| HISTOIRE de la VILLE 
        ANTIQUE LES ORIGINES.
 ----------Hippone est assurément la 
        ville de l'Afrique du Nord qui peut revendiquer la plus lointaine origine. 
        On s'accorde généralement pour faire remonter au XII' siècle 
        avant notre ère sa fondation par les Phéniciens quand même 
        on n'en attribue pas le mérite aux Egéo-Crétois, 
        ces " peuples de la mer " qui, dès le 3' millénaire, 
        entretinrent incontestablement des relations avec les Libyens autochtones. 
        L'importance des vestiges préhistoriques subsistant dans la région 
        suffirait d'ailleurs à attester la densité remarquable d'un 
        peuplement primitif que viendra confirmer par la suite le nombre inusité 
        des inscriptions libiques retrouvées autour d'Hippone.
 ----------Il ne pouvait guère en être 
        autrement, si l'on tient compte des avantages qu'offrait, au long d'un 
        littoral assez pauvre en refuges naturels - " mare importuosum 
        ", disait Salluste - la courbe harmonieuse d'un golfe largement ouvert 
        entre le Cap de Garde et le Cap 
        Rose, mais si bien protégé des vents d'Ouest et du 
        Nord-ouest qu'il passe encore pour l'un des mouillages les plus sûrs 
        d'Algérie, si l'on tient compte en outre des ressources qu'on pouvait 
        déjà tirer d'une plaine étonnamment fertile, bien 
        irriguée par des cours d'eau que l'été ne parvient 
        pas à tarir et d'un arrière-pays de collines mesurées 
        et' de forêts profondes abritant une faune infiniment variée, 
        recelant en outre des richesses minérales considérables. 
        De tout temps, cette région privilégiée " la 
        plus verte, la plus fleurie, la plus pastorale de l'Algérie 
        ", a pu écrire Loti, a fait l'admiration de tous ceux qui 
        l'on visitée et les vieux écrivains arabes eux-mêmes, 
        qui ne l'ont connue qu'après les pires dévastations, ElBekri. 
        Ibn-Haucal, Léon l'Africain, ont été unanimes à 
        en exalter les mérites.
 ----------On ne peut s'étonner que, 
        dans ces conditions, les premiers navigateurs assez hardis pour s'aventurer 
        loin de leurs bases, aient trouvé matière à y commercer 
        fructueusement avec les indigènes et à y établir 
        un premier comptoir maritime, bien avant la fondation de Carthage et peut-être 
        même, avant les temps historiques, à l'époque lointaine 
        où les deux collines qui encadraient Hippone étaient encore 
        insulaires. La Boudjimah, qui contourne la plus haute de ces collines, 
        offrait alors un estuaire qui s'enfonçait profondément dans 
        les terres et dont l'embouchure " gâtée 
        ensuite par la grande quantité de lest que les vaisseaux y ont 
        jeté ", écrivait le D' Shaw au XVIII' siècle, 
        n'en a pas moins constitué le port initial de Bône, comme 
        il avait dû former celui d'Hippone.
 ----------En dépit des flots d'encre 
        qu'il a fait couler, le nom même de la ville perpétué 
        jusqu'à nous dans le nom moderne de BONE, et dont l'explication 
        hellénique n'est qu'un absurde calembour, n'apporte étymologiquement, 
        aucune indication certaine sur la véritable origine. Ses interprétations 
        ont été innombrables mais la plus simple paraît bien 
        être encore celle que nous apporte le mot phénicien Ubbôn, 
        qui signifie Golfe, Abri. C'est également celle qui paraît 
        donner une signification rationnelle à Hippo Diarrytos, l'actuelle 
        Bizerte, son homonyme et peut-être sa contemporaine.
 
 HIPPONE A L'ÉPOQUE PUNIQUE.
  ----------En dépit 
        de quelques vestiges énigmatiques, l'obscurité la plus complète 
        règne encore sur les premiers siècles d'existence de la 
        cité. Pour la situer historiquement, il faut attendre l'époque 
        où, sans eu subir entièrement l'hégémonie, 
        elle allie plus ou moins sa fortune à celle de la Carthage punique. 
        Elle paraît bien avoir été la ville dont Eumachus, 
        un général d'Agathocle, le Syracusain, s'empara à 
        la fin du IVè siècle avant notre ère. On a prétendu 
        d'autre part que Gaïa, roi des Massyles, le père de Aasinissa, 
        qui, dès la première guerre punique, s'était dressé 
        contre Carthage, en avait fait sa capitale, et que ce serait dès 
        cette époque qu'elle aurait reçu cette épithète 
        prestigieuse de Royale - Hippo Régius - sous laquelle elle allait 
        être désignée par la suite, mais nous n'en avons aucun 
        témoignage décisif.----------Tout au plus savons-nous que placée 
        tour à tour entre les mains de l'alliée de Carthage, Syphax, 
        roi des Masaesyles, puis entre celles de l'allié des Romains. Masinissa, 
        époux successifs de la belle et malheureuse Sophonisbe, elle eut 
        à subir le contrecoup des guerres puniques, avec, en 20ç 
        avant notre ère, le pillage en règle que lui infligea par 
        surprise le Romain Gaius Laelius, qui en remporta force butin avant que 
        Masinissa ait pu s'y opposer.
