| Quelques MonumentsJénina (Dar-Sultan)
 La Jénina, palais des Deys, 
        s'étendait de la rue du Divan à la rue Jénina. Elle 
        comprenait plusieurs bâtiments : le Palais proprement dit (Dar-Sultan), 
        construit par Salah Raïs, de 1552 à 1556, que surmonta, en 
        1842, une horloge, placée dans la suite sur le minaret de la Mosquée-Neuve; 
        l'actuel archevêché; la mosquée Ech-Chouach (entrée 
        de la rue Bab-el-Oued; Dar-Ahmed, l'ancien harem du Dey Ahmed, assassiné 
        en 1808; les fours et les magasins de la Manutention, limités par 
        la rue Jénina. (Voir à : Autres Bâtiments Militaires).
 
 Le bâtiment Dar-Ahmed, s'ouvrant 
        rue Bruce, servit de résidence au Dey Ahmed qui régna 
        de 1805 à 1808. Ce bâtiment, sous Louis-Philippe, fut affecté 
        au Directeur de l'Intérieur, puis, en 1849, au Secrétaire 
        Général, qui antérieurement avait été 
        rue de la Charte et aussi rue de l'état-major. Y résida 
        plus tard le Sous-gouverneur et, à nouveau; le Secrétaire 
        Général. L'intérieur en fut richement décoré 
        à l'intention du Sous-gouverneur.
 
 Il est probable que Dar-Sultan ne fut au début, que la résidence 
        agrandie du roi berbère, Sélim ben Teumi, dans laquelle 
        celui-ci fut tué sur l'ordre du Turc Aroudj.
 
 Sous le palais passait une voûte, débouchant sur la place 
        du Gouvernement, voûte à laquelle aboutissaient les rues 
        du Divan, du Soudan et de l'Etat-Major. (Voir 
        à Rues).
 
 La plus ancienne description de la Jénina qu'on possède 
        est celle de Nicolas de Nicolaï, seigneur d'Amfreville, valet de 
        chambre et géographe ordinaire d'Henri II. Nicolaï se trouvait 
        de passage à Alger, en 1550, avec le sieur d'Aramont, ambassadeur 
        de France en Turquie (Berbrugger).
 
 Il nous apprend qu'à cette époque le point culminant d'Alger 
        était le quartier Katarougil.
 
 La Jénina comprenait tout d'abord une grande cour, puis une autre 
        moins grande au milieu de laquelle était un petit vivier carré 
        avec, autour, des sièges plaqués de faïences. Au midi 
        de cette cour, était une grande fontaine destinée au service 
        de la maison.
 
 A l'un des angles se dressait un grand escalier de bois qu'on retrouva 
        en 1830 et qui aboutissait à une longue galerie soutenue par des 
        colonnes, les unes de divers marbres, les autres de pierres blanches. 
        Au milieu du pavé tout émaillé de carreaux coloriés, 
        bouillonnait "par un grand artifice", une petite fontaine 
        de forme octogonale.
 
 Au bout de cette galerie et sur un bas siège de marqueterie, se 
        tenait le Pacha vêtu d'une robe de damas blanc.
 
 L'entrée se trouvait au début de la rue Bab-el-Oued, près 
        de la rue du Mezouar, devenue rue Mahon. En cet endroit se trouvait un 
        petit jardin (jénina) dont le nom fut d'abord donné seulement 
        au palais du Dey, puis plus tard, à l'ensemble des bâtiments 
        s'étendant de la rue du Divan à la rue Jénina.
 
 Ce fut dans ce palais, qu'en 1529 périt, sous le bâton, l'héroïque 
        défenseur du Peñon : Martin de Vargaz. (Voir : Prise 
        du Penon).
 
 C'était dans la deuxième cour que le Divan s'assemblait, 
        les dimanches, les lundis les mardis. La grande réunion eut lieu 
        plus tard (aprés 1817), à la Casbah, le samedi. Dans cette 
        cour étaient jugés les criminels, amenés, les esclaves 
        à vendre, reçus en audiences, les consuls. Ce lieu, théâtre 
        pendant des siècles, de nombreux événements historiques, 
        devint après 1830, magasin des Messageries de Blidah.
 
 Cette cour avait été, avant l'arrivée des Français, 
        recouverte d'une voûte afin que Divan fût mis à l'abri 
        de la pluie et du soleil.
 
