VOIRIE
La circulation et le stationnement des voitures à Alger.

S'il est un problème difficile à résoudre, c'est sans doute bien celui de la circulation et du stationnement des voitures, à Alger. La Municipalité, M. Billon du Plan en tête, a fait de gros efforts, parfaitement louables, pour arriver à satisfaire aux nombreuses exigences et des piétons, et des automobilistes. Malgré cela, il reste encore beaucoup à faire et le plus triste de l'histoire est de se trouver en face de complications telles qu'il paraît difficile sinon de les supprimer totalement, du moins d'en amoindrir les néfastes effets.

On peut se convaincre à chaque instant de la quantité sans cesse croissante des véhicules à moteur. Autos, camions, motos et tricycles sont innombrables à Alger. Et, qui plus est, pendant les heures de travail, chacune de ces machines, au lieu de circuler, reste le plus souvent rangée le long des trottoirs, obstruant une partie considérable de la chaussée, jusqu'au moment où elles seront remises en route pour provoquer des embouteillages plus grands encore et faire blanchir les cheveux des agents préposés à la circulation.

Pendant les heures de stationnement, il arrive fréquemment que d'autres conducteurs s'arrêtent, pendant quelques instants, à leur côté. C'est alors, surtout dans les rues étroites (comme la rue Mogador où est autorisé l'arrêt indéfini), un bruit effrayant de trompes et de klaxons. A ces voix, plus ou moins musicales, mais toujours assourdissantes, se mêlent les hurlements de chauffeurs, les cris et les injures, quand ne sont point échangés des coups. Chaque jour, et plusieurs fois par jour, il nous est donné d'assister à des scènes burlesques et indignes d'hommes policés. Il n'est pas jusqu'aux conducteurs femmes qui ne s'irritent et ne mêlent leurs voix cristallines à la cacophonie effarante des avertisseurs. C'est un tohu-bohu absolument indescriptible, où chacun dit la sienne. Les plus nerveux, oubliant toute prudence, font des écarts dangereux, montent sur le trottoir, sans souci des accidents qu'ils peuvent provoquer et filent en rasant les murs de façon à ne laisser aucune place au malheureux piéton qui doit se réfugier sous les porches.


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Afrique du nord illustrée du 16-12-1933 - Transmis par Francis Rambert
mis sur site : sept.2021

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La circulation et le stationnement des voitures à Alger.
La circulation et le stationnement des voitures à Alger.

S'il est un problème difficile à résoudre, c'est sans doute bien celui de la circulation et du stationnement des voitures, à Alger. La Municipalité, M. Billon du Plan en tête, a fait de gros efforts, parfaitement louables, pour arriver à satisfaire aux nombreuses exigences et des piétons, et des automobilistes. Malgré cela, il reste encore beaucoup à faire et le plus triste de l'histoire est de se trouver en face de complications telles qu'il paraît difficile sinon de les supprimer totalement, du moins d'en amoindrir les néfastes effets.

On peut se convaincre à chaque instant de la quantité sans cesse croissante des véhicules à moteur. Autos, camions, motos et tricycles sont innombrables à Alger. Et, qui plus est, pendant les heures de travail, chacune de ces machines, au lieu de circuler, reste le plus souvent rangée le long des trottoirs, obstruant une partie considérable de la chaussée, jusqu'au moment où elles seront remises en route pour provoquer des embouteillages plus grands encore et faire blanchir les cheveux des agents préposés à la circulation.

Pendant les heures de stationnement, il arrive fréquemment que d'autres conducteurs s'arrêtent, pendant quelques instants, à leur côté. C'est alors, surtout dans les rues étroites (comme la rue Mogador où est autorisé l'arrêt indéfini), un bruit effrayant de trompes et de klaxons. A ces voix, plus ou moins musicales, mais toujours assourdissantes, se mêlent les hurlements de chauffeurs, les cris et les injures, quand ne sont point échangés des coups. Chaque jour, et plusieurs fois par jour, il nous est donné d'assister à des scènes burlesques et indignes d'hommes policés. Il n'est pas jusqu'aux conducteurs femmes qui ne s'irritent et ne mêlent leurs voix cristallines à la cacophonie effarante des avertisseurs. C'est un tohu-bohu absolument indescriptible, où chacun dit la sienne. Les plus nerveux, oubliant toute prudence, font des écarts dangereux, montent sur le trottoir, sans souci des accidents qu'ils peuvent provoquer et filent en rasant les murs de façon à ne laisser aucune place au malheureux piéton qui doit se réfugier sous les porches.