 ----------La défaite et la destruction 
        définitive de Carthage, en 146 avant notre ère, ne (levait 
        pas abolir pour autant l'influence punique que des siècles de relations 
        commerciales avaient malgré tout implantée à Hippone 
        ; la riche cité d'Annibal, en dépit (le son mercantilisme, 
        était en outre détentrice d'une culture dont les rois de 
        Numidie. Hiempsal en particulier, n'avaient pas manqué de subir 
        le prestige et qu'ils maintinrent ensuite dans leur royaume.
 
 LE ROYAUME BERBÈRE INDÉPENDANT.
 ----------Pendant 
        tout un siècle, après la chute de Carthage, Hippone va demeurer 
        sous le sceptre des rois (le Numidie, à la différence d'Hippo 
        Diarrytos, englobée tout aussitôt dans la nouvelle province 
        romaine. Si l'on accorde quelque créance au témoignage de 
        Silius Italicus, elle devait même être alors une des résidences 
        préférées de ces vieux souverains berbères, 
        dont les monnaies, timbrées (lu cheval galopant, se retrouvent 
        encore assez fréquemment dans son sol.
 ----------La lutte impitoyable engagée 
        par Rome contre Jugurtha, coupable du meurtre de ses neveux, les deux 
        fils du roi Micipsa, qui se termina en 104 avant notre ère, par 
        sa défaite et sa capture, ne semblent même pas l'avoir atteinte 
        non plus qu'avoir diminué son essor. D'ores et déjà, 
        elle était appelée logiquement à prospérer, 
        dans le cadre (lu royaume autochtone indépendant, si les possesseurs 
        de ce royaume, impuissants à conserver une prudente neutralité, 
        ne s'étaient laisséentraîner dans les funestes guerres 
        civiles qui sonnèrent le glas (le la République romaine. 
        César, vainqueur (le Pompée à Thapsus, en 46 avant 
        notre ère, mit la main sur le royaume de Juba tel, qui s'était 
        déclaré en faveur de son adversaire. Tuba 1er ne voulut 
        pas survivre à sa défaite. à l'exemple du Chef du 
        parti pompéien, i Impérator bletellus Scipio, qui, face 
        à ses assaillants, se poignarda et se précipita volontairement 
        dans les flots, en pleine rade d'Hippone.. L'annexion pure et simple qui 
        s'en suivit, la transformation (lu royaume humide en une province nouvelle, 
        -l'Africa Nova, avec Salluste comme premier Gouverneur, allait 
        faire désormais d'Hippone une ville romaine.
 
 HIPPONE ROMAINE.
 ----------Mais Hippone était une ville 
        qui avait déjà un long passé, une population homogène 
        et policée, une physionomie originale. Par là même 
        elle se distinguera toujours des cités à la naissance desquelles 
        ont présidé rituellement les augures romains, ou des colonies 
        militaires, telles que Timgad. Lambèse, Djemila, fondées 
        ensuite par les Empereurs pour (les besoins stratégiques. Elle 
        n'avait pas été non plus livrée, comme Cirta, à 
        la soldatesque de Sittius. Jamais elle ne sera peuplée de vétérans 
        ; elle ne recevra même pas de garnison, tout au plus des forces 
        (le police, puisqu'elle fait partie de la Proconsulaire, riche province 
        entièrement pacifiée, gouvernée par le Proconsul 
        qu'y délègue le Sénat, et dont un des trois légats 
        réside dans ses murs. Les cadres seuls (le la haute administration 
        sont, comme lui, venus de Rome : c'est sur place, parmi les gens du pays, 
        que sont recrutés leurs collaborateurs. La romanisation de ces 
        autochtones se fera d'enthousiasme sans aucune espèce de contrainte, 
        comme, peu à peu, celle de tous les habitants du nouveau " 
        municipe " ; par une simple fiction juridique, mais qui ne 
        leur en permettra pas moins de se proclamer fièrement " cives 
        romani ", et de jouir de tous les privilèges des Romains 
        authentiques, leur ville ne tardera d'ailleurs pas, dès les Antonins, 
        à être promue à la dignité de " colonie 
        ". C'est un honneur auquel aspiraient dès lors tous les Africains.
 ----------Un tel loyalisme, qui n'altère 
        en rien le caractère intime de la race, se conçoit aisément 
        quand on constate à quel point la " paix romaine ", 
        ses méthodes, son labeur raisonné ont aidé à 
        la mise en valeur complète (le la région et lui ont assuré, 
        dans le calme et la sécurité, un magnifique essor économique. 
