-Les poseuses de bombes ont la parole
PNHA mars 1999 N°99, p8

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PNHA mars 1999 N°99, p8
Les poseuses de bombes ont la parole

Monsieur le Directeur d'ARTE
Service Téléspectateurs
2, A rue de la Fonderie
67080 Strasbourg Cedex


Monsieur le Directeur,

Sous le titre "La moitié du ciel d'Allah", vous avez diffusé le 15 Décembre dernier un documentaire signé d'une certaine Djemila Sahraoui, tourné à l'origine en 1995 et présentant une série d'interviews de femmes algériennes ; documentaire sur lequel vous nous permettrez d'émettre certaines réflexions. Dans la première partie de l'émission, qui n'est qu'un long cri de haine contre la France, on peut entendre et voir une série de poseuses de bombes dont la liste, portraits d'époque à l'appui, figure dans la "page de garde". Puis ces ex-jeunes filles avec quelques bourrelets et pas mal de kilos en plus, exposent dans le détail leurs activités passées : l'une expose avec complaisance les transports d'armes et de bombes qu'elle effectuait en ville, l'autre, condamnée à mort pour avoir été prise sur le fait, nous décrit les horreurs de la chose sans paraître s'étonner d'être encore en vie : la troisième, arrêtée par la DST et craignant par-dessus tout la torture, nous expose son héroïque résistance contre une torture qui n'a pas eu lieu, et en remercie Dieu (mais pas la DST ) etc... etc... Le point commun entre ces intéressantes personnes c'est qu'elles participaient, en toute connaissance de cause, à un terrorisme dont le but immédiat était de frapper, et de la pire façon, des foules anonymes et innocentes.

La deuxième partie montrait ces mêmes filmées en 1995, et prenant la tête de manifestations dirigées à Alger contre la violence qui les touche désormais elles-mêmes, brandissant des pancartes portant le slogan " Vous êtes des assassins, pas des combattants " Je pense qu'il est superflu de s'appesantir sur la cohérence mentale de ces militantes et sur l'ingénuité involontaire de leurs actuelles exhibitions.
On nous permettra de relever par ailleurs l'ironie d'une situation par laquelle ces jeunes filles, habillées à l'européenne vers 1960 et qui n'avaient revêtu le voile que sur ordre et pour pouvoir y cacher leurs engins de mort, sont aujourd'hui contraintes de le porter sous la menace par les vertus de l'Algérie indépendante qu'elles ont appelée de tous leurs vœux.
Et pour finir, une question bien naturelle outre les morts victimes de ces amies de l'humanité, il existe encore de nombreux témoins, victimes handicapées, mutilées, meurtries à jamais dans leur chair et dans leur âme, contraintes au silence depuis près de 40 ans.
Quand comptez-vous, Monsieur le Directeur, programmer une émission où ces êtres humains méprisés, pourraient eux aussi exprimer leur témoignage?
C'est le moins nous semble-t-il que vous puissiez faire en attendant votre réponse avec intérêt (nous vous proposons même notre collaboration), nous vous prions de croire Monsieur le Directeur, à nos sentiments distingués.

M. LAGROT.
Président du Cercle algérianiste de Hyères
Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui - - N 99 - MARS 99