouzaia, 
        (1,600 m.) qui domine la plaine de la Mitidja; le Dahra, entre le Chélif 
        et la mer; et le Zaccar, au N. de Miliana (1,580 m.). La seconde chaine, 
        appellée Moyen-Atlas, traverse tout le pays, de l'E. à l'O. 
        On y remarque le Ghorra, au S. de la Calle; les montagnes de Constantine 
        ; les Bibans, coupés aux Portes-de-Fer, par la route de Constantine 
        à Alger; les montagnes de Titery et l'Ouaransenis (2,000 m.) au 
        S. d'Orléansville. La 3e chaine, appelée Grand-Atlas, est 
        peu connue. On y distingue le Djebel-Aurès, (province de Constantine) 
        dominé par le mont Chelika (2,312 m.) point culminant de l'Atlas. 
        -
 
 HYDROGR.
 Les cours d'eau méritent le nom de torrents plutôt que celui 
        de rivières. Ils débordent en hiver et se dessèchent 
        en été. Les principaux sont : le Chélif (450 kil.), 
        la Mactah et la Tafna, dans la province d'Oran ; le Mazafran, l'Aratch, 
        l'Haniose, le Boudouaou, l'Isser, le Sébaou et le Sahel, dans la 
        province d'Alger; le Rummel, le Saf-Saf, la Seybouse et la Medjerdah, 
        dans la province de Constantine. L'Oued-Djeadi et l'Oued-Seggar ou Brizina 
        arrosent le Sahara. - Les lacs (sebkhas oa chotts), s'emplissent d'eau 
        pendant l'hiver; ils forment, en été, de vastes plaines 
        de sel. Les phénomènes du mirage ne sont pas rares lorsqu'on 
        s'en approche. Les principaux sont, dans le Tell : le lac Fetzara, au 
        S. O. de Bone et la Sebkha d'Oran ; sur les hauts-plateaux :1 le Chott-el-B'arbi 
        et El-Chergui, province d'Oran; les deux Sebkhas Zahrez, province d'Alger; 
        le grand Chott de la Hodna et le lac de Tarf, province de Constantine. 
        - Les dayas du Sahara ne sont que de grandes mares. On pense que la Sebkha-Melghirg 
        était autrefois reliée à la Méditerranée, 
        à laquelle on parle de la réunir de nouveau à l'aide 
        d'un canal qui traverserait le Sahara tunisien. Son fond s'abaisse à 
        6 mètres au-dessous du niveau de la mer.
 PRODUCTIONS MINÉRALES.Fer en abondance, surtout dans les monts Edough, près 
        de Bone ; cuivre, à Mouzaia (Tenez); plomb dans la Kabylie antimoine, 
        dans le massif de Constantine ; zinc, aux environs d'Oran ; argent mêlé 
        au cuivre et au plombs or, surtout dans les ravins du Petit-Atlas et dans 
        les minerais de Kefoum - Thabouf. - Beau marbre blanc, à l'E. de 
        Philippeville; pierre à bâtir, plâtre, chaux, argiles, 
        albâtre. Eaux minérales de Hamman - Meskoutin, province de 
        Constantine, très chaudes, chlorurées sodiques, renommées 
        pour le traitement des affections cutanées, des rhumatismes etc. 
        D'autres sources sont également fréquentées. Nous 
        citerons : Hamman-Melouan et Hamman-Rira, province d'Alger ; les Bains 
        de la Reine; Ain Merdja et Ain-el-Hamman, province d'Oran; Hamman-Sidi-Mimoun, 
        province de Constantine.
 