        Or, Hippone en était le débouché naturel ; le procurateur 
        impérial administrant les circonscriptions d'Hippone et de Theveste 
        y résidait ; elle participait au ravitaillement de la Ville Eternelle, 
        avec ses greniers publics, les " horrea sacra ", et elle 
        n'exportait pas seulement des céréales, mais de l'huile, 
        du vin, (les raisins, des fruits de toute espèce, des bois précieux, 
        des marbres, de l'ivoire, des bufs, des moutons, des bêtes 
        fauves pour les jeux du cirque ; elle était un des centres d'élevage 
        de ces merveilleux chevaux numides, les purs-sang de l'époque, 
        qui allaient triompher sur tous les hippodromes. Toute la campagne environnante 
        était couverte de propriétés agricoles dont l'importance, 
        le nombre, l'opulence devaient dépasser celles des domaines qui 
        font actuellement l'orgueil de la plaine de Bône.
 ----------Et si la commune, dont tous les 
        habitants étaient inscrits dans la tribu Quirina, s'étendait 
        à 32 km. à l'Ouest et à plus de 5o km. à l'Est, 
        la ville elle-même, couvrant plus de 6o ha., sans compter les faubourgs, 
        desservie par huit grands-routes qui la reliaient à Carthage, à 
        Cirta, à Thagaste, à Rusicade, s'embellissait en proportion 
        et se couvrait de monuments somptueux, dès le 1er siècle. 
        On verra plus loin les vestiges importants qu'on commence à y retrouver. 
        Elle n'abritait pas seulement dans ses murs un conseil des décurions, 
        des édiles, des duumvirs, un pontife, des flammes perpétuels 
        ; on y comptait également une élite intellectuelle, une 
        élite artistique, dont le goût raffiné a laissé 
        maintes traces ; on y trouvait des philosophes, dont l'un s'appelait Fronton, 
        comme le précepteur de Marc-Aurèle.
 
 L'HIPPONE CHRÉTIENNE.
 ----------Mais c'est le christianisme qui 
        devait, malgré tout, lui assurer la renommée universelle 
        à laquelle Hippone a dû de survivre à sa totale destruction 
        dans la mémoire des hommes. Elle semblait avoir atteint à 
        son apogée sous le règne des Sévère, les Empereurs 
        Africains et, de fait, en cette Afrique latine que la crise économique 
        et les troubles de la fin du III' siècle allaient précipiter 
        vers le déclin, sa décadence matérielle était 
        inéluctable.
 ----------Mais c'est en ces heures de plus 
        en plus tragiques, après les persécutions, après 
        le martyre de son premier évêque Saint Théogènes, 
        en 259, avec trente-cinq autres chrétiens, puis ceux de ses successeurs 
        à l'épiscopat, Léontius, en 303, Fidentius, 
        le premier des " Vingt Martyrs " en 304, après 
        le, exactions des donatistes et des " circoncellions ", 
        qu'allait s'allumer et resplendir la flamme inextinguible qui fit d'Hippone, 
        sous l'épiscopat de son génial enfant Saint Augustin, le 
        foyer de la chrétienté battue en brèche à 
        Rome même, le haut-lieu d'où partirent pendant quarante ans 
        les leçons définitives qui ont à jamais marqué 
        la pensée occidentale, le rempart suprême, enfin. de la civilisation 
        gréco-romaine contre la barbarie.
 
 L'HIPPONE VANDALE.
 ----------En effet ce sont les murs d'Hippone 
        qui seuls continrent pendant quatorze mois les hordes envahisseuses des 
        Vandales venus d'Espagne et débarqués en Oranie en 429. 
        Si Saint Augustin mourut pendant le siège, le 28 avril 430, la 
        ville ne fut en définitive occupée, sans avoir été 
        prise d'assaut, que par une sorte d'armistice. Cet armistice ne la préserva 
        évidemment pas des déprédations et des pillages inévitables, 
        mais il ne lui en permit pas moins de jouer à nouveau le rôle 
        de capitale et d'abriter la cour de Gensérie jusqu'en 439, époque 
        où le roi vandale s'empara traîtreusement de Carthage. C'est 
        à Hippone que Gensérie avait conclu, en 435, le traité 
        de paix qui le faisait, du moins théoriquement. le vassal de l'Empire, 
        et c'est sans doute à Hippone, cité de luxe et de plaisir, 
        que les Barbares commencèrent à perdre leur rudesse et leur 
        valeur combative, en y menant, aux Thermes, au Théâtre, au 
        Cirque, et clans les somptueuses villas, l'existence efféminée 
        que nous a dépeinte Procope.
 ----------On sait combien ces nouvelles " 
        délices de Capoue " furent fatales aux envahisseurs, combien 
        ils turent impuissants, en dépit de quelques sursauts, et malgré 
        leurs répressions incohérentes, leurs persécutions 
        maladroites, ou peut-être à cause d'elles, à endiguer 
        les révoltes des populations africaines. Ils n'ont pas seulement 
        contribué à délatiniser et déchristianiser 
        une population encore superficiellement assimilée et dont la civilisation 
        romaine n'avait pas eu le temps d'atténuer le particularisme foncier. 
        Ils sont responsables du réveil de l'anarchie berbère, dont 
        les excès achevèrent de désoler un pays auquel tous 
        les efforts des Byzantins ne devaient plus parvenir à rendre l'ancienne 
        prospérité.
 
 L'HIPPONE BYZANTINE.
