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site le 14-2-2003
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-----Zéralda,
qui peut être cité comme type de l'extrême misère,
appartient à la même formation que Chéragas, Ouled-Fayet
et les autres villages de l'administration civile. Il se composait de
30 concessions de 15 hectares chacune ; on avait cru devoir compenser
la qualité par la quantité ; mais après quatre années
d'existence, 40 hectares à peine étaient défrichés.
Tous les colons, à l'exception de deux ou trois, étaient
arrivés là sans aucune ressource. Pour les faire vivre,
on les employa aux terrassements de leur grand fossé, au nivellement
de leurs rues, et de leur route. Le maire, homme de courage et qui avait
quelques avances, les occupa aussi à ces défrichements et
c'est grâce à ses travaux surtout que le chiffre total des
défrichements du village avait pu s'élever jusqu'à
40 hectares. Un tiers des concessions était devenu désert
; on ne voyait plus que maisons vides et fermées, les murs à
moitié décrépis par les pluies, les volets descellés
et pendants ou battant au vent. Que si vous vous informiez du sort de
ceux qui les avaient occupées, on vous répondait : celui-ci
a abandonné, celui-ci aussi, cet autre également. Cinq familles
étaient dans ce cas. Mais celle-ci ? Morts. Et celle-ci ? Morts.
Et celles-ci encore ? Orphelins ; le père est mort. Quant aux vingt
concessionnaires survivants, ils se mouraient, et je raconterai des funérailles. ----Arrivée
au bout de l'avenue, la charrette quitte la route et se dirige vers le
couvent. Je me demandais ce qu'elle pouvait venir y faire à pareille
heure, lorsqu'à travers les tons gris et froids du matin, je crus
reconnaître le maire de Zéralda. A mesure qu'il approchait,
je constatais que ses traits étaient fortement contractés,
son teint livide, ce que j'attribuais au froid matinal et à la
fièvre, qui ne le quittait guère. Ses lèvres amincies
laissaient voir ses dents serrées. Il marchait en avant, et tenait
le cheval par la bride. Derrière la charrette venait un autre personnage,
grand spectre osseux d'Allemand, au visage complètement décomposé
par la fièvre, les yeux injectés de safran, et montrant
aussi deux longues rangées de dents blanches qui se laissaient
voir presque jusqu'aux deux coins des mâchoires entre ses lèvres
contractées.; une vraie tête de mort sur un squelette gigantesque,
et, pour compléter la ressemblance, il portait, en guise de'faux,
une pioche sur l'épaule. La charrette était vide, à
part une brassée de foin qui devait être là pour la
provision du cheval. Le sinistre cortège s'arrêta sous ma
fenêtre. Je saluais le maire de Zéralda, qui me répondit
silencieusement par une inclinaison de tête, et je descendis pour
causer avec lui. Bernadette ESTIVALS |