 CLIMAT.
 Chacune des trois zones possède un climat particulier. Dans le 
        Tell on se croirait sous le ciel de la Provence. Le thermomètre 
        ne dépasse guerre + 40° en été et ne descend 
        pas au-dessous de + 2° en hiver. La neige couvre rarement le sommet 
        des montagnes. Le climat est un des plus beaux, des plus agréables 
        et des plus sains qui existent, et les villes de la côte sont autant 
        de stations où les phtisiques trouvent la guérison mieux 
        même qu'en Italie. Là température des hauts-plateaux 
        se rapproche de celle de nos contrées du N. L'été 
        est sec et chaud; mais l'hiver est froid et pluvieux; les neiges tombent 
        avec abondance. Dans le Sahara on ne connaît que deux saisons : 
        celle des chaleurs et. celle des pluies. Le thermomètre y monte 
        jusqu'à + 52°; les nuits y sont très fraîches. 
        Le Simoun et le Siroco, fléaux du désert, y engloutissent 
        parfois des caravanes entières. D'après le Dr Ricour, le 
        climat algérien convient assez bien aux Italiens, aux Espagnols, 
        aux Maltais et aux Français du Midi, tandis que les peuples du 
        N. de l'Europe s'acclimatent, difficilement. -
 
 FLORE.
 Outre les fleurs et les fruits de France, on trouve en Algérie 
        le jujubier, le caroubier, l'olivier, le palmier nain, l'alfa, le diss, 
        le coton. et le dattier. Dans les forêts, qui couvrent près 
        de 2 millions d'hectares, on remarque le chêne-zéen, le chêne-liège, 
        le chêné-vert, le chêne ballotre, l'orme, le chataignier, 
        le cèdre, le pin, le noyer, le peuplier, le platane, l'aulne, le 
        houx, le thuya, le genévrier, les lentisques, le myrte, l'arbousier, 
        le laurier-rose, l'if, des térébinthes, l'azérolier, 
        le nerprun, le ciste frutescent, le genêt, le phillyréas. 
        Depuis quelques années on cultive, dans les parties où régnaient 
        autrefois des fièvres, le bel arbre australien nommé eucalyptus 
        qui est un agent très actif d'assainissement. -
 
 FAUNE.
 On trouve en Algérie : le chameau (mehari, pour les courses; djeme' 
        !mais les transports), le cheval numide, petit, mais bien fait, sobre, 
        docile, infatigable ; l'âne, le mulet, le boeuf, le mouton.- D'après 
        le relevé publié par l'administration si périeure 
        de l'Algérie, il a été abattu, dans les trois départements, 
        du 1er janvier 1 873 au 31 décembre 1876, 16,542 animaux nuisibles, 
        savoir : 53 lions, 49 lionnes, 9 lionceaux, 575 panthères, 4,072 
        hyènes, 14,784 chacals. Sur les 111 lions, lionnes ou lionceaux 
        détruits, 92 l'ont été dans la province de Constantine 
        et 49 dans la province d'Oran. Quant à la province d'Alger, elle 
        n'a fourni aucun sujet de cette espèce. Sur les 574 panthères, 
        400 ont été abattues dans la province de Constantine, 143 
        dans la province d'Alger et 61 dans celle d'Oran. Les hyènes, appartenaient 
        : 786 à la province d'Oran, 208 à celle d'Alger et 78 à 
        celle de Constantine. Quant aux chacals, 7,146 ont été tués 
        dans la province d'Alger, 6,596 dans celle d'Oran et 4,062 dans la province 
        de Constantine. Outre ces animaux, les chasseurs peu-vent poursuivre la 
        gerboise, le porc-épie, le lièvre, le sanglier, la gazelle, 
        le singe ; les oiseaux sont les mêmes que les nôtres; mais 
        il faut y ajouter l'autruche. Les mares fourmillent de petites sangsues. 
        Les vents du sud apportënt des myriades de sauterelles qui détruisent 
        quelquefois les moissons. Les moustiques, punaises, tarentules, puces, 
        scorpions se rencontrent partout; le cofféa et le céraste 
        (vipère à corne) ne se trouvent guère que dans le 
        Sahara.
 Parmi les reptiles, nous ne pouvons oublier le caméléon. 
        La recherche du corail et de l'éponge occupe plusieurs milliers 
        de pêcheurs. On s'occupe aussi de l'élevage du ver à 
        soie et de l'abeille et de la culture de la cochenille. -.
 