 ----------Il 
        n'en reste pas moins que le débarquement en Afrique de l'armée 
        byzantine de Bélisaire en 430, sa victoire foudroyante à 
        Tricamarum, puis la reddition du dernier roi vandale, Gelimer, qui avait 
        vainement tenté de faire passer d'Hippone en Espagne le navire 
        où, dès les premiers revers, il avait amassé le fruit 
        de ses rapines, délivra le pays d'une emprise germanique dont l'effondrement 
        immédiat et la totale disparition ont prouvé la précarité. 
        Mais il était trop tard pour replacer l'Afrique latine clans le 
        cours normal de son destin.
 ----------Hippone a bien pu connaître, 
        pendant deux siècles encore, une apparence de prospérité 
        ; elle a pu faire encore, jusqu'à la fin du VIIe siècle, 
        figure de place forte, avec ses remparts respectés, la citadelle 
        avancée de Fossola, qui complétait à l'Est son système 
        défensif, et la forteresse qui devait alors couronner la plus haute 
        de ses collines. Elle a pu servir de refuge aux Berbères, après 
        la prise de Carthage par Hassan en 698, avoir même conservé, 
        après les grandes invasions arabes, un semblant d'existence, à 
        côté de Bône-la-Neuve, au XIe siècle, ainsi 
        que l'affirme El-Bekri. Mais il ne subsistait plus rien en elle de ce 
        qui fait l'âme d'une cité. " Victime 
        des coups du sort... ", a pu écrire Abou-Mohammed 
        El Abderi, ses plaines qui s'épanouissent 
        au soleil dans une heureuse fertilité ont été repliées 
        par la main impitoyable des catastrophes... On se sent le cur serré 
        en contemplant l'aspect lugubre que le destin 'a répandu sur la 
        ville ". Et le déplacement du lit de la Seybouse, 
        en inondant ses ruines et en contraignant ses derniers occupants de fortune 
        à l'évacuer entièrement, ne fit qu'ensevelir un cadavre, 
        en qui le dernier souffle de l'Esprit antique avait depuis longtemps expiré.
 II. - Les RUINES  ----------Les ruines d'Hippone 
        avaient connu jusqu'à nos jours une double infortune. On avait 
        été Jusqu'à nier qu'il pût en subsister le 
        moindre vestige, sur la foi de Possidius, qui affirmait la mise à 
        feu, sinon à sang, de la ville par les Vandales, sur la foi .de 
        Léon l'Africain qui prétendait qu'Othman, troisième 
        Khalife après Mahomet, l'avait complètement rasée 
        vers 650 pour bâtir la ville nouvelle de Bône avec ses débris. 
        Aussi la Commission chargée en 1837 d'explorer les sites historiques 
        de l'Afrique du Nord, ne retrouvant plus, à l'emplacement d'Hippone, 
        qu'une sylve sauvage et totalement déserte, ne vit-elle aucun inconvénient 
        à en laisser aliéner les terrains au profit de petites propriétés 
        maraîchères, sur lesquelles l'extension industrielle de la 
        ville de Bône ne tarda pas ' à exercer une main-mise encore 
        plus redoutable, puisqu'elle risquait d'anéantir, et. en tous cas, 
        de soustraire définitivement à toute possibilité 
        d'investigations ultérieures un sous-sol aussi précieux 
        qu'un reliquaire et dont, seuls, quelques hasards, puis de timides sondages, 
        entravés et limités par de multiples servitudes, mirent 
        en évidence la richesse archéologique. Le programme d'expropriation 
        puis d'achats successifs de terrains, entamé dès 1925 et 
        poursuivi opiniâtrement par la Direction (les Antiquités 
        (le l'Algérie, vient seulement d'aboutir à sa complète 
        réalisation, et si 25 ha. acquis par l'État sont désormais 
        sauvegardés et vont pouvoir faire l'objet de fouilles méthodiques. 
        celles-ci sont à peine ébauchées encore et la plus 
        grande partie de la cité antique reste à peu près 
        entièrement à découvrir. Emplacement de la Ville Antique.----------Des deux rivières dont les 
        embouchures encadrent les ruines, l'une, la Seybouse (l'Ubus flumen 
        de la table de Peutinger) se jetait autrefois à la mer à 
        plusde 8 km. à l'Est : quant à la Boudjimah, encore 
        enjambée par un pont romain en dos d'âne long de 98 m, elle 
        débouchait ainsi qu'il a été dit, dans ce qui est 
        actuellement la petite darse du port moderne de Bône, après 
        avoir constitué vraisemblablement l'entrée même de 
        l'ancien port.
 La Colline dite de Saint-Augustin.----------Haute de 55 m. surplombant cette 
        rivière qui la contournait à l'Ouest, elle dominait la ville. 
        Le nombre considérable de stèles saturnines qui ont été 
        retrouvées sur ses pentes, certains tombeaux puniques, creusés 
        dans le roc, quantité de tombes moins anciennes permettent de supposer 
        qu'elle était initialement couronnée par un temple dédié 
        à Baal-Saturne et qu'elle dût demeurer de tout temps un haut 
        lieu religieusement consacré, où la construction de la basilique 
        actuelle, tout en détruisant malheureusement les massives fondations 
        byzantines qui s'y voyaient encore. n'en a somme toute pas trahi la séculaire 
        affectation.
