YAKOUREN
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Insalubre, polluée,
saccagée, lugubre forêt... Bref les mots ne pourront peut-être
suffire pour décrire létat dans lequel se trouve
actuellement lantique magnifique forêt de Yakouren. Hier,
forêt hégémonique, offrant limage dun
luxuriant tapis végétal à plusieurs variantes darbres.
Aujourdhui, le décor est on ne peut plus macabre. Cest
un véritable massacre qua subi la forêt. Bref, la forêt de Yakouren a subi une dégradation totale de son environnement. Si elle a été jusque- là épargnée par dautres formes de catastrophes naturelles, elle na pas échappé au feu. Elle na toutefois pas survécu à la bêtise humaine. Lhomme l« agresse », et elle meurt à petit feu. « Cest un sinistre », assène Dda Rezki, un quinquagénaire habitant la région. Si elle a été jusque- là épargnée par dautres formes de catastrophes naturelles, elle na pas échappé au feu. Elle na, toutefois pas, survécu à la bêtise humaine. Lhomme l« agresse », et elle meurt à petit feu. « Cest un sinistre », assène Dda Rezki, un quinquagénaire habitant la région. Debout aux abords de la route, non loin de la place la plus fréquentée de la localité, en loccurrence la fontaine fraîche (baptisée fontaine Touizi), en compagnie de ses filles avec lesquelles il a lhabitude de se promener en ces temps de grandes chaleurs, celui-ci promène un regard triste par-dessous les chênes qui dominent la forêt. Linsalubrité règne en maître dans cet endroit très convoité par les visiteurs. Il est 16h passées. En ce mois daoût, la route menant vers la fontaine affiche une affluence inhabituelle. Une longue file de voitures, immatriculées de la plupart dans les wilayas du centre du pays, sest formée le long de ce chemin qui monte. Peu de jours connaissent un si bon monde. Il est vrai que les week-ends affichent une affluence accrue en ce lieu de fraîcheur et doxygénation. Les visiteurs viennent de tous les endroits. Beaucoup plus du centre du pays. La forêt de Yakouren semble être alors la destination préférée pour certains, et notamment pour les Algérois et les émigrés. R.N, un émigré habitué de cette merveilleuse forêt, ne reconnaît plus la place quil a pour habitude de fréquenter quand il vient en vacances. Celui-ci, voulant choisir une place pour pique-niquer avec sa petite famille près de la fontaine, a eu du mal à trouver un endroit sain, épargné par la saleté. « Cest affreux, la saleté traîne partout, au point quil ny a pas où se mettre ! », regrette-t-il. « Le pire est à lintérieur », lui lance un homme qui se trouvait sur son chemin. En fait, ce vieil homme fait allusion à lautre forme de dégradation qua subie et subit sans cesse la forêt. Celle-là pathétique aussi. Il sagit alors de la coupe illicite du bois et lextraction du liège. Confrontées à un chômage endémique, certaines personnes de la région nhésitent pas à recourir, en effet, à labattage non autorisé des chênes, soit pour les revendre ou les utiliser comme bois de chauffage. La forêt disparaît ! « Elle est devenue un fragment de forêt », pour reprendre les propos dun habitant de la région. On parle de disparition de près de 5% de cette forêt chaque année. Mais ce nest pas tout ! La forêt est également polluée. Cette fois par des eaux usées. En fait, lovoïde de la ville pose un gros problème. Au lieu dêtre achevé à temps, il pollue alors toute la forêt. Pour le maire de Yakouren, Smaïl Kessili, « celui-ci est un sectoriel, les moyens de lAPC ne permettent pas de lachever ». Cela sans omettre de signaler que la mafia de la pierre écume la région. La pierre est extraite illicitement sans règles et sans autorisation, ce qui aggrave lérosion du sol. Ce faisant, autrefois très riche en faune endémique, celle giboyeuse en particulier (sangliers, lièvres, étourneaux, grives), diverses variétés doiseaux de proie et autres tels laigle, lépervier, le faucon, la perdrix, les piverts et les geais, il se trouve que la plupart de ces oiseaux ont brusquement diminué si ce nest carrément une disparition pour certains. Laxisme Catégoriques, les Yakourenois pointent un doigt accusateur vers leur président dAPC qui na, à leurs yeux, « rien fait pour protéger ce patrimoine ». Pour sa part, M. Kessili place la barre plus haut. « Les autorités nont pas pris conscience de cette manne importante pour pouvoir faire les aménagements nécessaires pour recevoir des touristes. » Pour ce qui est de labattage sauvage, « les services des forêts ne font pas leur travail ». Et en ce qui concerne lexploitation sauvage de la pierre ? Pour M. Kessili, « le problème réside dans sa commercialisation sans aucune autorisation, ni impôt, ni même règles dextraction ». Là aussi, comme cest le cas de lovoïde qui pourrit la ville, il semble que le problème dépasse les capacités et les prérogatives du maire. M. Kessili avoue avoir sollicité à maintes reprises les services concernés, notamment les services des mines, en vain. Du gaz de ville pour arrêter le massacre Pour que la forêt soit classée parc national
Décharges improvisées ; Le maire : «
Je lai fait exprès » Le maire de cette municipalité, Smaïl Kessili, se dit conscient de cet état de fait. Il explique ce recours par linexistence dune décharge. « Jai déposé les ordures au bord de la route exprès pour inciter les autres parties, notamment les services des forêts et la daïra, à se pencher sur ce problème », a-t-il dit en substance. Il ajoute : « Ils sont restés sourds à la création dune décharge. » M. Kessili compte ainsi sur les services des forêts pour lui trouver un espace où mettre ses ordures, cela après que lancienne décharge qui se trouvait sur la route dAït Bouhini lui a été interdite daccès par des citoyens pendant les événements de Kabylie. Le maire regrette par ailleurs labsence dune politique de gestion des déchets qui ne relève pas uniquement de ses prérogatives. De plus, pour lui, il faut agir sur les comportements des citoyens. Contacté, un haut responsable des forêts à Tizi Ouzou dira : « Le maire veut quon lui légalise la décharge où il versera ses ordures. » Ce dernier affirme qu« une mise en demeure lui a été déjà envoyée pour cesser le massacre quil cause à la forêt. » Pour ce responsable qui a préféré requérir lanonymat, « le maire ne pense pas écologie, il pense à sa poche ». Lassociation Afarez tire la sonnette dalarme
« Labsence des autorités nous a poussés à créer cette association dans le but de préserver la richesse du patrimoine de notre commune », a affirmé le président de cette structure. Les membres de cette association dénommée Afarez, du nom dun arbre de la région, tirent déjà la sonnette dalarme quant au danger qui guette sans cesse la forêt de Yakouren, et toute la biosphère de la région. Cest ainsi que pour marquer leur présence sur le terrain, les membres de cette association ont mis au point un riche programme daction et de sensibilisation à travers les différents villages de la commune. Lapplication de ce programme sest déjà soldée par une action de ramassage des ordures au niveau de la fontaine, lun des endroits les plus fréquentés par les visiteurs. Comme autre action à promouvoir dans le futur, selon M. Seddiki, président dAfarez, la programmation de tournées de sensibilisation des citoyens de la commune contre les décharges illicites. Il sagit, entres autres, aussi dorganiser des campagnes de reboisement dans les villages et hameaux, de mener des campagnes de sensibilisation contre le pillage du bois, du liège et de la pierre, de préserver la forêt et la reconnaître comme réserve nationale, du développement de léducation environnementale en réalisant des clubs verts au sein des établissements scolaires Par R. Beldjena, El Watan |