couverture notion 2

mise sur site le 22-11-2003
-notions essentielles sur l'Algérie (1957-1958)
( à comparer avec 50 notions essentielles de 1953?54?)
Livret - 131/210 - de 35 pages avec 14 photos + 1 carte + 1 encart "Algérie d'aujourd'hui"(une sorte de tract)
édité par le Gouvernement Général de l'Algérie.
Imp. Georges Lang, Paris
Document transmis par Jean Soler

Bonus :Phrase sublime !!!

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-------" Contrairement à ce qui pourrait se passer en d'autres lieux et même si derrière eux se dessinent l'inquiétante propagande communiste et la passion conquérante de l'islam, nos adversaires d'aujourd'hui, les terroristes, les rebelles n'ont d'autre idéologie que celle d'évincer la France d'Algérie. lis n'ont dans ce conflit " intérieur " qu'ils veulent transformer en conflit " extérieur " ni théorie, ni armature valables. ils tentent de remplacer par un véritable racisme (que l'action inconsciente de certains Français a hélas parfois favorisé) l'absence
de toute doctrine politique. ils cherchent à justifier par une parenté religieuse l'ingérence inadmissible de l'étranger.
-------A cette absence d'idéologie, nous pouvons opposer non pas une idéologie politique particulière, mais celle que l'épreuve actuelle peut revigorer, l'idéologie " nationale ", l'amour de la France. L'immense capital de culture et de générosité de notre pays est en effet à peine mis à contribution pour l'Algérie. Nous ne bâtirons une Algérie nouvelle qu'en donnant à cette population franco-musulmane, encore souvent fruste, l'égalité intégrale des droits et des devoirs avec la Fronce métropolitaine pour satisfaire sa dignité et son légitime amour-propre.
-------Il nous faut prendre ces trois mots de " Liberté, Egal ité, Fraternité ", issus de la Révolution française, comme la définition de notre présence ici. Personne ne peut prétendre que nous puissions donner mieux à l'Algérie. "

