50 notions essentielles sur l'Algérie
1.- L'Algérie, située sur la Méditerranée,
au centre de l'Afrique du Nord française, est limitée, à
l'ouest par le Maroc (protectorat français), à l'est par
la Tunisie (protectorat français) et la Libye (royaume indépendant),
et au sud par l'Afrique-Occidentale Française (Union Française).
2.-Grande importance stratégique en raison de ses
1.000 km. de côte. Point de départ de la libération
de l'Europe après le débarquement des alliés en 1942,
sur les côtes d'Afrique du Nord. Siège du Gouvernement français
libre jusqu'à la libération de la France (1944).
3.- Superficie : 2.204.864 km2 (quatre fois la superficie de la France)
qui groupent deux régions : l'Algérie du Nord (trois départements,
209.630 km2) et les Territoires du Sud ( 1.995.234 km2), partie algérienne
du Sahara.
4.- Algérie du Nord. - Constituée par une masse montagneuse
: l'Atlas, qui la découpe en trois zones approximativement parallèles
à la côte Atlas tellien, Hauts Plateaux, Atlas saharien.
Divisée en trois départements : Alger, Oran, Constantine.
Appartient à la zone tempérée. Altitude moyenne élevée
: 900 m.
5.- Algérie du Sud. - Fait partie du Sahara. Trois grands ensembles
bordure de l'Atlas saharien, Sahara central, Massif targui. Appartient
au domaine tropical des vents alizés et des déserts.
6.- Climat doux et régulier sur le littoral. Contrastes importants
de température dans les régions élevées de
l'Atlas et dans les hautes plaines. Au delà de l'Atlas saharien,
fortes amplitudes thermiques et températures extrêmes (-
3° et + 50°) .
7.-La répartition irrégulière des pluies dans le
temps et l'espace ainsi que leur insuffisance déterminent l'aspect
de la campagne algérienne et sont les difficultés majeures
de l'agriculture. Le Sahara est caractérisé par la rareté
des pluies.
8.- La végétation résulte du climat. Zone méditerranéenne
: cultures nombreuses et forêts de chênes-lièges. Zone
des steppes : étendues semiarides (buissons d'alfa), cultures dans
les zones irriguées artificiellement ou inondées par les
oueds. Zone désertique : aucune culture, sauf dans les oasis :
palmeraies, arbres fruitiers, cultures maraîchères.
9.- La population est composée de Berbères (Kabyles, Touareg,
Mozabites, Aurasiens), d'Arabes (aujourd'hui très mélangés),
d'Européens (de l'Est et du Midi de la France) et de Juifs.
10.- 9.000.000 d'habitants environ (1.000.000 d'origine européenne,
8.000.000 d'autochtones) . 240.000 excédents de naissances en 1952.
Le problème de l'Algérie est, avant tout, un problème
démographique. Population des grandes villes : Alger : 490.000
habitants ; Oran : 273.000 habitants ; Constantine : 1 19.000 habitants
; Bône : 101.000 habitants ; Philippeville : 60.000 habitants. Population
urbaine 2.200.000 habitants. Population rurale: 7.000.000 d'habitants
(environ).
11.- L'Histoire de l'Algérie est très mouvementée.
Les Phéniciens créent des comptoirs sur ses côtes.
Carthage étend sa domination dans la région Est. Les Romains
la conquièrent et y font régner la paix. Les Berbères
adoptent le christianisme. Ve siècle : invasion des Vandales -
VIe siècle reconquête par les Byzantins - au VIè siècle,
les Arabes l'annexent au monde musulman et convertissent les populations
à l'Islam. Sous ces maîtres orientaux, elle connaît
d'abord une relative prospérité qui prend fin avec l'extension
des nomades hilôliens (venus d'Egypte) à partir du Xle siècle
; ceux-ci rendent difficile la vie des royaumes berbères qui se
créent au XIIè siècle.
-----Au début du XVIè siècle,
ALGER, occupée par les Turcs, devient capitale d'un Etat vassal
de Stamboul qui s'étend sur une partie de l'Algérie et tire
surtout ses ressources de la piraterie. Les puissances européennes,
l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande, la France s'efforcent de mettre
un terme à l'activité néfaste des corsaires. La France
y parvient en s'emparant d'ALGER en 1830.
12.- 1830 : intervention des Français qui prennent en main les
destinées de l'Algérie. Organisation militaire qui fait
place graduellement à une administration civile.
13.-L'Algérie forme actuellement un groupe de trois départements
français dotés de la personnalité civile, de l'autonomie
financière et d'une organisation particulière, définie
par la loi du 20 septembre 1947.