 AGRIC.
 Un triple épi était l'emblème de la Mauritanie, surnommée 
        le grenier de Rome. Dans tous les lieux où l'eau ne fait pas défaut, 
        le sol y produit, deux ou trois fois chaque innée, des récoltes 
        merveilleuses. Ce pays privilégié donne ea abondance les 
        primeurs qui paraissent sur les tables des Parisiens et s Londoniens. 
        Il exporte le liège, l'huile, le blé dur, qui manque à 
        la France, la datte, la soie, le coton, la cochenille, l'alfa, le safran, 
        la garance, les laines, l'opium et un grand nombre d'essences odoriférantes. 
        Les vins blancs de Médéah jouissent d'une grande réputation 
        ; et tout fait présager que l'Algérie deviendra le fournisseur 
        du commerce des vins, dont la production diminue de jour en
 jour dans notre pays.
 
 INDUSTR.
 L'industrie indigène fabrique des nattes, des écharpes soie 
        et or, des'burnous, des tapis, des selles, des armes damasquinées, 
        des coraux ouvragés, des étriers, etc. Celle des Européens 
        porte principalement sur l'extraction des minerais de fer (mines de Mouzaia 
        et d'Ain Mokra; ; des marbres (marbre blanc du mont Filfila); du sel cristallisé 
        (minés d'Arzeu); du sulfate de cuivré (Mouzaia) ; on y joint 
        la coupe des bois précieux pour l'ébénisterie, du 
        liège, du bambou, etc. -
 
 Comm.
 L'Algérie est surtout une colonie agricole ; elle exporte principalement 
        des matières premières et reçoit en échange 
        des objets manufacturés.
 Voir trois tableaux , liquer sur "tableaux" : tableaux
 
 POPULATION
 En 1861, on comptait en Algérie 3,062,124 hab. La terrible famine 
        de 1866 fit diminuer ce chiffre d'environ un demi million. Nos nouvelles 
        acquisitions dans le Sahara ont augmenté la population d'une manière 
        considérable. On l' évalue à près de cinq 
        millions d'hab. ainsi répartis. d'après le recensement de 
        1877.
 Les chiffres, au sujet des tribus errantes 
        ne sont qu'approximatifs. - En 1878, le territoire civil s'est accru de 
        2,305 kil. carr., comprenant 44,810 hab.; ce qui porte sa superficie à 
        43.901 kil. carr.; et sa population à 1,361,327 hab. - La population 
        dite sédentaire se sub-divise ainsi : La population européenne se compose 
        donc en majorité de Français et de naturalisés 194,772 
        + 37.526 = 232,298); quelques critiques difficiles à satisfaire 
        on dit que nous avons fondé en Algérie une colonie espagnole; 
        les chiffres ci-dessus répondent victorieusement. Les Espagnols peuplent de préférence la province d'Oran; 
        les Mahonnais colonisent le Sahel où ils s'occupent particulièrement 
        de culture maraichère ; les Italiens et les Maltais habitent la 
        province de Constantine ; les Allemands et les Suisses s'adonnent surtout 
        à l'agriculture.
 
 Les indigènes ont également des aptitudes inhérentes 
        à leurs races. Le juif fait le commerce, travaille les métaux 
        précieux et s'occupe de banque ; l'Arabe du Tell et le Kabyle sont 
        agriculteurs; celui du Sahara est nomade et pasteur; le Biskri est portefaix; 
        le M'zabite baigneur, petit marchand ou boucher. Les Turcs, les nègres, 
        les Koulouglis et les Maures sont peu nombreux.
 
 GOUVERNEMENT
 L' Algérie resta entièrement sous l'administration militaire 
        jusqu'en 1872, époque où fut organisée l'administration 
        civile. dirigee par un gouverneur général sous les ordres 
        duquel sont placées toutes les autorités. Mais le gouvernement 
        civil ne s'étend que sur les districts colonisés; tandis 
        que les territoires habités exclusivement par les indigènes 
        restent sous le régime militaire.
 - Le territoire est divisé en trois provinces, 45 subdivisions 
        et 40 cercles. Chaque province forme un département régi 
        comme territoire civil par un préfet et, comme territoire de commandement, 
        par le commandant de la division. Les chefs indigènes (khalifes, 
        agas, caide, cheiks, etc.) sont nommés par le gouvernement, sous 
        la surveillance des bureaux arabes composés d'officiers français.-
 Province et département du centre : chef-lieu Alger.
 Province et département de l'Est : ch-l Constantine;
 Province et département de l'Ouest : ch.-l Oran
 
