| GEOGRAPHIE PHYSIQUE -----------La 
        région saharienne occupée au XI° siècle de notre 
        ère par des réfugiés de la secte ibadite qui devaient 
        former la confédération des Béni-M'zab, est essentiellement 
        composée de la " Chebka " (filet) du M'ZAB, plateau 
        secondaire de l'étage crétacé formé par les 
        calcaires durs du Turonien, profondément raviné par l'érosion 
        fluviale pendant la période humide qui marqua le début du 
        quaternaire. Le plateau comporte lui-même des subdivisions d'aspect 
        physique notablement différent. Dans la partie Nord surtout et 
        sur la périphérie des séries de buttes témoins 
        de faible hauteur et à toit plat appartenant à la formation 
        géologique du cénonien sont les vestiges du niveau primitif 
        du sol. Dans la partie Sud au contraire les étendues planes dominent, 
        coupées seulement par les vallées très encaissées 
        des grands oueds : Oued M'Zab, Oued Metlili, Oued Sebseb, coulant en direction 
        générale Ouest-Est.-----------L'ensemble 
        offre néanmoins une unité remarquable d'aspect physique, 
        de conformation géologique et de climat qui fait de la Chebka une 
        région naturelle distincte.
 -----------Situation. 
        - Superficie.
 -----------L'annexe 
        de GHARDAIA est située entre 33° et 31° 15' de latitude 
        Nord - 2° 30' et 5° de longitude Est.
 La superficie de l'Annexe de GHARDAIA qui couvre l'ensemble du pays appelé 
        M'ZAB est de 2.750.000 hectares. Cette superficie comprend non seulement 
        la Chebka mais les parcours sahariens avoisinants d'aspect plat ou faiblement 
        ondulé qui s'inclinent à l'Est vers la dépression 
        d'OUARGLA, à l'Ouest vers le Grand Erg Occidental.
 -----------La 
        ville de GHARDAIA, chef-lieu administratif, sur l'Oued M'Zab, occupe une 
        position centrale dans la moitié Nord et au coeur de ta Chebka. 
        Elle est distante d'ALGER de 630 kilomètres et située à 
        peu près sur le méridien de: la capitale algérienne.
 -----------Géologie. 
        - Orographie.
 -----------Les 
        terrains sont calcaires. Leur structure à peu près horizontale 
        indique qu'ils sont restés en place, à l'écart des 
        mouvement orogéniques, depuis leur formation.
 -----------L'altitude 
        moyenne est de 500 mètres (GHARDAIA : 526 mètres).
 -----------Les 
        vallées les plus profondes bordées de falaises rocheuses 
        aux pentes rapides accusent une déclivité qui dépasse 
        rarement 100 mètres par rapport au plateau.
 -----------Le 
        M'ZAB est donc dans l'ensemble une région plate mais où 
        l'érosion fluviale, jointe à l'action du climat désertique, 
        a créé une multitude d'accidents superficiels qui rendent 
        les communications des plus malaisées.
 -----------Climat. 
        - Pluviométrie. - Hydrographie.
 -----------Le 
        M'ZAB doit à sa situation d'appartenir tout entier au climat désertique. 
        Mais la Chebka est plus encore "un désert dans le désert 
        ". Le plateau rocheux, perméable, buriné par l'érosion 
        éolienne, dépourvu de cuvettes d'accumulation, ne porte 
        ni terres ni eau. Epine dorsale du Sahara, il dirige le produit de ses 
        faibles précipitations à l'Est et à l'Ouest hors 
        de la portée de ses habitants par des oueds médiocres de 
        type purement saharien : Oued M'Zab, Oued Metlili, Oued Sebseb, Oued N'Sa. 
        A l'extrémité Nord-Est cependant, l'Oued Zegrir, descendu 
        de la région des Dayas (Annexe de LAGHOUAT) a des crues plus fréquentes 
        et crée une situation favorisée à l'Oasis de GUERRARA.
 -----------La 
        hauteur moyenne des précipitations atmosphériques, mesurée 
        à GHARDAIA, est de 67 m/m seulement.
 -----------Elles 
        tombent essentiellement sous forme de pluies d'orage à l'automne 
        et au printemps. Certaines années sont à peu près 
        sèches (39 m/m en 1944), d'autres exceptionnnellement pluvieuses 
        (109 m/m en 1951).
 -----------Etant 
        donné la basse latitude et l'altitude modérée, la 
        température est très élevée en été 
        (maximum absolu à GHARDAIA : 50°), modérément 
        fraîche en hiver (minimum absolu : moins 1° à GHARDAIA). 
        Les gelées sont rares et de faible importance. En hiver comme en 
        été, la variation diurne de température est importante, 
        étant donné la sécheresse parfaite de l'atmosphère. 
        Pour la même raison, la luminosité est intense.
 -----------Des 
        vents de sable venant du Sud-Ouest accentuent périodiquement la 
        sécheresse du climat. Ils sont particulièrement fréquents 
        et violents à la fin de l'hiver et au début du printemps.
 -----------Végétation.
 -----------Dans 
        la Chebka, le paysage est désolant et la végétation 
        spontanée, toujours très rare, ne se rencontre qu'en bordure 
        des oueds. Les espèces qui reverdissent après chaque pluie 
        sont des herbacées et des arbustes (Rtem, Jujubier) appartenant 
        tous à la flore saharienne.
 -----------Cette 
        maigre végétation ne peut être utilisée que 
        pour le paccage des camelins, des caprins et d'assez rares ovins.
 -----------En 
        dehors de la Chebka, la végétation est plus abondante et 
        permet aux ovins des régions présahariennes de séjourner 
        en grand nombre sur les pâturages pendant l'hiver et le printemps.
 -----------Mais, 
        même dans ces régions moins défavorisées, l'arbre 
        demeure une exception remarquable et la flore ne comporte pas d'espèces 
        plus développées que le jujubier.
 -----------Quelques 
        Betoum (pistachier sauvage) se rencontrent dans le lit des oueds les plus 
        humides (Oued N'Sa).
 GEOGRAPHIE HUMAINE -----------Histoire 
        du peuplement.-----------La 
        seule volonté humaine est responsable du peuplement d'une région 
        déshéritée qui eut dû normalement demeurer 
        un désert parcouru par de rares nomades.
 -----------A 
        la suite de quelles circonstances, vers l'an 1000, les, débris 
        d'un peuple persécuté sont-ils venus chercher dans la désolation 
        de la Chebka un ultime refuge ?
 -----------II 
        convient de le rappeler brièvement.
 -----------Avec 
        le quatrième Calife orthodoxe, ALI, dont le trône est menacé 
        par un compétiteur, MOAOUIA, gouverneur de SYRIE, riait l'hérésie 
        kharedjite dont les ibadites du M'ZAB seront, avec quelques autres groupes 
        de musulmans peu nombreux dispersés de l'île de DJERBA à 
        ZANZIBAR, les derniers tenants.
 -----------ALI 
        ayant en effet accepté, en vue d'éviter l'effusion de sang, 
        un arbitrage entre lui et son adversaire, une partie de son armée 
        se révolte contre cette acceptation au nom de l'orthodoxie et de 
        la loi coranique.
 -----------ALI 
        extermine les révoltés, puis est lui-même assass. 
        né par l'un des survivants qui s'écrie en lui portant le 
        coup de sabre fatal : " C'est Allah qui 
        est juge et non pas toi ".
 -----------Cette 
        petite phrase résume la position et la doctrine de ceux qui sont 
        sortis de la religion (aux dires d'ALI qui les a affublés du qualificatif 
        infâmant de Kharedjites (du verbe arabe " Kharàdjà 
        " : sortir).
 -----------Les 
        Kharedjites, eux, prétendent au contraire être demeurés 
        seuls dans l'orthodoxie et s'en tenant à l'autorité absolue 
        du Coran qui, disent-ils, condamne l'arbitrage.