 ----------C'est à mi-hauteur, au flanc 
        N.-E. de cette colline, qu'un aqueduc. dont on retrouve plusieurs arcades, 
        amenait les eaux de l'Edough, la montagne voisine, dans les vastes citernes 
        d'Hadrien, restaurées en 1893, d'une contenance de 12.000 m3. et 
        qui furent pendant bien longtemps les seuls vestiges apparents de l'ancienne 
        ville.
 |  | -Le 
        Théâtre.----------Au pied du versant oriental du 
        même mamelon, on a découvert récemment un Théâtre 
        du ter siècle, dont le style hellénistique rappelle celui 
        du Théâtre de Dionysos à Athènes. Un chemin 
        rural, dont le déclassement est envisagé, recouvre encore 
        malheureusement une partie de la scène, mais la courbe parfaite 
        de l'hémicycle creusé à flanc de colline, le galbe 
        inusuel des cinq premières rangées (le gradins, évidés 
        à la base, qui subsistent avec les six escaliers qui les desservaient, 
        l'ampleur de l'orchestra et l'ingénieux agencement du proscenium, 
        avec son alternance de bas-reliefs saillants et rentrants, à élégante 
        ornementation géométrique, ainsi que sa décoration 
        centrale, dont restent une Ménade en proie au délire bachique 
        et un Apollon porte-lyre, composent un ensemble infiniment harmonieux 
        auquel une abside latérale dallée (le marbre et ornée 
        de bases de statues vient encore apporter de l'ampleur.
 Le Forum.----------Un peu plus à l'Est, de 
        l'autre côté du même chemin rural, la mise au jour 
        du Forum d'Hippone est presque entièrement achevée. On peut 
        d'ores et déjà le considérer comme le plus vaste 
        et le plus ancien de l'Afrique du Nord, avec ses 76 m. de longueur, ses 
        43 m. de largeur, la monumentale inscription dédicatoire qui traverse 
        l'aréa et qui porte le nom de C. PACCIUS AFRICANUS, Patron du Municipe 
        et Proconsul, ignoré jusqu'ici en cette qualité, mais dont 
        nous savons par Tacite qu'il était Sénateur au temps de 
        Néron, et, enfin, par une inscription toute récente de Leptis 
        Magna, qu'il était Proconsul d'Afrique en 78, sous Vespasien. L'ancienneté 
        de ce Forum s'est d'ailleurs encore trouvée confirmée par 
        la découverte d'une base de statue dédiée à 
        l'Empereur Claude et datant du second semestre 42, d'une tête (le 
        marbre de Vespasien dont aucune autre effigie de l'Empereur n'égale 
        l'étonnante facture et le puissant réalisme, et, plus encore, 
        de celle d'un trophée (le bronze, haut de 2 m. 50, retenu comme 
        une pièce unique, qui paraît avoir commémoré 
        la victoire de César sur Juba 1er. l'allié (lu parti pompéien, 
        et l'annexion par Rome de la Numidie.
 ----------Si le dégagement des abords 
        de l'aréa n'a encore permis de découvrir aucun des monuments 
        traditionnels qui (levaient l'encadrer, nous n'en avons pas moins déjà 
        mis au jour une importante partie de la colonnade (lu péristyle, 
        avec les temples qui ouvraient sur le long côté Est, (les 
        fragments de statues monumentales, des bases (le statues dédiées 
        à Septime-Sévère, à Gordien, à Hadrien, 
        à un nouveau Proconsul d'Afrique également ignoré 
        jusqu'ici, M. AURELIUS CONSIUS QUARTUS. dont nous apprenons qu'il avait 
        été auparavant " corrector Flamini e et Piceni 
        ", corrector Venetie et Istriæ", " consularis 
        Belgicæ primæ ", puis vicaire des Espagnes, d'autres 
        bases de statues, enfin, dédiées à (le riches citoyens 
        d'Hippone, au premier rang desquelles figurent un fils de Sénateur 
        et un certain CELER qui était peut-être le fils d'un Proconsul 
        d'Afrique du même nom. et dont l'uvre et la famille reçoivent, 
        en hexamètre, formant acrostiche, des louanges hyperboliques.
 ----------Sur trois au moins des côtés 
        du Forum, on retrouve les larges voies, robustement dallées et 
        dotées d'un égout médian encore intact, qui les desservait 
        ; le quatrième côté reste à dégager. 
        Le grand Cardo, le grand Decumanus, bordés l'un et l'autre d'arcades, 
        se rencontraient à l'entrée Est du péristyle et formaient, 
        après l'angle Nord, une sorte de carrefour qu'ornait une fontaine 
        monumentale en hémicycle. Au centre de l'aréa du Forum, 
        on peut voir (le massifs piédestaux et la base d'un petit monument 
        à colonnes auquel on accédait par des degrés.
