Réponse faite
par la journaliste du document télévisé.
Monsieur,
Jean-Claude Allanic m'a transmis votre message.
Je vous remercie de nous avoir apporté votre témoignage.
A plusieurs reprises, dans le lancement, le reportage et le plateau qui
a suivi, j'ai dit et répété que des horreurs avaient
été commises des deux côtés. J'ai parlé
de l'ignominie de certains actes du FLN.
Un reportage, c'est un angle, un axe sur lequel on se concentre. Le nôtre
était la question du viol, un sujet qui n'avait encore jamais été
abordé aussi directement en télévision.
Dans les semaines qui viennent, le service public (Arte le 12 février,
France 3 les 4,5 et 6 mars, etc...) va consacrer de nombreux documentaires
à différents aspects de la guerre d'Algérie. Aucun
ne pourra être exhaustif, je le répète, mais peut-être
seront-ils complémentaires et aptes à informer de manière
plus complète nos télespectateurs?
C'est en tout cas ce que je souhaite.
Merci de m'avoir lue.
Valérie Gaget, journaliste.
Re-réponse de Antoine
Martinez
Madame.
-------Tout d'abord je vous remercie d'avoir
eu la gentillesse de me répondre.
-------J'ai relevé avec attention
vos observations.
-------S'il est vrai que vous avez évoqué
les "horreurs des deux cotés", il ne me semble pas vous
avoir entendu mettre en cause directement les "ignominies du F.L.N."
-------Peut être fais- je erreur et
je vous demande dans ce cas de pardonner ma vision imparfaite de votre
enquête.
Aussi sans esprit de polémique, je me permet de vous faire remarquer
que le sujet traité n'était pas celui universel du viol,
ou du viol pendant la guerre d'Algérie, mais du viol et des tortures
commises par l'armée française seulement. Il n'est pas question
pour moi de les absoudre. Cependant, votre "angle" d'observation,
avait pour cible unique, la conduite de certains soldats français.
Si vous êtes consciente de la conduite ignoble du camp d'en face,
il eut été raisonnable, dans un souci d'impartialité,
d'en rechercher les faits marquants, ou simplement d'évoquer le
sujet avec les anciens combattants du F.L.N. que vous avez interrogé
puisqu'ils trouvaient, avec juste raison, le viol comme un crime inadmissible.
-------L'occasion était belle.
-------Au lieu de cela, nous fumes mis en
présence d'accusateurs et de victimes qui ont retrouvé les
lieux de leurs supplices et qui n'ont eu de cesse, que de mettre en cause
unilatéralement l'armée française.
-------On peut également discuter
sur leurs motivations "désintéressées"
Si vous vouliez traiter des viols pendant la guerre d'Algérie une
vue d'ensemble aurait été préférable pour
une vérité historique globale.
-------D'autre part concernant la torture
un lieu pouvait être visité également. Il s'agit de
la caserne des "Tagarins" à Alger, où une police
parallèle qui officiellement n'a jamais existé, pratiquait
avec un raffinement peu commun, viols et supplices de tous ordres en coordination
étroite avec l' A.L.N.
-------Quant aux reportages du service public
sur le sujet, nous en sommes abreuvés. L'information qui nous est
assénée ne montre que l'aspect conforme a une certaine idéologie
partisane qui pratique un négationisme de bon aloi. Le parti pris
y est roi.
-------Les participants sont toujours les
mêmes. Henri Alleg, Vidal Naquet, Benjamin Stora etc... Je doute
que l'opinion publique soit un jour, clairement informée. Ni sur
les "agissements" du F.L.N., ni sur le comportement infâme
des dirigeants politiques d'alors, parés aujourd'hui encore, de
toutes les vertus.
-------Comment juger sereinement en instruisant
exclusivement à charge ? Comment apaiser en laissant sous-entendre
que les torts et les méfaits commis sont à sens unique ?
-------Merci d'avoir eu la patience de me
lire encore.
A.MARTINEZ
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