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*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1930. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Le Majestic d'Alger

L'essor pris par Alger ces derniers mois tient du miracle et certains quartiers sont à ce point transformes et embellis qu'on a peine à les reconnaître pour peu qu'on ne les ait pas visités depuis quelque temps. Là où, hier encore, ce n'était que terrains vagues, amas informes de murs branlants et lépreux et de poutres vermoulues, de superbes constructions dressent aujourd'hui dans la lumière éblouissante leur gracieuse et magnifique silhouette. De tous côtés, comme sous l'influence d'un pouvoir magique ou divin, les maisons sortent de terre : on a l'impression, tellement leur érection est rapide, d'assister a la matérialisation d'un grand et beau rêve. Mais ce qui impressionne surtout ce sont toutes ces somptueuses salles de spectacle dont notre capitale vient d'être dotée et qui sont, à la vérité, de purs chefs-d'œuvre qui joignent à un confort unique un cachet artistique rarement égale.

Coup sur coup trois théâtres - nous allions dire trois palais - ont ouvert leurs portes à des foules ravies et enthousiastes. Mais l'un d'eux cependant mérite plus particulièrement notre attention tant par ses imposantes dimensions, sa conception d'un modernisme aigu et hardi, que par son aménagement technique et ses innombrables innovations. Nous voulons parler du Majestic.

Nous avons eu le plaisir de visiter de fond en comble ce remarquable établissement, sous la conduite du très sympathique M. Seiberras, qui en est à la fois le propriétaire et le directeur.
- " Je vous ai affirmé, il y a trois mois, que j'ouvrirais en avril, n'ai-je point tenu promesse ? nous dit-il en nous accueillant. Voilà l'œuvre ! Vous aurez tout à l'heure le loisir de l'admirer ou de la critiquer à votre aise, mais auparavant, je crois qu'il serait intéressant de vous préciser, pour vos lecteurs, d'abord que le Majestic, avec sa superficie de 1.500 mètres et ses 4.000 places assises, est la deuxième salle de France, la quatrième d'Europe et l'une des dix premières du monde ; ensuite, qu'il représente le plus bel effort tenté depuis l'après-guerre dans la construction théâtrale. "

Et la promenade commença, suite ininterrompue de surprises agréables et bouleversantes.

Voici en premier lieu le hall-promenoir qui reçoit les deux grands escaliers de l'orchestre et de la tribune. Puis la brasserie et la salle d'exposition. Quelques marches. Voici l'orchestre. Les mots seraient impuissants à traduire notre admiration pour ce merveilleux coup d'œil qui s'offrit alors à nous. Là, vivement éclairé par le soleil, la scène, son rideau de fer et son adorable cadre bougainville : et derrière, l'impressionnante tribune de 700 mètres carrés, dont le plafond franchit 32 mètres sans point d'appui intermédiaire :
- " Ce plancher, nous apprit M. Seiberras, est construit suivant la pente et la courbure nécessaires pour assurer une visibilité parfaite de toutes les places. Il ne s'appuie que sur deux poutres de grande hauteur qui ont 32 mètres de portée. Cette portée est la plus grandie qui ait été réalisée dans le monde entier pour une salle de spectacle. Il n'y a pas que les Américains qui battent des records du monde ! "

Nous avons dit plus haut que la scène, à notre arrivée à l'orchestre, était ensoleillée. Voilà qui pourra paraître scabreux. Nous entendons déjà les murmures et les exclamations, mais nous répéterons néanmoins qu'un beau rayon doré venait caresser le large rectangle. Mystère ? Puissant " sunlight " échappé de Joinville ou d'Epinay ? Non, le brave Phébus avait tout simplement pénétré par le ciel ouvert. Un ciel ouvert ! Brrr, l'eau, le froid ? Que non ! L'atmosphère est-elle inclémente, d'inquiétants nuages se montrent-ils, en une minute le plafond du Majestic se referme silencieusement !

Là encore M. Seiberras nous donna d'utiles renseignements.
- " Voyez-vous, la salle peut s'aérer par l'ouverture rapide de ce plafond mobile mu électriquement. Cette disposition a nécessité la construction de quatre poutres en béton armé qui ont également 32 mètres de portée. L'ossature est entièrement métallique. Chaque moitié peut s'écarter de l'axe longitudinal pour ouvrir, ou se rapprocher pour fermer, ce mouvement de translation étant obtenu en faisant rouler les parties à déplacer sur des rails situés de part et d'autre. "

Nous restâmes à contempler cette superbe réalisation. Le va-et-vient du plafond métallique qui glisse sans bruit sur ses rails ne laisserait certainement pas indifférents quelques jeunes avant-gardistes épris de " sensations mécaniques " et nous savons un petit cinéaste qui donnerait dix ans de sa vie pour filmer ce saisissant essai de rythme visuel.
Il faudrait tout un volume pour décrire toutes les beautés du Majestic et en louer le génie de ceux qui le conçurent. Nous n'insisterons donc pas davantage. Ajoutons seulement que les appartements du personnel, les loges des artistes, et jusqu'aux écuries pour les animaux et fauves susceptibles de se produire en exhibition bénéficient du dernier confort et sont des modèles du genre. Encore un mot de la scène, qu'un système - absolument inédit en Afrique du Nord et employé seulement, en France, par le Casino de Paris - isolerait complètement de la salle en cas l'incendie.

Nous avons omis la cabine de projection. Elle est littéralement suspendue au-dessus de la salle. C'est la plus grande et la plus moderne de France. Elle est équipée pour le film muet et parlant.
- " Vous savez que mes spectacles seront mixtes, nous ajouta M. Seiberras en nous quittant : music-hall attractions, revues, etc.. et cinéma. Lundi je présenterai à Alger la fameuse Passion de Nancy qui nécessite la présence, sur le plateau, de 400 personnes ! "
Nous ne voudrions pas terminer sans adresser à MM. Guérineau et Bastélica, architectes ; Alaphilippe, sculpteur , Vandekerchove, Clairin, Bettens, Garcia, Pons et Ginestar nos sincères compliments.

Quant à M. Seiberras, nous ne pouvons que lui réitérer nos vœux cordiaux de parfaite réussite.

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L'ouverture du Majestic

Nous avons déjà décrit ce magnifique établissement dont Alger peut, à juste titre, s'enorgueillir, et nous avons dit tout le bien que nous en pensions.

Le " Majestic " ouvrit ses portes, jeudi dernier, au cours d'un gala qui réunit les plus hautes personnalités de la colonie et de la ville. Plus de cinq mille personnes se pressèrent, enthousiasmées, dans la vaste enceinte de la rue Borély-la-Sapie et le spectacle était vraiment impressionnant de cette foule élégante évoluant dans le cadre le plus délicieux qui se puisse imaginer.
Un programme copieux et varié fut offert aux spectateurs qui se retirèrent enchantés de la charmante soirée qu'ils venaient de passer.
Nous renouvelons à Mme et M. Seiberras l'expression de nos compliments très sincères et souhaitons une rayonnante prospérité au " Majestic ".

QUELQUES FILMS
La Femme et le Pantin.
Une œuvre admirable. La meilleure production de Jacques de Baroncelli. Une interprétation parfaite de Conchita Monténégro et une photo absolument éblouissante.

La Divine Lady.
C'est une réussite. La valeur fie l'image l'emporte ici sur la sonorité pourtant très intelligente et habilement exécutée.

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