 ALI, en acceptant l'arbitrage, a enfreint la Loi. Il est donc devenu hérétique 
        et tous ceux qui l'ont suivi avec lui. Il a jugé à la place 
        d'ALLAH dont le Coran est la parole incréée.
 Dès la naissance du Schisme, les Kharedjites se groupèrent 
        derrière l'un d'eux, le Chef ABDALLAH ben OUAHAB qui a donné 
        son nom à la secte : celle des OUAHABITES.
 -----------Les 
        Ouahabites subiront, de la part des orthodoxes, une longue série 
        de persécutions mais, se réorganisant après chaque 
        épreuve au moyen de Sociétés secrètes, ils 
        les surmonteront toutes et iront porter d'Orient au Moghreb le flambeau 
        du Ouahbisme, prêchant et convertissant les populations rencontrées.
 -----------Au 
        milieu du Vlll' siècle en effet arrivent en Berbérie ABDERRAHMANE 
        Mohammed Roustem et quelques compagnons. Ils profitent du trouble et de 
        la misère provoqués par les premières invasions arabes 
        pour ramener à eux les populations locales qui se placent sous 
        leur protection.
 -----------Leur 
        action s'étend de la Tripolitaine au Maroc ; l'Ouahbisme çofrite 
        s'adjugeant le Maroc et le Sud Oranais, tandis que l'Ouahbisme ibadite 
        se répand du Djebel Nef oussa, au Sud de Tripoli, au Chéliff.
 -----------ABDERRAHMANE 
        Ibn Roustem fonde TIARET, qui devient bientôt la riche et prospère 
        capitale d'un important royaume, car la vertu et l'habileté de 
        l'Iman font merveille et lui rallient nombre de tribus.
 -----------A 
        sa mort, en 765, une dynastie, celle des Rostémides, est constituée, 
        qui durera plus c('un siècle. Mais le royaume va sans cesse s'affaiblissant 
        sous l'effet des dissensions internes jusqu'au moment où le Fatimide 
        ABOU-ABDALLAH Ech-Chii lui porte le coup de grâce. Ce dernier prend 
        TIARET en 909, massacre les derniers princes Rostemides et la plus grande 
        partie des ibadites de la ville.
 -----------Les 
        survivants fuient la capitale incendiée à la recherche d'un 
        lieu exil.
 -----------Ils 
        errent par petits groupes au milieu d'un pays entièrement hostile, 
        puis trouvent finalement un refuge dans l'Oued Mya (OUARGLA), où 
        ils s'établissent.
 -----------Ils 
        fondent SEDRATA (voir 
        article), à quelques kilomètres d'OUARGLA.
 -----------Grâce 
        à leur activité, la ville devient rapidement prospère, 
        s'agrandit et s'embellit. Mais le refuge n'apparaît pas à 
        tous suffisamment sûr.
 -----------Avant 
        même que la menace de destruction qui pèse sur la ville ne 
        soit précisée, les ibadites prudents recherchent un autre 
        asile et jettent enfin leur dévolu sur l'Oued M'ZAB qui ne contient 
        que de rares campements.
 -----------Une 
        première cité est fondée en 1017: EL-ATTEUF.
 -----------L'entreprise 
        réussit et attire une population toujours plus nombreuse. SEDRATA 
        se vide peu à peu avant que d'être prise et détruite 
        par les Malékites d'ONARGLA, jaloux de la fortune de leurs voisins. 
        Puis, BOU-NOURA, MELIKA, GHARDAIA, sont successivement fondées.
 -----------De 
        toutes parts, les ibadites persécutés, las de la vie errante 
        et du secret, viennent se fixer au M'ZAB. La communauté ainsi créée 
        bâtit, défriche et se donne des lois. Elle connaîtra, 
        depuis les origines jusqu'au moment de l'arrivée des Français, 
        un développement lent mais continu, révélé 
        par la création de BENI-ISGUEN au XIV' siècle et de BERRIAN 
        et GUERRARA au XVII" siècle.
 -----------De 
        plus, des fractions arabes .de plus en plus nombreuses viendront, au cours 
        de l'Histoire, s'agréger aux villes ibadites.
 -----------Densité 
        et répartition de la population.
 -----------L'Annexe 
        de GHARDAIA compte une population totale de 48.080 habitants. Cette population 
        composite comprend à la fois des Européens (164), des Mozabites 
        sédentaires d'origine berbère et de rite ibadite, des musulmans 
        sédentaires ou semi-nomades de rite malékite (Arabes agrégés 
        des villes mozabites : Medabih, rattachés à la tribu de 
        GHARDAIA Attatcha rattachés à la tribu de GUERRARA ; Oulad 
        Yahia et Debadba, rattachés à la tribu de BERRIAN) et des 
        semi-nomades ou de grands nomades ; les Chaambas Berezga, dont le berceau 
        et l'installation sédentaire est située à METLILI.
 -----------La 
        population mozabite a construit, à partir du XI" siècle 
        de notre ère, les cinq villes de la Pentapole, toutes situées 
        sur le cours de l'Oued M'ZAB.
 -----------Ces 
        ksours sont très proches les uns des autres. Il y à peine 
        20 kilomètres de distance de la palmeraie d'EL ATTEUR à 
        celle de GHARDAIA, les deux oasis extrêmes.
 -----------GHARDAIA, 
        capitale commerçante, dépasse de beaucoup en importance 
        toutes les autres cités avec 14.046 habitants.
 -----------Mais 
        l'étroitesse de la vallée de l'Oued M'ZAB, la faible quantité 
        d'eau de crue disponible, devront entraîner avec le temps la dispersion 
        des habitants.
 -----------Au 
        XVII' siècle, se fondent BERRIAN à 47 km. au Nord de GHARDAIA, 
        puis GUERRARA à 100 km. au Nord-Est. Aujourd'hui, ces deux villes, 
        qui jouissent de conditions matérielles plus favorables, sont parmi 
        les plus prospères du M'ZAB.
 -----------La 
        population Chaamba, centrée à METLILI, petit ksar fondé 
        vers le X` siècle, à 35 km. au Sud de GHARDAIA, sur l'oued 
        du même nom, se répartit en trois tribus : l'une sédentaire 
        au ksar de METLILI et dans la palmeraie voisine : 3.925 hab. ; deux autres 
        nomades : les OULAD ALLOUCHE : 2.329 hab., les OULAD ABDELKADER : 3.774 
        habitants.
 -----------Une 
        communauté juive forte de 1.555 personnes, établie à 
        GHARDAIA, s'ajoute aux populations mozabites et arabes. BERRIAN et GUERRARA 
        comptent aussi quelques familles israélites.
 LES VILLES DU M'ZAB -----------Ghardaïa.(voir 
        article) -----------Fondée 
        en 1048 sur la rive droite de l'Oued M'ZAB et en amont des quatre autres 
        centres de la Pentapole par deux frères SLIMANE et MOHAMMED ben 
        Yahia, cette ville devint rapidement la capitale commerciale du M'ZAB.
 -----------Elle 
        compte aujourd'hui 14.046 habitants dont 8.024 ibadites et 6.022 malékites. 
        Ces derniers, qui ne forment pas une population homogène, se répartissent 
        en arabes dits " Agrégés ", tous sédentaires, 
        et Medabih originaires du Djebel Amour qui sont sédentaires ou 
        semi-nomades.
 -----------La 
        Mosquée et son minaret en forme de tronc de pyramide très 
        allongé, domine toute la cité. Celle-ci, située sur 
        les flancs d'une éminence conique au milieu de l'oued M'Zab, développe 
        l'étagement de ses maisons en un panorama qui ne manque ni d'originalité, 
        ni de grandeur.
