Plan Vrillon de
1959
quais de Dunkerque,
Dakar, Falaise, Fort-de-France et Fécamp
Hier, au bassin de Mustapha en présence
de très nombreuses personnalités
La société algérienne des pétroles Mory
a inauguré son nouveau dépôt de combustibles liquides
" De la collaboration
entre le capital privé et le budget public naîtront les
plus heureuses réalisations " a déclaré M.
Cuttoli
Hier matin, en présence des plus hautes personnalités
de l'Administration, des parlementaires, délégués
à l'Assemblée algérienne, membres du palais, de
l'armée, du corps consulaire et des plus éminents représentants
de l'économie algérienne, la société des
pétroles Mory inaugurait. au grand môle de Mustapha son
nouveau dépôt de combustibles liquides.
La Société des pétroles Mory démontrait
par cette manifestation qu'une grande firme peut à la fois s'enorgueillir
d'un passé vénérable et d'une jeunesse pleine de
vitalité et d'audace constructive.
M. Henry Granier-Deferre, président directeur général
de Mory et Cie recevait avec la plus grande courtoisie ses hôtes
à l'entrée du nouveau dépôt. Assisté
de M. Baron, directeur général, il accueillit d'abord
M. Cuttoli. secrétaire général du gouvernement,
représentant M. le gouverneur général Léonard,
que d'autres obligations avaient empêché de répondre
à l'invitation et M. René Mayer, ancien ministre et député
de Constantine.
Nous avons remarqué parmi la très nombreuse assistance
la présence de personnalités représentatives de
l'industrie du pétrole aussi bien métropolitaine, qu'étrangère
et algérienne, notamment M. Moch, délégué
général du Bureau des recherches de pétrole ; M.
le gouverneur général Durand Oswald, administrateur de
la Compagnie françaisede distribution des pétroles en
Afrique ; MM. Carayol, directeur général de Desmarais
frères ; Hure, de la Société générale
des huiles de pétrole ; Baumgartner, de Lille, Bonnieres et Colombes
; Wallner, de l'Utilisation rationnelle du Gaz de France : Majorelle,
du Comité professionnel des pétroles ; Vernon-Smith, directeur
de la Shell francaise ; Robertson, de la Société générale
des huiles de pétrole ; de Zerbi, de la même société
; Mumford esq., Harrison et Bayley, de la Shell de Londres ; Shelbourne
et Watts, de l'Anglo-Iranian de Londres ; Moscheni, de la S.A. Petroli
e derivati de Venise ; Hidalgo, de la S.A. Petroleos y derivados de
Madrid ; Bosson, de la S.O.C.O.D.I. maritime de Genève ; de Metz,
président, et de Montaigu, de la ComD?ãnie française
des pétroles ; Perrin. président, et Bouisset de la Compagnie
française de raffinage ; Masset et Mory, de Mory et Cie ; enfin,
nos confrères de la presse du Pétrole ; le " Journal
des carburants ", la " Revue pétrolière "
et le " Journal de la marine marchande ".
La visite du dépôt
Un long cortège
se forme alors qui, sous la conduite de M. Granier-Deferre, entreprend
la visite détaillée du nouveau dépôt.
Les aménagements modernes n'ont rien à envier à
ceux des plus grandes firmes mondiales et même le regard d'un
profane ne se lasse pas d'admirer un ensemble d'installations dont la
complexité tend, en définitive à simplifier le
travail et à donner à son rythme l'impulsion rapide qu'exigent
les conditions modernes de la distribution des carburants.
Au reste, si complexité il y a, les explications techniques extrêmement
claires données par M. Granier-Defferre auraient suffi à
nous faire comprendre, dans ses grandes lignes, le mécanisme
rationnel d'une aussi vaste entreprise. Des graphiques. plans et schémas
de canalisations de couleurs variées venaient à l'appui
des démonstrations. et aidaient à comprendre le processus
de la distribution. des tanks réservoirs aux soutes des navires.
Le dépôt dont la capacité a été portée
à 60.000 m3 répartie en 10 tanks, alimente par des canalisations
doubles de 10 pouces des bouches de prise situées sur les quais
de Dunkerque, Dakar, Falaise, Fort-de-France et Fécamp. La capacité
totale de pompage est de 1.000 tonnes par heure environ et l'excellente
disposition de la station permet de " souter " un navire ex-warf
avec un débit, par bouche utilisée, de 250 tonnes à
l'heure. On peut également effectuer le soutage par berges par
le moyen des deux citernes " Mory mazout I " et " Mory
mazout II ".
La visite prit fin par un vin d'honneur offert a ses invités
par la Société Mory. M. Granier-Deferre sut trouver les
termes les plus délicats pour remercier tous ceux qui avaient
répondu à son appel, témoignant ainsi de l'intérêt
qu'ils portent non seulement à l'extension et à la modernisation
de la firme qu'il préside, mais aussi à l'amélioration
des conditions de ravitaillement des navires en carburant.
Il tint, en particulier, à exprimer sa gratitude au gouverneur
général ainsi qu'à M. René Mayer, venu spécialement
de Constantine.