 Dans la salle des réceptions se trouvait un trône en marbre 
        recouvert de tapis, sur quel était étendue une peau de lion 
        quand le Dey devait y monter.
 
 Une inscription placée jadis au-dessus de la porte du Corps de 
        garde de la Jénina faisait mention d'un mortier de marbre placé 
        là, où l'on pilait la tête de certainscondamnés 
        à mort.
 
 A cette description, nous ajouterons quelques détails publiés 
        en 1830 par M.Trapani, ancien attaché de chancellerie à 
        Alger.
 
 "Ce palais, dit celui-ci, présente une grande quantité 
        de fenêtres garnies de grilles de fer où des milliers de 
        pigeons déposent leurs nids. Ces animaux sont attirés là, 
        par l'habitude d'un repas journalier que le Dey leur fait servir. Vers 
        dix heures du matin, quelques esclaves chargés de sacs de blé, 
        viennent répandre leur grain sur la terrasse intérieure 
        qui donne sur la grande cour. En un clin il, blé et pigeons 
        disparaissent."
 
 "Devant la porte, se tient la garde des janissaires qui fait mettre 
        chapeau bas aux chrétiens et oblige les Juifs qui passent, à 
        se déchausser."
 
 "Ils fument continuellement des pipes sur la placette ouverte en 
        face du palais qu'orne une fontaine de marbre. Sur cette placette ont 
        lieu souvent des exécutions capitales."
 
 Nous compléterons ces divers renseignements en disant qu'un incendie 
        dévasta la jenina en 1845 et que l'édifice fut démoli 
        en 1856, malgré une éloquente protestation de Berbrugger.
 
 Pour leur sécurité, les deux derniers deys, Ali et Hussein, 
        habitèrent la Casbah. Leurs derniers prédécesseurs 
        avaient été : Baba Hassan (1791-1798); Mustapha Pacha (1798-1805); 
        Ahmed (1805-1808); Ali-er-R'assal (1808); Hadj Ali (1808-1815); Mohammed 
        (1815); Omar Agha (1815-1817).
 
 Le Dey Ali Khodja mourut de la peste. Hussein détint le pouvoir 
        de 1818 à 1830. Il mourut à Alexandrie en 1839.
 Palais d'Hiver Ce palais portait autrefois le nom de Dar-Hassan-Pacha 
        ( Edifié 
        en 1791.). Sa porte principale dont l'encadrement de pierre 
        subsiste encore, se trouvait dans la rue du Soudan ( En 
        1839, l'entrée fut placée en face de l'Archevêché.). 
        Ce devint la propriété d'Omar-Bey, beau-fils d'Hussein et 
        de la sur germaine de ce prince, "l'Illustre dame N'fiça 
        bent El-Hadj Hussein". L'un et l'autre se retirèrent à 
        Alexandrie après les événements de 1830. N'fiça 
        ( Nom orthographié aussi "N'fissa") 
        était mariée au Sid, Kaïd Ismaël. Le nom que portait 
        la maison était celui du Dey Hassan dont Hussein était le 
        gendre.
 Dar-Hassan-Pacha, ainsi que deux maisons 
        de la rue du Soudan attenantes an palais, furent, après la conquête, 
        prises par l'État qui, le 13 mai 1835, s'en constitua locataire 
        pour neuf années, moyennant une rente annuelle de 6.000 francs. 
        Une somme de 26.250 francs fut en outre offerte pour l'occupation antérieure. 
        Cependant, des Européens ayant cherché à devenir 
        acquéreurs de ces immeubles, l'État décida, la même 
        année, de faire reposer sa location sur un bail perpétuel.
 A ce moment, le prince Omar fut poursuivi pour dettes par un négociant 
        d'Alexandrie (1835). Le consul d'Angleterre, Saint-John, qui représentait 
        celui-ci et un autre créancier de Candi, réclamait la somme 
        de 24 mille francs. Le Génie refusa de verser les rentes réclamées 
        par Omar-Bey. Celui-ci, continuant à se signaler par ses prodigalités 
        et compromettant ainsi l'héritage de ses enfants, fut mis en interdit. 
        Cette mesure de rigueur ne prit fin qu'en 1843, époque à 
        laquelle elle fut remplacée par l'imposition "du conseil 
        d'un syndic".
 