 -----------La 
        palmeraie de GHARDAIA, située à deux kilomètres en 
        amont de la ville, est de beaucoup la plus florissante de la Pentapole, 
        avec quelque 60.000 palmiers.
 -----------C'est, 
        de plus, une véritable ville d'été par le nombre 
        de maisons de campagne qui s'y trouvent. Ces villas de plaisance sont 
        occupées durant toute la saison chaude par les familles entières 
        venues chercher l'isolement et quelque fraîcheur. -
 -----------Mais 
        la vie y continue comme en ville, dans les chapelles qui tiennent lieu 
        de mosquée, dans les écoles coraniques, chez les artisans 
        et commerçants qui font la saison.
 -----------Bou-Noura.
 -----------Fondée 
        en 1046 par une fraction des Béni-Mthar d'OUARGLA encouragée 
        par le succès de la jeune ville d'ELATTEUF.
 -----------Vers 
        1750, une fraction de MELIKA expulsée, les Oulad Abdallah, fut 
        accueillie à BOU-NOURA par les Béni-Mathar qui, après 
        les avoir laissé construire des maisons, les chassèrent 
        à leur tour. Ils se réfugièrent à EL-ATTEUF. 
        -----------Mais 
        les autres ksours vinrent attaquer BOU-NOURA et la détruisirent 
        de fond en comble.
 -----------Le 
        ksar qui existe aujourd'hui fut rebâti au-dessous du premier par 
        les survivants des, Oulad Abdallah. BOU-NOURA compte aujourd'hui 1.753 
        habitants.
 -----------Son 
        oasis, limitée à quelques milliers de palmiers, est d'une 
        importance tout à fait négligeable. BOU-NOURA est, comme 
        les autres ksours de la Pentapole, dans la dépendance économique 
        de GHARDAIA dont elle n'est distante que de 3 kilomètres.
 -----------Beni-Isguen.
 -----------Fondée 
        en 1347 au confluent de l'oued N'TISSA et de l'oued M'ZAB, elle ne fut 
        d'abord qu'un petit village grossi au XVI° siècle d'éléments 
        émigrés de GHARDAIA.
 -----------C'est 
        aujourd'hui, après GHARDAIA, la ville la plus importante de la 
        Pentalope avec 4.293 âmes.
 -----------Ville 
        sainte du M'ZAB, foyer intellectuel de l'Ibadisme, BENI-ISGUEN occupe 
        une position toute particulière dans la sentimentalité mozabite. 
        Sa rigoureuse propreté, la belle ordonnance de ses rues et de ses 
        maisons, ses remparts intacts attirent l'attention. C'est une ville antique 
        prolongée jusqu'au 200 siècle et toujours jalousement préservée 
        des contacts étrangers.
 -----------La 
        palmeraie s'étend le long de l'oued N'TISSA sur 3 kilomètres. 
        Elle compte quelque 25.000 palmiers.
 -----------BENI-ISGUEN 
        a perdu son ancienne importance commerciale au profit de GHARDAIA située 
        à 2 km. seule-ment. Elle possède cependant un marché 
        aux enchères quotidien très couru qui est une sorte de bourse 
        de l'artisanat.
 -----------EI-Atteuf.
 -----------La 
        plus ancienne ville du M'ZAB, fondée en 1012 de l'ère chrétienne 
        par une fraction d'ibadites venus de l'oued Dya.
 -----------Située 
        à l'extrémité aval de la Pentapole et détachée 
        par rapport aux autres ksours, EL-ATTEUF est aujourd'hui une cité 
        peu florissante en raison de sa situation géographique (1.720 habitants). 
        Les 15.000 palmiers de l'oasis sont dispersés le long de l'oued 
        M'ZAB.
 -----------Melika.
 -----------Petite 
        cité guerrière qui domine la vallée de l'oued M'ZAB. 
        Elle fit alliance avec les Chaamba Berezga de METLILI, qu'elle conquit 
        à l'influence mozabite après avoir procédé 
        à un échange de population.
 -----------Sa 
        palmeraie est à peu près inexistante, mais les habitants 
        de MELIKA possèdent à METLILI de très nombreux jardins.
 -----------Sa 
        population, forte de 2.829 habitants, comprend une fraction arabe originaire 
        de METLILI.
 -----------Berrian.
 -----------Fondée 
        en 1101 de l'hégire (1690) sur l'oued Bir, affluent de l'oued N'SA, 
        à 45 km. au Nord de GHARDAIA, par deux fractions chassées 
        de cette dernière ville. La population de 4.759 âmes comprend 
        une minorité arabe composée d'Oulad Yahia, tribu maraboutique 
        venue des Zibans.
 -----------L'oasis 
        de BERRIAN est florissante avec 45.000 palmers. L'eau est assez peu abondante, 
        mais la terre est très fertile et les jardins sont bien entretenus.
 -----------La 
        ville est un centre commercial important en voie de développement 
        rapide grâce à sa position sur la grande route GHARDAIA-ALGER 
        et aux échanges occasionnés par la proximité immédiate 
        du pays du mouton.
 -----------Guerrara.-----------Fondée 
        en 1631 par les Oulad Makha, qui habitaient auparavant Ghardaïa et 
        Melika, elle est la plus excentrique des villes du M'ZAB, à 100 
        km. de GHARDAIA.
 -----------Cette 
        cité, très considérable pour le désert (7.719 
        habitants) se trouve sur le passage des caravanes parcourant le Sahara 
        d'Est en Ouest et du Nord au Sud.
 -----------Une 
        partie de la population (fractions des Attatcha, Draisse et Oulad Abdallah) 
        est arabe. Ces nomades furent appelés au XVIIIe siècle par 
        les Mozabites de la ville pour renforcer dans leur lutte les çoffs 
        opposés.
 -----------Le 
        marché quotidien, qui a lieu l'après-midi, est très 
        fréquenté par les Larbaa, les Oulad Nail et les nomades 
        de TOUGGOURT et de BISKRA.
 -----------L'oasis 
        (45.000 palmiers) installée au fond d'une daia contre les dernières 
        maisons de la ville, est presque luxuriante en temps ordinaire. L'Oued 
        Zegrir, qui vient de la région des daias, la submerge de ses eaux 
        à intervalles irréguliers..
 -----------La 
        crue détournée et retenue par des ouvrages hydrauliques 
        fort ingénieux, peut séjourner plusieurs mois avant de s'infiltrer.
 -----------GUERRARA, 
        deuxième ville du M'ZAB, est la capitale du mouvement moderniste 
        mozabite qui a vu le jour dans ses murs.
 -----------Metlili-des-Chaamba.-----------Ce 
        petit ksar, accolé à une vaste palmeraie, est le berceau 
        des Chaamba et, en même temps, fait partie intégrante du 
        M'ZAB, à la vie économique duquel il participe étroitement. 
        La population de 3.925 âmes est dispersée dans l'oasis qui 
        compte 50.000 palmiers.
 -----------METLILI, 
        à 35 km. seulement de GHARDAIA, ne possède pas de marché. 
        Chaque vendredi et par centaines, ses habitants se rendent au a Souk " 
        de GHARDAIA, où ils retrouvent à la fois les Chaambas nomades 
        et leurs anciens alliés, les Mozabites de MELIKA.
 RACES -----------Malgré 
        les mélanges de race entre berbères mozabites, arabes et 
        noirs, au long d'une histoire millénaire, la conformation physique 
        permet dans la plupart des cas de déterminer l'appartenance raciale 
        des individus.-----------Le 
        Mozabite de taille moyenne, à large face et forte charpente, est 
        un brachycéphale dont les caractères physiques, à 
        rapprocher d~ la race berbère, ont été accentués 
        par le genre de vie et probablement par la consanguinité. Ses jambes 
        courtes et arquées, sa démarche lourde et son embonpoint, 
        indiquent nettement qu'il s'agit là d'un sédentaire de vieille 
        souche, étranger à certains efforts physiques de la vie 
        nomade. Les femmes sont sur le même type plantureux.