 Le progrès financier de l'Algérie 
        se trouve dans le tableau suivant : Le coût de l'armée, et plusieurs autres dépenses 
        ne sont pas portés dans ce tableau, parce qu'ils sont soldés 
        par le budget français; ces dépenses s'élèvent 
        à 50 millions de francs. L'impôt des indigènes, autrefois 
        payé en nature, se solde aujourd'hui en espèces; on distingue 
        : l'achour, dîme sur les céréales; le hockor, loyer 
        de la terre; le zekkat, impôt sur les troupeaux; le lezmar impôt 
        qai se perçoit sur le capital chez les tribus du Sahara. Les troupes 
        françaises en Algérie forment le 19è corps d'armée 
        et comprennent environ 60,000 hommes. On les divise en deux classes : 
        1° les troupes françaises qui tiennent garnison en Algérie 
        et rentrent dans la mère-patrie au bout de quelques années; 
        2° les troupes indigènes qui ne qûittent l'Algérie 
        que dans les cas où la France a besoin de leur concours pour une 
        grande guerre. Ces troupes se composent de zouaves, 
        de tirailleurs 
        algériens (turcos), de chasseurs 
        d'Afrique et de spahis. 
        - 
 RELIGIONS.
 Les indigènes sont musulmans, à l'exception des Juifs, au 
        nombre de 33,000. La religion catholique possède un archevêché,à 
        Alger, et deux évêchés, l'un à Oran et l'autre 
        à Constantine.-3 consistoires israélites siègent 
        à Alger, Oran et Constantine_ -
 
 INSTRUCTION
 D'après la statistique, tous les enfants d'origine européenne 
        savent lire et écrire. Sous ce rapport, notre colonie rivalise 
        avec l'Allemagne et les Etats-Unis. La population scolaire atteint 60,000 
        élèves. Il y a un conseil académique à Alger, 
        et un recteur, ayant sons ses ordres trois inspecteurs d'académie 
        et trois inspecteurs primaires.-
 
 JUSTICE.
 La justice est rendue dans les cantons par les juges de paix; dans les 
        arrondissements par les tribunaux de 1ère instance qui ressortissent 
        à la cour d'appel d'Alger ; dans chaque département par 
        une cour d'assises.
 Les tribunaux musulmans sont présidés par un mufti. On ne 
        fait disparaître la justice indigène que dans les localités 
        où l'on a pu organiser la magistrature française. On compte 
        encore 440 cadis dans le Tell et 6 cadis notaires, plus 12 midjelès 
        ou conseils consultatifs gratuits.-
 Les justices de paix sont au nombre de 70. Partout où les juges 
        de paix sont institués, les cadis perdent leurs attributions; ils 
        continuent seulement d'exercer les fonctions de notaires.
 
 COMMUNICATIONS MARITIMES.
 La distance moyenne de l'Algérie aux côtes de France est 
        de 804 kil. De nombreux paquebots la relient à Marseille. La compagnie 
        Valéry, adjudicataire du service des transports de l'Etat, a 2 
        départs chaque semaine de Marseille pour Alger : 34 heures de traversée 
        ; un départ pour Oran, par Carthagène, 48 heures; un pour 
        Philippeville, 33 heures; un pour Bone, 40 heures. -Il y a en outre les 
        services hebdomadaires de la compagnie de navigation mixte de Marseille 
        à Alger, Mostaganem et Oran, d'une part, Philippeville et Bone, 
        de l'autre, aller et retour à prix réduits ; et celui de 
        la compagnie des Messageries maritimes entre Marseille et Alger (également 
        hebdomadaire).- Service bi-mensuel entre Dunkerque, Rouen, le Havre et 
        Oran, Alger, Philippeville et Bone, par la ligne péninsulaire et 
        algérienne.- Service bi-mensuel entre Alger et l'Angleterre par 
        la compagnie Bristish India. -
 