Enfin M. Granier-Defferre parla de la Société Mory, de
son passé, de ses projets, de ses ambitions. Il le fit avec l'accent
d'un homme qui croit profondément à l'uvre qu'il
conduit vers un aboutissement qui n'est autre que l'intérêt
Général de l'Algérie et de la nation.
M. Gand, directeur des cabinets civil et militaire du gouverneur général
répondit en se faisant l'interprète de M. Léonard
pour rendre un hommage mérité à l'activité
déployée par la Société des Pétroles
Mory, activité qui aboutit en définitive à faire
d'Alger un des plus grands ports d'escale de la Méditerranée.
Le banquet à l'hôtel Soint-George
A 13 heures, un banquet
réunissait, au Saint-George, la plupart des hautes personnalités
qui avaient assisté le matin à l'inauguration des nouveaux
dépôts de carburant du port.
M. Henry Granier-Deferre souhaita la bienvenue aux invités de
la Société des pétroles Mory, et plus spécialement
à M. Cuttoli, secrétaire général du Gouvernement
général, représentant M. Léonard, gouverneur
général de l'A1gérie.
Puis, évoquant l'évolution du problème de ravitaillement
des navires en combustibles et en carburants depuis la disparition de
la marine à voile, l'orateur donna des indications précises
sur les tonnages de charbon et de pétrole chargés annuellement
par les bâtiments en escale. Si, en 1914, 3 % seulement de la
flotte marchande utilisait le pétrole, aujourd'hui ce pourcentage
atteint 83 %.
On voit à quel point l'outillage et l'organisation des ravitailleurs
deviennent primordiaux.
" Cependant, dit-il, il ne faut pas s'attendre à une progression
spectaculaire, sauf événements imprévisibles, et
surtout ne pas perdre de vue que le progrès marche à pas
de géants et que d'autres sources complémentaires d'énergie
peuvent se faire jour plus rapidement que nous le pensons.
L'équipement existant à Alger pour le soutage des navires
permettant de répondre largement à une nouvelle extension
du trafic, extension que nous souhaitons tous, il serait imprudent,
et d'ailleurs contraire à l'intérêt général,
d'augmenter les capacités affectées au soutage ou d'effectuer
des investissements quelconques nouveaux sans que la nécessité
n'en soit absolument démontrée. "
Et il conclut :
" Sans vouloir être trop présomptueux pour ma société,.
je crois, en toute objectivité, pourvoir affirmer qu'elle a été
à la pointe des efforts entrepris pour rendre au port d'Alger
une activité soutière qu'il était en passe de perdre
et qu'elle peut, à juste titre, s'en montrer satisfaite.
Et je puis vous assurer qu'elle continuera à participer à
l'effort nécessaire pour amener notre port à transiter
le million de tonnes que justifient les installations actuelles. "
Après lui. M. de Metz, président-directeur général
de la Compagnie française des pétroles, fit un brillant
discours ou il retraça les efforts gigantesques entrepris par
les pétroliers français, souligna l'union qui avait permis
la réalisation des magnifiques installations portuaires d'Alger,
établissant les heureuses incidences que ces dernières
avaient eues sur le commerce maritime français et, sur le trafic
du port d'Alger en particulier ; il dessina ensuite un vaste tour d'horizon.
Il parla de la situation générale des exploitations pétrolifères
du monde entier, principalement depuis les derniers événements
de l'Iran qui sont passés au premier plan de l'actualité.
Il tint à parler plus précisément .des magnifiques
recherches entreprises par la S.N. REPAL en Algérie et dans le
Sud. Nos ingénieurs n'ont-ils pas atteint dans le Chéliff
le record de profondeur mondial de la prospection en descendant leurs
sondes jusqu'à plus de quatre mille mètres, record égalé
uniquement aux U.S.A. ? Parlant ensuite du Sahara,
il souligne l'offre faite par la Compagnie française des pétroles
de participer aux recherches faites par la S.N. REPAL, et de l'heureuse
réponse faite par les services officiels. Des prospecteurs de
toutes nations uvrent en ce moment au Sahara. C'est le prélude
nécessaire à une future exploitation industrielle des
richesses du sous-soi ; en y associant ses capitaux, en allouant un
fonds impressionnant de milliards à ces recherches, la Compagnie
française des pétroles accentue ainsi la prépondérance
de la France dans ce domaine.
Vivement applaudi, M. de Metz fut remplacé au micro par M. Cuttoli,
secrétaire général du Gouvernement général,
qui excusa M. le Gouverneur général de l'Algérie
et assura les pétroliers français de toute la sollicitude
des pouvoirs publics. Il tint à souligner l'uvre magnifique
accomplie en si peu d'années par la Société des
pétroles Mory, ayant à sa tête M. Henri Granier-Deferre.
Constatant l'importance des investissements apportés par la Compagnie
française des pétroles dans les recherches pétrolifères,
il estima que de cette collaboration entre le capital privé et
le budget public devaient naître les plus heureuses réalisations.
M. René Mayer. ancien ministre, assistait au banquet et s'entretint
longuement avec les personnalités présentes.