 Le prince Omar qui, de bonne heure, était revenu à Alger, 
        demeura tout d'abord au n° 2 de la rue du Croissant, puis plus tard, 
        en 1842, au n° 229 de la rue Porte- Neuve. On le désignait 
        par l'appellation suivante : Hadj Omar El-Hanefi Pacha.
 
 Les trois maisons constituant actuellement le palais, devinrent : la première, 
        Résidence d'hiver du Gouverneur; les deux autres, hôtel de 
        l'Etat-Major et Hôtel des Aides de Camp. D'autres maisons de la 
        rue du Soudan furent des dépendances du palais; l'une d'elles, 
        qui portait le n°14, avait été donnée par Hassan 
        Pacha à une esclave blanche (euldja aba), nommée Gaussem. 
        Le n° 15 appartenait au Khodjet El-Kheil (4Ministre 
        des Haras.) ainsi que le n° 17 (5Une 
        intéressante fontaine de marbre et de beaux auvents sculptés 
        subsistent encore dans la rue du Soudan.).
 
 En 1839, une façade nouvelle fut donnée par le Génie 
        au monument qui, du côté de la place du Soudan, fut pourvu 
        de fenêtres ogivales et d'un portail à colonnes de marbre 
        jaspé. La porte d'entrée fut de noyer massif sculpté; 
        les ferrures, en bronze doré. 
        Par un escalier de marbre qui existe toujours, le Gouverneur avait accès 
        dans la Cathédrale où lui était réservée 
        une tribune.
 
 Furent les hôtes de ce palais : l'Empereur et l'Impératrice 
        en 1860, l'Empereur à nouveau en 1865, le Président Loubet 
        en 1903.
 
 Le magnifique salon à dentelles de plâtre, donnant sur la 
        place, fait partie de uvre nouvelle. Il fut procédé 
        à de nombreux embellissements dans la grande cour à colonnes 
        ciselées, et en diverses salles que parent d'admirables plafonds 
        de bois sculptéet colorié.
 
 Le 23 octobre 1845, le Palais d'Hiver fut remis aux Domaines qui eut à 
        sa charge la rente perpétuelle de 3.800 francs, représentant 
        le loyer de cet immeuble. Ce palais est demeuré la propriété 
        de l'État.
 
 En 1847, le 1er janvier, Alexandre Dumas, sur l'invitation du Maréchal 
        Gouverneur, assista à Dar-Hassan-Pacha, à l'investiture 
        du chef kabyle Mokrani.
 
 En 1864, en ce palais, le corps du Maréchal Pélissier, décédé 
        à 
        Mustapha supérieur, demeura exposé, du 24 mai 
        au 4 juin.
 
 En 1937, au mois d'avril, y eut lieu une exposition de remarquables souvenirs 
        du Maréchal Bugeaud, légués à la Colonie par 
        la famille du grand soldat.
 Résidence de 
        l'Amiral (Coptan-Raïs) La résidence du Coptan-Raïs date 
        de 1826. La voûte qui supporte l'édifice fut construite avec 
        des pierres romaines de Rusguniae (mentionné à : Le 
        Port). Les magasins attenantsà cette voûte furent 
        construits en 1814, sous Hadj Ali, ainsi que le relate une inscription 
        placée au-dessus de la porte d'entrée de la chapelle de 
        ce quartier, sous le règne d'Hussein. On en connaît les décorations 
        intérieures décrites précédemment. ; nous 
        ajouterons que sa cour à colonnes comprenait jadis quatre fontaines 
        à ablutions.
 L'agent diplomatique, Trapani, qui était en fonctions à 
        Alger en 1830, dit que le kiosque où l'on accordait audience aux 
        consuls, était entouré de caisses placées là, 
        en guise de sièges.
 
 Auprès de ce bâtiment, au-dessus de la fontaine Baba-Ali, 
        était la maison de Oukil-el-Hardj (ministre de la Marine).
 
 "Ce fonctionnaire, dit Trapani, se tient toujours ( sauf 
        le vendredi) devant sa porte, assis les jambes croisées."
 
 L'entrée ressemble à la fois à un magasin et à 
        une cuisine de café. Là, se tiennent les jeunes captifs 
        mignons. La pièce supérieure a l'apparence d'un grenier 
        arrangé avec des tapis et des coussins. Il s'y trouve quelques 
        pipes.
 