 CHEMINS DE FER.
 A la fin de 1879, il y avait en Algérie cinq lignes de chemins 
        de fer en exploitation :
 1° d'Alger à Oran (426 km)
 2° de Philippeville à Constantine (87 
        km ); 3° de Constantine à Sétif 
        (155 km .); 4°de Bone à Guelma et prolongements (288 km); 5° 
        de Sainte-Barbe du Trélat à Sidi-bel-Abbès (ligne 
        d'intérèt local. 52 km). Total, 1,008 km. En construction, 
        une ligne centrale qui ira de la frontière de Tunis à celle 
        du Maroc et qui aura 1,312 km En projet, un chemin de fer trans-saharien 
        qui mettrait Alger en relation avec Tombouctou.-
 
 POSTES.
 En 1877, le nombre des bureaux de poste était de 277. - Re-cettes 
        en 1876 : 1,358,000 fr. Nombre des timbres-poste et des cartes postales 
        vendus en 1875: 6,800,757 ; nombre des lettres chargées: 98,263; 
        des mandats : 310,393.-
 
 TELEGRAPHES.
 En 1878, le réseau Algéro-tunisien comprenait 9,360 km de 
        lignes et 15,750 km de fils. Nombre des bureaux à la fin de 1876 
        : 146; des dépêches par terre : 570,951 ; par câble 
        : 55,639.
 Recettes en 1876, des lignes terrestres: 479,020 francs; du câble 
        : 349, 874. Le réseau algero-tunisien est exploité par une 
        compagnie privée que subventionnent le gouvernement français 
        et le bey de Tunis. - Deux câbles sous-marins
 mettent toutes les localités importantes de l'Algérie en 
        commnnication avec les bureaux télégraphiques de la France 
        et de l'étranger
 HISTOIRE.  
       L'Algérie fit primitivement partie de l'antique 
        Lybie, habitée par les Gétules, tes Numides (Nomades), les 
        Garamantes, les Mazyques et les Maurusiens. Le pays tomba ensuite au pouvoir 
        des Carthaginois, auxquels se substituèrent les Romains. Ces derniers 
        eurent beaucoup de peine à soumettre les territoires qui constituent 
        l'Algérie actuelle. A I'E. la Numidie orientale, capitale Cirta 
        (Constantine) appartenait à Massinissa; à l'O., la Numidie 
        occidentale était gouvernée par Syphax. Massinissa, allié 
        de Rome, réunit lesdeux royaumes. Après lui Micipsa régna en paix ; mais les 
        enfants de ce dernier, Hiempsal et Adherbal, eurent à défendre 
        leur heritage contre les agressions de leur cousin, Jugurtha, qui résista 
        pendant longtemps aux armées de la république romaine. Après 
        la chute de ce courageux barbare, livré par son beau-père, 
        Bocchus, l'Afrique jouit pendant quelque temps d'une paix profonde ; elle 
        devint toute latine et mérita le nom de Grenier de Rome. Les princes 
        qui régnèrent pendant cette période furent Juba 1er 
        et Juba II. Sous Tibère, le soulèvement le Tacfarinas faillit 
        faire perdre à Rome cette riche province qui la nourrissait. Afin 
        de prevenir le retour de semblables révoltes, les Romains procédèrent 
        à une nouvelle division administrative de l'Afrique qui forma deux 
        provinces ayant pour capitales
 Césarée (Cherchell) et Tingis (Tanger). Convertie au christianisme 
        au IIè siècle, plus romaine que l'Italie, cette partie florissante 
        de l'empire jouissait de la plus grande tranquillité, lorsque les 
        Vandales l'envahirent et y fondèrent un royaume qui dura plus d'un 
        siècle (428-533); Bélisaire, qui les extermina, fit de l'Afrique 
        une province de l'empire grec (534-148). Après cette période, 
        souvent troublée par les révoltes des indigènes, 
        l'Afrique, conquise par les Arabes, voit disparaître les derniers 
        vestiges de son ancienne civilisation; son nom est changé pour 
        celui de Moghreb ; sa religion est l'islamisme. Pendant sept siècles, 
        elle se débat au milieu d'effroyables luttes religieuses. Elle 
        fait tour à tour partie du royaume des Aglabites (786-959), des 
        Fatimites (959 -1046) des Almoravides (1046- 1070) et
 des Almohades. Vers la fin du XIIIè siècle, elle se divise 
        en trois royaumes independants :
 celui des Beni-Menin (Maroc), celui des Beni-Hafez (Tunisie) et celui 
        des Beni-Zian (Algérie,dont le port principal est Oran). Plus tard, 
        les Maures, chassés d'Espagne, arment de nombreux corsaires qui 
        ravagent les côtes européennes. Pour mettre fin à 
        cette guerre de pirates, les Espagnols s'emparent de Mers-el-Kébir, 
        d'Oran, de Bougie, de Tlemcen, de Dellis, de Mostaganem et de Tunis ; 
        ils élèvent en face d'Alger le célèbre pégnon 