Robert LACOSTE
Ministre résidant en Algérie

-------1.-L'Algérie, située sur la Méditerranée, au centre de l'Afrique du Nord française, est limitée à l'ouest par le Maroc, à l'est par la Tunisie et la Libye et au sud par l'Afrique Occidentale française.
-------2.-Grande importance stratégique en raison de ses 1 100 km de côtes. Point de départ de la libération de l'Europe après le débarquement des alliés en 1942, sur les côtes d'Afrique du Nord. Siège du Gouvernement français libre jusqu'à la libération de la France (1944).
-------3.- Superficie : 2 204 864 km2 qui groupent deux régions : l'Algérie du Nord (douze départements, 209 630 km2) et les Territoires du Sud (1 995234 km2). partie algérienne du Sahara.
-------4.-Algérie du Nord. - Constituée par une masse montagneuse l'Atlas, qui la découpe en trois zones approximativement parallèles à la côte : Atlas Tellien, Hauts Plateaux, Atlas Saharien. Divisée en douze départements : Alger, Orléansville, Tizi-Ouzou, Médéa, Oran, Tlemcen, Mostaganem, Tiaret, Constantine, Sétif, Batna, Bône. Appartient à la zone tempérée. Altitude moyenne élevée : 900 mètres.
-------5.- Algérie du Sud.-Fait partie du Sahara. Trois grands ensembles: bordure de l'Atlas saharien, Sahara central, Massif targui. Appartient au domaine tropical des vents alizés et des déserts. Divisée en quatre territoires : Touggourt, Aïn-Sefra, Ghardaïa, Oasis.
-------6.- Climat doux et régulier sur le littoral. Contrastes importants de température dans les régions élevées de l'Atlas et dans les hautes plaines. Au-delà de l'Atlas saharien, fortes amplitudes thermiques et températures extrêmes (-3° et +50°).
-------7.- La répartition irrégulière des pluies dans le temps et l'espace ainsi que leur insuffisance déterminent l'aspect de la campagne algérienne et sont les difficultés majeures de l'agriculture. Le Sahara est caractérisé par la rareté des pluies.
-------8.-La végétation résulte du climat. Zone méditerranéenne cultures nombreuses et forêts de chênes-lièges. Zone des steppes étendues semi-arides (buissons d'alfa), cultures dans les zones irriguées artificiellement ou inondées par les oueds. Zone désertique : aucune culture, sauf dans les oasis : palmeraies, arbres fruitiers, cultures maraîchères.
-------9.-La population est composée de Berbères (Kabyles, Touareg, Mozabites, Aurasiens), d'Arabes arrivés au VIIè siècle (aujourd'hui très mélangés aux Berbères), d'Européens (venus surtout de la métropole mais aussi des pays du bassin méditerranéen et naturalisés).
-------10.-9 800 000 habitants environ (1 050 000 d'origine européenne, 8 750 000 autochtones). Nombre de naissances supérieur de 280 000 environ à celui des décès en 1955. Le problème de l'Algérie est, avant tout, un problème démographique. Population des grandes villes. : Alger : 365 000 habitants; Agglomération algéroise : 590 000 habitants; Oran : 300 000 habitants; Constantine : 1 50 000 habitants; Bône : 115 000 habitants; Sidi-bel-Abbès : 80 000 habitants; Tlemcen : 75 000 habitants; Philippeville : 70 000 habitants. Population urbaine 2 220 000 habitants. Population rurale : 7 600 000 habitants (environ).
-------11.- L'histoire de l'Algérie est très mouvementée. Les Phéniciens créent des comptoirs sur ses côtes. Carthage étend sa domination dans la région Est. Les Romains la conquièrent et y font régner la paix. Les Berbères adoptent le christianisme. Ve siècle invasion des Vandales. Vle siècle : reconquête par les Byzantins. Au Vile siècle : les Arabes l'annexent au monde musulman et convertissent les populations à l'Islam. Sous ses maîtres orientaux, elle connaît d'abord une relative prospérité, qui prend fin avec l'extension des nomades hilâliens (venus d'Egypte), à partir du Xlè siècle; ceux-ci rendent difficile la vie des royaumes berbères qui se créent au Xllè siècle.
-------Au début du XVIè siècle, Alger, occupée par les Turcs, devient capitale d'un Etat vassal de Stamboul dont l'autorité ne parvint jamais à s'établir à l'intérieur du pays qui demeura en proie à l'anarchie et aux luttes entre tribus. Les deys d'Alger, fréquemment déposés par leurs janissaires, tiraient leurs principales ressources de la piraterie. Les puissances européennes, l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande, la France, s'efforcent de mettre un terme à l'activité néfaste des corsaires. La France y parvient en s'emparant d'Alger en 1830.
-------12.-1830 : Intervention des Français qui prennent en main les destinées de l'Algérie. Organisation militaire qui fait place graduellement à une administration civile.
-------13.- L'Algérie, partie intégrante du territoire français, forme actuellement un groupe de douze départements français dotés de la personnalité civile, de l'autonomie financière et d'une organisation particulière, définie par la loi du 20 septembre 1947.
-------14.-En raison de sa situation géographique et de ses autres caractéristiques particulières, l'Algérie jouit par rapport au reste du territoire français d'un régime de décentralisation administrative. Le Ministre Résidant, Gouverneur général représente la République Française dans toute l'étendue de l'Algérie; il est le représentant de l'Algérie dans tous les actes officiels. Tous les services civils de l'Algérie sont placés sous son autorité (sauf la justice et certains services de l'Education nationale). Il prépare le budget de l'Algérie et en assure l'exécution.
-------15.-L'Assemblée algérienne gère, en accord avec le gouverneur général, les intérêts propres à l'Algérie. Vote le budget de l'Algérie qui est, par la suite, soumis au Pouvoir central. Est composée de 120 membres élus pour six ans : 60 membres du premier collège, 60 membres du deuxième collège. La présidence de l'Assemblée est attribuée, alternativement, chaque année, a un élu de l'un ou de l'autre collège. A été dissoute par décret du 12 avril 1956.
-------16.-Les droits politiques ont été reconnus à tous les habitants de l'Algérie qui sont tous citoyens français depuis 1946. Les électeurs du premier collège comprennent tous les habitants d'origine française et les citoyens de statut local (Musulmans appartenant à des catégories définies par la loi). Tous les autres Musulmans votent dans le deuxième collège.
-------17.-La commune avait, en Algérie, deux formes différentes : Les communes mixtes, très étendues, sont dirigées par un administrateur nommé par le pouvoir central, assisté de représentants élus; un décret du 28 juin 1956 a prévu leur transformation en communes régies par la- loi métropolitaine du 5 avril 1884. Le découpage de ces anciennes communes mixtes en communes de plein exercice est pratiquement terminé.
-------Les communes de plein exercice sont administrées par un conseil municipal comprenant des représentants élus par les deux collèges et dirigées par un maire élu par le conseil municipal. Les conseils municipaux de ces communes ont été dissous par décret du 11 décembre 19 56 et remplacés par des délégations spéciales provisoires.
-------Le douar, organisation musulmane de base, a été conservé et se retrouve sur tout le territoire algérien. Son assemblée; la djemâa, est élue par les électeurs du deuxième collège. La France entreprend de transformer les douars en communes de plein exercice. Un type nouveau de collectivité locale a été créé : le Centre municipal. Son président, élu, a des pouvoirs analogues à ceux des maires, mais il est placé sous la tutelle des administrateurs. L'aboutissement de cette évolution politique est la transformation des douars en communes de plein exercice. A son terme, qui ne saurait tarder l'organisation municipale en Algérie sera identique à celle de la Métropole.
-------18.-L'Algérie du Nord est divisée en douze départements ayant à leur tête un préfet. Il est assisté d'une assemblée élue : le Conseil général. La loi du 11 septembre 1954 a consacré la
parité au sein des conseils généraux entre la représentation des deux collèges. La présidence est attribuée, chaqùe année, à un élu d'un collège différent.