 "Le ministre dirige les travaux qui concernent son département. 
        Il se préoccupe de donner des ordres pour la distribution des articles 
        nécessaires aux constructions et aux armements et pour le maintien 
        de l'ordre parmi les malheureux esclaves que parfois un inspecteur turc 
        vient frapper de verges au point de les laisser évanouis."
 
 Les résidences du Coptan-Raïs et de l'Oukil-el-Hardj sont 
        aujourd'hui occupées par le Contre-Amiral chef de la Marine en 
        Algérie. Un nouveau décor fut donné à l'édifice 
        extérieurement et intérieurement, il y a quelque trente 
        ans. S'y remarquent : colonnes de marbre, plafonds de bois sculpté 
        et enluminé, plâtres ciselés, faïences anciennes. 
        Retient surtout les regards, la coupole brodée du grand salon, 
        où figurent, en arabe, les noms des amiraux : Duquesne, Tourville, 
        d'Estrées et Duperré.
 
 Autrefois, une mosquée sans minaret était attenante à 
        cette résidence. Une chapelle chrétienne fut là, 
        longtemps, s'ouvrant sous la voûte, qu'inaugura Mgr Pavy, le 8 août 
        1850.
 
 Au-dessous de l'ancien kiosque et à l'entrée de la précitée 
        voûte, une inscription fut placée sous Hussein, qu'a traduite 
        ainsi le professeur Colin :
 
 "Le Gouverneur Sultan d'Alger a fait cette construction. Hussein-Pacha, 
        mine de miséricorde, a donné ses soins à cet édifice. 
        Dieu désire sans cesse la Guerre Sainte, de ses intentions pures 
        comme la perle. Que la vérité rende son Étendard 
        toujours victorieux.
 
 "Il a donné à ce bâtiment des bases quadrangulaires 
        avec des arceaux reliés les uns aux autres.
 
 "Désirant qu'elle reste comme un monument, cet homme généreux 
        a établi cette construction dont les fenêtres sont opposées 
        à la mer, dont le dôme s'élève au faîte 
        du ciel. C'est la demeure des amiraux champions de la Guerre Sainte et 
        conquérants. Un modèle nouveau ayant été créé, 
        on édifia ce pavillon que la langue ne saurait décrire et 
        dont le plan est une uvre d'art au-dessus de toutes les louanges.
 
 "Énonce sa date : "Quelle belle chose Dieu a voulue! 
        La vérité a rendu parfait son achèvement." - 
        Année 1242 (1826-1827).
 
 Après l'amiral Duperré, le service de la Marine eut à 
        sa tête, à Alger, d'abord 3 capitaines de vaisseau, puis 
        jusqu'à ce jour, 58 contre ou vice-amiraux.
 
 Capitaines de vaisseau : Cosmao-Dumanoir (1831); Gallois (1832); Le Blanc 
        (1834);
 
 Contre-amiraux : Botherel de la Bretonnière (1834; Manouvrier-Dufrêne 
        (1835); baron de Bougainville (1838); Lainé (1841); Rigodit (1841); 
        Faure (1842); Rigodit (1843); Dubourdieu (1848); Delassau (1849); Graeb 
        (1850); Lemarié (1851); Laroque de Chanfray (1853); comte de Gourdon 
        (1854); vicomte de Chabannes (1855); Fourichon (1857); du Bouzet (1859); 
        Baudin (1860); d'Abville (1862); Lacapelle (1864); Fabre la Maurelle (1867); 
        Le Normant de Kergrist (1872); Le Couriault du Quilio (1875); Dupin de 
        Saint-André (1877); Vicari (1879); Franquet (1881); Ribell (1882); 
        Carof (1885); Baux (1886); Marcq de Blond de Saint-Hilaire (1888); Augey 
        Dufresse (1890); Vivielle (1891); Pougin de la Maisonneuve (1893); Fournier 
        (1895); Roustan (1896); Mac-Guckin de Slane (1896); Servan (1898); Courrejolles 
        (1901), nommé sur place vice-amiral; Gaillard (1902); de Percin(1903); 
        Rouvier (1906); Arago (1908); Mallet (1910); Cros (1911); Habert (1913); 
        Pradier (1914); Serre (1916); Eng (1919); Laugier (1920); vice-amiral 
        Varney (1922) (avec le contre-amiral d'Adhémar de Cransac); vice-amiral 
        Exelmans (1924) (avec le contretmiral Olmi); contre- amiral Grandclément 
        (1924) (sous l'autorité de Bizerte); contre- amiral Vindry (1925) 
        (promu sur place vice-amiral); contre-amiral Olmi (1927); contre-amiral 
        Bouis (1928); contre-amiral Darlan (1930); contre-amiral Peytes de Montcabrier 
        (1931); Mottet (1935).
 