        qui tient cette ville en respect. C'en était fait de l'indépendance 
        de l'Afrique, si le fameux Barbe-Rousse n'eût amené des soldats 
        turcs au secours de ses coreligionnaires ; il fonda à Alger cette 
        république de pirates qui devait durer de 1316 à 1830 et 
        qui, grâce à la protection de la Turquie, put résister 
        aux efforts de Charles-Quint et établir sa domination sur les tribus 
        indigènes, toujours si difficiles à soumettre. Ses successeurs, 
        qui prenaient le titre de Pachas d'Alger et qui étaient nommés 
        par le sultan, durent, en 1659, partager le pouvoir avec un agha élu 
        par la milice turbulente d'Alger; l'agha lui-même fut remplacé 
        par un dey (1674) qui déposséda le pacha ((1710) et ne reconnut 
        que nominalement la suprématie de la Turquie. La piraterie, un 
        instant écrasée par Louis XIV (1664- 81- 83)et par l'Angleterre 
        (1816), fut enfin détruite par l'expédition française 
        qui s'empara d'Alger le 5 juillet 1830. Au moment de la conquête, 
        l'état d'Alger, ou Odjéak était divisé en 
        3 provinces appelées beyliks : celle d'Oran, (autrefois Tlemcen); 
        celle de Tittery, ch.-1. Médéah et celle de Constantine. 
        La prise d'Alger fut le signal d'une insurrection à peu près 
        générale des populations arabes contre les Turcs. Le bey 
        d'Oran nous appela à son secours et nous remit ses pouvoirs, dont 
        le bey de Tunis ne voulut pas (1834). Celui de Tittery, qui s'était 
        mis à la tête des indigènes, pour nous combattre, 
        perdit en peu de jours Blidah, Médéah et sa liberté 
        (novembre 1830). Bone fut occupée en 1832; Arzeu, Mostaganem et 
        Bougie en 1833. Mais déjà paraissait, à l'horizon 
        politique, le fameux émir Abd-el-KADER (Sidi-el-Hadj-Ouled-Mahi-ed-Din 
        ou fils de Mahi-ed-Din), né en 1807, sur le territoire des Hachem, 
        aux environs de Mascara. Son père, puissant adversaire de la domination 
        turque, mais trop âgé pour entreprendre lui-même la 
        guerre, le désigna aux chefs qui voulaient résister aux 
        Français. Nommé émir, Abd-el-Kader prêcha la 
        guerre sainte et organisa les forces indigènes. Pendant plus de 
        15 ans il lutta contre notre armée et ne céda le terrain 
        que pouce à pouce. A la tête de 10,000 guerriers, il vint, 
        en 1839, assiéger Oran ; repoussé par le général 
        Boyer et abandonné par plusieurs tribus arabes, il conclut, en 
        1834, avec le général Desmichels, un traité qui lui 
        constituait un véritable royaume, avec Mascara pour capitale. Le 
        gouvernement français reconnut bientôt quelle faute avait 
        été commise et recommença la guerre. Les débuts 
        n'en furent pas heureux. L'émir, battu par le général 
        Trézel sur les bords du Sie (26 juin 1835), prit une sanglante 
        revanche a la Macta, le 28 du même mois. Le maréchal Clausel, 
        gouverneur d'Algérie, accourut aussitôt pour venger son lieutenant. 
        Abd-el-Kader, qui avait eu l'audace de se présenter devant les 
        murs d'Oran, fut repoussé ; sa puissance reçut un coup terrible 
        sous les murs de Mascara, que prirent les Français (6 décembre). 
        Tlemcen fut, occupé en janvier 1836. La Calle et Guelma devinrent 
        françaises pendant le cours de la même année. Sur 
        ces entrefaites, on voulut réduire à l'obéissance 
        le bey de Constantine, qui refusait absolument de se soumettre. Une première 
        expédition, mal préparée, se termina par une désastreuse 
        retraite (nov. 1836). Déjà l'infatigable Abd-el-Kader avait 
        reparu, en avril 1836, avec une nouvelle armée. Il battit le général 
        d'Arlanges près de Tlemcen et rétablit son autorité 
        dans la province d'Oran. Vaincu à son tour pas le général 
        Bugeaud, le 7 juillet 1836 et en mai 1837, il se releva dans les négociations 
        et obtint la ratification du traité de la Tafna qui portait les 
        limites de son empire jusqu'aux portes d'Alger (3 mai 1837). Profitant 
        du répit que leur laissait ce traité désavantageux, 
        les Français organisèrent une nouvelle expédition 
        contre Constantine, qui tomba enfin en notre pouvoir, le 13 octobre 1837, 
        après un assaut qui est demeuré célèbre dans 
        nos annales militaires. L'expédition des Portes-de-fer fournit 
        à Abd-el-Kader l'occasion de recommencer les hostilités, 