 -----------Le 
        Chaambi, dont le sang arabe est indéniable, contraste par sa sveltesse, 
        ses membres longs, son allure élancée, avec le précédent, 
        il est façonné par les longues courses à pied, la 
        vie sobre et active du désert. Sa peau est basanée par le 
        soleil, alors que le teint du Mozabite est généralement 
        blafard.
 -----------Les 
        Juifs, habillés à la mode indigène, aux moeurs bibliques 
        pour la plupart, se distinguent plus des précédents par 
        leur religion et leurs moeurs que par l'aspect physique. Ce sont généralement 
        des hommes d'assez haute taille, au teint clair et au visage allongé. 
        Leurs femmes, vêtues de longues robes multicolores, au visage orné 
        de lourdes boucles d'oreilles, accuseraient davantage le type sémite. 
        -----------Mais 
        il y a fort à penser qu'il s'agit là d'une population berbère 
        de la Tripolitaine convertie au Judaïsme à une très 
        haute époque aussi bien que d'Israélites proprement dits.
 LANGUES -----------L'ensemble 
        de ces populations parle l'arabe, langue du commerce, des affaires et 
        des actes civils. Mais la population mozabite de souche berbère 
        continue de faire un très large usage de son dialecte importé 
        de TIARET et qui se rattache étroitement aux dialectes kabyles. 
        De nombreuses femmes mozabites, pour ne pas dire la plupart, ne connaissent 
        que cette langue-----------Les 
        Chaamba ne parlent que l'arabe.
 -----------L'hébreu 
        est utilisé par les israélites dans les actes civils et 
        religieux, peu, semble-t-il, dans Id. vie courante.
 RELIGIONS -----------C'est 
        surtout par une religion particulière que se distinguent les mozabites. 
        Le rite ibadite auxquels ils appartiennent est caractérisé 
        en premier lieu par une intransigeance doctrinale qui est en opposition 
        avec l'Islam orthodoxe. L'ibadisme rejette ces " arrangements avec 
        le ciel " que souvent les hommes font dans la pratique pour tempérer 
        une religion trop sévê e. Pour l'ibadite, tout homme religieux, 
        s'il veut être digne de ce nom et gagner le ciel, doit observer 
        non seulement l'esprit, mais la lettre du texte sacré, le Coran, 
        que l'Ange Gabriel a transmis au Prophète et qui est la parole 
        même de Dieu.-----------ALI, 
        Calife légitime, a trahi la véritable foi islamique en acceptant 
        un arbitrage, arrangement humain, avec le révolté, l'usurpateur 
        MOAOUIA.
 -----------Les 
        musulmans orthodoxes trahissent la religion musulmane lorsqu'ils se groupent 
        en confrérie, lorsqu'ils soumettent leurs actes à l'autorité 
        d'un humain. Dieu est un, il s'adresse directement à chaque fidèle 
        qui ne doit entrer en communication avec lui que par l'intermédiaire 
        du Coran incréé.
 -----------Le 
        Coran est le Livre de la vie toute entière. Aucun Hadith ne saurait 
        en détruire, amende ou étendre les préceptes ; aucun 
        homme ne saurait valablement édicter de nouvelles règles 
        religieuses. L'intervention de l'homme n'est justifiée que dans 
        la mesure où celui-ci, tirant les conclusions du Livre Saint, s'occupe 
        de définir les règles pratiques de la vie religieuse.
 -----------Cette 
        intransigeance aboutit à une sorte de protestcntisme musulman où 
        l'absence d'intermédiaire entre Dieu et l'homme est compensée, 
        comme dans la Genève de Calvin, par une réglementation restrictive 
        extrêmement développée.
 -----------Mais 
        l'ibadisme n'est pas seulement un schisme austère. Demeuré 
        à l'abri des déformations dues aux survivances des croyances 
        animistes des races berbères qui ont fait passer dans la nouvelle 
        religion nombre de pratiques étrangères, l'ibadisme apparaît 
        comme un Islam. purifié, épuré, une religion à 
        l'état natif. C'est ce qui fait sans doute, avec la pureté 
        de la foi, le charme puissant de ce rite hétérodoxe, son 
        cachet particulier.
 -----------Fruit 
        de circonstances religieuses, le M'ZAB se présente comme une nation 
        théocratique. Pour éviter le libre examen où n'aurait 
        pas manqué de conduire le rejet de toute espèce de sacerdoce, 
        les mozabites ont confié dès les origines, à des 
        assemblées religieuses, les Djemaàs de Mosquée présidés 
        par un Chikh, le soin d'édicter des règles absolues tant 
        civiles que religieuses. Les règles qui constituent la charte même 
        de l'ibadisme mozabite ont, été réunies au XVII' 
        siècle en une immense codification, le " Nil ", par un 
        savant théologien de l'ibadisme. Cette codification n'a pas arrêté 
        la création de la législaltion et du droit ibadite qui se 
        continue de nos jours malgré l'influence française et les 
        progrès du modernisme.
 -----------Les 
        Chaambas se rattachent au rite orthodoxe malékite. Leur piété 
        stimulée par le contact de leurs voisins est généralement 
        très vive, mais les pratiques de sorcellerie, étrangères 
        à l'Islam, se sont perpétuées jusqu'à nos 
        jours au sein de ce milieu très fruste, vivant à l'écart 
        des courants de civilisation.
 -----------Par 
        ailleurs, comme tous les Moghrebins, les Chaamba ont toujours été 
        sensibles à l'action des hommes pieux, des santons locaux ou régionaux, 
        créateurs de confréries. C'est au XVI` siècle que 
        Sidi CHIKH, qui passa une partie de sa vie à METLILI, fit rentrer 
        un grand nombre de Chaamba dans les observances de sa doctrine.
 Aujourd'hui encore, la confrérie des Oulad Sidi Chikh délègue 
        à METLILI des Moqqadem qui, dans une petite Zaouia, entretiennent 
        le culte du grand marabout et diffusent les voies de sa croyance.
 -----------Les 
        Juifs possèdent à GHARDAIA une synagogue qui contient de 
        très anciens manuscrits de la Bible. Venus de l'île de Djerba 
        au XII` siècle à l'instigation des ibadites de GHARDAIA, 
        ils se sont maintenus, malgré le mépris général 
        des musulmans, dans la religion austère qui est la leur. Le contact 
        des mozabites a fait que chez aussi les prescriptions religieuses sont 
        observées avec le plus grand soin. Plusieurs Rabbins desservent 
        la communauté.
 HABITAT  -----------La 
        maison mozabite.-----------Les 
        fuyards de TIARET ont développé au M'ZAB les restes d'une 
        civilisation urbaine très étendue sur laquelle nous n'avons 
        que des renseignements insuffisants. En effet, il ne subsiste rien de 
        l'ancienne capitale entièrement détruite par les orthodoxes. 
        A SEDRATA, premier point de fixation des ibadites au Sahara, des ruines 
        importantes recouvertes de sable ont été étudiées 
        par des archéologues.
 -----------Des 
        vestiges de palais, de nombreuses décodations de stuc refouillées 
        en arabesques y trahissent une opulence qu'on ne retrouve pas au M'ZAB. 
        Sans aucun doute l'existence saharienne a amené un appauvrissement 
        lent mais inexorable de la société prospère de TIARET. 
        Des richesses peu à peu consommées ou échangées 
        pour vivre par les persécutés, il ne devait plus rester 
        grand chose du XI' siècle lorsque les premiers ibadites s'installèrent 
        dans la Chebka.
 -----------Par 
        contre, le sentiment de la civilisation urbaine n'avait pas péri. 