-------19.-L'Algérie est normalement représentée par 30 sièges à l'Assemblée nationale, 14 au Conseil de la République, 18 à l'Assemblée de l'Union Française. Ces sièges sont répartis par moitié entre le premier et le deuxième collège.
-------20.-Routes. - 80 000 km (25 000 km de routes de grande circulation, 47 600 km de chemins et, pistes. 7 400 km en voie d'exécution).
-------21.-Ports. - 21 ports d'importance diverse.
Trafic total en 1955 : 29 474 navires entrés et sortis. 45 millions de tonneaux de jauge. 13 382 883 tonnes métriques (exportées et importées). 908 278 voyageurs.
-------Trois ports de gros tonnages : Alger : 9820 navires (entrés et sortis) (20 531 308 tonneaux de jauge, 4 377 549 tonnes métriques, 483 944 voyageurs). Oran : 6 247 navires (10 235 892 tonneaux de jauge, 2 214 796 tonnes métriques, 271 837 voyageurs). Bône : 3 550 navires (5 millions 6 de tonneaux de jauge. 4 080 421 tonnes métriques, 77 471 voyageurs).
-------22.-Chemins de fer. - 4 375 km (850 millions de voyageurs-km. 1 506 millions de tonnes-km de marchandises en 1955).
-------23.-Aérodromes à trafic commercial : 4 aérodromes de classe internationale : Alger, Oran, Bône, Aoulef. 14 aérodromes régionaux de plate-forme utilisable. 20 aérodromes mixtes. Trafic : 21 380 appareils, 600 000 passagers, 12 500 tonnes de marchandises en 1955.
-------24.-Mines. - Production en 19 55 : minerai de fer : 3 600 000 t ; phosphates : 765 000 tonnes; charbon : 300 000 tonnes. Les houillères-de Kénadza (seules mines de charbon de, l'Algérie) ne satisfont que le 1/3 des besoins du pays. Le projet de revalorisation sur place de la quasi-totalité de la production de ce bassin houiller éloigné prend corps. Il s'agit d'abord d'une usine thermo-électrique de 100 000 kW dont la première pierre a été posée par- M. Robert Lacoste, Ministre-Résidant le 9 juillet 1956.
-------25.-Pétrole. - À Aumale (70000 m3 en 1955); pétrole brut de bonne qualité. Les permis exclusifs de recherches, accordés à certains groupements, s'étendent au Sahara sur 633 000 km' - 17 appareils de forage - 10 milliards de francs de dépenses prévus pour 1956. Le puits d'Hassi-Messaoud près d'Ouargla vient d'être mis en exploitation (5 ms par jour).
-------26.-Le bétail (1955).- Moutons : 6 3 00 000; chèvres : 3 350000; porcs : 80 000; chevaux : 207000; ânes : 365 000; mulets 230 000; bovins : 913000: chameaux : 221 000.
-------27.-L'Algérie recherche l'augmentation des rendements et l'amélioration des produits de ses cultures, par une modernisation générale de ses méthodes et des moyens.
-------28.-Surfaces cultivées : sur les 200 000 000 d'ha des Territoires du Sud, 150 000 ha sont cultivés.
-------Sur les 21 000 000 d'ha de l'Algérie du Nord (1 / 10 de la superficie totale de l'Algérie), 12 900 000 ha sont utilisés pour l'agriculture. Pour l'ensemble de l'Algérie, les exploitations européennes comptent 2 726 000 ha contre 7 350 000 ha pour les exploitants musulmans.
-------Terres labourables : 6 300 000 ha (dont 2 500 000 en jachères). Vignobles 400 000 ha.
Cultures fruitières : 230 000 ha. - Tracteurs : 20 500.
-------Prairies naturelles : 31 000 ha. - Moissonneuses-batteuses 3700.
-------Pacages et parcours : 5 600 000 ha. - Engrais : 45 000 tonnes (en éléments fertilisants).
On note, depuis la guerre, un apport considérable de matériel destiné à l'agriculture algérienne
-------28.-Le " Paysanat " est l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour améliorer les conditions d'existence et de travail de la population rurale. De lui dépendent 124 écoles, 14 centres professionnels ruraux. Les méthodes du paysanat sont appliquées dans les S.A.R. (Secteurs d'Amélioration Rurale) ou organismes chargés de fournir aux paysans une aide technique dans tous les domaines de l'agriculture. Prêt de matériel, octroi d'engrais et de graines sélectionnées. De 12 en 1947, couvrant une surface de 728 000 ha intéressant 7 100 familles, les S.A.R. sont passés, en 1956, à 220, couvrant 18 000 000 d'ha (dont 3 millions d'ha pour les S.A.R. de céréaliculture et d'arboriculture, le reste étant représenté par des terres de parcours) et intéressant 340 000 familles. 500 tracteurs (dont le quart équipé en bulldozer) en service dans les S.A.R., avec le matériel agricole correspondant.
-------29.-En raison du régime pluviométrique de l'Algérie, d'importantes réserves d'eau ont dû être faites. Des ouvrages considérables ont été construits; un programme important est prévu. La réserve totale de 717 millions de m3 emmagasinée dans 1 1 barrages-réservoirs, pourra en surélevant certains ouvrages, être portée à 1 000 millions de m3. Ces réserves sont destinées à l'électrification et à l'irrigation.
-------30.-Le problème de l'eau étant essentiel, tout est mis en aeuvre pour utiliser au maximum les eaux existantes : captage de sources, petits barrages d'épandage de crues, recherche des ressources en eaux souterraines. Surface actuellement Irriguée : 200 000 ha.
-------31.-L'Algérie, pauvre en énergie, multiplie ses efforts pour développer au maximum son potentiel énergétique. 40 centrales dont 8 centrales thermiques, 32 centrales hydrauliques. Plus une quinzaine de centrales thermiques à moteur Diesel (dans le Sud). Investissements : 75 milliards. La production sera portée d'ici peu à I milliard de K Wh par an, par la construction de nouvelles centrales. Emission totale d'énergie électrique en 1955 : 880 millions de KWh dont 290 d'origine hydroélectrique et 590 d'origine thermique.-------32.-Les leçons tirées en 1942 de l'interruption des relations entre l'Algérie et la Métropole et la nécessité de créer sur ce territoire des emplois nouveaux générateurs de plus haut niveau de vie ont conduit à partir de 1945 les pouvoirs publics à édicter des mesures propres à promouvoir l'Industrialisation de ce pays. Depuis cette date et sous l'influence de cette réglementation, 120 usines se sont implantées ou étendues à ce jour en Algérie dans les domaines les plus divers : industries métallurgiques, mécaniques, électriques, chimiques, pharmaceutiques, corps gras, alimentation, matériaux de construction, textiles, papiers, matières plastiques, etc. L'ensemble de l'industrie algérienne de transformation, pour un chiffre d'affaire total de l'ordre de 140.milliards distribue annuellement en salaires et charges environ 25 milliards de francs (compte non tenu de l'activité des industries extractives, des travaux bl'cs et d bâtiments).
-------33.-L'Algérie est en union douanière avec la Métropole et l'échange de produits agricoles et de produits minéraux bruts contre des objets industriels et des produits alimentaires constitue l'essentiel de son commerce. Le commerce extérieur de l'Algérie en 1955 (importations +exportations) a atteint 405 milliards de francs (11 133 300 tonnes de marchandises). Importations 244 milliards - Exportations : 161 milliards. Le déficit de 83 milliards de la balance commerciale n'est pas alarmant il est le résultat, d'une part, de l'effort considérable entrepris pour l'équipement de l'Algérie et sa modernisation et, d'autre part, de la quantité importée de produits de consommation qui traduit l'élévation du niveau de vie de la population.
-------34.-La Métropole apporte chaque année un concours de plus en plus important au budget spécial de l'Algérie. Sa participation au financement du plan d'équipement est passée de 42 milliards en 1955 à 57 milliards en 1956; elle doit augmenter de 15 milliards par an jusqu'en 1960. Le budget général supporte encore la majeure partie des dépenses relatives à la reconstruction de la région sinistrée d'Orléansville et à la réparation des dommages causés par le terrorisme; enfin, depuis 1955, le budget général assure par une subvention directe l'équilibre du budget ordinaire de l'Algérie.