En un mot l'encombrement occasionné par le stationnement des voitures, est dangereux et cause d'une anarchie parfaitement inadmissible.

Je sais que " la critique est facile... " Et, sans doute, des spécialistes ont déjà, à de nombreuses reprises, essayé de réduire autant que possible les inconvénients créés par cet état de chose. On à, à certains endroits de la ville où les artères sont larges et pas trop fréquentées, marqué l'emplacement réservé aux voitures. Cette mesure, si elle démontre clairement que les pouvoirs ne se désintéressent point de la question, se montrent cependant parfaitement insuffisante.

Il fut question, à certain moment, de modifier l'aspect général du boulevard Làferrière et de créer, au-dessous du Monument aux Morts, un garage en sous-sol qui aurait contribué à l'esthétique de cette splendide voie en même temps qu'il eut rendu aux automobilistes et aux piétons de signalés services.
C'était là semble-t-il une idée heureuse, mais, de même que l'enfer est pavé de bonnes intentions, tout s'est borné à une idée jamais suivie de réalisation. C'est dommage, car, si cette mesure était incapable de solutionner définitivement le problème, du moins aurait-elle été un premier pas vers des temps meilleurs.
On a objecté qu'Alger était trop étendue dans le sens de la longueur pour qu'il soit créé un tel garage. Évidemment, les personnes dont les affaires les appellent vers le haut de la rue Michelet n'auraient point été satisfaites ; même si cela n'avait dû n'être pour eux qu'un sujet d'indifférence, il est certain que d'autres y auraient trouvé leur compte.

Le quartier des affaires demeure encore dans ces bonnes vieilles rues Bab-Azoun et Bab-el-Oued, et les voûtes de la place du Gouvernement auraient encore pu servir à garer les voitures si encombrantes de la rue Jules-Ferry par exemple.

Ce ne sont là que des idées qui valent, ce qu'elles valent ; cependant il faut absolument que soit mis à exécution un projet donnant une plus grande sécurité à la fois aux piétons et aux automobilistes.

Nombreuses sont les difficultés qui se dressent et semblent, à première vue, insolubles. Dans l'aménagement du nouveau quartier de la Marine, a-t-on prévu non seulement des espaces suffisants pour que pénètrent à profusion l'air et la lumière, mais aussi des aménagements spéciaux pour que les voitures puissent à la fois être en sécurité et n'être pas un sujet de gêne et d'accidents ? Partout où quelque modification que ce soit doit être adoptée, il est indispensable que l'on songe à cette question primordiale.

Alger est une très belle ville, tout le inonde le sait, tout le monde s'en réjouit. Mais, combien plus belle serait notre capitale, si elle était délivrée de ces dangereux encombrements, si l'air bleu ne vibrait pas trop de ces mille hurlements impitoyables à nos oreilles, à tout notre équilibre physique et mental.
Nous savons qu'il est très difficile aujourd'hui d'effectuer des réalisations immédiates. Cela coûterait trop cher et nous avons déjà trop d'argent à donner pour nous imposer de nouveaux sacrifices.

Mais, chaque fois qu'est annoncée une modification ou une création, nous serions heureux qu'il soit fait une place à cette question : la circulation et le stationnement. Plus nous allons, plus cela est urgent, nécessaire, pour ne pas dire indispensable. Ce souci doit primer tous les autres et rien ne doit être entrepris sans qu'il soit discuté le premier. Il y va de la sécurité de tous, piétons et automobilistes.