14.- Le Gouverneur général (M. Roger LEONARD, nommé
en 1951) représente la République Française dans
toute l'étendue de l'Algérie ; il est le représentant
de l'Algérie dans tous les actes officiels. Tous les services civils
de l'Algérie sont placés sous son autorité (sauf
la Justice et certains services de l'Education nationale). Prépare
le budget de l'Algérie et en assure l'exécution.
15.- L'Assemblée algérienne gère, en accord avec
le Gouverneur général, les intérêts propres
à l'Algérie. Vote le budget de l'Algérie qui est
par la suite soumis au pouvoir central. Est composée de 120 membres
élus pour six ans : 60 membres du premier collège, 60 membres
du deuxième collège. La présidence de l'Assemblée
est attribuée, alternativement, chaque année, à un
élu de l'un ou de l'autre collège.
16.- Les droits politiques ont été
reconnus à tous les habitants de l'Algérie qui sont tous
citoyens français depuis 1947. Les électeurs
du premier collège comprennent tous les habitants d'origine française
et les citoyens de statut local (Musulmans) appartenant à des catégories
définies par la loi. Tous les autres Musulmans votent dans le deuxième
collège.
17.- La commune revêt en Algérie deux formes différentes.
Les communes mixtes, très étendues, sont dirigées
par un administrateur nommé par le pouvoir central, assisté
de représentants élus. Les communes de plein exercice sont
administrées par un conseil municipal comprenant des représentants
élus par les deux collèges et dirigés par un maire
élu par le conseil municipal.
------Le douar,
organisation musulmane de base, a été conservé et
se retrouve dans les deux communes. Son assemblée, la djemâa,
est élue par les électeurs du deuxième collège.
La France entreprend de transformer les douars en communes de plein exercice.
Un type nouveau de collectivité locale a été créé
: le Centre municipal. Son président, élu, a des pouvoirs
analogues à ceux des maires, mais il est placé sous la tutelle
des administrateurs. L'aboutissement de cette évolution politique
est la transformation des douars en communes de plein exercice. A son
terme, l'organisation municipale en Algérie sera identique à
celle de la Métropole.
------L'Algérie du Nord est divisée
en trois départements ayant à leur tête un préfet.
Il est assisté d'une assemblée élue : le Conseil
général (3/5ède représentants du premier collège,
2/5è de représentants du deuxième collège).
Le Parlement français va incessamment voter une loi accordant la
parité de représentation dans les Conseils généraux.
18.- L'Algérie est représentée par 30 sièges
à l'Assemblée nationale, 14 au Conseil de la République,
18 à l'Assemblée de l'Union Française. Ces sièges
sont répartis par moitié entre le premier et le deuxième
collège.
19.-Routes. - 80.000 km. (25.000 km. de routes de grande circulation,
47.600 km. de chemins et pistes, 6.400 km. en voie d'exécution).
20.-Ports. - 21 ports d'importance diverse. 3 ports de
gros tonnage dont les trafics, en 1953, ont été de : Alger
(8.800.000 t.) , Oran l 5.700.000 t.) , Bône )3.400.000 t.). Ils
sont parmi les plus grands ports français.
21.-Chemins de fer. - 4.396 km. (847 millions de voyageurs-km.
- 1.524.000.000 de tonnes de marchandises-km. en 1953).
22.-Aérodromes à trafic commercial : 4 aérodromes
de classe internationale Alger, Oran, Bône, Aoulef. 9 aérodromes
de plate-forme utilisable. 20 aérodromes mixtes. Trafic : 18.000
appareils. 428.000 passagers. 12.700 tonnes de marchandises en 1953.
23.- Mines. - Production en 1953 : minerai de fer : 3.054.000 tonnes ;
phosphates : 700.000 tonnes ; charbon : 300.000 tonnes. Les houillères
de Kénadza (seules mines de charbon de l'Algérie) ne satisfont
que le 1/5' des besoins du pays.
24.- Pétrole. -A Aumale ( 1 00.000t. en 1953), pétrole brut
de bonne qualité. Les permis exclusifs de recherches, accordés
à certains groupements, s'étendent sur 600.000 km2 - 13
appareils de forage - 8 milliards de francs de dépenses pour 1953.
-
25.- Le bétail ( 1953) . - Moutons : 6.028.000 ; chèvres
: 3.254.000 ; porcs 77.000 ; chevaux : 216.000 ; énes : 363.000
; mulets : 238.000 ; bovins : 846.000 ; chameaux : 156.000. Augmentation
régulière.