-------35.- Les fonctionnaires en Algérie (60 000) et assimilés (50 000) ainsi que les salariés du secteur non agricole (430 000) perçoivent des Allocations Familiales. En 1954, le montant de ces allocations a dépassé 20 milliards, y compris une somme de 5 milliards perçue par les familles résidant en Algérie des travailleurs algériens en Métropole.
-------36.-Deux secteurs distincts sont à envisager au sujet des Assurances sociales : le secteur non agricole couvrant 540 000 salariés ou fonctionnaires, bénéficie d'un régime comparable à celui qui existe en métropole. Dans le secteur agricole, un système a été institué et adapté aux conditions de vie des travailleurs : il couvre plus de 120 000 salariés permanents On peut admettre que la Sécurité sociale, en Algérie, couvre plus de 660 000 salariés qui, avec leur famille, représentent près du quart de la population.
-------37.-Législation du travail : syndicats légalement reconnus, droit de grève, conseil des Prudhommes, réglementation des salaires. congés payés.
-------38.- L'Algérie consacre 1/6 de son budget ordinaire à l'enseignement (20 500 millions prévus en 1956) et 13,5 % de son budget extraordinaire pour les constructions et l'équipement scolaire (9 300 millions en 1956).
-------39.-Grâce à cet effort, la scolarisation touchait en 1954-55, dans 2 500 écoles groupant 11000 classes, près de 500 000 enfants dont 320 000 musulmans contre 240 000 dont 1 10 000 musulmans en 1944. En 1955-56 les troubles et les fermetures d'écoles ont ramené les effectifs à 470000 dont un peu moins de 300 000 musulmans.
-------Pour l'année en cours 1 500 classes nouvelles sont prévues. La formation du personnel est assurée par 6 écoles normales et 3 sections d'adaptation. 2 nouvelles écoles normales sont prévues dans le département de Bône.
-------Cependant un nombre très élevé d'enfants ne trouve pas de place à l'école. Près de 100 milliards seraient nécessaires, soit la presque totalité du budget ordinaire, pour assurer une scolarisation totale.
-------40.-L'Enseignement secondaire est donné dans 49 lycées, collèges et de nombreuses institutions privées. Au total près de 40.000 élèves dont 7.500 musulmans (Sessions du baccalauréat en 1955 : 5 083 candidats reçus).
-------41.-Les médersas d'Alger, de Tlemcen et de Constantine (enseignement franco-arabe) ont été transformées, par décret du 10 juillet 1951, en lycées d'enseignement franco-musulmans (gardant l'enseignement traditionnel arabe et y ajoutant l'enseignement français). Un lycée féminin d'enseignement franco-musulman a été ouvert à Alger.
-------42.-517 classes de Cours complémentaires groupent près de 1 5 000 élèves dont une quantité appréciable poursuit ensuite ses études dans le second degré ou les écoles normales.
-------43.- L'Université d'Alger occupe le 3è rang parmi les universités françaises avec 5 200 étudiants, 92 chaires. Outre les Facultés, elle comprend un grand nombre d'Instituts spécialisés dont l'Institut d'études supérieures islamiques;
l'Institut de formation politique; et bientôt un Centre d'études nucléaires.
-------À ce niveau l'enseignement agricole et l'enseignement technique disposent de 2 instituts nationaux délivrant des diplômes d'ingénieurs. Il existe également une Ecole supérieure de commerce.
-------44.-Un effort spécial et considérable se poursuit en vue de former des techniciens et des ouvriers qualifiés nécessaires en Algérie et en Métropole.
-------50 Cours complémentaires masculins (3 343 élèves),
-------50 Cours complémentaires féminins (3 538 élèves),
-------21 Centres d'apprentissage (plus 2 en voie d'achèvement),
-------4 collèges techniques
dispensent à 13.200 élèves dont 6 000 musulmans un enseignement professionnel ou technique.
-------S'y ajoutent les 400 élèves d'une dizaine de sections commerciales annexées aux établissements secondaires et 9 300 élèves de 132 établissements privés.
-------45.-
La Formation Professionnelle des Adultes, en plein développement, relève de la Direction du Travail et de la Sécurité sociale. Au 31 décembre 1955, il existait 8 centres et 26 annexes de bâtiment, 3 centres de la métallurgie, 4 centres polyvalents, 12 centres d'entreprise. Au total, 134 sections de 18 élèves pour le bâtiment, 49 sections de 15 élèves pour la métallurgie et la mécanique agricole, et 543 élèves pour les centres d'entreprise. Le nombre théorique d'élèves était de 3 690.
-------46.- Malgré l'expansion économique constatée dans tous les secteurs, le marché algérien du travail ne peut pas absorber le contingent supplémentaire de main-d'oeuvre que l'accroissement démographique met chaque année dans le circuit de la vie active. Aussi, l'émigration vers la métropole où 3 50 000 Algériens travaillent actuellement, s'avère-t-elle indispensable.
-------47.-L'habitat est un des problèmes les plus importants de l'Algérie. Malgré les difficultés nées de la guerre, la construction de plus de 40 000 logements a été terminée grâce en majeure partie aux différentes formules de financement mises à la disposition des collectivités et des particuliers. La construction privée connaît toujours en Algérie le même essor, orientée de plus en plus vers la recherche de logements économiques. La cité universitaire d'Alger peut loger 500 étudiants dans les meilleures conditions de confort.
------48.- L'Algérie compte 1945 médecins (1 900 dans le Nord dont 175 de la Santé Publique). Les formations dispensant l'assistance médico-sociale (67 centres de santé, 183 salles de consultations fixes, 70 salles de consultations automobiles) ont donné plus de 1 900 000 consultations aux éléments économiquement faibles des populations des départements du Nord. Les équipes sanitaires mobiles (lutte contre les épidémies, le paludisme, les affections oculaires, la teigne et la tuberculose), sont dotées de 13 camions, 81 camionnettes et 11 voitures légères. Dans le Sud : 45 médecins (11 civils contractuels ou conventionnés, 34 militaires), 142 salles de consultation rurale ou petites infirmeries secondaires, 8 salles de consultation automobiles. Le groupe itinérant du Docteur Antoine (ophtalmologie) dispose de 2 camions. (Lutte contre le trachôme en particulier.)
------Les hôpitaux, en Algérie du Nord, sont au nombre de 150 avec un total de 30 000 lits. Dans le Sud : 2 hôpitaux militaires (hôpitaux mixtes) et 27 infirmeries-hôpitaux de l'assistance médico-sociale totalisant 1 500 lits.
------Une lutte active est menée contre les grandes épidémies. Le typhus a disparu. Le paludisme ne compte plus que quelques cas. La tuberculose est combattue activement. Depuis 1949 3 698 326 personnestestées,et parmi les 2 520 649 personnes qui se sont soumises à la vérification, 1 434 987 personnes vaccinées. Un effort d'une égale ampleur a été soutenu contre les affections oculaires dans les départements du Nord : plus de 406 700 consultations ont été données dans les installations fixes, et les équipes itinérantes ont examiné plus de 66 700 personnes au cours de l'année 1956 donnant plus de 720 000 soins et réalisant 437 interventions.
------49.- Le deuxième plan quadriennal d'équipement (1954-1957) prévoyait pour l'Algérie, une masse d'investissements publics et privés s'élevant à 305 milliards pour 4 ans. Dès 1954 ce rythme est apparu insuffisant. Il est envisagé, dans le cadre des travaux de la commission MASPETIOL, de le porter à plus de 3 000 milliards pour I O ans, afin d'accrottre, de 6 % par an, le revenu national en développant les secteurs économiques, administratifs et sociaux.
------50.-
Le patrimoine touristique de l'Algérie est caractérisé par l'infinie variété de sites, un ciel d'un bleu intense, une lumière éclatante, une mer lumineuse. Ruines romaines, monuments de l'art musulman, rivages abrupts ou sablonneux, hautes cimes permettant la pratique des sports d'hiver, gorges et défilés célèbres par leur grandeur sauvage, oasis luxuriantes au milieu des sables, désert du Sahara dont la France a fait un pays des miracles, réalisations françaises qui la modernisent chaque jour davantage, sont autant d'attraits qui permettraient dans un pays revenu à la paix la création d'une industrie touristique rentable.


