Trop de chauffards sur les routes...
Pourquoi ne pas délivrer une autorisation provisoire avant le
permis de conduire ?
L'examen en deux temps permettrait de se montrer plus exigeant auprès
des candidats
tel est l'avis d'un directeur d'auto-école
Devant l'accroissement
du nombre des candidats - dans la proportion de 1 à 10 en dix
ans - l'administration supérieure a du créer un cadre
algérien des inspecteurs de l'examen du permis de conduire. C'est
ainsi qu'à Alger, trois inspecteurs sont placés sous le
contrôle d'un ingénieur du Service des mines. Cette organisation
qui fonctionne depuis moins d'un an a été imposée
par les
circonstances.
En fonction de l'accroissement de la circulation urbaine et routière,
le problème s'est posé du maintien de la sécurité
collective.
LA BASE : LE PERMIS DE CONDUIRE
On tente de résoudre
le problème a la base. A cet effet, une énorme documentation,
française et étrangère. a été rassemblée
et analysée.
On a pu ainsi comparer ce qui était réalisé en
Algérie avec la réglementation en vigueur dans les pays
où la circulation est intense.
Les spécialistes se sont aperçus que l'Algérie.
pays neuf, dans ce domaine, était fort en retard.
Le service des Mines s'est alors attaché à réformer,
à moderniser, l'examen du permis de conduire. Afin de ne pas
rebuter les candidats, une période de transition 3 été
instaurée.
Ceci explique les difficultés progressives de l'examen.
NÉCESSITÉ DE LA RÉFORME
Soixante pour cent des
véhicules immatriculés dans le département circulent
à Alger. Le trafic y est comparable à celui des grandes
cités d'Europe. Avec cette différence,toutefois, que la
structure de notre ville augmente encore les difficultés de conduite
du fait de sa densité linéaire.
Il est donc indispensable que les " candidate " au permis
de conduire connaissent parfaitement le code de la route, Une autre
raison motive la réforme de l'examen du permis de conduire. Nous
voulons parler de l'accroissement des possibilités techniques
des voitures actuelles.
" On ne mène plus une automobile 1952 comme l'on conduisait
son aînée de vingt ans.
L'accélération, le freinage exigent une attention plus
grande du conducteur. D'où la nécessité, à
l'examen technique de la manuvre permettant de révéler
les réflexes du candidat.
" Nous avons voulu, et voulons, mettre le futur pilote algérien
en face des réalités de la route ", nous a-t-on dit
au service des Mines.
" Le rôle de l'Administration était de ne pas laisser
subsister un examen datant du temps des charrettes hippomobiles
QUE COMPORTE L'EXAMEN ACTUEL ?
Que demande-t-on 2".
un apprenti chauffeur 1952 pour être consacré ?
Rien d'impossible. L'examen comporte deux parties : technique et théorie.
Pour l'instant, la technique est limitée à cinq manuvres
vraiment élémentaires : mise en marche du moteur (épreuve
qui élimine pas mal de candidats) ; une marche avant, avec passage
des vitesses, accompagnée de virages ; un changement de direction
sur place ; une marche arrière avec un virage ; un démarrage
en côte, qui n'est pour l'instant que théorique
" Sur ces seules manuvres on pourrait recaler 80 % des postulants...
"
La partie théorique se résume à six questions types
sur le code de la route.
" Nos inspecteurs ont des instructions pour être intransigeants
sur ces questions. Si un candidat ne connaît pas au moins sa priorité,
le verdict est invariable : ajourné a huit jours. ".
Le secteur transports en commun et poids lourds cause moins de soucis
aux examinateurs. Ce sont presque toujours des chauffeurs expérimentés
désirant une extension à leur permis. Aussi les résultats
sont-ils bien meilleurs
LA DEUXIÈME ÉTAPE
L'actuel examen sera bien
entendu progressivement modifié. Une deuxième étape
est prévue : la technologie.
Ce ne sera évidemment qu'un minimum de technique, de principes
essentiels. L'expérience montre. En effet, que la connaissance
des organes mécaniques crée des réflexes, facilite
la manuvre._ . . ,
Les questions concernant le code de la route seront d'autre part plus
complètes.
Pour les poids lourds et transports en commun i1 est envisagé
d'instaurer des tests psychoechniques systématiques.
La vitesse des camions nécessite de plus en plus des réflexes
pouvant dépasser ceux d'indiv1dus moyens. Cela est d'ailleurs
vrai pour des c V L a A grande vitesse.
Enfin, le service des Mines envisage un examen complémentaire
sur maquettes. Cela fait partie de la phase ultime.
EFFICIENCE DU PERMIS ET SÉCURITÉ
Le maintien de la sécurité
routière est, en fin de compte, un probiéme de sanctions.
Elles doivent être sévères si l'on veut ramener
l'ordre,
La progression inquiétante des accidents graves n'est pas imputable
au seul jeune chauffeur.
Certes, le débutant, muni récemment de son permis, créera
un embouteillage, froissera une aile en voulant se garer, montera sur
un trottoir. Mais il ne fait pas de victimes.
La Commission départementale du retrait du permis n'a pas enregistré
un seul accident grave causé par " un nouveau conducteur
".
La majorité des accidents est causée soit par des chauffeurs
ne possédant pas leurs moyens normaux (ivresse) ; et surtout,
nous le répétons, par les automobilistes agés.
de 20 à 30 ans. Ce sont ceux qui n'ont pas le sens des réalités,
l'expérience suffisante de la route, de leur voiture, qui ne
voient pas la zone critique.
" Faites leur repasser le permis ", direz-vous. Cela ne résoudrait
rien.
La plupart sont des pilotes habiles. Ce sont des inconscients. Quarante
pour cent des accidents sont leur fait.
PURGER LA ROUTE
Pour cela, seule l'adoption
d'une politique de sanctions peut créer une " ambiance "
nouvelle. Peu à peu, les " chauffards " disparaîtront,
espérons le tout au moins...
Encore faut-il rendre ces sanctions efficaces, les appliquer rapidement
et lourdement..
" Il ne sert à rien, nous a-t-on dit aux Mines, d'infliger
une peine à un chauffeur un an après l'accident... "
Il serait donc souhaitable que les tribunaux suivent plus souvent les
autorités de police.
EN MANIÈRE DE CONCLUSION
Au terme de cette enquête
sur le permis de conduire, nous avons demandé l'avis d'un directeur
d'auto-école.
Voici son opinion :
" Qu'un candidat soit bon ou mauvais ; qu'il soit admis ou recalé,
il ne sait pas pour autant suffisamment conduire. Il est heureusement
le plus souvent très prudent.
L'idéal serait d'instaurer on premier examen à l'issue
duquel serait délivrée une autorisation de conduire provisoire.
Trois mois après le candidat repasserait un examen définitif,
complet et sévère.
On pourra alors exiger beaucoup de lui... "