26.-L'Algérie recherche l'augmentation des rendements
et l'amélioration des produits de ses cultures par une modernisation
générale des méthodes et des moyens.
-----Surfaces cultivées : sur les
200.000.000 d'ha des Territoires du Sud, 100.000 ha environ sont cultivés.
Sur les 21.000.000 d'ha de l'Algérie du Nord ( 1 / 10ède
la superficie totale de l'Algérie) , 12.700.000 ha sont utilisés
pour l'agriculture (terres labourables : 5.300.000 ha, dont 2.000.000
en jachères). Vignobles (400.000 ha). Cultures fruitières
(200.000 ha) . Prairies naturelles (40.000 ha). Pacages et parcours :
6.800.000 ha. Tracteurs : 15.000 ; moissonneuses-batteuses 2.300 ; engrais
: 44.000 tonnes. On note, depuis la guerre, un apport considérable
de matériel destiné à l'agriculture algérienne.
27.-Le " Paysanat " est l'ensemble des moyens
mis en oeuvre pour améliorer les conditions d'existence et de travail
de la population rurale. De lui dépendent 55 écoles, 1 3
centres profess onnels ruraux. Les méthodes du paysanat sont appliquées
dans les S.A.R. (Secteurs d'Amélioration Rurale) ou organismes
chargés de fournir aux paysans une aide technique dans tous les
domaines de l'agriculture. Prêt de matériel, octroi d'engrais
et de graines sélectionnées. De 12 en 1947, couvrant une
surface de 728.000 ha et intéressant 7.100 familles, les S.A.R.
sont passés, en 1953, à 175, couvrant 16.185.058 ha et intéressant
245.343 familles.
28.- En raison du régime pluviométrique de l'Algérie,
d'importantes réserves d'eau ont dû être faites. Des
ouvrages considérables ont été construits ; un programme
important est prévu. La réserve totale de 800.000.000 m3
sera portée à 1.000.000.000 de m3. Ces réserves sont
destinées à l'électrification et à l'irrigation.
29.- Le problème de l'eau étant essentiel, tout est
mis en oeuvre pour utiliser au maximum les eaux existantes : captage de
sources, petits barrages d'épandage de crues, recherche des ressources
en eaux souterraines. Surface actuellement irriguée : 190.000 ha.
30.-L'Algérie, pauvre en énergie,
multiplie ses efforts pour développer au maximum son potentiel
énergétique. 35 centrales principales dont 10 centrales
thermiques, 25 centrales hydrauliques. Plus une quinzaine de centrales
thermiques à moteur Diesel (dans le Sud). Investissements 60 milliards.
La production sera portée d'ici peu à 1.000.000.000 de kWh
par an par la construction de nouvelles centrales.
31.-En raison de sa
pauvreté en énergie et en matières premières,
l'effort industriel de l'Algérie était de peu d'importance.
Cependant, depuis 1945, un plan d'industrialisation a été
conçu et les progrès de la jeune industrie algérienne
sont importants, elle compte des industries inexistantes en 1938 : câbles
électriques, wagons et matériel de chemins de fer, papier
d'impression, jus de fruits, etc... Chiffre d'affaires : 20 milliards
pour les seules industries agréées au plan.
32.-L'Algérie est en union douanière
avec la Métropole et l'échange de produits agricoles et
de produits minéraux bruts contre des objets industriels et des
produits alimentaires constitue l'essentiel de son commerce. Le commerce
extérieur de l'Algérie en 1953 (importations + exportations)
a atteint 366.000.000.000 de francs (9.500.000 tonnes de marchandises).
Importations : 223.000.000.000 - Exportations 143.000.000.000.
-----Le déficit de 80 milliards de
la balance commerciale n'est pas alarmant : il est le résultat,
d'une part, de l'effort considérable de l'Algérie pour son
équipement et la modernisation du pays, et, d'autre part, de la
quantité importée de produits de consommation qui traduit
l'élévation du niveau de vie de la population.
33.-La France participe, chaque année, à l'effort
de l'Algérie par une aide financière. Elle a été,
pour 1953, de 27 milliards 400 millions de prêts, plus une aide
indirecte de 52 milliards, (représentant les dépenses faites
par la Métropole en Algérie) .
34.-Tous les salariés d'Algérie sont
bénéficiaires des allocations familiales. En 1953, (41.327
salariés. Prestations versées : 12 milliards).
35.-Deux secteurs distincts pour les assurances
sociales : secteur non agricole (2 millions de bénéficiaires)
et secteur agricole adapté aux conditions de vie des travailleurs
(600.000 bénéficiaires) .