voir situation actuelle...en 1958/59 ci-dessous

SITUATION ACTUELLE

--------Les pages précédentes ont montré l'oeuvre considérable réalisée par la France en Algérie. Et pourtant depuis ces dix dernières années l'effort accompli dans ce pays s'amplifie. La France sait qu'une tâche immense l'attend encore
- éduquer chaque année des enfants de plus en plus nombreux;
- résoudre le problème de l'habitat;
- soigner sans cesse, construire des hôpitaux, des centres de santé pour faire reculer la maladie;
- augmenter à un rythme accéléré le nombre des terres nécessaires à l'installation des agriculteurs musulmans;
- accroître l'industrialisation du pays qui faciliterait la lutte contre le chômage.
--------Les populations algériennes comprenaient cet effort et vivaient unies dans une coopération confiante. Grâce à ce climat de paix la situation matérielle des populations s'améliorait progressivement et l'économie
de l'Algérie, en plein essor grâce à l'effort de la Métropole, autorisait tous les espoirs.

LA REBELLION

--------L'action des agitateurs patiemment poursuivie dans le secret depuis plusieurs années et avec l'aide de certains gouvernements étrangers éclata au grand jour le 1 er novembre 1954, dans les régions les plus déshéritées et les plus isolées du pays.
--------Faisant du terrorisme son principal moyen, elle avait un double but
- démoraliser les populations d'origine européenne afin de les amener à se replier sur les villes, puis sur la métropole:
- contraindre les populations musulmanes à une coopération aveugle et inconditionnelle avec un mouvement de rébellion armée, possible à cette seule condition.
--------L'assassinat, la destruction des écoles, des hôpitaux, l'incendie des fermes et des récoltes, le sabotage de l'équipement public sont les méthodes des hors-la-loi. Au mépris de tout sentiment d'humanité, ils égorgent vieillards, femmes et enfants, s'acharnant sur les cadavres qu'ils mutilent affreusement. Qu'un village musulman se refuse à fournir les auxiliaires ou les contributions qui lui sont demandées et toute la population en est massacrée.
--------Tout autochtone suspect de loyalisme envers la France vit ainsi sous la menace d'une mort atroce. Depuis le début de la rébellion 363 européens (dont 20 femmes et 24 enfants), 2.720 Musulmans (dont 57 femmes et 34 enfants) sont tombés sous le poignard des hors-la-loi.
--------Tel est le vrai visage du " mouvement national " que certains pays étrangers soutiennent avec leur argent, leurs fournitures d'armes et leur propagande.
--------Dans de telles circonstances, quel gouvernement ne considérerait pas comme son premier devoir de mettre fin au règne de la terreur, de rétablir pour tous la sécurité et la confiance et de'sauvegarder l'équipement nécessaire au bien-être de la collectivité ?
--------C'est la tâche que la France s'est assignée et qu'elle poursuit au prix de lourds sacrifices.
--------Elle entend ne pas borner là son action mais bien apporter un remède durable au malaise social et économique qui est à l'origine de la situation actuelle.

