Plan Vrillon de
1959
Cela est peut-être, je suppose,
cet endroit
La Construction d'un dépôt
de bitume liquide dans le port d'Alger.
S'il est vrai que presque
chaque semaine est à Alger, marquée par quelque manifestation
nouvelle de l'activité urbaine, il est une partie de la ville
qui, pour être plus difficilement accessible à la majorité
de ceux que l'on a convenu d'appeler " les hommes de la rue ",
n'est pas moins le théâtre d'une continuelle transformation
: c'est le port.
Nous en voulons pour preuve la surprise qui nous a été
réservée il y a quelques jours, alors que nous parcourions
les nouveaux terres-pleins de l'Agha. Attirés par la vue d'un
chantier où régnait une activité insoupçonnée,
nous avons rencontré là une délégation de
la Chambre de Commerce, composée de M. Daurces, vice-président,
et MM. Lepage, Schiaffino, Solal et Tamzali membres de cette Compagnie
accompagnés de M.M. Brigole et Vermande, ingénieurs du
port. Sous la conduite de M. Mouriès, représentant de
la Société Mord-Africaine des Pétroles et de M.
Moll, ingénieur des travaux, ces personnalités venaient
visiter un bâtiment en cours de construction, destiné à
usage très curieux. Il s'agit en effet de la création
prochaine d'un dépôt de bitume liquide.
Cette installation, due à l'initiative d'une filiale de la "
Standard ", est certainement à Alger, la première
du genre. Elle constitue une innovation au double point de vue de son
aménagement dans notre port et des perfectionnements qu'elle
va apporter dans la technique de l'utilisation des bitumes sur les routes
algériennes.
En ce qui concerne l'aménagement du nouveau dépôt
de bitume en vrac, voici rapidement tracés, tels que nous les
avons entrevus, les principaux éléments : quatre réservoirs
de tôle d'acier de chacun 780 mètres cubes de capacité
sont calorifugés extérieurement par un revêtement
de laine minérale. Intérieurement est établi un
système de serpentins où circulera de la vapeur portant
le bitume à une température suffisamment élevée
pour le rendre fluide au point d'en permettre le pompage. Le bitume
arrivant à quai par des navires-citernes sera - nous à
expliqué M. Mouriès - envoyé dans ces réservoirs
par les moyens du bord, à la température de 120 degrés
environ, à travers des tuyaux chauffés et isolés.
" De ces grands réservoirs, le bitume fluide sera, à
mesure des besoins, refoulé, au moyen de pompes rotatives électriques
vers des bacs secondaires de capacité moindre d'où il
pourra être réparti, par simple gravitation, entre les
camions et wagons-citernes, et l'usine d'émulsion établie
à proximité. Les camions-citernes conserveront au bitume
son état de fluidité grâce à un brûleur
à mazout. Les wagons-citernes maintiendront cette fluidité
pendant deux jours environ grâce a une enveloppe calorifuge.
Le bitume chaud arrivera ainsi, prêt à être utilisé
à pied d'uvre, et les chantiers n'auront plus qu'à
l'épandre. Voilà qui nous changera du moyen de transport
actuellement pratiqué : le cylindre métallique, coûteux,
encombrant, d'une manipulation et d'une répartition difficiles.
Grâce à une telle organisation il sera possible d'envisager
plus de rapidité et plus de précision dans ces travaux.
Les techniciens de la Société Nord-Africaine des Pétroles
nous ont montré quelle économie cette formule permet de
réaliser sur le mode ordinaire d'emploi de bitumes par les équipes
volantes. Cette économie, on le conçoit immédiatement,
résulte du principe trop ignoré, de la spécialisation
et de la centralisation des fonctions : il s'agit en l'occurrence de
porter et de maintenir à une température déterminée
une masse déterminée de bitume. Il est normal, mécaniquement,
que l'opération réalisée par un poste perfectionné
comme celui qui fonctionnera prochainement dans le port d'Alger, ait
un rendement économique supérieur à ceux d'une
multitude de petites installations roulantes et dispersées.