36.-Législation du travail : syndicats légalement
reconnus, droit de grève, conseil des Prudhommes, réglementation
des salaires, congés payés.
37.-Le sixième du budget de l'Algérie
est consacré à l'enseignement ( 13.579 millions de dépenses
prévues pour 1954), plus 5 milliards du budget extraordinaire pour
les constructions et l'équipement scolaire.
38.-Malgré
cet effort (450.000 enfants scolarisés en 1953), le nombre d'enfants
non scolarisés est encore trop important. Il faudrait, pour y remédier,
consacrer 80 milliards à l'enseignement, soit l'équivalent
de la totalité du budget ordinaire annuel. 600 nouvelles classes
sont cependant construites chaque année.
39.-L'enseignement secondaire est donné
dans 48 lycées, collèges et de nombreuses institutions privées.
28.000 élèves (session du baccalauréat 1953 : 10.000
candidats).
40.-Les médersas (enseignement franco-arabe)
ont été transformées par décret du 10 juillet
1951 en lycées franco-musulmans (gardant l'enseignement traditionnel
arabe et y ajoutant l'enseignement français).
41.-375 cours complémentaires groupent 10.000
élèves.
42.-L'Université d'Alger occupe le troisième
rang parmi les universités françaises. 5.000 étudiants,
89 chaires. L'enseignement agricole et l'enseignement technique disposent
de deux instituts nationaux qui délivrent des diplômes d'ingénieurs.
43.- Un effort important est poursuivi en vue de former des ouvriers
spécialisés nécessaires en Algérie et en Métropole,
10.000 élèves actuellement. Programme prévu pour
20.000 élèves. 14 centres d'apprentissage. 53 cours complémentaires.
46 cours complémentaires féminins (2.000 élèves).
44.-La formation professionnelle des adultes relève de la
Direction du Travail du Gouvernement général. 15 centres,
1.654 stagiaires. Prochaine création de 18 sections nouvelles spécialisées
et de 3 centres nouveaux.
45.-L'habitat est l'un des problèmes
les plus importants de l'Algérie. Malgré les difficultés
nées de la guerre, 3.145 logements ont été construits
en 1953 et 4.140 personnes logées dans les H.L.M. 2.139 nouveaux
logements vont être terminés. La construction privée
connaît, en Algérie, un essor considérable. La cité
universitaire d'Alger pourra loger 1.000 étudiants dans des conditions
très exceptionnelles de confort.
46.-L'Algérie compte 2.000 médecins
(dont 151 de la Santé Publique). Dans le Sud : 31 médecins
( 14 civils, 17 militaires) . 58 salles de consultation automobiles.
-----Les hôpitaux, en Algérie
du Nord, sont au nombre de 136 avec un total de 24.284 lits. Dans le Sud
: 27 infirmeries (700 lits).
47.-Une lutte active est menée contre les
grandes épidémies. Le typhus a disparu. Le paludisme ne
compte plus que quelques cas. La tuberculose est combattue activement.
1952 : 2.474.029 personnes testées, 1.017.981 personnes vaccinées.
Le trachome est encore très répandu, surtout dans le Sud.
Il est combattu dès l'enfance. Des camions ophtalmologiques se
déplacent dans les campagnes les plus reculées.
48.-Un plan nouveau quadriennal d'équipement
pour l'Algérie, qui nécessite un financement de 278 milliards,
se répartit comme suit : Equipement économique : 212 milliards.
Equipement social : 58.500.000.000. Equipement administratif : 7.200.500.000.
49.- Le voyageur ne peut rester insensible au spectacle qu'offre
l'Algérie. Son patrimoine touristique est caractérisé
par l'infinie variété des sites, un ciel d'un bleu intense,
une lumière éclatante, une mer aux flots généralement
tièdes et caressants. Ruines romaines, monuments de l'art musulman,
rivage présentant tour à tour des criques, des falaises
et des plages de sable fin, hautes cimes permettant de décembre
à mai la pratique des sports d'hiver, gorges et défilés
célèbres par leur grandeur sauvage, oasis luxuriantes ou
milieu des sables, désert du Sahara dont la France a fait un pays
des miracles, réalisations françaises qui la modernisent
chaque jour davantage, tout contribue à faire de l'Algérie
une terre qui attire, qui charme et qui attache.
50.- Conclusion. - " La France n'ignore pas que les besoins,
en Algérie, sont encore immenses. Elle a la ferme volonté
de poursuivre et d'accentuer ses efforts, trop consciente de la nécessité
de l'urgence et de la grandeur de sa mission. " (M. Roger LEONARD,
Gouverneur général de l'Algérie.)
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