L'OEUVRE DE PACIFICATION

--------Rétablir la sécurité constitue l'obligation la plus urgente.
--------La rebellion n'a été rendue possible que parce que l'Administration française, confiante dans le calme qui était la règle en Algérie n'entretenait, dans ce pays vaste et d'un relief tourmenté, que des forces policières et militaires qui, partout ailleurs auraient été très insuffisantes. Il y a, en France métropolitaine, un gendarme pour mille habitants; il n'y en avait qu'un pour trois mille habitants en Algérie en 1954. C'est le temps qui s'est écoulé avant l'intervention de forces assez nombreuses qui a permis à la rebellion de s'organiser et de s'étendre.
--------Assurément, l'ordre serait vite restauré si l'autorité française avait, elle aussi, recours à certains des moyens de contrainte devant lesquels ses adversaires ne reculent pas.
--------Cela, la France ne le veut pas.
--------Sans doute, le Gouvernement français a-t-il dû se faire attribuer des pouvoirs spéciaux pour faire face à une situation d'exception. Mais ces pouvoirs spéciaux ne sont pas l'état de siège : ils ne modifient pas les règles normales de l'administration de la justice. Toutes les garanties accordées à la personne humaine par la constitution française demeurent en vigueur; les terroristes, même coupables des crimes les, plus atroces, en bénéficient au même titre que tous les citoyens français lorsqu'ils comparaissent devant les tribunaux.
--------Ce n'est pas pour faire la guerre aux Algériens, mais pour rendre la paix à l'Algérie, que la France a mis en ceuvre une grande partie de ses forces militaires et mobilisé de nombreux réservistes.
--------On sait que les experts militaires estiment que, pour réduire des bandes organisées en guerillas, il faut des effectifs environ dix fois supérieurs en nombre à ceux des rebelles. Il en faut encore plus si les populations pacifiques sont menacées de représailles par les fauteurs de troubles et si l'on veut protéger leurs vies et leurs biens.
--------En Algérie, le tout n'est pas de poursuivre et d'anéantir les bandes de hors-la-loi; il faut aussi, à un premier stade, défendre contre leurs incursions les villages et les fermes isolées. C'est à quoi tend le système du quadrillage (mise en place d'unités à la fois assez importantes et assez mobiles pour répondre immédiatement à toute attaque contre les populations civiles dans un secteur donné) adopté par l'autorité française. On conçoit les effectifs ainsi rendus nécessaires.
--------À un second stade, lorsque le terrorisme a perdu ses possibilités d'action et que les villageois peuvent, sans crainte pour leur vie et celle des leurs, choisir librement entre la paix que leur assure la France et la tyrannie que leur imposent les rebelles, ce sont eux-mêmes qui, armés par le Gouvernement, assurent leur propre défense. On en est déjà là dans plusieurs régions et l'ardeur avec laquelle les paysans algé.s riens ripostent aux exactions des bandes montre bien où va leur sym
pathie.
--------La pacification progresse, on peut espérer qu'elle sera bientôt complète et permettra au Gouvernement français d'appliquer les réformes politiques, sociales et administratives qu'il étudie et dont certaines reçoivent déjà un commencement d'exécution.

LES RÉFORMES

--------Pacifier n'est pas tout, il faut aussi moderniser, dans tous les domaines, la structure de l'Algérie si l'on veut éviter qu'elle soit de nouveau, dans l'avenir, victime des tentatives de subversion qui l'ensanglantent actuellement.
La France a entrepris, sans même attendre le retour d'une situation normale, d'apporter au problème algérien dans ses aspects politiques, économiques, sociaux et administratifs, les solutions qu'il réclame.

RÉFORMES POLITIQUES

--------Depuis 1830, tous les régimes français se sont employés à faire progresser le statut algérien aussi vite que le permettait le degré d'évolution des populations. La dernière étape de cette politique est constituée par le statut de 1947 (voir plus haut, § 16 et ss.).
--------Elle est aujourd'hui dépassée, tous les Français le reconnaissent.
--------Le Gouvernement français s'est donc assigné pour but de doter l'Algérie, dans le cadre des institutions nationales, de nouveaux fondements politiques reconnaissant sa personnalité particulière et assurant à tous ses habitants une représentation politique équitabi-u.

RÉFORMES SOCIALES

--------Près de 10 millions d'habitants vivent en Algérie et en 1955 l'excédent de naissances sur les décès a été de 280 000. Un tel taux d'accroissement pose de façon angoissante le problème du travail dans cet immense pays aux ressources limitées, aux possibilités industrielles réduites.
--------Certes, 400 000 ouvriers algériens sont employés en métropole, mais il reste encore ici plus de 400 000 hommes, inemployés et plus d'un million de sous-employés. Procurer de l'emploi à cette maind'oeuvre, tel est le but des réformes économiques et, en particulier des réformes agricoles. L'éduquer, lui donner la qualification nécessaire, faciliter son accession à certains emplois, d'une manière générale, améliorer ses conditions de vie par tous les moyens est celui des réformes sociales.
--------Différents organismes ont été créés qui ont pour but d'étudier tous les problèmes de main-d'oeuvre, de défendre les intérêts des travailleurs algériens en métropole, d'organiser leur départ en sélectionnant et en formant les candidats à l'émigration.