 ----------En suivant le grand Decumanus, 
        qui semble se diriger vers la colline du Gharf-el-Artran, on retrouve 
        l'amorce à angles droits des rues secondaires, parallèles 
        au grand Cardo, qui, à intervalles réguliers, aboutissaient 
        au Decumanus en venant (lu Sud. Sur cette dernière voie, maintenant 
        dégagée ,sur une centaine (le mètres, a été 
        découvert un fort beau masque (le Gorgone en marbre, haut de un 
        mètre, dont la bouche largement ouverte donnait passage aux eaux 
        d'une fontaine publique.
 Quartier de l'Emporium.----------Rien ne s'oppose à ce que 
        soit poursuivi désormais, dans la limite des crédits accordés 
        à notre chantier, le dégagement de cette artère essentielle, 
        dont il est probable que c'est un autre tronçon qui, à 200 
        m. environ plus à l'Est, a été découvert en 
        flanc de la seconde colline, celle du Gharfel-Artran, qui, haute de 34 
        m.. dominait le quartier du front de mer.
 ----------Après avoir contourné 
        un ensemble d'édifices chrétiens, dont nous parlerons plus 
        loin, cette voie s'infléchit vers le Nord dans la direction des 
        Grands Thermes parallèlement à une muraille massive descendant 
        jusqu'à plus de 6 m. de profondeur, au niveau (lu sable marin, 
        et à laquelle son apparence cyclopéenne a fait longtemps 
        assigner la plus vertigineuse antiquité. En fait, elle vient se 
        raccorder à un autre construction de grand appareil, moins archaïque 
        d'aspect, et décorée d'un triple phallus, qui, en dessous 
        des villas romaine; auxquelles elle a servi postérieurement d'assise, 
        aboutit à un ensemble monumental, en énormes pierres de 
        taille à bossage, habilement imbriquées. sans le moindre 
        mortier, et dont le compartimentage rectangulaire intérieur, la 
        descente en plan incliné qui le flanque à l'Est, l'adossement 
        aux flancs rocheux (le la colline nous révèlent sans doute 
        les imposants soubassements des entrepôts primitifs. Les coussinets 
        trapéziques à ornements lotiformes retrouvés à 
        la base paraissent d'ailleurs bien être (le style punique.
 Les villas.----------Les entrepôts, première 
        fondation des " horrea sacra " (le l'époque impériale, 
        avaient évidemment été édifiés aux 
        abords immédiats de l'ancien littoral, que les oscillations (lu 
        niveau de la Méditerranée ont dît quelque peu modifier 
        au cours des siècles. Par la suite, à des niveaux plus élevés, 
        de somptueuses villas ont envahi tout ce secteur, au point (le se superposer 
        jusqu'à marquer six époque. allant du 1er au V" siècle. 
        En dépit de leur enchevêtrement et (les remaniements dont 
        elles ont été l'objet, le plan de ces villas, construites 
        évidemment dans un quartier particulièrement recherché, 
        apparaît encore assez distinctement.
 ----------Les mosaïques qui les ornaient 
        comptent parmi les plus belles qu'on ait retrouvées en Afrique 
        du Nord, tant en raison (le la richesse exceptionnelle (le leur polychromie, 
        où toutes les gammes de vert, notamment, sont représentées, 
        qu'en raison de leur exécution.
 ----------Au premier rang des mosaïques 
        simplement ornementales. il convient de citer celle que timbre l'inscription 
        " Isgunte nica " et, parmi les mosaïques à 
        personnages, celle de " La pêche dans le port d'Hippone 
        " et celle de l'Amphitrite encadrée d'une frise de dauphins 
        et coquillages, avec, à chaque angle, une saisissante tête 
        d'Océanus. Toutes trois appartenaient à une villa du II" 
        siècle qui, plus tard. a été recouverte par une nouvelle 
        villa, dont le tablinum s'ornait de la fameuse mosaïque de la Chasse 
        et le triclinium (le la mosaïque aux médaillons consacrés 
        à tout ce qui, perdreau, canard, pageot. homard, écrevisses, 
        asperges, pièces montées, pouvait combler la table des gourmets 
        de l'époque. ----------A une villa 
        du III"" siècle appartenait la mosaïque d'Apollon-Melkhart. 
        avec sa danseuse. sa musicienne. ses masques tragiques et comiques, et 
        enfin à une villa d'un siècle postérieur, la splendide 
        mosaïque dite " le Triomphe d'Amphitrite " ou " 
        les Néreides ".
 
 Les Edifices chrétiens.
 ----------Il est à remarquer qu'aucune 
        rue ne paraît avoir desservi ces riches habitations dont les façades 
        avaient vue sur la mer. La voie dont il a été parlé 
        plus haut passe à une trentaine de mètres à l'Ouest, 
        à un niveau un peu supérieur, avec un court embranchement 
        aboutissant à une construction adossée à la colline, 
        peut être une nouvelle fontaine ornementale. Les édifices 
        que l'artère principale longe ensuite et qui font l'objet des fouilles 
        actuellement en cours occupent, à gauche de celle-ci. un espace 
        déjà considérable.