        Avant de construire un ksar, l'enceinte était soigneusement tracée, 
        l'emplacement de la mosquée réservé, les ruelles 
        tracées au mieux des nécessités combinées 
        de la circulation et de la dépense. Soutenus par une foi ardente, 
        les ibadites mirent au M'ZAB leur talent de bâtisseurs au service 
        de leur nouveau destin.
 
 
 -----------Et 
        visiblement, l'habitat mozabite, tel que nous le révèlent 
        les cités d'aujourd'hui, se distingue par une science architecturale 
        qui contraste avec les modestes et rudimentaires habitations des autres 
        régions sahariennes.-----------La 
        maison mozabite est une construction de base, carrée ou légèrement 
        rectangulaire comportant généralement un étage.
 -----------Les 
        murs extérieurs, aveugles la plupart du temps pour préserver 
        le secret de la vie familiale, portent parfois d'étroites fenêtres 
        masquées par des balcons de bois ou de stuc découpé. 
        La porte massive, ouverte par une grosse clef de fer ou un peigne de bois 
        piqué de clous, est surmontée d'un arc de décharge. 
        Un couloir d'accès au dessin contrarié, toujours afin d'éviter 
        les indiscrétions des passants, conduit à un patio carré, 
        entouré de petites chambres longues et étroites, servant 
        aux travaux féminins (artisanat), à la cuisine, au stockage 
        des vivres et du matériel, à la sieste de l'été, 
        car lorsqu'il n'existe pas de cave, c'est ici le lieu le plus frais de 
        la maison. Quatre piliers plus larges à la base qu'au sommet supportent 
        le toit du patio qui est c'ou.'ert sur sa plus grande partie. Au centre, 
        une ouverture carrée de 2 mètres de côté environ 
        et souvent couverte d'une grille, permet à l'air et au jour de 
        pénétrer, à la fumée des kanouns de s'échapper.
 -
 ----------Au premier 
        étage, les chambres aveugles sont toujours situées sur le 
        pourtour, mais elles reçoivent de l'intérieur, par les arcs 
        d'une galerie, une lumière plus généreuse que l'étage 
        inférieur. Cette galerie, à arcades mauresques, en anse 
        de panier, ou tout simplement en plein cintre, n'occupe que deux côtés 
        à angle droit de la maison.-----------L'exposition 
        est calculée de telle sorte que les chambres qu'elle dessert présentent, 
        hiver comme été, les meilleures conditions d'habitation. 
        Les deux autres côtés du premier étage forment une 
        terrasse souvent entourée de murs où les femmes, l'hiver, 
        viennent prendre le soleil, où l'on dort volontiers durant les 
        nuits torrides de l'été saharien.
 -----------Du 
        premier étage, on accède souvent à une deuxième 
        terrasse par un escalier intérieur. Cette terrasse est également 
        entourée de murs assez hauts pour empêcher les voisins de 
        voir.
 -----------Les 
        lieux d'aisance, situés dans un recoin du premier étage, 
        possèdent une fosse d'évacuation au rez-de-chaussée. 
        Ainsi, les odeurs désagréables sont supprimées ou 
        tout au moins diminuées.
 La disposition de la maison mozabite décrite ci-dessus se trouve 
        répétée à des milliers d'exemplaires dans 
        tout le M'ZAB. Juifs et arabes, influencés par leurs voisins, ont 
        également adapté un type d'habitat qui se recommande par 
        un confort non négligeable et une parfaite adaptation au climat 
        brûlant de l'été et froid de l'hiver.
 -----------Bien 
        entendu, la situation de fortune du propriétaire influe très 
        largement sur la dimension des pièces et le confort de la maison.
 -----------De 
        nombreuses habitations urbaines possèdent des caves creusées 
        à l'explosif (autrefois à la main), à même 
        le roc. Ces pièces souterraines souvent vastes, convenablement 
        aérées, sont le séjour idéal durant l'été. 
        -----------Parfois, 
        non satisfaits d'un rez-de-chaussée et d'un étage spacieux, 
        certains mozabites installent une deuxième galerie sur la ter-rasse, 
        de façon à se protéger du soleil. De plus, la décoration 
        intérieure, le nombre et les complexités des aménagements 
        réalisés en plâtre, dans l'épaisseur du mur, 
        témoignent du degré de science et de raffinement des maçons 
        et propriétaires. Presque toutes les pièces, en effet, possèdent 
        des étagères encastrées, des niches, des recoins 
        qui ont un usage défini (poulailler, magasin à dattes, étagères 
        pour la vaisselle, les vêtements, etc...).
 -----------Certaines 
        maisons possèdent, en outre, une pièce réservée, 
        aux hôtes, ou bien l'ouverture du patio est remplacée par 
        une coupole.
 -----------L'habitat 
        des villes se retrouve inchangé dans les oasis dans ses dispositions 
        générales. Cependant, l'absence de voisinage gênant, 
        de plus vastes étendues de terrain, permettent aux architectes 
        autochtones plus de fantaisie, aux habitants un contact direct avec la 
        nature.
 -----------Le 
        jardin se divise en deux parties :
 -----------L'une, 
        de beaucoup la plus vaste, est une palmeraie d'exploitation qui peut, 
        sans danger, être offerte aux vues de l'extérieur ; l'autre, 
        très restreinte, délimitée par un mur élevé, 
        est le jardin d'agrément. Sous quelques palmiers rangés 
        le long des murs, croissent des orangers, des bigaradiers ornementaux, 
        des légumes rares. Le tout est parfumé par le jasmin qui 
        court sur le mur au-dessus de la porte. Au fond de ce minuscule paradis 
        végétal, au sol soigneusement balayé, une galerie 
        à arcades en légère surélévation et 
        de cinq à six mètres de long, est le séjour favori 
        du, maître de maison et des enfants. C'est là aussi que les 
        hôtes sont reçus et que se poursuivent, entre
 hommes, de longues conversations dans le désoeuvrement de l'été.
 -----------Cette 
        visite rapide de la maison mozabite, qui est aussi cellé des Arabes 
        agrégés et des Israélites de GHARDAIA, ne doit pas 
        faire oublier le triste habitat des classes les plus pauvres. Si les dispositions 
        générales sont alors conservées, l'exiguité 
        des locaux n'a pas de pareille hors de ces ksours à populations 
        entassées qui souvent mana quent d'air, d'eau et de lumière.
 LA CIVILISATION URBAINE 
        AU M'ZAB -----------Les villes 
        du M'ZAB représentent un capital immobilier considérable 
        accumulé au cours des siècles. Bien qu'aucun recensement 
        n'existe en ce domaine dans ce pays où le système d'imposition 
        est encore la Lezma fixe, il est possible d'en évaluer la valeur 
        à deux milliards de francs environ en tenant compte des multiples 
        habitations d'été qui à GHARDAIA, en particulier, 
        couvrent une bonne partie de l'oasis.-----------Cette 
        accumulation de maisons est concentrée pour 90% au moins sur un 
        espace de moins de deux kilomètres carrés. 60 ha. pour GHARDAIA, 
        30 pour BENI-ISGUEN, 15 pour MELIKA, BOU-NOURA et EL-ATTEUF, 30 pour BERRIAN 
        et 40 pour GUERRARA, soit au total 175 hectares de surface bâtie 
        pour abriter une population théorique de 40.000 habitants.
 -----------A 
        l'échelle -de chaque ksar, le cadre du village est donc largement 
        dépassé. Dans les rues étroites des villes mozabites 
        (la plus large n'excède pas trois mètres), apparaît 
        la complexité de l'établislsement urbain. II n'est pas rare 
        que, de nuit, les habitués eux-mêmes s'y perdent. Passages 
        couverts, impasses, escaliers s'enchevêtrent en un réseau 
        inextricable. Cependant, un plan d'ensemble existe qui, malgré 
        la diversité apparente, se retrouve dans tous les ksours.