--------Afin de hâter l'évolution des populations campagnardes, les premiers centres sociaux, organismes polyvalents, dont l'action s'étend aux domaines éducatif, culturel, économique et sanitaire vont être mis en place dans l'intérieur du pays. Les responsables groupés en équipe s'appuieront sur les cadres locaux et c'est en unissant leurs effort' que médecins, éducateurs et techniciens arriveront à établir les contacts humains indispensables à une action profonde.
--------Parallèlement, ont été amplifiées toutes les mesures propres à élever le niveau de vie des populations. Le plan de scolarisation qui prévoyait l'ouverture annuelle de 1 500 classes nouvelles a été poursuivi malgré les difficultés créées par la rébellion. Des instructeurs sont recrutés chaque fois que l'on manque d'instituteurs pour assurer l'enseignement du premier degré dans les classes créées.
--------L'assistance médicale gratuite réorganisée s'étend chaque jour à un plus grand nombre de bénéficiaires. Deux zones de modernisation de l'habitat traditionnel des populations rurales ont été délimitées à titre d'essai dans la région de Bône et en Grande Kabylie. Grâce à un système de subvention, 500 millions ont été attribués à cette ceuvre de reconstruction et redistribués sous forme de matériaux et de prestations de service à raison de 150 000 F par bénéficiaire.
--------Complétant la législation sociale qui comporte en ALGÉRIE le bénéfice de l'allocation aux vieux travailleurs salariés et celui de l'assurance vieillesse, le décret du 24 Novembre 1956 a prévu pour l'ALGÉRIE une aide en faveur des personnes âgées de 65 ans et démunies de ressources. Cette aide se traduit par le versement d'une allocation annuelle de 24 000 Fr. portée à 36 000 Fr. si le conjoint est âgé de plus de 65 ans.
--------Cette institution doit intéresser 250 000 personnes dont 225 000 Français-Musulmans et 25000 Français d'origine Européenne.
--------Toutes ces mesures prises dans le domaine social illustrent la volonté du Gouvernement d'aider au maximum l'évolution des populations rurales les plus déshéritées. Inspirées directement de l'action menée depuis plusieurs années, elles n'ont fait qu'en accélérer le rythme et en rajeunir les formes.
--------Par contre, les mesures prises pour faciliter l'accès des Français musulmans à la fonction publique sont d'essence révolutionnaire. On a parfois voulu y voir une violation du statut de la fonction publique, elles n'ont été inspirées en réalité que par le souci d'accroître la participation des Français musulmans à la gestion des affaires du pays. Elles ont voulu tenir compte du handicap d'une partie de la population que sa dispersion rendait difficilement scolarisable et qui nécessitait une fois scolarisée une période d'adaptation assez. longue, sa langue maternelle étant en général l'arabe ou le berbère.
--------C'est ainsi que pour tous les concours, la limite d'âge a été reculée de cinq ans pour les Français musulmans. De plus, le recrutement par contrat et sur titre d'un nombre déterminé de fonctionnaires a été autorisé dans des emplois normalement attribués au concours. La moitié au moins des postes vacants (les 2/3 même pour le recrutement des non-titulaires) doivent être réservés aux candidats français musulmans. Au ler Février 1957, 3 815 candidats avaient été recrutés dans ces conditions, parmi lesquels 1401 étaient déjà nommés.
--------Dans le même esprit il a été décidé que tous les organismes, établissements et entreprises privés qui assurent un service public, qui bénéficient d'une aide d'une collectivité publique ou qui travaillent pour le compte d'une collectivité doivent, lors du recrutement de personnel nouveau, réserver au minimum la moitié des emplois à des Français musulmans.
--------Ces mesures consacrent dans les faits, en tenant compte des réalités, l'égalité de droits entre les Français musulmans et les autres citoyens français.

RÉFORMES DANS LE DOMAINE AGRICOLE

--------Les agitateurs responsables des troubles actuels ont exploité le malaise économique d'une Algérie trop peuplée pour ses ressources naturelles et où 80 % de la population vivent à titre divers de l'agriculture.,
--------600 000 propriétaires musulmans dont la majeure partie sont de petits fellahs, 140.000 Khamés, plus d'un million d'ouvriers agricoles dont 130 000 seulement sont employés permanents composent approximativement la population rurale, Tous ont été touchés par les mesures prises récemment dans le domaine agricole.
--------Les salaires agricoles ont été relevés de 20 %.
--------Le système du " Khamessat ", forme de contrat traditionnel en usage dans tous les pays arabes, qui laisse 1 /5 seulement des produits de la terre au fermier contre 4/5 au propriétaire a été interdit et remplacé par le système du métayage (partage équivalent entre le propriétaire et l'exploitant).
--------Enfin, toute une série de réformes touchant au régime foncier et à la limitation des propriétés, doivent permettre, d'une part, la meilleure exploitation des terres appartenant aux petits fellahs, d'autre part, à un grand nombre de paysans ne possédant rien, de devenir à leur tour, de petits propriétaires.
--------La complexité du régime foncier en milieu musulman a toujours pesé sur le développement d 'agriculture. Le morcellement aggravé par l'indivision, l'incertitude des droits d'une grande partie des occupants du sol, la nature collective de nombreuses terres ont été des obstacles à la mise en application d'une politique agricole susceptible de satisfaire aux besoins d'une population en plein essor démographique. C'est pourquoi, afin de permettre la mise en valeur rationnelle de nombreuses, terres, il a été décidé de procéder. partout où cela sera jugé utile, à des opérations d'aménagement foncier : échanges à l'amiable, remembrements, etc.
--------De ces nombreux paysans qui ne possèdent que peu ou pas de terre, faire de petits propriétaires susceptibles de mener avec leur famille une vie décente, sinon opulente, tel est le but final de la création de la " caisse d'accession à la petite propriété rurale ".
--------Trois séries d'opérations permettront à cet organisme central de jouer le rôle qui lui a été assigné. Dans un premier temps il lui faut acquérir le plus grand nombre possible de terres, par achat à l'amiable, récupération des terres insuffisamment ou pas exploitées dans les périmètres irrigables, par expropriation des propriétés irriguées au-dessus d'une certaine superficie, par expropriation enfin des grands domaines agricoles ou forestiers accordés à des sociétés sous le second empire. Des textes récemment publiés lui ont donné les moyens financiers d'effectuer ces opérations.
--------Le deuxième temps est consacré à la mise en valeur et au lotissement des terres récupérées. Le troisième à l'installation sur les petites propriétés ainsi créées d'exploitants jusque là entièrement ou partiellement démunis.
--------Cette réforme agraire, dont la portée est immense puisqu'elle touche à la masse considérable des fellahs nécessiteux, a déjà reçu un début d'application. Quelques familles ont été installées dans certaines régions.

RÉORGANISATION ADMINISTRATIVE

--------Enfin, il est procédé à toute une réfection de l'encadrement administratif de l'Algérie, dont l'insuffisance a été démontrée par les troubles actuels : le nombre des départements a été porté de 4 à 12; celui des arrondissements à 37. Des Officiers Administratifs Spéciaux ont été installés dans des centres ruraux isolés où l'action du Gouvernement Général d'Alger ne se faisait pas assez sentir. Ils sont chargés de conseiller, d'orienter et d'aider les villageois, d'aller au-devant de leurs besoins dans tous les domaines; en bref, d'élargir le contact humain entre l'Administration et les administrés. Les' heureux effets de cette décentralisation sont déjà perceptibles.
--------Cet ensemble de mesures, réalisées au prix de très importants sacrifices, illustre la détermination de la France d'assurer, au sein de la communauté nationale, un avenir juste et prospère à l'Algérie.
--------L'Algérie, française depuis 1830, restera française.
--------Elle ne peut d'ailleurs évoluer sur la voie du progrès que grâce à une aide financière de la Métropole qui a été au total de l'ordre de 150 milliards de francs en 1955.
--------Vouloir le départ de la France de l'Algérie serait vouloir imposer cette charge financière à la communauté internationale.
--------Ce serait aussi couper le dernier pont qui existe entre l'Europe et l'Afrique et, par là, porter une très grave atteinte à la sécurité du monde libre.