        sous prétexte qu'on avait violé sa frontière. Mais 
        cette fois, les troupes françaises étaient assez nombreuses 
        pour faire face à toutes les attaques. Vaincu sur les bords de 
        la Chiffa (31 déc. 1839), l'émir vint échouer devant 
        l'héroïque résistance de Mazagran. Il perdit successivement 
        les combats de Ten-Salmet. de Selson, de Meskiana, de El-Affroun ; les 
        Arabes furent écrasés au col de Mouzaia (1840). Mascara 
        (juillet 1840), Dellys, Zamora, Médéah (octobre 1841), Thaza, 
        Saïda, Sebdou (1842) furent successivement occupées; de nombreuses 
        tribus demandèrent l'aman. Enfin la prise de la Smala d'Abd-el-Kader, 
        le 16 mai 1842, réduisit le terrible patriote à se réfugier 
        dans le Maroc (1843). Batna, Biskra, Dellys furent occupées en 
        1844. Le Maroc, qui avait donné appui à l'émir, demanda 
        la paix après le bombardement de Tanjer, la bataille d'Isly (14 
        août 1844) et la prise de .Magador (25 août). Un traité 
        avec le gouvernement marocain (10 septembre), détermina d'une manière 
        définitive, nos frontières occidentales. L'émir, 
        restant sans protecteur, reparut dans la province d'Oran. Le Dahra se 
        souleva et fut exploré par les troupes des colonels Pélissier 
        et Saint-Arnaud; l'Aurès fut soumis par le général 
        Bedeau ; mais le 25 septembre 1845, le colonel Montagnac, attiré 
        à Sidi-Brahim, y périt avec presque tous les hommes qu'il 
        commandait. Plusieurs tribus ayant été chàtiées 
        avec une grande sévérité, Abd-el-Kader, qui ne pouvait 
        plus contenir la fureur de ses soldats, fut forcé de leur abandonner 
        ses prisonniers, qui furent impitoyablement égorgés; après 
        quoi il se réfugia de nouveau dans le Maroc (1846). Un autre agitateur, 
        Bou-Maza, essaya vainement de rallumer le fanatisme de ses coreligionnaires 
        du Dahra; il fut bientôt vaincu et fait prisonnier. Une expédition 
        que fit le maréchal Bugeaud dans la grande Kabylie, commença 
        la soumission de ce pays. Enfin l'émir, repoussé du Maroc, 
        se rendit au général Lamoricière, le 23 décembre 
        1847. Détenu successivement au fort de la Malgue, au château 
        de Pau et à celuid'Amboise, puis rendu à la liberté 
        en 1852, il habita Brousse (Turquie d'Asie) jusqu'au tremblement de terre 
        qui détruisit cette ville (1855). De là, il se rendit à 
        Damas et, après le massacre des Maronites chrétiens, qu'il 
        protégea au périt de sa vie; il se retira à la Mecque, 
        où il vit d'une pension de 400,000 fr. que lui sert le gouvernement 
        français. L'éloignement de ce chef habile, ayant produit 
        la pacification complète du littoral, on put songerf dès 
        1848, à créer des colonies agricoles en Algérie. 
        Enfin la destruction de Narah (1850), l'expédition contre la petite 
        Kabylie (1851), la réduction du Djurjura, la prise de Laghouat 
        et d' Ain-Madhy (1852), d'Ouargla (4853), de Tuggurt (4854), la repression 
        de l'insurrection de Bou-Bargla ( tué en 1854), l'expédition 
        de la grande Kabylie (1857), celle du général Desvaux contre 
        les tribus insurgées de l'Aurès (1858), terminèrent 
        la conquète. Des troubles assez graves, vigoureusement réprimés, 
        eurent lieu en 1871. L'esprit d'indépendance, refoulé vers 
        le sud, et entretenu par le fanatisme, a excité les indigènes 
        à assassiner le colonel Flatters qui étudiait, dans le Sahara, 
        la possibilité de créer une voie ferrée d'Alger à 
        Tombouctou (1881). L'invasion de la Tunisie par une armée française, 
        ne fit qu'irriter le fanatisme; un soulèvement presque général 
        des tribus sahariennes eut lieu immédiatement, sous les ordres 
        de Bou-Amena. Les alfatiers espagnols, surpris dans leur travail, aux 
        environs de Saïda, furent égorges sans pitié ou gardés 
        en captivité, par les farouches révoltés qui, parvenant 
        à passer entre les chotts, malgré la surveillance exercée 
        par les troupes françaises, gagnèrent le désert, 
        où - les chaleurs du mois de juillet 1881 empéchèrent 
        de les poursuivre. Du reste, cette révolte peut être considérée 
        comme l'une des dernières convulsions de l'élément 
        arabe en Algérie. Des chemins de fer vont desservir les localités 
        principales du Sahara algérien et rendront impossible toute nouvelle 
        insurrection.
 