 -----------La 
        mosquée, au centre, est le point de mire ; la plupart du temps, 
        elle domine avec majesté la foule des maisons à qui elle 
        semble commander. A l'écart de l'édifice religieux, dans 
        un lieu bas, facile d'accès, se trouve la place centrale. Elle 
        en a souvent remplacé une autre plus ancienne, abandonnée 
        en raison du dévelolppement de la ville. Cette place si pittoresque 
        de la ville mozabite est à la fois un marché et un forum. 
        Marché où se rendent chaque jour les nomades de l'extérieur 
        pour écouler leurs produits, ravitailler le ksar en bois, en beurre 
        et en laine, faire eux-mêmes leurs emplettes chez les commerçants. 
        Forum où les notabilités s'assemblent pour discuter grave-ment 
        des affaires de la tribu. C'est de la place du marché, sur laquelle 
        donne généralement la Mahakma du Caïd, que les instructions 
        de l'autorité sont données à la population. Chaque 
        ville était, jusqu'à l'arrivée des Français, 
        protégée par une enceinte fortifiée flanquée 
        de tours. Aujourd'hui, BERRIAN a totalement perdu ses fortifications - 
        GUERRARA en conserve la majeure partie -- GHARDAIA n'a conservé 
        des murailles que du côté de l'oasis - les autres ksours 
        et BENI-ISGUEN en premier lieu ont des remparts intacts.
 HABITAT NOMADE -----------A côté 
        des cités mozabites relativement opulentes et qui témoignent 
        dans le domaine de l'habitat de science architecturale avancée, 
        de leurs constructeurs, jointe à un goût profond pour la 
        vie citadine, on rencontre dans les espaces désertiques entre les 
        ksours, les tentes misérables des Chaambas. Beaucoup d'entre eux, 
        sur le chemin de la sédentérisation, campent près 
        des villes. Nombreux sont ceux aussi qui ont construit hors remparts des 
        gourbis de toub ou de pierre dont l'accumulation tend à constituer 
        de médiocres hameaux. Certaines villes du M'ZABGHARDAIA, BERRIAN et GUERRARA ont donc des faubourgs arabes populeux dont 
        l'extension_ est surtout fonction de la croissance démographique.
 DEVELOPPEMENT DE' L'HABITAT -----------Si l'habitat 
        arabe hors remparts se développe assez rapidement dans des conditions 
        généralement peu satisfaisantes (mais la pauvreté 
        de la population malékite ne peut permettre d'envisager mieux pour 
        l'instant), l'habitat mozabite semble à peu près stationnaire. 
        On répare certes, on reconstruit les maisons vétustes mais 
        on fait peu de neuf.-----------La 
        raison de la carence relative des Mozabites en ce domaine, carence qui 
        a pour conséquence une sévère crise du logement, 
        doit être recherchée dans les moeurs des Mozabites plus que 
        dans la conjoncture économique.
 -----------Le 
        Mozabite admet difficilement en effet de vivre à l'extérieur 
        des remparts qui protègent la ville. C'est pour lui une sorte de 
        déchéance que d'être rejeté hors de ces limites 
        étroites, la perte du droit de cité. Partant de ce principe, 
        les questions de confort, d'espace et d'air passent en dernier lieu. La 
        richesse se confine souvent en des endroits étroits et sans lumière. 
        Lorsque la maison est trop décrépite, on la démolit 
        pour la reconstruire sur place en l'améliorant. Et bien entendu 
        l'insuffisance quantitative des logements entraîne la cherté 
        des loyers. L'exemple type de cette stagnation est BENI-ISGUEN, ville 
        aisée s'il en est, en pays musulman. Depuis 50 ans, la ville s'est 
        à peine étendue. Les remparts construits vers 1860 n'ont 
        pas été forcés par la poussée des maisons. 
        Cependant, pour parer au manque de logements, certains Mozabites tendent 
        à faire de leurs maisons de campagne leur résidence habituelle, 
        surtout lorsque celle-ci est peu éloignée de la ville.
 -----------En 
        définitive, le problème de l'habitat se pose au M'ZAB avec 
        une sérieuse acuité.
 -----------Le 
        dépeuplement provoqué par l'installation de familles ibadites 
        entières dans les villes du Nord est à peine sensible et, 
        par ailleurs, la plupart des familles qui suivent ce mouvement étant 
        largement aisées, se réservent la jouissance de leur maison 
        au M'ZAB.
 -----------Mais 
        c'est surtout pour les Arabes agrégés ou sédentarisés 
        depuis peu que se pose le problème du logement. Les villes du M'ZAB 
        exercent une forte attraction en raison de l'abondance du travail, sur 
        les populations d'alentour, et la croissance démographique très 
        rapide de la population malékite ajoute ses effets à ceux 
        de la sédentarisation.
 MURS ET COUTUMES 
        DU M'ZAB -----------Les moeurs 
        et coutumes des Mozabites se rattachent aux coutumes berbères avec 
        cependant de larges ajouts résultant d'une religion et d'une histoire 
        particulière.-----------Au 
        M'ZAB, la rigidité des principes m oraux, la valeur absolue donnée 
        aux coutumes correspond à l'intransigeance dogmatique d'un petit 
        peuple, car c'en est un, forgé et uni indissolublement par mille 
        années de vie et d'exil commun. Bien que les Mozabites soient entrés 
        très tôt dans le courant économique de la civilisation 
        européenne, ils ont su conserver presqu'intacts jusqu'à 
        nos jours les principes, les moeurs et coutumes de leurs ancêtres.
 -----------Le 
        fait paradoxal explique les problèmes de ce pays de la contradiction. 
        Il explique encore les luttes politiques qui divisent aujourd'hui l'esprit 
        des BENI-M'ZAB.
 -----------Etudions 
        quelques aspects des moeurs mozabites. Elles sont placées en vertu 
        de la religion, sous le signe de l'austérité. L'austérité, 
        c'est la réclusion de la femme - l'austérité, c'est 
        l'interdiction des plaisirs coupables dont la liste est plus longue que 
        nulle part ailleurs - l'austérité, c'est la vie simple, 
        loin de l'agitation du monde, l'austérité c'est encore la 
        passion du travail, de l'effort opposé complaisamment à 
        la fainéantise, l'austérité c'est la volonté 
        de s'en tenir à l'application de la réglementation qui règle 
        les plus anodins des actes de la vie.
 LE STATUT DE LA FEMME -----------Il existe 
        sans doute peu de lieux au monde où la femme soit sous une plus 
        étroite dépendance de l'homme. -----------La 
        femme, objet de la convoitise de ce dernier, l'est ici bien plus encore. 
        Elle est la mère des enfants qui perpétuent la race des 
        Béni-M'Zab, l'éducatrice du premier âge, la conservatrice 
        du foyer et, d'une façon plus générale, la sauvegarde 
        du M'ZAB. Elle représente la constante grâce à laquelle 
        l'ibadisme survit. A l'interdiction première formulée dans 
        le Coran, de montrer son visage à d'autres hommes que ceux de la 
        famille proche, à l'obligation d'être voilée, les 
        Mozabites, parfaitement conscients de la menace de dissolution que faisait 
        peser sur leur race leur existence mobile de marchands en ont ajouté 
        d'autres : l'interdiction de la coquetterie, et toutes les femmes ne portent 
        que haïk de laine grossière - interdiction surtout de sortir 
        du M'ZAB. Ces interdictions, formulées par les Azzabas, personnages 
        religieux, sont sanctionnées par une peine très sévère, 
        la " Tébria a ou excommunication, la-quelle d'ailleurs peut 
        être appliquée aux hommes comme aux femmes. ,-----------La 
        femme est donc recluse, confinée - dans sa maison la plupart du 
        temps. A partir de l'âge nubile, elle ne connaît plus, surtout 
        si sa famille est aisée, que le paysage s'étendant autour 
        de la terrasse.