 ----------Or ce sont, en dehors de quelques 
        épitaphes et quelques fragments d'arceaux trouvés aux usines 
        Borgeaud, au Sud du Gharf-el-Artran, les seuls vestiges indubitablement 
        chrétiens découverts jusqu'à présent à 
        Hippone, et cela ne peut manquer de surprendre quand on songe à 
        l'importance qu'eut la ville épiscopale de Saint-Augustin, aux 
        cinq basiliques ou chapelles qu'elle comptait alors, sans compter la Basilique 
        donatiste, aux monastères d'hommes et de femmes qu'y fonda le grand 
        Docteur, aux importants conciles qui y furent tenus, dont celui d'octobre 
        393 qui put réunir jusqu'à 320 évêques dans 
        la Basilique de la Paix. Tout en ce domaine reste par conséquent 
        à découvrir.
 ----------En tous cas, s'il n'a pas encore 
        été possible d'identifier le sanctuaire en cours de dégagement, 
        nous pouvons du moins affirmer que nous nous trouvons en présence 
        d'un important édifice chrétien, étant donné 
        ses dimensions : nef longue de 42 m à triple travée, prolongée 
        par l'abside du presbytérium, profonde de 7 m et flanquée 
        de ses deux sacristies. Bâtiments annexes, sur le côté 
        droit, comprenant un baptistère. un consignatorium à abside, 
        de petits thermes, un atrium dallé de marbre et pourvu d'un lavacrum 
        à margelle de marbre archi-usée, encadré d'un quadruple 
        portique à pavement de mosaïques dont les toits étaient 
        soutenus par huit colonnes.
 ----------Tout le sol était pavé 
        de riches mosaïques d'époques différentes, plus ou 
        moins détériorées par les innombrables tombeaux de 
        basse époque qui, sans souci du moindre alignement, ont été 
        creusés au hasard des travées, tombeaux des misérables 
        et derniers fidèles qui ont dû tenir à être 
        inhumés "ad sanctos " ; on retrouve néanmoins 
        d'importants vestiges de curieuses mosaïques tombales antérieures, 
        timbrées de la croix monogrammatique, portant la formule rituelle 
        " ... fidelis requiescit in pace.Amen ", enrichies d'ingénieux 
        encadrements, où l'on retrouve toutes les formes (le la croix et 
        aussi les oiseaux symboliques : paons, canards, colombes, etc... Une des 
        mosaïques tombales nous donne même le nom d'une s Presbiterissa 
        ". nouveauté en matière d'épigraphie. Et l'on 
        est amené à se demander si. sous le règne (le Genseric, 
        dont on sait qu'à la prise de Carthage i1 transféra au culte 
        arien toutes les basiliques de cette ville, le même sort n'a pas 
        été réservé à notre sanctuaire. d'autant 
        qu'on y a trouvé en plus (le tombes grossières à 
        l'aspect nettement dolménique, la sépulture plus soignée 
        d'une Suève, Ermengon, épouse d'Ingomar. ayant pris la place 
        d'une sépulture à mosaïques antérieure. Mais 
        une dalle byzantine à croix monogrammatique. portant le nom d'une 
        " Margarita fidelis " découverte en dernier lieu près 
        de l'abside, suffit à attester le retour ultérieur au culte 
        catholique de cette église. Il faut en attendre la mise au jour 
        complète pour se faire une opinion définitive.
 ----------Il est probable qu'une partie de 
        ces constructions n'avait pas à l'origine une affectation religieuse 
        et que, villas païennes en premier lieu, elles ont été 
        l'objet d'un legs comme ceux dont Saint Augustin a fait fréquemment 
        mention. En effet, entre l'atrium à aspect claustral et la nef 
        du sanctuaire principal, se trouvent quelques salles mosaïquées 
        dont l'une a pour décor le sujet des neuf Muses, d'ailleurs beaucoup 
        plus richement traité que la mosaïque analogue, provenant 
        d'une villa de 'Physdrus, , qu'on peut voir au Musée du Bardo, 
        à Tunis. Nous retrouvons également ici, comme à Thysdrus, 
        une salle dont le pavement de mosaïque représente, mais avec 
        infiniment plus de fantaisie et d'élégance, le sujet classique 
        des "Amours et des Vendanges" pouvait à la rigueur 
        ne pas paraître déplacé dans un sanctuaire chrétien, 
        puisque ce thème continua à être exploité aux 
        premiers temps de l'Église, qui transforma, sans trop choquer, 
        ces jeunes Amours ailés. et insexues en Anges. Il y de nombreux 
        exemples en Italie de cette adaptation à l'art Chrétien 
        des motifs chers à l'art pompéien.
 
 Les Grands Thermes.
 ----------On 
        espère pouvoir relier avant peu ce secteur de fouilles et celui 
        qui, plus au nord, à l'extrême pointe des terrains acquis 
        par l'État, permet la mise au jour progressive des Grands Thermes 
        publics de la ville.
 ----------Nous savons par une inscription 
        monumentale que cet important établissement balnéaire fut 
        édifié aux frais (le la cité et dédié 
        à Septime-Sévère. sous le règne de Caracalla. 