 BIBLIOGRAPHIE
 . Annuaire général de l'Algérie; in-8°. Paris.- 
        Gaskell (George) Algeria as it is, in-8°; London, 1875.-Gueydon (vice-amiral, 
        comte de), Exposé de la situation de l'Algérie, dans la 
        " Revue maritime et coloniale", in-8°, Paris 1873. -Lavigne 
        (Albert), Questions algériennes, in-8°; Paris 1879.-Villot 
        (capitaine), ,Moeurs, coutumes et institutions des indigènes d'Algérie, 
        in-12, Paris, 1872. - Clamageran, L'Algérie, in-8°, Paris, 
        1874. - Exposé de la situation de l'Algérie, présenté 
        par le gouverneur général civil le 15 nov. 1877 ; Journal 
        officiel du 3 déc. 1877. - Etat actuel de l'Algérie, Paris,1879.
 
 MONNAIES. Les monnaies françaises 
        ont cours partout ; mais les indigènes comptent encore par piastres 
        d'Alger, pièces d'argent valant 3 fr. 72 cent. et divisées 
        en boudjous (argent, Ifs. 86), en 16 tomins (0 fr. 22) et en 48 mozounah 
        (0 fr. 68). Cette dernière se subdivisait en 2 karub de cuivre 
        (0 fr. 4). Enfin, il y avait la pièce de 5 aspres (0 fr. 0111).
 
 POIDS.
 Les indigènes emploient encore le rottolo-attari, pour les 
        articles de droguerie (0 kil. 546) ; le rottologredouri, pour les 
        fruits frais (0 kil. 614) ; le rottolo-kébir pour les huiles 
        et le miel (0 kil.819); le rottolo-fend, pour les articles précieux 
        (0 kil. 496) ; le quintal-attari (60 kil. 069) ; le quintal-kébir 
        (90 kil. 649); et le métical pour les métaux 
        précieux et les pierres précieuses (4 gr. 645).
 
 MESURES DE LONGUEUR.
 Pic turc (8 robi= 0 mètre 640) ; pic moresque - 0 
        mètre 480.
 
 MESURES DE CAPACITÉ.
 Caffisse = 16 tarries = 3 hectolitres 174; Saa = 58 litres
 
 
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