Alger, Algérie
: vos souvenirs
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Ko / 9 s
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----------Mes grands-parents avaient une villa à Baïnem, à 10 km à l'ouest d'Alger. C'est là que je passais toutes mes vacances d'été, de fin juin à début octobre et pour les gamins de mon âge, la pêche et le foot étaient les principales distractions. ----------En premier lieu, la pêche
au roseau, " à la touche ", dans les creux de rochers,
avec des hameçons-mouche et des escargots à pattes ou (le
fin du fin) des boyaux de sardines, que je récupérai quand
ma mère faisait des " scabèches ". Nous attrapions
girelles, vidroits, racaos, vaches, sans oublier les cabotes et les baveuses.
Notre rêve était de sortir "le roi des racaos "
: il habitait toujours le même trou, mais nous n'y sommes jamais
parvenus. Il nous " cassait " avant, car nous étions
montés trop fin. Il devait avoir ses lèvres fichées
d'hameçons. Du piercing, avant la mode. ----------Nous étions jugés trop jeunes pour pêcher au harpon. Alors, nous " faisions " des oursins : un masque, un tube, une fourchette réformée, un vieux couffin coincé au centre d'une petite bouée et une longue ficelle qui le reliait au maillot de bain, pour ne pas qu'il s'éloigne trop pendant que nous plongions (le couffin, pas le maillot). Nous ramassions les gros oursins violet et les " oursines ", mais aussi les autres qui, une fois écrasés, garnissaient les girelliers que nous allions caler pour compléter la bouillabaisse. ----------Et puis, il y avait la pêche aux " blaouèttes ". Du bout du rocher le plus avancé, nous balancions quelques morceaux de pain. Très vite les bans arrivaient et se livraient bataille autour des quignons. Alors, avec un hameçon-voleur, nous ramenions la friture de petits mulets, de palomettes et de tchelbines. ----------Lorsque la mer était très plate, en fin d'après-midi, nous mettions à l'eau les périssoires et nous allions aux oublades avec nos " bouchons marseillais " et leurs hameçons " gantches ". Parfois, les adultes me proposaient de m'emmener dans leur pastéra pêcher les sarans à la palengrotte, mais il fallait que la mer soit très calme, sinon j'étais malade. ----------Et quand la mer était agitée, nous allions au bout de notre rocher pêcher les sars et les oublades. On " bromitchait " avec une bouillie de pain et de sable et l'on appâtait avec une pâte faite de mie de pain et d'un peu de fromage. Nous restions des heures, les yeux fixés sur le bouchon, noirci à la flamme pour mieux le distinguer sur l'écume blanche. ----------Les images se bousculent, lointaines et étonnement présentes. Bon, je vais rincer mon maillot et prendre une douche pour enlever le sel qui a séché sur ma peau. Après, avec une aiguille flambée, je retirerai de mes pieds quelques épines d'oursin malveillantes. ----------Tchao |
Les cris de ma rue
Dans la rue, au pied de mon immeuble, passaient régulièrement les " petits métiers ", chacun criant son slogan, modulant sa mélopée. Il y avait : - le marchand d'z'habits, avec son grand sac pour récolter les
vieilles nippes, Je croyais avoir oublié tous ces sons, tous ces bruits, ils étaient simplement enfouis. Ils resurgissent intacts, aujourd'hui. Le rideau peut se lever sur les souvenirs. Jean Trimoulinard |
Au temps des barricades ---------En janvier 1960, j'étais
dans mon vingt-septième et avant dernier mois de service militaire.
Vers le 25 ou 26 janvier, je reçois l'ordre de descendre en renfort
sur Alger avec mon peloton et de me présenter, Tournants
Rovigo, au Colonel Santini qui commandait le régiment
de zouaves. Jean Trimoulinard |