 -----------Elle 
        ne verra plus d'autres hommes que son mari et ses frères, pas même 
        son beau-frère. Elle n'ira pas faire ses courses chez les commerçants, 
        ce sont les hommes qui les font. Elle n'aura d'autres amies que les femmes 
        de sa famille et ses voisines chez qui elle pourra accéder pa les 
        terrasses contiguës. Si vous rencontrez une femme mozabite dans la 
        rue, ce qui n'est pas très fréquent, elle rajustera rapidement 
        son voile de façon à ne laisser voir qu'un oeil. Souvent 
        même, elle se tournera carrément contre le mur et attendra 
        que vous soyez passé pour continuer son chemin.
 -----------La 
        femme mozabite ne répond pas non plus aux convocations administratives. 
        Son mari ou son représentant masculin (Oukil) se présente 
        à sa place. Afin de limiter au maximum les possibilités 
        d'action indépendantes de la femme, le Mozabite la fait souvent 
        interdire par le Cadi lorsqu'elle a des biens personnels, sous prétexte 
        d'inexpérience et d'insuffisance mentale.
 -----------Cet 
        isolement farouche de la femme mozabite n'est diminué que durant 
        l'été, lorsque, quittant le ksar sur-chauffé, elle 
        se rend à l'oasis avec ses enfants. Là, sous les palmiers, 
        à l'abri des hauts murs qui ferment le jardin, elle trouve ses 
        seuls instants de contact direct avec la nature.
 -----------Une 
        dérogation curieuse existe par ailleurs ; lorsque l'oued coule, 
        les femmes peuvent sortir, se rendre sur la berge et observer autant qu'elles 
        veulent le passage des eaux. On les voit alors par grappes joyeuses assistant 
        à l'écoulement majestueux. Cette dérogation s'explique 
        sans doute par la rareté du phénomène et la valeur 
        symbolique de la crue de l'oued dans l'âme mozabite. Cette crue 
        est, en effet, le signe que le Créateur n'abandonne pas les Ibadites 
        établis au milieu de la Chebka désertique. La femme mozabite, 
        lorsqu'elle a soigné ses enfants et fait sa cuisine avec souvent 
        l'aide d'une négresse - car dans bien des cas c'est une " 
        bourgeoise " matériellement parlant - se livre volontiers 
        à des travaux de tissage. D'où l'artisanat très prospère 
        du M'ZAB.
 -----------Si 
        la femme adulte est " protégée " des contacts 
        extérieurs,, la fillette est, elle aussi, isolée. Certes, 
        elle n'est pas voilée, elle peut jouer dans la rue avec ses compagnes, 
        mais l'Ecole Française lui demeure interdite. En 1 952, après 
        70 ans de présence française, alors qu'environ 2.000 garçons 
        fréquentent les écoles primaires du M'ZAB, pas une fillette 
        mozabite n'est inscrite à l'Ecole publique -; 4 ou 5 seulement 
        vont à l'Ecole privée des Soeurs Blanches. Le fait ne doit 
        cesser de demeurer à l'esprit de qui veut mesurer la force de résistance 
        des traditions mozabites.
 -----------Le 
        mouvement moderniste qui a provoqué l'expatriation de quelques 
        dizaines de femmes mozabites déclenchant ainsi, d'ailleurs, les 
        foudres des Azzabas, n'est pas encore parvenu à un début 
        de scolarisation des fillettes.
 -----------L'interdiction 
        des plaisirs coupables et de certaines affaires.
 -----------La 
        liste des actes défendus est fort longue car les interprètes 
        ibadites du Coran ont recherché dans le texte sacré les 
        moindres allusions leur permettant de formuler une interdiction.
 -----------Les 
        interdictions les plus notables sont :
 -----------L'interdiction 
        de la musique (moins respectée de nos jours sauf dans la ville 
        sainte de BENI-ISGUEN). L'interdiction de fumer (celle-ci toujours respectée 
        mais tournée en cachette par de nombreux Mozabites). ----------------------L'interdiction 
        des parfums et du luxe général.
 -----------L'interdiction 
        des boissons alcoolisées (commune à tous les musulmans, 
        mais ici particulièrement respectée). -----------La 
        prohibition de la prostitution pour les femmes mozabites.
 -----------La 
        prohibition du commerce de l'argent réservé aux juifs et 
        qui ne va pas sans gêner la vie économique d'un peuple commerçant, 
        etc...
 -----------La 
        vie simple loin de l'agitation du monde.
 -----------Lorsque 
        le Mozabite commence à vieillir et que ses enfants devenus grands 
        sont aptes à gérer ses affaires, il arrive fréquemment 
        qu'il se retire de ses activités pour se retremper au sein de l'existence 
        primitive, biblique de ses pères. Vivant dans son ksar natal au 
        milieu d'autres barbes blanches, il se consacrera désormais à 
        des travaux simples de jardinage ou de maçonnerie, entrecoupés 
        des prières rituelles. C'est qu'au fond le Mozabite garde au-dedans 
        de lui-même jusque dans la vie active où il excelle en particulier 
        par ses qualités commerciales la nosta Igie d'une vie simple vouée 
        en grande partie à la contemplation. II se rattache, par là, 
        à la grande tradition de ses pères, à l'exemple en 
        particulier de l'Iman ABEDERRAHMANE Ibn Rostem qui, Chef d'un royaume, 
        construisait sa maison de ses propres mains. Cet aspect du tempérament 
        mozabite ne peut être négligé, même si l'on 
        considère que la vieillesse est généralement une 
        période de repos, de réflexion et d'attente inquiète 
        ou paisible de la mort. Vieillir et mourir au M'ZAB au milieu des choses 
        simples aimées dès l'enfance est un article de la foi mozabite, 
        aussi bien qu'une attitude spontanée de l'homme sur le déclin. 
        La terre qui a vu naître l'ibadite doit lui servir de der-nier séjour. 
        Séjour tranquille puisque, de par les coutumes religieuses, sa 
        tombe restera inviolable jusqu'au jour de la résurrection.
 -----------Jusqu'à 
        présent, le modernisme n'a pas entamé l'idée de ce 
        retour vers la terre natale. Combien de vieillards ne voit-on pas, juchés 
        sur leur mulet ou sur leur âne, se diriger silencieux, le regard 
        perdu dans une contemplation intérieure, avec la dignité 
        qui sied à un notable, vers l'oasis de sa ville où ils s'adonneront 
        aux travaux les plus simples ordinairement confiés à un 
        khammès.
 -----------La 
        passion du travail et du gain.
 -----------Au 
        nom de la religion, le Mozabite a vaincu les conditions inhumaines du 
        désert où il s'est réfugié. Au nom de l'indépendance 
        de sa secte, il s'est lancé avec succès sur les routes du 
        commerce nord-africain pour faire vivre et prospérer les bourgades 
        du désert dont l'ensemble forme le M'ZAB. Sa race travailleuse 
        a acquis un degré de réputation et un état de richesse 
        relative qui contraste heureusement avec la dureté des conditions 
        de vie qu'il s'était imposées au départ. Ici, le 
        fatalisme oriental n'a pas eu raison des qualités de la race berbère 
        et la nécessité aidant, l'esprit d'entreprise s'est largement 
        développé devenant pour beaucoup un article de foi et une 
        néçessité morale.
 -----------Le 
        goût du travail, de l'effort individuel, associé à 
        un esprit de lucre qui est sans doute le défaut le plus voyant 
        desBéni-M'Zab, n'exclut pas l'esprit d'association et de collaboration 
        d'où naissent les entreprises collectives. Ainsi en témoignent 
        les grands ouvrages hydrauliques dont nous aurons l'occasion de reparler, 
        et les multiples associations commerciales existantes. De plus, malgré 
        les apparences et les conflits politiques, il existe une solidarité 
        réelle entre Mozabites qui, dans toute la mesure du possible, évitent 
        de se faire concurrence.