        Sur l'imposant massif de briques et (le maçonnerie qui, à 
        plus de 8 m de hauteur, surplombe l'ensemble des ruines et dont la haute 
        paroi occidentale s'incurve pour donner passage à la cheminée 
        centrale des foyers, on distingue encore parfaitement les points de départ 
        des voûtes qui, à l'Est et au Sud, couvraient les salles 
        chauffées. Tout autour gisent, en blocs énormes. des quartiers 
        de ces voûtes écroulées. sous la chute desquels avait 
        été ensevelie la totalité de l'édifice. Il 
        a fallu leur laborieux enlèvement pour faire reparaître le 
        grand caldarium, avec son laconicum en hémicycle, son labrum, ses 
        deux étuves latérales, ses salles annexes pareillement chauffées, 
        aux doubles parois garnies (le bouches verticales (le chaleur, au pavé 
        (le marbre porté par (les piliers d'hypocauste souvent intacts 
        ; le tout est encadré par un couloir -de service à la voûte 
        en quart (le cercle, descendant aux salles souterraines voûtées 
        en arête qui ont résisté au formidable effondrement 
        des étages supérieurs ; se prolongeant sous tout l'édifice, 
        elles paraissent bien avoir été. (lu moins f l'origine, 
        les chambres d'arrivée des eaux.
 ----------Au niveau (les salles chauffées, 
        on retrouve. après les salles (le transition, le grand frigidarium, 
        dont une partie seulement a pu être jusqu'ici dégagée 
        (les blocs de maçonnerie qui l'encombrent et dont quelques-uns 
        ont conservé les traces des mosaïques à éclatantes 
        polychromies qui devaient décorer les voûtes. Cette salle, 
        de dimensions imposantes, formait un vaste rectangle flanqué (le 
        piscines froides en demi-cercle, et prolongé du côté 
        des salles chauffées par un hémicycle. Au long des parois 
        (le marbre safrané se dressaient des statues monumentales dont 
        quatre ont déjà été retrouvées : un 
        Esculape médiocre, mais, par contre, une statue de Minerve, signée 
        et une statue d'Hercule rappelant le type de l'Hercule Farnèse, 
        qui peuvent compter parmi les plus beaux spécimens de la statuaire 
        antique retrouvés en Algérie. Ce ne sont certainement pas 
        des uvres africaines et encore moins la statue tout récemment 
        découverte, une Aphrodite légèrement voilée, 
        du type dit de Mélos, taillée clans le Paros le plus pur 
        et le plus translucide, (lui suffirait à elle-seule à attester 
        le goût raffiné (les citoyens d'Hippone. Cinq autres bases, 
        d'ordre toscan, devaient porter des statues plus petites, offertes en 
        exécution du testament de L. Asellius Honoratus, de la tribu Quirina. 
        Il y en avait d'autres encore, une à un philosophe stoïcien, 
        d'Hippone, Domitius Fronton, une à un Patron de la Colonie. L. 
        Barburius Juvenis, fils d'un Sénateur, et la liste est sans doute 
        loin d'en être close.
 ----------L'acquisition par l'Etat des terrains 
        où se trouvaient ces thermes est encore toute récente et 
        le, fouilles qui y ont été entreprises sont encore loin 
        d'être achevées. C'est ainsi qu'on commence à peine 
        à dégager l'esplanade dallée de marbre et ornée 
        de colonnes cannelées qui devait former, après l'entrée 
        latérale des salles froides, une sorte de promenoir régnant 
        autour de l'ensemble de l'édifice. Tel quel il apparaît déjà, 
        néanmoins, comme un des établissements balnéaires 
        les mieux conservés et les plus complets que nous aient révélés 
        les villes antiques d'Afrique du Nord.
 
 Le futur Musée.
 ----------Les ruines qui couvraient la colline 
        du Gharf-el-Artran ont été sacrifiées, il y a plus 
        d'un siècle, par le génie militaire, qui a eu la malencontreuse 
        idée d'y construire un pénitencier. Du moins les solides 
        bâtiments qui en subsistent vont-ils y permettre l'aménagement 
        d'un Musée, qui aura l'avantage de dominer les ruines et d'offrir 
        aux visiteurs un panorama sur la campagne et sur la mer absolument unique.
 ----------De riches collections de mosaïques, 
        de lampes antiques, de monnaies, d'inscriptions pourront v être 
        présentées. C'est à Hippone qu'on pourra voir une 
        importante série de stèles lybiques ou lybicoromaines retrouvées 
        dans les environs, une série plus riche encore de stèles 
        saturnines, de cippes funéraires païens ou chrétiens, 
        dont certains portent de curieuses épitaphes, des autels au Dieu 
        Mercure. le monument funèbre d'un prêtre de Saturne, de riches 
        sarcophages, dont celui qui représente un combat d'Amazones, etc... 
        Tout le passé d'une ville qui a duré près de deux 
        mille ans et qui semblait n'avoir laissé aucune trace sera évoqué 
        ainsi en un saisissant raccourci, bien fait pour donner matière 
        à de précieux enseignements, à de nobles et fécondes 
        méditations.
 Erwan MAREC,Directeur des Fouilles d'Hippone.
 
        
          |  Statue 
              d'hercule trouvée dans les Grands thermes (fouilles 1925-26)
 |  
 |