DÉSINFORMATION : Le 26 mars
1962, rue d'Isly : "les
corps roulant sous la mitraille de l'OAS"
Monsieur le Directeur
Le Dauphiné Libéré
13, Bd Maurice Clerc
26009 Valence Cedex
Monsieur le Directeur,
-------Vous avez publié dans votre
numéro du Mercredi 4 mars dernier, sous la signature de Marie-Noelle
Cacherat, une analyse d'une page, intitulée "Frères
dans l'exil", rapportant une pièce de Jean-Pierre Yvars
: Cet article a bien évidemment attiré l'attention de tous
les Français d'Afrique du Nord parmi vos lecteurs dont quelques-uns
ont aussi vu la pièce.
-------Les deux auteurs cités, Messieurs
Yvars et Vircondelet, ont habilement joué sur la corde sensible
et sur la si légitime nostalgie de leurs compatriotes, pour torcher
un tableau archi faux de l'histoire comme de la géographie.
-------Tout y sonne faux, et c'est vrai de
la pièce comme du livre, mais il est clair que cette fausseté
de ton est due non à la maladresse des auteurs, encore que leur
carence d'écriture soit évidente, mais à un prudent
alignement idéologique, nécessaire à tous ceux qui
veulent faire carrière.
-------Ces 2 "écrivains"
ont tout simplement trouvé le filon, et ils savent bien que le
thème Pieds-Noirs fera toujours recette, tout en sachant encore
mieux, qu'aller dans le sens du vent et appuyer sur les mensonges politiquement
corrects, au besoin jusqu'à la flagornerie, servira au mieux leur
carrière et les intérêts de leurs éditeurs.
-------Les mensonges les plus grossiers ne
leur font manifestement pas peur : parler, à propos du massacre
de la rue d'Isly, de "corps roulant sous la mitraille de l'OAS"
relève du pur délire diffamatoire, alors qu'on sait fort
bien qu'une foule entièrement désarmée s'est fait
abattre ce jour-là à bout portant par une unité militaire
revêtant l'uniforme de l'armée française, tirant sur
ordres supérieurs venus de Paris, et que l'OAS n'a pas tiré
un seul coup de feu ce jour-là.
-------Le peuple Pieds-Noirs, qui a colonisé
au prix des immenses sacrifices de 4 générations une contrée
d'anarchie et de désert, n'a aucunement conscience des "erreurs
de ses ancêtres", et on ne voit pas au nom de quoi Messieurs
Yvars et Vircondelet se permettraient d'insulter ces derniers ; je ne
sais pas si nous devons reconnaître les erreurs de nos ancêtres,
mais il peut, hélas, nous arriver d'avoir honte de nos enfants,
et ces deux-là jouissent, nous pouvons vous l'affirmer, de l'unanime
mépris de leurs compatriotes.
-------Le malheur n'oblige pas à l'indignité,
et rien n'est plus indigne qu'un renégat par carriérisme
: merci d'avoir mentionné que "Làbas" pourrait
être un tournant dans la carrière du metteur en scène
et comédien Jean-Pierre Yvars : il y aura toujours une caissette
quelque part pour payer les deniers de judas.
-------Pensant que l'honnêteté
vous oblige, Monsieur le Directeur, à publier cette réponse
qui émane du Cercle Algérianiste National, regroupant 33
cercles dans toute la France et dont on peut affirmer qu'il représente
sur ce plan la communauté Pieds-Noirs tout entière, nous
restons dans l'attente de cette publication et vous assurons, Monsieur
le Directeur, de nos sentiments distingués.
M. Lagrot Cercle Algérianiste
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