L'ALGÉRIE AVANT 1830

------Les Berbères sont les populations les plus anciennement identifiées de l'Afrique du Nord. Vers 1200 avant J.-C. les Phéniciens fondent sur le littoral des comptoirs qui deviennent parfois de riches colonies. CARTHAGE, ue les guerres puniques opposent à ROME (246 à 146 avant.-C.) fut la plus célèbre.
------Après la destruction de CARTHAGE, ROME étend, sa domination sur la côte et s'engage avec prudence dans l'intérieur du pays refoulant vers le sud les populations nomades. Les habitants vivent alors dans le calme et la paix. L'agriculture prend un essor notable. Les ruines de villes importantes (TIMGAD, DJEMILA, TIPASA, CÉSARÉE) témoignent de cette prospérité.
------Dès le IVè siècle, le déclin de la puissance romaine entraîne des désordres intérieurs qui ne font que s'aggraver à la suite des invasions vandales puis de l'occupation byzantine.
------Au cours du VIIè siècle, le Maghreb central (Maghreb occident) malgré une énergique résistance des Berbères est incorporé comme le reste de l'Afrique du Nord, à l'immense domaine musulman. Il reçoit une foi nouvelle et connaît au Xe et XIe siècle une prospérité matérielle et culturelle certaine.
------Mais les invasions de nomades orientaux au cours du XIe siècle détruisent en grande partie les réalisations de la conquête arabe. L'élément sédentaire des régions cultivables agent de la prospérité agricole, est mis en échec par les principales tribus nomades et réduit en servage.
------Au début du XVIe siècle, l'Espagne réussit à prendre pied sur la côte et s'empare de MERS-EL-KÉBIR, ORAN, BOUGIE, et de l'îlot qui se trouve en face d'ALGER. Devant cette menace, le Maghreb accueille favorablement les corsaires turcs qui deviennent désormais les maîtres du pays.
------ALGER, résidence des Deys, devient la capitale du pays et connaît, grâce à la course, une ère de prospérité qui va durer jusqu'au xviIie siècle.
------Mais la Régence, malgré son apparente organisation, ne constitua jamais un véritable État. L'esprit d'indépendance des différentes tribus se manifestait surtout à l'occasion des collectes d'impôts qui prenaient souvent l'allure d'opération guerrières. La débilité du pouvoir central égala très vite celle des monarchies arabes à leur déclin et l'insécurité des campagnes anéantit la vie sédentaire. La régence turque d'ALGER, peuplée de 2 millions d'habitants, restait, à moins de Zoo kilomètres de la côte, le pays de nomades que les invasions du XIe siècle avaient profondément marqué

L'ALGÉRIE D'AUJOURD'HUI

SUPERFICIE
------2.204.864 kilomètres carrés groupant 2 régions : l'Algérie du Nord (209.630 kilomètres carrés) et les Territoires du Sud, partie algérienne du Sahara.
POPULATION
------Composée de Berbères (Kabyles, Aurasiens, Mozabites, Touareg), d'Arabes (aujourd'hui très mélangés aux Berbères), d'Européens (de l'est, du Midi de la France et du bassin Méditerranéen). 9.600.000 habitants dont 1.100.000 d'origine européenne et 8.500.000 autochtones.
REVENU GLOBAL
------500 à 600 milliards.
AGRICULTURE
------Sur les 13.000.000 d'hectares utilisés par l'agriculture en Algérie du Nord, 7.349.000 hectares appartiennent aux musulmans et 2.700.000 hectares appartiennent aux européens.
------La population musulmane détient les 2/3 des oliveraies et les 9/10 des troupeaux.
INDUSTRIE
------Grâce à un effort intense, l'Industrie se développe en Algérie malgré sa pauvreté en énergie et en matières premières. Un plan d'Industrialisation appliqué depuis 1945 a permis la création d'industries inexistantes en 1938.
------Salaires distribués : 60 milliards par an.
COMMERCE EXTÉRIEUR
------405 milliards de francs. Importations 244 milliards dont 79 % en provenance de la Métropole. Exportations 161 milliards dont 73 % en direction de la Métropole. Le déficit de 83 milliards traduit d'une part l'effort considérable de modernisation de l'Algérie, d'autre part l'élévation du niveau de vie de la population.
ÉQUIPEMENT
------21 ports d'importance diverse. 3 ports de gros tonnage. ALGER, ORAN, BONE. 80.000 kilomètres de routes. 5.000 kilomètres de voies ferrées. 11 grands barrages irrigant 190.000 hectares. Production totale d'électricité 870 millions de kwh.
SANTÉ PUBLIQUE
------Capacité hospitalière des 180 hôpitaux publics et privés 30.000 lits. 2.000 médecins. 700 pharmaciens. 690 sagesfemmes. Campagne antituberculeuse. 3.700.000 personnes testées. 1.500.000 vaccinées.
LÉGISLATION DU TRAVAIL ET SÉCURITÉ SOCIALE
------Syndicats légalement reconnus, droit de grève, réglementation des salaires. Congés payés.
540.000 salariés du commerce, de l'industrie, de la fonction publique et des organismes coopératifs agricoles perçoivent des allocations familiales.
------Sécurité Sociale couvre plus de 660.000 salariés soit le quart de la population.
ENSEIGNEMENT
------Le 1/6 du budget de l'Algérie lui est consacré.
2.500 écoles primaires. 500.000 enfants scolarisés. 50 lycées et collèges pour l'enseignement secondaire fréquentés par 36.000 élèves.
------5.000 étudiants à l'Université d'Alger qui dispose de 89 chaires.
------13.000 élèves dans les écoles professionnelles.
------3.000 élèves dans les centres de formation professionnelle des adultes.

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