Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui décembre
1999 n°107
Chiche, Monsieur le Président?
L'écrivain algérien Rachid
Mimouni (réfugié en France)
"Au moment de l'indépendance, les Français ont abandonné
l'Algérie à son destin avec un cynisme scandaleux "..,
je vous rappelle que les accords d'Evian garantissaient le droit à
tous les Européens qui souhaitaient rester en Algérie et
qu'aucun de ceux qui ont choisi de rester n'ont jamais été
inquiétés.., les Harkis ont été des individus
utilisés par l'armée française pour combattre l'ALN",
L'écrivain algérien Rachid Boudjedra
a écrit le 17 octobre 1996:
"La France essaie d'évacuer son terrible passé colonial
avec une mauvaise foi quelque peu enfantine, voire amusante, si derrière
le mot "colonial" ne se cachaient pas tant de massacres, de
génocides, de déportations massives".
L'Editorial du Monde du 27 septembre 1997 note:
"35 ans après la fin de cette guerre coloniale, inutile et
injuste, durant laquelle la pratique de la torture fut la gangrène
de notre démocratie".
Monsieur Jacques Attali
Dans un article consacré au livre d'Main Gérard Slama déclare:
" C'est cette absence de projet de la France, colonia1 ou autre,
qui explique l'état d'abandon dans lequel on a laissé le
pays pendant plus d'un siècle. "
Monsieur Jean Daniel dans le Nouvel Observateur
de décembre 1994 note :
" Je crois que la colonisation est l'un des crimes les plus expiables
de l'occident ".
Naïvement nous devrions être étonnés
de cette image négative de 130 ans de présence française
en Algérie ? Malheureusement, tout cela a été savamment
orchestré par le pouvoir car "lorsque l'on veut tuer son chien
on dit qu'il a la rage".
Toute cette propagande abjecte est organisée pour pouvoir justifier
la politique du général De Gaulle et de ses complices...
Compte tenu de ce passé honteux, la seule solution était
d'accorder l'indépendance à un peuple " exploité,
martyrisé, avide de construire un pays laissé à l'abandon
pendant 130 ans".
Nous qui sommes nés et avons vécu là-bas,
nous sommes effarés par toutes ces contre-vérités
et nous ne comprenons pas le silence complice de tous ceux qui sont chargés
de défendre le passé et l'histoire de notre pays.
Aujourd'hui une lueur d'espoir nous saisit. Enfin, un homme réagit
et pas n'importe qui, notre Président de la République,
qui a déclaré au sujet du Kosovo : "Il n'est pas acceptable
que des crimes puissent rester impunis". Bravo Monsieur le Président,
vous êtes sur la bonne voie.., vous allez enfin rétablir
la vérité sur la colonisation en commençant par faire
juger pour crimes contre l'humanité tous les responsables de la
politique algérienne de 1954 à 1962, de l'abandon de 150.000
harkis aux mains du FLN et de l'exode de plus d'un million de vos compatriotes
dans des conditions dramatiques, en un mot tous ceux qui ont sur les mains
le sang de l'Algérie Française. Et si vous avez besoin d'argumenter
vos décisions vous pouvez faire état des déclarations
faites par certains de vos ennemis d'hier:
- Le journal "Jeune Afrique" écrivait en 1962 :
" A la veille de l'indépendance, nul autre pays extérieur
au monde occidental ne dispose d'une infrastructure aussi développée
que l'Algérie".
-Aït-Ahmed, l'un des chefs historiques de la rébellion,
a pu déclarer à la journaliste Christine Clerc, du Figaro
: "l'Algérie du temps de la France... c'était le paradis".
-Hocine Boualem Sansal, écrivain a pu écrire : "30
ans après le divorce, nous voilà ruinés et avec plus
de nostalgiques que le pays ne comptait d'habitants et plus de rapetouts
qu'il n'abritait de colons".
Aussi, Monsieur le Président, la politique du mensonge
est la pire des politiques et si vous avez la volonté de faire
oeuvre de rétablissement de la vérité historique
indiscutable, vous en avez aussi le pouvoir. Quelle belle oeuvre vous
pourriez accomplir en réhabilitant l'uvre de la France outre
mer : ce que fut vraiment l'Algérie Française et ses habitants,
des hommes, des femmes, fiers de leur sol natal, fiers de leur patrie
et fiers aussi du combat qu'ils ont dû mener, le dos au mur, pour
défendre une partie du territoire national contre cette politique
d'abandon sournoise et inhumaine dont nous subissons encore aujourd'hui
les conséquences. Est-ce que nous pouvons espérer une prise
de conscience grâce à vous?
Alors, Chiche Monsieur le Président.
Les crimes du Kosovo
.. oui
Les crimes de la décolonisation
.. 3
fois oui
Yvan Santini
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