 L'Hôtel de la Marine s'illustra de nombreuses visites de marque. 
        A ce propos s'indiquent le roi Édouard VII et la reine Alexandra, 
        qui, le 16 avril 1905, reçurent à l'Amirauté les 
        hommages de la colonie anglaise d'Alger. Pour 1903 est à mentionner 
        le Président Loubet.
 Hôtel de 
        l'Intendance (Dar-Souf)(devenu hôtel de la division) Ainsi qu'il a été dit précédemment, 
        Mustapha Pacha possédait dans la rue de l'Etat-Major ( A 
        l'entrée de la rue de l'Intendance se trouvait une porte de quartier. 
        La fontaine située au-dessus du palais était appelée 
        la fontaine Rouge (Kin-el-Hamra), comme celle de la rue Philippe.), 
        le palais devenu après la conquête, Hôtel de l'Intendance 
        qu'habita en 1831, l'Intendant en Chef, baron Bondurand.
 Le Dey, en 1798, avait fait élever ce palais sur l'emplacement 
        de maisons anciennes dont il ordonna la démolition dès qu'il 
        les eut acquises. Parmi ces maisons il y avait, lui tournant de la rue 
        de l'état-major, le marabout dénommé : Dar Sidi ben 
        \bdallah. L'entrée de la maison du souverain - qui se trouve dans 
        la rue de 'Intendance - est remarquable par ses grandes proportions. L'intérieur 
        de l'édifice est l'une fort belle architecture.
 
 En 1805, cette maison fut confisquée ainsi que les autres biens 
        de Mustapha- Pacha par le Dey Ahmed qui la fit déclarer : Bien 
        des Janissaires, "attendu qu'elle ,vait été 
        construite avec les deniers de l'armée". Elle fut utilisée 
        avant 1830, comme entrepôt des laines ( Laines 
        fournies obligatoirement au Beylick par les tribus), d'où 
        le nom de Dar-Souf par lequel on la désigna alors.
 
 Ce palais se signale au dehors, par un bel auvent de cèdre sculpté 
        décorant l'entrée. Dans l'intérieur, se remarquent 
        des panneaux de Delft, d'Italie, offrant d'harmonieux bouquets, de gracieuses 
        rosaces - des colonnes enguirlandées et environnées d'amours 
        - des salons à coupoles, à plafonds polychromes, à 
        parois brodées et émaillées - de belles portes ouvragées, 
        sous les deux galeries en superposition, dont s'entoure le patio.
 
 Dar-Souf fut occupé, eu 1859, par le général de Martimprey. 
        Ce devint, en 1871, le siège de la Cour d'Assises et du Parquet 
        Général (jusqu'en 1885).
 
 Les généraux de cavalerie l'habitèrent de 1885 à 
        1909. C'est, depuis, l'hôtel du général commandant 
        la Division.
 
 En face du palais, sous la voûte de la rue de l'état-major, 
        se trouva en 1871, l'ancien tribunal civil où était enclavé 
        le tombeau du saint Sahab Et-Trik. (Un autre saint, du même nom, 
        est inhumé rue de la Grue).
 
 En cet endroit demeura le Sid Ahmed, deuxième fils de Mustapha-Pacha. 
        Ce prince épousa, en 1823, la fille d'un marchand de cierges. Il 
        mourut en 1849. Dar-Souf fut classé, en avril 1887.
 
 A l'Hôtel de l'Intendance, on l'a vu plus haut, furent données 
        les premières soirées par le baron Bondurand et la baronne 
        née Félicie de Saivre. Près de Dar-Souf, et séparée 
        de ce palais par la rue de l'état-major, se trouve (en face de 
        la placette de ce nom), la maison qui servit avant la Conquête, 
        de résidence aux Pères Lazaristes. Là, furent, comme 
        nous l'avons indiqué à ce propos, le P. Levacher et le Chevalier 
        d'Arvieux.
 
