Notre-Dame de Cap Falcon vous attend à Toulon
Le port de Mers-E1-Kébir est dominé par la basilique et la statue de Santa-Cruz qui sont à 4 ou 5 km au sud-est de la bourgade de Saint-André de Mers-el-Kébir. Du village de Mers-el-Kébir sont issus 12 prêtres, 1 religieux, 16 religieuses en 100 ans. Durant la guerre 39-45, les Kébiriens ont beaucoup prié la Sainte-Vierge
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Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui nov1999 n°106

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Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui nov1999 n°106
Notre-Dame de Cap Falcon vous attend à Toulon

-----Le port de Mers-E1-Kébir est dominé par la basilique et la statue de Santa-Cruz qui sont à 4 ou 5 km au sud-est de la bourgade de Saint-André de Mers-el-Kébir. Du village de Mers-el-Kébir sont issus 12 prêtres, 1 religieux, 16 religieuses en 100 ans. Durant la guerre 39-45, les Kébiriens ont beaucoup prié la Sainte-Vierge qu'ils avaient toujours sous les yeux et en 1945, ils s'aperçurent que leur bourgade n'avait subi aucun dégât lors des bombardements de juillet 40 et novembre 42 avec des obus pesant près d'une tonne qui avaient tué 1200 marins français, coulé un cuirassé, gravement endommagé trois autres navires et démoli le phare. De plus, ils s'aperçurent que tous les jeunes qui avaient été mobilisés, revenaient, tous ou presque, indemnes et ils voulurent remercier la Sainte-Vierge. Ils avaient à leur disposition un sanctuaire naturel, une grotte au niveau de l'eau sous le phare du Cap Falcon.

Une vierge aux rayons

-----On fit donc (vers 1949 et ce serait cette année son cinquantième anniversaire !) une copie de la statue de Santa-Cruz, offerte par la famille Scotto di Costagliola, légère en carton pâte, mais avec les rayons dorés et les rayons noirs que, le 27 novembre 1830, à Paris, rue du Bac, Catherine Laboure avait vus. (La vierge Marie lui avait expliqué que les rayons dorés représentent les Grâces qu'elle avait pu donner parce qu'on les lui avait demandées avec confiance et persévérance tandis que les rayons noirs représentent les Grâces qu'elle voulait accorder, que personne ne lui a demandées et qui ont été perdues...)
-----Ce détail est très bien indiqué sur le vitrail de la façade ouest de la Chapelle près de Port-Mé jean Cap-Brun.
-----Cette statue légère, mais très fragile, fut transportée dans le fond de la grotte du Cap Falcon et placée dans une alvéole devant lequel on organisa des processions en l'honneur de la Sainte-Vierge sous terre et sur les eaux avec des bateaux éclairés par des flambeaux.
-----Ces cérémonies purent se dérouler pendant plusieurs années puis la situation les rendit peu à peu impossibles.
-----Mais Mers-el-Kébir resta occupé par la Flotte Française jusqu'en 1968. Quand il fut évident qu'il allait falloir partir, une volonté se fit jour de ne pas abandonner au fond de la grotte du Cap-Falcon, la statue qui avait suscité tant de prières

Les statues religieuses immergées

-----Depuis le début de l'Indépendance, les nouvelles autorités musulmanes réclamaient au clergé les églises afin de les transformer en mosquées.
-----Le clergé catholique vidait systématiquement les églises de leur contenu et se trouvait face à des milliers de statues qu'il dé cida d'immerger en haute mer avec l'aide de la Marine Nationale.
-----Comme on ne pouvait accepter que Notre- Dame de Cap-Falcon subisse ce sort, il fallait opérer à la barbe des autorités, donc de nuit avec des bateaux à rames dont les avirons étaient entourés de chiffons pour ne faire aucun bruit. Ce raid de sauvetage fut mené à bien par Marcel Schiano di Lombo travaillant alors au Commissariat de la Marine et ses amis.
-----De retour à Kébir avant l'aube, ils fabriquèrent une caisse très volumineuse dans laquelle ils fixèrent la statue avec ses rayons. La caisse fut confiée à un navire de la Marine Nationale qui la transféra à Toulon où résidait la famille de Marcel Schiano di Lombo.

Face à l'Algérie

-----La statue fut quelque temps, dans le jardin de M. Schiano di Lombo, puis un emplacement magnifique lui fut trouvé (Par le colonel Raymond, rapatrié adjoint au Maire), au Cap-Brun à l'est de la Batterie Basse et du tunnel sur une falaise calcaire éblouissante qui fait séparation entre l'anse "du fer à cheval" et Port-Méjean.
-----Au sommet se trouve la coupole d'un cx- blockaus : il servit de piedestal. Mais très vite les rafales de vent (140km/heure) arrachèrent les rayons et les mains. La statue menacée de disparition par " érosion élienne ", il fallut l'abriter. Ce fut dans une cave qui avait été creusée jadis sous le blockaus et avant lui (peut-être après Trafalgar, quand les navires britanniques venaient en rade de Toulon).
-----Et tout de suite fut mise en place, par hélicoptère, une statue identique mais en ciment armé, avec des mains sans rayons (comme à Fourvière, Marseille, etc...) qui est toujours en place, grâce à un entretien constant.
Mais la statue kébirienne se trouvait reléguée dans une cave humide, elle se dégradait et, de plus, était presque inaccessible car les rochers devant l'entrée étaient chaotiques.
-----Ce n'était plus la peine d'avoir risqué sa vie pour laisser à l'abandon ce témoignage de foi. Les Rapatriés obtinrent donc de la Marine et de la Mairie la construction d'une chapelle juste devant l'entrée de la cave. Pour cela on fit bien les choses, avec le concours des Travaux Maritimes et Municipaux. Un escalier avec rampe fut aménagé, des marches taillées dans le roc et un belvédère superbe fut construit. Ensuite les rapatriés construisirent une chapelle (5m sur 5 environ) et y transférèrent la statue Kébirienne enfin sortie de la cave.
-----Elles furent bénites par Mgr Barthe, Evêque de Toulon en 1975. Maintenant, le site superbe, bien aménagé est visité par nombre de pèlerins ou touristes en toutes saisons. On s'efforce d'ouvrir la chapelle, restaurée en 1990, tous les samedis et dimanches.