 -----------Les 
        progrès de l'individualisme d'une part ,les interventions multiples 
        de l'organisation étatique d'autre part, n'ont pas eu raison jusqu'à 
        ce jour de la tendance des Mozabites à agir et à s'administrer 
        par l'intermédiaire de leurs entités traditionnelles, la 
        fraction et la tribu.
 -----------Associé 
        au goût du travail et soutenant l'effort, l'instinct de conservation 
        physique, moral, spirituel, anime le comportement de ce petit peuple. 
        Volonté de résistance et de survie traduite par l'attachement 
        du Mozabite à ses affaires commerciales (sans elles le M'ZAB serait 
        condamné à disparaître), volonté de permanence, 
        d'intégrité, voire de conservatisme révélé 
        par l'acharnement au travail de la terre ingrate des vallées de 
        la Chebka, par les dépenses énormes faites par les plus 
        riches pour honorer la terre mozabite en aménageant à grands 
        frais des villes de plaisance et de féériques jardins.
 -----------II 
        ne faudrait pas croir cependant que le Mozabite soit doué pour 
        toute espèce de travail. L' " homo economicus " mozabite 
        fut d'abord un " rusticus ", puis un " mercator ", 
        surtout sans doute par la force des circonstances. Il fut aussi de tous 
        temps un excellent bâtisseur. Mais les tâches ne ressortissant 
        pas à ces trois branches d'activité furent toujours confiées 
        à des populations de religion ou de races différentes : 
        Juifs pour la confection des vêtements, des chaussures, le travail 
        des métaux et la bijouterie ; Arabes pour les tâches serviles 
        et nombre de petits méiers.
 -----------En 
        définitive, le comportement économique mozabite apparaît 
        en partie dicté par des impératifs d'ordre supérieur 
        : travailler de telle ou telle façon peut être, pour lui, 
        un devoir religieux et national en même temps.
 
 -----------Degré 
        d'évolution des populations du M'Zab.
 -----------Si, 
        sous la rubrique précédente, nous avons sciemment négligé 
        de parler des moeurs de la population arabe, adonnée d'ailleurs 
        à des genres de vie très différents, c'est en réalité 
        que peu de chose la distingue à ce titre des populations malékites 
        voisines, qu'elles soient nomades ou sédentaires, si ce n'est l'influence 
        exercée sur elle par le milieu mozabite. La population malékite, 
        en effet, vit surtout en client des Béni-M'Zab.
 -----------Partout, 
        elle occupe les emplois les moins rémunérateurs et ne connaît 
        pas l'indépendance économique réelle. Arabes arégés, 
        Medabih, Chaambas même pour une partie et dans une moindre mesure, 
        ne pourraient vivre sans les investissements, les offres d'emploi, de 
        la clientèle mozabite. L'évolution de cette population en 
        état d'infériorité depuis de nombreux siècles 
        est peu avancés. Khammès, manoeuvres du bâtiment, 
        employés de commerce, petits métiers, vivent pauvrement 
        et leur attitude favorable vis-à-vis de la scolarisation (les filles 
        arabes vont facile-ment à l'école), n'a pu encore changer 
        leur condition, car le pays est pauvre, l'élevage incertain, la 
        culture aléatoire. C'est à peine si au total quelques dizaines 
        de malékites ont une situation aisée acquise généralement 
        dans le commerce ou dans l'élevage.
 -----------Proche 
        de la situation des Arabes est celle des Israélites. En état 
        d'infériorité devant leurs maîtres mozabites, ils 
        n'ont pu encore sortir de la condition misérable et méprisée 
        qui fut la leur durant des siècles. Le quartier juif de GHARDAIA 
        est le plus archaïque des mellahs d'Algérie. Entre ces maisons 
        hautes parfois de deux étages, mais dont l'aspect correct ne rachète 
        pas la misère intérieure, le long des ruelles obscures où 
        de loin en loin stagnent des flaques nauséabondes, on ressent ce 
        que peut être parfois la dure condition humaine.
 -----------Femmes 
        et hommes ont, pour un bon nombre, conservé les moeurs bibliques. 
        Celles-là vêtues de longues robes chatoyantes, grasses sous 
        l'étoffe crasseuse, les cheveux nattés, de grossiers bijoux 
        de laiton ou d'argent autour du cou, élèvent des enfants 
        blafards dans une atmosphère lourde que l'implacable chaleur de 
        l'été rend plus insupportable encore. Beaucoup de ces femmes 
        ne parlent qu'arabe, n'ayant pu bénéficier de l'école 
        dans leur enfance. Les hommes, de leur côté, sont à 
        peine plus évolués. Ils éprouvent les plus grandes 
        difficultés à trouver des occupations rentables et seulement 
        quelques-uns d'entre eux sont parvenus à l'aisance.
 -----------L'Ecole 
        française et les qualités inhérentes à la 
        race juive doivent permettre à la population israélite de 
        GHARDAIA de rattraper son retard. L'évolution est cependant à 
        peine commencée et c'est plutôt à l'extérieur 
        du M'ZAB que les Israélites cherchent aujourd'hui un avenir meilleur. 
        Plusieurs centaines d'entre eux ont quitté le M'ZAB pour la terre 
        promise, lorsque l'Etat d'Israël s'est constitué. Un certain 
        nombre déjà se livrent au commerce dans les centres du Sud 
        et des Hauts Plateaux où les conditions matérielles et morales 
        défavorables dues à la proximité des Mozabites disparaissent.
 -----------En 
        définitive, c'est sur l'action des Mozabites que repose l'évolution 
        du M'ZAB tout entier.
 -----------Riches 
        d'un passé de civilisation, forts de leur activité et de 
        leur nombre, ils sont à l'avant-garde du progrès matériel, 
        social et moral au M'ZAB. Dès avant l'occupation de leur pays, 
        ils purent, par le commerce, prendre con-tact avec l'Européen dans 
        les grandes villes du Nord. Aujourd'hui, leur commerce extérieur 
        a pour clientèle autant l'Européen que le Musulman, et, 
        sous la pression des circonstances : évolution de l'ensemble de 
        la population algérienne amenant la concurrence des musulmans locaux, 
        augmentation constante du chiffre de la population européenne, 
        sens des affaires et évolution des Mozabites eux-mêmes, -le 
        contact avec l'Européen devient de plus en plus fréquent 
        et étroit. Par ailleurs, l'évolution matérielle s'accélère 
        à la mesure d'un enrichissement certain.( 
        note : des problèmes car une partie du texte est absent) 
        Depuis 1830, la fortune mozabite évaluée par tête 
        d'habitant a sans aucun doute fait plus de progrès que celle des 
        autres musulmans d'Algérie. -----------L'accroissement 
        démographique pour diverses raisons est extrêmement lent. 
        Le commerce jouissant désormais d'une parfaite sécurité, 
        les Mozabites ont pu, par ailleurs y donner toute leur mesure.
 -----------Aujourd'hui, 
        en outre, grâce à l'Ecole, mais peut-être plus encore 
        par le contact du comptoir, 50% des Mozabites du sexe masculin parlent 
        le français, des milliers le lisent et l'écrivent.
 -----------Mais 
        l'évolution est frénée, voir corrigée et guidée 
        par la survivance des coutumes , l'attachement aux institutions du passé 
        et surtout la situation de la femme qui, elle, est maintenue jalousement 
        à l'abri du contact civilisateur.
 -----------En 
        fait, ces Mozabites, ces durs travailleurs sont plus près des conceptions 
        d'une vie bourgeoise, laborieuse, probe et ordonnée que quantité 
        d'autres administrés. Et de ce fait permettrait de conclure qu'une 
        évolution ample et harmonieuse est possible et pourrait se réaliser.
 
 voir 
        partie 2
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