 Après les intendants en chefs : baron Denniée et baron Volland, 
        l'administration de la colonie compta, comme intendant civil et militaire, 
        le dit baron Bondurand; comme intendants civils : le baron Pichon (janvier 
        1832); MM. Genty de Bussy (mai 1834); Lepasquier (1835); Bresson (1836).
 
 Furent ensuite comme Directeurs des Affaires Civiles: MM. Blondel et Faucher, 
        puis au titre de Directeurs de l'Intérieur : MM. le comte Guyot 
        (1839); Waïsse (1847).
 
 Comme Secrétaires généraux du Gouvernement, s'énoncent 
        : MM. de Caze (1830); Vallet-Chevigny (1835); Waïsse (1838); Soi 
        (1842) (1Ces quatre premiers toutefois, 
        plus spécialement désignés- Secrétaires du 
        Gouvernement.); Mercier-Lacombe (1848); Zoepfell (1853); Lapaine 
        (1854); Toustain-Dumanoir (1857); Olivier Serph (1863); Brosselard (1864); 
        le Maître des Requêtes H. Faré (1866); Testu (1869); 
        Lebutteux (1871); Martin (1880); Durieu (1882); Du Champ (1892); Muller 
        (1894); Berseville (1896); Delaney (1899); Varnier (1901); Perrier (1912), 
        nommé sous- gouverneur); Goublé (1919, non installé); 
        Bordes (1919); Dublef (1920), nommé Gouverneur honoraire); Causeret 
        (1926); Peyrouton (1930); Souchier (1933); Giaccobi (1936); Grégoire 
        (1937).
 
 A signaler que, dans l'intervalle 1871-1880, furent en qualité 
        de Directeurs généraux : MM. Tassin (1871-73); Toustain-Dumanoir 
        (1873-77); le Conseiller d'État, le Myre de Vilers (1877-79); Regnault 
        (1879-80).
 
 La mention faite ci-dessus de la Cour d'Assises, peut suggérer 
        la curiosité de savoir ce que fut et où fut la justice à 
        Alger autrefois. Quelques détails donc à ce sujet, que nous 
        avons d'ailleurs donnés déjà en novembre 1926, lors 
        de la visite du Comité du Vieil Alger en la résidence du 
        Premier Président, Roche :
 
 La justice en 1830 débuta modestement. Avec le Consul Alexandre 
        Deval, elle exerça au Civil et au Commercial. Avec M. Roland de 
        Bussy, elle détint la Police Correctionnelle. Quant aux affaires 
        criminelles, elle se bornait à les instruire, les renvoyant ensuite 
        à Aix ou à Marseille. A cette justice échappaient 
        nombre de questions relevant des Consuls, des Clergés musulman 
        et israélite et de l'Autorité Militaire de laquelle dépendaient 
        certaines catégories indigènes. En septembre 1834, il fut 
        procédé, à la Mairie, rue Socgemah, à l'installation 
        solennelle de tribunaux de première instance, de commerce et d'un 
        tribunal supérieur. Le député Laurence était 
        alors commissaire spécial de la justice en Algérie.
 
 En 1834, Alger eut sa Cour de justice, en l'actuel n° 2 de la rue 
        Bélisaire, puis, comme le confirme l'Almanach de 1839, 15, rue 
        Bruce, en la future résidence du secrétaire général. 
        Le Tribunal Correctionnel furent rue Jean Ban, n° 15, où l'on 
        installa également une Justice de Paix. En 1855, le Tribunal Civil 
        fut, rue d'Orléans. En 1841, la Cour d'Appel qui remplaça 
        la Cour de Justice, voisina, rue Bruce, avec la Mairie nouvelle. Son Greffe 
        occupa, 
        rue Socgemah, une maison contiguë à celle du Procureur 
        Général. En 1871, comme il a été dit, le Parquet 
        vint à Dar-Souf, en même temps que la Cour d'Assises, créée 
        en 1854. Le Tribunal Correctionnel fut après, rue de l'Etat Major, 
        sous la voûte, en une maison devenue rendez-vous des touristes. 
        En 1885, fut inauguré le Palais 
        de Justice, rue 
        de Constantine, uvre de l'architecte Gion, de Paris. 
        Antérieurement, en 1865, l'architecte Chassériau avait conçu 
        pour la Place de la Lyre, un Palais de Justice dont l'Empereur, alors 
        à Alger, approuva les plans. Le projet devait demeurer sans suite.
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